Critiques de l'Organisation des Nations unies — Wikipédia

Les critiques de l'Organisation des Nations unies sont idéologiquement diverses, bien que beaucoup de critiques soient centrées sur des accusations d'inefficacité et de partialité.

Critiques morales et philosophiques[modifier | modifier le code]

Relativisme moral[modifier | modifier le code]

En 2004, l'ancien ambassadeur des Nations unies Dore Gold (en) publie un livre intitulé Tour de Babel : Comment les Nations unies Ont Alimenté le Chaos Global[n 1]. Le livre critique ce qui est appelé le relativisme moral de l'organisation face aux génocides et au terrorisme[1]. Alors que, durant sa période de fondation, l'accession aux Nations unies était limitée aux pays ayant déclaré la guerre à au moins une puissance de l'Axe durant la Seconde Guerre mondiale, les Nations unies modernes, selon Gold, se diluent au point que seulement 75 des 184 États membres au moment de la publication de son livre « étaient des démocraties libres, selon Freedom House »[n 2],[2]. Gold ajoute que cela a eu pour effet de renverser la balance des Nations unies vers les exigences des dictatures[2].

L'Assemblée générale des Nations unies décide d'observer un moment de silence en honneur du dictateur Nord-Coréen Kim Jong-il à la suite de sa mort en 2011. Des diplomates occidentaux critiquent la décision. Ainsi, « un officiel de l'ambassade de la République Tchèque aux Nations Unies a déclaré que les Tchèques n'avaient pas demandé un moment de silence similaire pour Václav Havel, le dramaturge devenu dissident » qui est mort un jour après le dirigeant nord-coréen[3].

Allégations de mondialisme[modifier | modifier le code]

Des controverses et des critiques de l'ONU existent depuis au moins les années 1950. Aux États-Unis, la John Birch Society était un des premiers opposants, accusant l'ONU de vouloir créer un gouvernement mondial[4],[5].

Charles de Gaulle, qui surnommait l'ONU le « machin »[6] doutait de l'efficacité des alliances de sécurité collective qui devait maintenir le monde en paix, préférant les traités de défense directs de l'ONU entre les pays[7].

Critiques administratives[modifier | modifier le code]

Rôle des membres permanents[modifier | modifier le code]

.....Le rôle des 5 membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie), qui sont tous des puissances nucléaires[8], dans la formation d'un club nucléaire exclusif dont les puissances ne sont pas vérifiés a été critiqué. À la différence de l'Assemblée générale, le Conseil de sécurité n'a pas de véritable représentation internationale, ce qui a conduit à des accusations selon lesquelles le Conseil de sécurité ne s'occupe que des intérêts stratégiques et des intentions politiques de ses membres permanents, particulièrement dans les interventions humanitaires. Par exemple, la protection apportée en 1991 aux Koweïtiens possédant des ressources en pétrole a été plus importante que celle apportée en 1997 aux Rwandais possédant peu de ressources naturelles[9].

Adhésion au Conseil de sécurité des Nations unies[modifier | modifier le code]

Tout pays peut être élu membre non permanent du Conseil de sécurité, mais certains pays déclarent que c'est insuffisant et souhaitent un élargissement[10],[11],[12],[13]. D'autres pays préconisent l'abandon de la notion de membre permanent. Ainsi, sous le gouvernement de Paul Martin, le Canada utilise cette approche[14].

Droit de veto[modifier | modifier le code]

Le droit de veto des cinq membres permanents est également critiqué. En son état, le droit de veto permet à tout membre permanent de bloquer toute résolution ou décision du Conseil de sécurité. L'utilisation du droit de veto par un pays, plutôt que l'opinion d'une majorité de pays, peut geler toute réponse armée ou diplomatique possible des Nations unies à une crise. Par exemple, John J. Mearsheimer a déclaré que « depuis 1982, les États-Unis ont mis leur veto sur 32 résolutions du Conseil de Sécurité cruciales pour Israël, plus que le nombre total de vetos exercés par tous les membres du Conseil de Sécurité »[n 3],[15]. La Russie et la Chine sont également accusées d'avoir un « recours abusif » à leur droit de veto durant le conflit syrien[16].

