Conséquences de la pandémie de Covid-19 sur la science et la technologie au Québec — Wikipédia

Cet article relate les conséquences de la pandémie de Covid-19 sur la science et la technologie au Québec.

Application « Alerte COVID » du gouvernement du Canada - Vous voilà prêt!

La science québécoise semble suivre la vague mondiale de diffusion électronique[note 1] des données sur la maladie, alors que la communauté scientifique semble avoir adopté une vision de tou-te-s contre l'ennemi[1],[2],[3]. Cependant, une étude de la London School of Economics semble montrer que cette volonté d'ouverture des données ne s'est pas concrétisée[4].

Recherche de vaccin[modifier | modifier le code]

Au Québec, les efforts de modélisation sont réalisées par la Direction générale de la santé publique, avec l'aide de chercheurs des universités Laval, McGill et de Montréal (p. 49)[5].

Des entreprises comme Medicago et des chercheurs d'universités du Québec, comme Denis Leclerc de l'Université Laval, participent à la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies, qui joue un rôle clé dans la coordination de la recherche d'un vaccin contre la Covid-19[5]. Le , Medicago est la première entreprise québécoise à atteindre l'essai phase 1, en débutant des essais cliniques sur des humains[6]. La société espère lancer dès les essais cliniques de phase 3[7]. Ces efforts sont abandonnés en à la suite du rejet du vaccin par l'Organisation mondiale de la santé, en raison de ses liens avec l'industrie du tabac[8].

L'Université de Montréal et Héma-Québec participeront à une étude internationale sur un traitement expérimental qui consiste à injecter des anticorps de patients guéris de la Covid-19 à ceux qui sont encore infectés[9].

Journalisme scientifique[modifier | modifier le code]

Des journalistes scientifiques de la Coopérative nationale de l'information indépendante, de Québec Science et du Centre Déclic ont répondu à plus de 100 questions au sujet de la Covid-19 dans une rubrique intitulée « Vos questions sur la COVID-19 »[10]. Cette initiative financée par le scientifique en chef du Québec et du Facebook Journalism Project s'est terminée le , notamment en raison de la diminution du nombre de questions envoyées, et de la fatigue des journalistes[11].

Le magazine Québec Science continue par la suite la publication d'articles scientifiques couvrant la Covid-19[12], l'édition de juin 2020 étant même consacrée à cette maladie[13].

Matériel[modifier | modifier le code]

Des organisations indirectement liées à la santé participent à l'effort de lutte contre la Covid-19 en participant à la fabrication et à l'expérimentation de matériel protecteur (masques[14], visières[15], écrans de plexiglas, blouses médicales[16], boîtiers pour l'intubation des patients[17]etc.), sanitaire (désinfectants[18], stations portatives d'hygiène des mains[19], dispositifs d'ouverture de portes sans utiliser les mains[20], matériaux antimicrobiens (en)[21]etc.) ou médical (respirateurs[22]).

Applications[modifier | modifier le code]

VaxiCode / VaxiCode Vérif (passeport vaccinal)[modifier | modifier le code]

Logo de l'application VaxiCode

À la fin du mois d’, le gouvernement du Québec lance une application nommée VaxiCode, qui permet aux citoyens québécois de gérer plus facilement leur preuve vaccinale à partir d'un téléphone intelligent[23]. La version Apple de l'application, officiellement disponible à partir du , atteint rapidement la première place du palmarès du magasin d'applications de l'entreprise[24]. Deux jours après le lancement de VaxiCode, un informaticien anonyme dévoile aux médias être parvenu à l'utiliser pour forger de fausses preuves vaccinales en quelques heures, ce qui révélerait, selon les experts, l'incapacité du gouvernement à sécuriser correctement ses systèmes informatiques[25]. Concomitamment, de nombreux pirates informatiques révèlent être parvenus à obtenir facilement, grâce à l'application, les preuves vaccinales de politiciens connus, dont celle du premier ministre François Legault, obtenant ainsi des renseignements personnels pourtant protégés par la loi sur l'accès à l'information[26].

Recherche de contacts entre personnes infectées[modifier | modifier le code]

Application Alerte COVID[modifier | modifier le code]

Afin de retracer les chaînes de contacts entre les personnes au Québec ayant été infectées à la Covid-19, plusieurs initiatives à travers le monde proposent l'utilisation d'applications mobiles dédiées à la Covid-19. Les plateformes de diffusion d'applications Apple Store et Google Play exigent qu'une telle application soit endossée par un gouvernement valide avant de la distribuer[27].

Le gouvernement du Canada opte pour une application sous code source libre qui n'utilise pas les données de géoréférencement, mise au point par Blackberry et Shopify. L'application Alerte COVID (en) est ainsi lancée en Ontario le dans le cadre d'un projet-pilote. Elle est lancée officiellement au Canada le [28]. Utilisant la technologie Bluetooth afin de recenser les personnes à proximité utilisant également l'outil, l'application permet à une personne infectée par la Covid-19 d'avertir anonymement les autres utilisateurs qui ont été en contact étroit avec cette dernière[29]. Pour ce faire, il faut que l'usager entre une clé unique qui lui est donnée lorsqu'il est testé positif.

