Confinement (mesure sanitaire) — Wikipédia

Rues désertes à Almería, pendant le confinement de 2020 en Espagne.

Le confinement est une stratégie de réduction des risques sanitaires qui oblige, sous peine de sanctions économiques ou pénales, une population à rester dans son logement ou dans un lieu spécifique. Le confinement sanitaire est parfois utilisé en cas d'épidémie de maladie infectieuse (notamment les maladies infectieuses émergentes) pour limiter les contacts entre personnes et donc la propagation d'une contagion.

Lors de la pandémie de Covid-19, le terme est massivement employé pour désigner l'ensemble des mesures d'hygiène et de distanciation physique, dites « barrières », présentées comme des mesures distinctes du concept de confinement, définies au niveau international, national et local dans les différents territoires concernés par la crise sanitaire.

À la fin de la période du confinement s'ouvre celle du déconfinement, néologisme créé à cette occasion.

Usage du mot[modifier | modifier le code]

Avant la crise sanitaire de 2019-2021, le terme de « distanciation physique » est privilégié dans les études en langue française dédiées aux mesures de prévention d'une pandémie de maladie infectieuse concernant des populations entières[1],[2],[3]. Le terme de confinement est alors réservé à des mesures qui touchent individuellement les personnes ou des groupes réduits, par exemple en cas d’accident chimique ou nucléaire, y compris dans les textes rédigés par l'Organisation mondiale de la santé[4].

Les termes génériques employés en anglais pour définir les mesures concernant des populations entières sont « stay-at-home order[5]» et « lockdown[6]», ce dernier a un sens plus large et peut désigner un bouclage de quartier, ou la fermeture d'un espace aérien, comme celui qui a eu lieu à la suite des attaques du 11 septembre 2001. On l'emploie parfois dans l'aire francophone pour désigner le blocage ou la fermeture complète d'une ville ou d'un quartier ; il est alors surtout employé pour nommer des mesures faisant suite à des attentats terroristes, comme au moment du « Lockdown de Bruxelles » de novembre 2015[7]. C'est la raison pour laquelle, le gouvernement belge n'emploie, dans un premier temps, ni le mot « confinement » ni le mot « lockdown » pour désigner les mesures entreprises au début de la crise sanitaire de 2020[8].

Lors des mesures de protection contre la Covid-19 prises en France à partir du , le président Emmanuel Macron considère que le mot confinement ne leur est pas adapté[9].

Objectif[modifier | modifier le code]

Aplatir la courbe pour ne pas atteindre les limites de prise en charge hospitalière.

L'objectif majeur poursuivi par une mesure de confinement est de préserver la capacité de prise en charge des patients par les hôpitaux en diminuant la vitesse de propagation d'un agent pathogène au sein de la population. Ces mesures permettent ainsi d’aplatir la courbe exponentielle observée au début d'une épidémie pour maintenir son évolution à un niveau absorbable par les services de santé en général et les unités de soins intensifs en particulier[10],[11].

Mesures[modifier | modifier le code]

Les autorités et les responsables de la santé publique peuvent adopter trois stratégies de confinement[12],[13] :

  • l'isolement, qui consiste en la séparation des personnes infectées ou malades de la population générale : isolement des particuliers à domicile, appelé aussi auto-confinement ; isolement collectif qui consiste en une mise à l'écart de plusieurs individus (comme dans les léproseries médiévales, les lazarets, ou dans des centres de confinement[14]) ;
  • la quarantaine individuelle ou collective, qui est la mise à l'écart pendant une période déterminée – réputée supérieure à la durée d'incubation – de personnes en cas de suspicion de maladie (parfois le terme est employé pour désigner le confinement de personnes potentiellement contaminantes) ;
  • des mesures de distanciation physique, ce qui recouvre des restrictions supplémentaires de liberté de circulation (instauration de cordons sanitaires, de couvre-feux) et des restrictions de rassemblement. Elles peuvent conduire au confinement d'individus ou de groupes en bonne santé (auto-confinement de la population) qui ont été potentiellement exposés à un agent en cas de flambée épidémique[15] (confinement local, autour des foyers d'infection, ou confinement général ; confinement partiel ou confinement total[16]).

