Corinthe — Wikipédia

Corinthe
(el) Κόρινθος
Corinthe
Vue de la ville moderne et du golfe depuis l'Acrocorinthe.
Administration
Pays Drapeau de la Grèce Grèce
Périphérie Péloponnèse
District régional Corinthie
Dème Dème des Corinthiens
Code postal 201 00
Indicatif téléphonique (+30) 27410
Immatriculation XA
Démographie
Population 30 176 hab. (2011)
Densité 296 hab./km2
Géographie
Coordonnées 37° 56′ 00″ nord, 22° 56′ 00″ est
Altitude Min. 0 m
Max. 10 m
Superficie 10 200 ha = 102 km2
Localisation
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Corinthe
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Corinthe

Corinthe (en grec ancien et en grec moderne Κόρινθος / Kórinthos) est une ville portuaire importante de la Grèce moderne, chef-lieu du district régional de Corinthie et du dème des Corinthiens. La ville est située sur l'isthme de Corinthe, dans le golfe du même nom.

Autrefois, la ville antique était l'une des plus importantes cités de la Grèce antique, située dans les terres au pied de son acropole, l'Acrocorinthe. Elle abritait également un célèbre temple d'Aphrodite.

Rebâtie en bord de mer au XIXe siècle, la ville moderne abrite, en 2011, 30 176 habitants[1].

Géographie[modifier | modifier le code]

Localisation[modifier | modifier le code]

La ville est située sur l'isthme de Corinthe, dans le golfe du même nom.

Voies de communication et transports[modifier | modifier le code]

À l'occasion de la préparation des jeux olympiques d'Athènes en 2004, la ville de Corinthe a pu bénéficier de deux infrastructures nouvelles permettant des relations beaucoup plus faciles avec la capitale, en particulier des déplacements quotidiens :

Toponymie[modifier | modifier le code]

Étymologie[modifier | modifier le code]

La terminaison -nthe est courante en grec ancien : Labyrinthe, Hyacinthe, Acanthe, Menthé, etc. Elle se rapprocherait du suffixe du participe actif indo-européen -nt-. Elle serait héritée d'une langue préhellénique en rapport avec les langues anatoliennes.

Histoire[modifier | modifier le code]

Antiquité[modifier | modifier le code]

Statère.
Statère à l'effigie de Pégase fabriqué à Corinthe,

Période grecque[modifier | modifier le code]

La cité a probablement été fondée durant l'âge du bronze et devait posséder un palais de l'époque mycénienne. Toutefois, les éléments archéologiques datant de cette période sont peu nombreux.

Corinthe était une importante cité marchande, contrôlant l'isthme de Corinthe reliant le Péloponnèse au reste de la Grèce et traversé par le diolkos, chemin de traction dallé de 6 km permettant aux navires d'éviter le contournement du Péloponnèse. Elle entra en concurrence avec Athènes sur le plan économique et culturel. À plusieurs reprises, notamment pendant la guerre du Péloponnèse, elle se rapprocha de Sparte et fut son alliée contre Athènes.

Selon Pindare, Corinthe passait pour être à l'origine du dithyrambe, de l'art de dresser les chevaux et de l'architecture[2].

Liste des souverains de Corinthe

  • (date traditionnelle)[3] : fondation de la cité par Sisyphe et début de la monarchie.
  • 930 (hypothèse) à  : monarchie (dynastie des Bacchiades).
  • 747 à  : gouvernement oligarchique des Bacchiades[4].
  • 657 à  : Cypsélos, tyran de Corinthe[5].
  • 627 à  : Périandre, fils du précédent, tyran de Corinthe[6].
  • 585 à  : à la mort de Périandre, son fils aîné Lycophron étant mort avant lui () et son fils cadet Cypsélos le Jeune étant mentalement diminué, c'est son neveu Psammétique, fils de Gordias, qui devient tyran de Corinthe.
  • À partir de se met en place une oligarchie.

Période romaine[modifier | modifier le code]

Fontaine Pirène «inférieure» sur le site antique.

En , la bataille de Corinthe remportée par les Romains se termine par le pillage et la destruction de la ville, qui est abandonnée pendant un siècle avant d'être refondée en [7].

Moyen Âge[modifier | modifier le code]

Empire byzantin[modifier | modifier le code]

Sous l'Empire byzantin, en 530, Justinien fait construire l'Hexamilion, un rempart en travers de l'isthme de Corinthe. La cité subira néanmoins les attaques des Avars, des Slaves puis des Normands, contournant l'Hexamilion par la mer.

En 551 et 856, Corinthe a à souffrir de séismes.

En 1147, le golfe de Corinthe devient la base des opérations du Normand Roger II de Sicile contre la région d'Arta. Roger occupe Corinthe. Il déplace tous les tisserands de soie à Palerme.

Principauté latine d'Achaïe[modifier | modifier le code]

Au XIIIe siècle, l'établissement de la principauté d'Achaïe est une conséquence des conquêtes de la quatrième croisade. Entre 1205 et 1210, l'Acrocorinthe, défendue par le byzantin Léon Sgouros, est assiégée par les Francs.

En 1358, elle est attribuée par le prince Robert de Tarente au sénéchal Niccolò Acciaiuoli[8], puis, vers 1370, elle passe au futur duc d'Athènes Nerio Ier Acciaiuoli.