Suscitant un conflit de valeurs entre la protection de la vie privée et des données personnelles d'un côté, et la protection de la vie humaine et de la santé de l'autre, l'application amène des débats[29],[30] et les provinces tardent à l'adopter.

Le gouvernement du Québec tient des consultations particulières et des auditions publiques sur les applications de traçage à l'Assemblée nationale, du 12 au [31]. Bien qu'invités, les représentants de l'entreprise Shopify ne s'y présentent pas. Cette absence est critiquée par les membres de la commission, bien que le ministre de la Transformation numérique Éric Caire, ait excusé cette absence sous prétexte qu'il s'agissait de logiciel libre[32].

Parmi les experts consultés[33], le professeur Yves Gingras souligne que l'efficacité d'une telle application contre la lutte à la Covid-19 n'a pas été prouvée, et qu'elle requiert une forte participation de la population, de l'ordre de 40 à 50 %, pour obtenir les résultats escomptés[34]. Quant à lui, Yoshua Bengio, fondateur de l’Institut québécois d’intelligence artificielle (Mila), estime que l'application peut sauver des vies[34], tout en reconnaissant que « Le faible taux actuel de contaminations ne permet pas d’évaluer sa réelle efficacité[35]. » La présidente de la Commission d'accès à l'information, Diane Poitras, explique que le cadre juridique du Québec n'est pas adapté à ce genre d'applications, notamment pour les questions de respect de la vie privée. Il faudrait donc préalablement adopter de nouvelles lois avant d'aller de l'avant[34]. À la suite de cette commission parlementaire, les députés du Québec de tous les partis politiques, y compris ceux de la CAQ au pouvoir, accueillent froidement la proposition d'offrir une application de recherche de contacts au Québec[36].

Le , le gouvernement du Québec annonce qu'il n'y aura pas d'application de suivi des contacts pour l'instant, mais aimerait en avoir une à sa disposition dans le cas d'une deuxième vague[37].

Le , le gouvernement du Québec donne son approbation pour l'utilisation d'Alerte COVID[38]. Un mois plus tard, le ministre Caire indique que seuls 4 % des cas positifs déclaré au mois de ont installé l'application, soit 1 200 des 32 600 cas positifs[39]. En , on estime que, bien que présente sur 23 % des téléphones intelligents du Canada, seuls 2,7 % des cas de Covid-19 sont rapportés à l'application[40]. L'application connaît un léger gain de popularité avec l'arrivée du variant Omicron[41].

L'application est abandonnée par le gouvernement fédéral en , en raison de sa faible popularité et du déploiement massif des tests de dépistage rapide [42].

COVI[modifier | modifier le code]

Au printemps 2020, l'Institut québécois d’intelligence artificielle (Mila) a des discussions avec le gouvernement du Québec, la ville de Montréal et le gouvernement fédéral. En mai 2020, MILA propose, dans un livre blanc[43],[44] en anglais[45] et en français[46] d'une soixantaine de pages, le développement d'une application, dont l'installation serait sur une base volontaire, et qui rendrait possible la recherche de contacts en utilisant, notamment, la capacité de géoréférencement des téléphones[47]. En plus des critiques générales engendrées par les applications de trançage, la gouvernance de la future application est critiquée car les données recueillies ne seraient pas gérées par le gouvernement, mais par une structure privée sous la forme d'un organisme sans but lucratif dont la gouvernance est peu claire[45].

Malgré tout, Mila lance l'application COVI[48],[49]. Celle-ci recueille des informations sur les utilisateurs afin de calculer la probabilité d'être infecté par le coronavirus[50]. N'étant pas endossée par le gouvernement du Canada, du Québec ou de la Ville de Montréal, Mila indique qu'elle cesse le développement de COVI au début de mois de [27].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. au degré d'ouvertures à géométrie variable