Effets[modifier | modifier le code]

Sur le plan de la santé[modifier | modifier le code]

Au-delà des effets sanitaires recherchés, le confinement peut avoir des effets secondaires bénéfiques ou indésirés sur les comportements ou le mode de vie.

  • troubles visuels : fatigabilité visuelle, céphalées (maux de tête) d’origine visuelle dus à l'augmentation du temps passé devant un écran[17].
  • troubles musculosquelettiques rachidiens (colonne vertébrale) en raison du fait, qu'en cas de télétravail, les équipements à la maison ne seraient pas souvent aussi ergonomiques qu'en entreprise[17].
  • risques de surcharge pondérale, due à la sédentarité et le grignotage subséquent[17].

Selon Stéphane Gayet, infectiologue, les confinements de 2020 liés à la pandémie de Covid-19 « ont confirmé ce que l’on savait pertinemment : la sédentarité augmente les risques de surcharge pondérale, de diabète de type 2, d'hypertension artérielle, d'infarctus du myocarde, d'accident vasculaire cérébral, d'embolie pulmonaire, de cancer »[17]. L'augmentation constatée de la consommation d’alcool aurait également induit celle d'actes de violence et autres actes délictueux[17]. Il considère ainsi que « la sédentarité et l’isolement de l’être humain lui sont délétères (néfastes à sa santé) à bien des égards »[17].

  • Répercussions psychologiques : une enquête internationale en ligne (ECLB-COVID19) a été lancée le 6 avril 2020 pour élucider l'impact des restrictions du COVID-19 sur la santé mentale et le bien-être émotionnel. Le confinement à domicile COVID-19 a eu un effet négatif à la fois sur le bien-être mental et sur l'humeur et les sentiments. Les résultats du questionnaire sur l'humeur et les sentiments ont montré une augmentation du nombre de personnes (+ 10 %) présentant des symptômes dépressifs pendant le confinement à domicile[18].

Sur le plan social[modifier | modifier le code]

Dans le cadre de la sécurité routière, dans des pays de l'Union européenne, un confinement peut réduire le trafic routier et les accidents causés par ce dernier, et il peut également mener à une augmentation des vitesses pratiquées et du nombre d'excès de vitesse[19]. Ainsi, en avril 2020, la mortalité routière a baissé de 36 % dans l'Union européenne dont une baisse de 84 % en Italie comparé à avril 2019. En Belgique, Espagne, France et Grèce, la baisse de mortalité routière a été supérieure à 59 %[19]. Alors que la diminution du trafic conduit plutôt à une réduction de la mortalité routière, certaines preuves montrent qu'elle peut aussi mener à une hausse des vitesses pratiquées qui aggrave les conséquences des accidents augmentant le risque mortel[19]. Des augmentations de vitesse ont notamment été observées au Danemark, en France, en Estonie, en Espagne et au Royaume-Uni[20].

Sur le plan scolaire[modifier | modifier le code]

Le confinement a des conséquences sur l'apprentissage et accentue les inégalités scolaires[21]. Il favorise le décrochage scolaire, et d'autant plus chez les élèves issus de milieux défavorisés[22].

La fermeture des écoles a en outre radicalement modifié l’écosystème dans lequel l’enfant évolue, entraînant des inégalités dans leur apprentissage, tout particulièrement pour ceux en situation de handicap ou défavorisés. On estime ainsi que 4 % des élèves, soit 500 000 enfants, sont « décrocheurs »[23]. Il y a eu un « effet Covid » sur les résultats scolaires. En effet, une baisse des résultats des élèves notamment en français et en maths a été observée[24].

Une enquête menée par Pascale Haag et publiée le qui portait sur le regard des élèves pendant le confinement n'a pas mis en évidence de différence significative entre les filles et garçons en ce qui concerne les ressentis vis-à-vis à l'apprentissage à distance[25].