Vers la fin du XIVe siècle, la ville basse est abandonnée, la population se réfugiant sur l'Acrocorinthe pendant plusieurs siècles[9].

Despotat de Morée[modifier | modifier le code]

En 1394, à la mort de Nerio Ier Acciaiuoli, la ville est disputée entre ses gendres mais finit par revenir en 1395 aux Grecs byzantins du despotat de Morée[10].

Les Hospitaliers[modifier | modifier le code]

En 1400, face à l'avance ottomane, le despote de Morée Théodore Paléologue, frère de l'empereur byzantin Manuel II, vend plusieurs places fortes (dont Corinthe) aux Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Rhodes mais, en 1404, devant les protestations et révoltes des habitants du Péloponnèse, elles sont rétrocédées à Théodore Paléologue en échange de la forteresse de Salona.

Empire ottoman[modifier | modifier le code]

En 1458, Corinthe est conquise par l'Empire ottoman malgré la résistance de l'Acrocorinthe. La ville prend le nom turc de Gördes et devient le centre économique du sandjak de Morée.

Époque moderne[modifier | modifier le code]

En 1612, les Hospitaliers reprennent brièvement Corinthe.

Durant l'été 1687 la cité passe aux mains du capitaine général vénitien Francesco Morosini. En 1698, par le traité de Karlowitz, l'Empire ottoman doit céder Corinthe et la Morée (le Péloponnèse) à la République de Venise.

En juin 1715, l'offensive du grand vizir Damad Ali Pacha a raison en quelques jours de la faible garnison vénitienne. Corinthe et la Morée redeviennent possession ottomane jusqu'en 1822.

Corinthe devient la capitale de la province de Morée jusqu'en 1731 puis elle fut remplacée par Tripolitsa, Corinthe devenant la résidence d'un sandjak local.

Royaume de Grèce[modifier | modifier le code]

Pendant la guerre d'indépendance grecque, la ville est détruite. En 1832, elle figure cependant parmi les candidates au rang de capitale du royaume de Grèce.

En 1858, un tremblement de terre majeur détruit totalement Corinthe, au point que l'on décide de créer une nouvelle ville sur un plan moderne, à 3 km au nord-est de l'ancienne, sur le golfe de Corinthe[11].

Rebâtie, l'ancienne Corinthe (Αρχαία Κόρινθος) existe toujours à proximité du site archéologique. Le tourisme est sa principale économie.

La ville subit un nouveau tremblement de terre en 1928.

Politique et administration[modifier | modifier le code]

Dème de Corinthe à la suite de la réforme Kallikratis (2010).

La ville est le siège du dème des Corinthiens, créé sous sa forme actuelle dans le cadre du programme Kallikratis par la fusion d'anciennes municipalités[12].

Démographie[modifier | modifier le code]

La ville moderne abrite aujourd'hui 29 787 habitants.

Économie[modifier | modifier le code]

Agriculture[modifier | modifier le code]

La production des raisins secs permet l'exportation de ce produit agricole labellisé « de Corinthe ».

Tourisme[modifier | modifier le code]

Le site archéologique antique a reçu 174 146 visiteurs en 2005 et 178 109 en 2006[13].

Culture locale et patrimoine[modifier | modifier le code]

Lieux et monuments[modifier | modifier le code]

Vue aérienne (en direction du sud) de l'isthme de Corinthe et du canal, avec vue partielle de la ville (à droite).

Personnalités liées à la ville[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. (grk) ELSTAT, « Απογραφή Πληθυσμού - Κατοικιών 2011. ΜΟΝΙΜΟΣ Πληθυσμός » [« Recensement de la population et des logements de 2011. Population permanente »] [xls], sur statistics.gr [lien archivé] (consulté le ).
  2. Pindare, Olympiques, XIII, vers 18 à 22.
  3. (it) « Sisifo in Enciclopedia dei ragazzi », sur treccani.it (consulté le ).
  4. « Encyclopédie Larousse en ligne - Bacchiades », sur Larousse (consulté le ).
  5. « Encyclopédie Larousse en ligne - Cypsélos », sur Larousse (consulté le ).
  6. « Encyclopédie Larousse en ligne - Périandre », sur Larousse (consulté le ).
  7. David Gilman Romano, City Planning, Centuriation, and Land Division in Roman Corinth : Colonia Laus Iulia Corinthiensis & Colonia Iulia Flavia Augusta Corinthiensis in Corinth, The Centenary : 1896-1996 (Corinth vol. 20), 2003, pp. 280.
  8. Antoine Bon, La Morée franque : Recherches historiques, topographiques et archéologiques sur la principauté d'Achaie 1205-1430, Ed. de Boccard, , 746 p. (lire en ligne), p. 474.
  9. Bon 1969, p. 476.
  10. Isabelle Ortega, Permanences et mutations d'une seigneurie dans la principauté de Morée: L'exemple de Corinthe sous l'occupation latine in Byzantion, Vol. 80, 2010, pp. 314-315 lire en ligne
  11. (en) Andrzej Kijko et Theodoros Tsapanos, « Deterministic seismic hazard analysis for the city of Corinth-central Greece », Revue scientifique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. « https://www.eetaa.gr/index.php?tag=dkmet_details&id=629 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  13. General Secretariat of the National Statistical Service.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Édouard Will, Korinthiaka. Recherches sur l'histoire et la civilisation de Corinthe des origines aux guerres médiques, Paris, 1955.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]