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Coronavirus (COVID-19): sharing research data - Wellcome », sur wellcome.org
  2. « La science en temps de pandémie », sur La Presse+,
  3. « Une année intense pour la recherche scientifique », sur Le Devoir
  4. (en) Michael Hall says, « COVID-19: Where is the data? »,
  5. a et b Marine Corniou, « Le vaccin que tout le monde attend », Québec Science,‎ , p. 43-46 (lire en ligne, consulté le )
  6. Pierre-Paul Biron, « COVID-19: début des essais cliniques sur l’humain chez Medicago », sur Le Journal de Québec, (consulté le )
  7. François Desjardins, « Essais de phase 3 en vue pour le vaccin de la québécoise Medicago », sur Le Devoir, (consulté le )
  8. Vincent Larin et Mylène Crête, « Fin du vaccin québécois contre la COVID-19: Medicago cesse ses activités », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Michael Doyle, « Canada begins clinical trial of experimental COVID-19 treatment using plasma from recovered individuals », The Globe and Mail,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « coronavirus Archives », sur Québec Science, (consulté le )
  11. Jean-François Cliche, « Désinfecter son masque à la vapeur? », sur Québec Science, (consulté le )
  12. « coronavirus Archives - Québec Science », sur Québec Science, (consulté le )
  13. « COVID-19: une course contre la montre », sur Québec Science, (consulté le )
  14. « Polaire + reçoit plus de 1200 commandes de masques en moins de 24h », sur Le Quotidien,
  15. « COVID-19: Confection Imagine produit 6000 visières de protection pour les paramédics », sur Le Quotidien,
  16. Radio-Canada, « Des entreprises s’adaptent à la crise du coronavirus », sur Radio-Canada, (consulté le )
  17. « COVID-19: du matériel de protection imaginé et fabriqué à Québec [VIDÉO] », sur La Voix de l’Est,
  18. « Labatt, Pur Vodka et plusieurs compagnies produisent du désinfectant pour le réseau de la Santé! », nightlife.ca, (consulté le )
  19. « COVID-19: une station de lave-mains autonome «made in Saguenay» », sur Le Quotidien,
  20. « Ils développent un dispositif pour ouvrir une porte sans les mains », sur TVA Nouvelles
  21. « De l’aluminium garanti sans COVID-19 et fait au Québec », sur La Presse,
  22. La Presse canadienne, « CAE appuie sur l'accélérateur pour produire 10 000 respirateurs artificiels », sur Radio-Canada Info, (consulté le )
  23. Jean-Louis Bordeleau, « L’application «VaxiCode», nouveau sésame pour entrer dans les lieux publics non essentiels », sur Le Devoir, (consulté le )
  24. Tristan Péloquin, « Passeport vaccinal | Les applis de Québec défoncent le palmarès d’Appl », sur La Presse, (consulté le )
  25. Camille Carpentier, « Passeport vaccinal : des failles permettent de créer de fausses identités », sur Radio-Canada, (consulté le )
  26. Nicolas Lachance, « Preuve vaccinale du PM piratée », sur Le Journal de Montréal, (consulté le )
  27. a et b Mélanie Marquis, « Application de traçage COVI: les gens de Mila rendent les armes », sur La Presse, (consulté le )
  28. « Lancement de l’application de notification d’exposition du Canada », sur Conseil canadien du commerce de détail, (consulté le )
  29. a et b Ezra Belotte-Cousineau, « Efficace l’application Alerte COVID? », sur ici.radio-canada.ca, (consulté le ).
  30. Maxime Bilodeau, « Numérique et démocratie: mariage heureux? », sur Québec Science, (consulté le )
  31. « Consultations particulières et auditions publiques au sujet d’outils technologiques de notification des contacts dans le cadre de la lutte contre la COVID-19 », sur Assemblée nationale du Québec, (consulté le )
  32. François Messieur, « Le silence de Shopify n'est « pas choquant », estime le ministre Caire », sur Radio-Canada Info, (consulté le )
  33. « Horaire détaillé des auditions « Consultations particulières et auditions publiques au sujet d’outils technologiques de notification des contacts dans le cadre de la lutte contre la COVID-19 » », sur Assemblée nationale du Québec, (consulté le )
  34. a b et c Mylène Crête, « Plaidoyer pour un encadrement légal des applications de recherche de contacts », sur Le Devoir, (consulté le )
  35. Hèlène Buzetti et Marie Vastel, « L’application de recherche de contacts fédérale peu populaire », sur Le Devoir, (consulté le )
  36. Marie-Michèle Sioui, « La technologie inquiète les élus québécois », sur Le Devoir, (consulté le )
  37. Guillaume Lepage, « Québec renonce pour le moment à une application de recherche de contacts », sur Le Devoir, (consulté le )
  38. Jérôme Labbé, « L'appli Alerte COVID fonctionnelle au Québec », sur Radio-Canada, (consulté le )
  39. Marc-André Gagnon, « Moins de 4 % des cas au Québec étaient inscrits à l'Alerte COVID », sur Le Journal de Québec, (consulté le )
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  43. (en) Kate McKenna, « Testing the public's trust: Quebec premier mulls adopting contact-tracing app », sur CBC/Radio-Canada, (consulté le )
  44. (en) Hannah Alsdurf, Yoshua Bengio, Tristan Deleu, Prateek Gupta, Daphne Ippolito, Richard Janda, Max Jarvie, Tyler Kolody, Sekoul Krastev, Tegan Maharaj, Robert Obryk, Dan Pilat, Valerie Pisano, Benjamin Prud’homme, Meng Qu, Nasim Rahaman, Irina Rish, Jean-François Rousseau, Abhinav Sharma, Brooke Struck, Jian Tang, Martin Weiss, et Yun William Yu, « COVI White Paper - Version 1.0 »
  45. a et b Fabien Deglise, « Le projet d’application de recherche de contacts de Mila crée tout un émoi », sur Le Devoir, (consulté le )
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  47. Marc-Antoine Dilhac et Yoshua Bengio, « Une application de suivi de contacts «intelligente et éthique» contre la COVID-19 », sur Le Devoir, (consulté le )
  48. https://covicanada.org/
  49. Joseph Elfassi, « COVI : LE PARI DE MILA », sur CScience IA, (consulté le )
  50. La Presse canadienne, « L’institut MILA lance une application de traçage de la COVID-19 », sur Le Devoir, (consulté le )