Un environnement défavorable[modifier | modifier le code]

Premièrement, une grande majorité de la population française, 94 %, est restée dans son logement lors du confinement. De plus, les Français sont en moyenne confinés dans 95,8 m2 avec 2,6 occupants[26]. Ainsi le peu d’espace dans lequel une grande majorité de la population a été confinée a eu des conséquences sur l'apprentissage de nombreux élèves. En conséquence, de nombreux élèves ne disposaient pas, et ne disposent pas en ce moment, d’un espace privé, calme dans lequel ils peuvent travailler.

Une disposition à l'enseignement virtuel différente d'une école à l'autre[modifier | modifier le code]

De plus, la plupart des pays n’étaient cependant « pas prêts » à faire la bascule vers l’enseignement à distance. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) cite ainsi son enquête Talis de 2018, où 18 % des enseignants, des 38 pays étudiés, déclarent un fort besoin de formation sur les outils numériques[26].

Une disposition au matériel numérique différente d'un établissement à un autre[modifier | modifier le code]

L'accès aux matériels et à la connexion internet permettant l'enseignement virtuel est inégalitaire.

En effet, 50 % de la population mondiale n’a pas accès à un ordinateur ni à internet, et les élèves issus de milieux socio-économiques défavorisés, ont encore moins de chance d’y avoir accès[27]. De plus, 36 % des français aux revenus les plus faibles n'ont pas d'ordinateur à la maison[28].

On peut également constater une inégalité d'accès au réseau internet : 15 % des étudiants dans les Outre-mer ont accès à la fibre, contre 85 % des Parisiens. On note donc également une inégalité entre la métropole et les territoires d'Outre-Mer français[26].

Une compétence faible dans le maniement des ordinateurs et outils numériques[modifier | modifier le code]

A été constaté qu'il y a beaucoup de jeunes qui ont un niveau très faible de compétence dans le domaine numérique. 43 % des jeunes français ont des compétences faibles dans le maniement des ordinateurs et des outils numériques[26].

Dans la fiction[modifier | modifier le code]

Littérature/film[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. David Z. Roth et Bonnie Henry, « La distanciation sociale comme mesure de prévention de la grippe pandémique », National Collaborating Centre for Infectious Diseases, juillet 2011, lire en ligne.
  2. Jean-Claude Ameisen, « La lutte contre la pandémie grippale : un levier contre l'exclusion », Esprit, no 7, juillet 2007, p. 78-95, lire en ligne.
  3. I. Bonmarin, D. Levy-Bruhl, « Apport des modélisations des épidémies dans la décision de santé publique : exemple de la pandémie grippale », Médecine et Maladies Infectieuses, vol. 37, supplément 3, décembre 2007, p. S204-S209, lire en ligne.
  4. « Considérations relatives au placement en quarantaine de personnes dans le cadre de l’endiguement de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) : orientations provisoires », Organisation mondiale de la santé, 29 février 2020, lire en ligne
  5. Adam Kleczkowski et Savi Maharaj, « Stay at home, wash your hands: epidemic dynamics with awareness of infection », Proceedings of the 2010 Summer Computer Simulation Conference, juillet 2010, p. 141–146, lire en ligne.
  6. Yuzhen Zhang, Bin Jiang, Jiamin Yuan et Yanyun Tao, « The impact of social distancing and epicenter lockdown on the COVID-19 epidemic in mainland China: A data-driven SEIQR model study », COVID-19 SARS-CoV-2 preprints from medRxiv and bioRxiv, mars 2020, lire en ligne
  7. Quentin Jardon, Sandrine Puissant Baeyens et Lara van Dievoet, « Couvrir une actualité de crise terroriste : un dispositif web first ? les cas du Brussels Lockdown et des attentats de Bruxelles », Communication, technologie et développement, no 4, septembre 2017, p. 39-48, lire en ligne.
  8. Bernard Demonty, Coronavirus: pourquoi Sophie Wilmès a évité les termes « lockdown » et « confinement », Le Soir, 18 mars 2020, consulté le 25 mars 2020.
  9. https://www.lefigaro.fr/politique/covid-19-emmanuel-macron-estime-que-le-mot-confinement-n-est-pas-adapte-20210319
  10. Hugo Jalinière, “Aplatir la courbe” : l'enjeu des prochaines semaines face au coronavirus Covid-19., Sciences et avenir, 10 mars 2020, (Lire en ligne).
  11. Le Figaro, Coronavirus : quel est l'objectif du confinement ?, 27 mars 2020, (lire en ligne)
  12. (en) Richard Beebe et Jeffrey C Myers, Medical Emergencies, Maternal Health & Pediatrics, Cengage Learning, , p. 591-592
  13. (en) David Schlossberg, Clinical Infectious Disease, Cambridge University Press, , p. 1209-1210
  14. « Coronavirus: pour les sans-abri, 5000 places d'hôtel débloquées en plus », sur huffingtonpost.fr,
  15. « Une flambée épidémique est la brusque augmentation du nombre de cas d'une maladie normalement enregistrée dans une communauté, dans une zone géographique ou pendant une saison données. Une flambée peut se produire dans une zone restreinte ou s'étendre à plusieurs pays ». « Flambées épidémiques », sur Organisation mondiale de la santé (consulté le )
  16. Dans le cadre d'un confinement total, les autorités décrètent le principe général d'interdiction de circulation (les personnes n'ont plus le droit de sortir de chez elles pour d'autres raisons que de faire leurs courses ou aller à la pharmacie) et du couvre-feu. Sebastian Roché (propos recueillis par Carine Janin), « Coronavirus. Un confinement total du pays, ça changerait quoi ? », sur ouest-france.fr,
  17. a b c d e et f Stéphane Gayet, Ces étranges impacts sur notre corps des multi-confinements dus au Covid-19, atlantico.fr, 25 décembre 2020
  18. (en) Achraf Ammar et al., Psychological consequences of COVID-19 home confinement: The ECLB-COVID19 multicenter study, journals.plos.org, 5 novembre 2020, doi.org/10.1371/journal.pone.0240204
  19. a b et c (en) « PIN report : Lockdowns resulted in an unprecedented 36% drop in road deaths in… », sur etsc.eu (consulté le ).
  20. sulted-in-an-unprecedented-36-drop-in-road-deaths-in-the-eu/
  21. Elsa Doladille, « « Le confinement a accentué les inégalités scolaires », selon la direction générale du Trésor », sur VousNousIls, (consulté le )
  22. Ministère français de l'économie, des finances et de la relance. Direction générale du Trésor, « Inégalités de conditions de vie face au confinement »
  23. « « Nous sommes surpris de voir à quel point les enfants disent s’être sentis seuls durant le premier confinement » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. « « Nous sommes surpris de voir à quel point les enfants disent s’être sentis seuls durant le premier confinement » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. DNE-TN2, « Ecole, numérique et confinement : enquêtes, questionnaires et premiers résultats », sur Éducation, numérique et recherche (consulté le )
  26. a b c et d « L’OCDE évalue l’impact de la crise du Covid-19 sur la scolarité », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. (en) https://plus.google.com/+UNESCO, « Le confinement mondial met à l’épreuve le développement des compétences. Webinaire #8 sur le COVID-19 », sur UNESCO, (consulté le )
  28. Ouafia Kheniche, « Numérique à l'école: une étude révèle l'ampleur des inégalités », sur www.franceinter.fr, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Paul Demoule, Pré-histoires du confinement, Gallimard, « Tracts », no 35, 2020.
  • Fang Fang, Wuhan, ville close: Journal, éditions Stock, septembre 2020
  • Patrice Cartier, Je me souviens du Grand Confinement, éditions Quai des brunes, octobre 2020
  • Éric Fottorino, Le temps suspendu avec Nicolas Vial, Gallimard, octobre 2020
  • Théo Boulakia et Nicolas Mariot, L'attestation : une expérience d'obéissance de masse, printemps 2020, Anamosa, 2023

Articles connexes[modifier | modifier le code]