Depuis le , il est demandé que la raison de l'application du droit de veto soit explicité par le pays qui en fait usage[17].

Critique de son efficacité[modifier | modifier le code]

La question de l'utilité de l'ONU au XXIe siècle a été évoquée[18]. Bien que la charte des Nations unies exige de l'ONU de « Maintenir la paix et la sécurité internationales »[19], en raison de sa structure administrative restrictive, les membres permanents du Conseil de sécurité ont parfois empêché l'ONU de respecter cette charte[20].

Critiques géopolitiques et diplomatiques[modifier | modifier le code]

Attention donnée au conflit israélo-arabe[modifier | modifier le code]

Les questions relatives à l'état d'Israël, aux Palestiniens et à d'autres aspects du conflit israélo-arabe occupent une place importante en temps de débat, en ressources et en résolutions aux Nations unies. Le secrétaire d'État des États-Unis, John Kerry, a accusé le Conseil des droits de l'homme des Nations unies d'être disproportionnellement concentré sur les allégations d'abus d'Israël[21] et Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, a admis que les Nations unis ont eu un parti pris contre Israël[22]. D'autres critiques comme Dore Gold (en), Alan Dershowitz, Mark Dreyfus (en), Robert S. Wistrich (en), Alan Keyes et l'Anti-Defamation League considèrent également que l'attention des Nations unies donnée au traitement des Palestiniens par Israël est excessive[23],[24],[25],[26],[27],[28].Selon Wistrich : « un tiers de toutes les résolutions critiques passées par le Conseil des droits de l'homme [des Nations unies] au cours des quarante dernières années ont été dirigées exclusivement contre Israël . A titre de comparaison, il n'y a pas eu même une seule résolution mentionnant les violations massives des droits de l'homme en Chine, Russie, Corée du Nord, Cuba, Arabie Saoudite, Syrie, ou Zimbabwe »[n 4],[29].

Les critiques peuvent venir du secrétariat général de l'ONU lui-même : le 16 décembre 2016, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon déclare à ce propos devant le Conseil de Sécurité : « Des décennies de manœuvres politiques ont suscité un nombre disproportionné de résolutions, de rapports et de comités anti-israéliens »[30].

De même, le 16 mars 2017, le nouveau secrétaire de l'ONU, Antonio Guterres exige et obtient le retrait d'un rapport de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) publié sous le logo de l'ONU et dont l’un des auteurs est Richard Falk, qui affirmait : « Israël est coupable d’imposer un régime d’apartheid au peuple palestinien (ce qui constitue) un crime contre l’humanité ». Selon le porte-parole du secrétaire général, le patron de l’ONU « ne peut pas accepter qu’un secrétaire général adjoint ou tout autre responsable de l’ONU (…) autorise une publication sous le logo de l’ONU sans consulter les départements concernés et lui-même »[31].

Allégations d'antisémitisme[modifier | modifier le code]

Les Nations unies sont accusés par Alan Dershowitz, les activistes en droits humains Elie Wiesel, Anne Bayefsky (en) et Bayard Rustin, l'historien Robert S. Wistrich (en) et les féministes Phyllis Chesler et Sonia Johnson de tolérer des remarques antisémites en ses murs[23],[26],[32],[33].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Traduction de « Tower of Babble: How the United Nations Has Fueled Global Chaos ».
  2. Traduction de « were free democracies, according to Freedom House ».
  3. Traduction de « since 1982, the US has vetoed 32 Security Council resolutions critical of Israel, more than the total number of vetoes cast by all the other Security Council members ».
  4. Traduction de « a third of all critical resolutions passed by [the UN] Human Rights Commission during the past forty years have been directed exclusively at Israel. By way of comparison, there has not been a single resolution even mentioning the massive violations of human rights in China, Russia, North Korea, Cuba, Saudi Arabia, Syria, or Zimbabwe ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Gold, p. 216–217.
  2. a et b (en) Gold, p. 31.
  3. (en) « An official at the Czech Republic's UN mission said the Czechs did not request a similar moment of silence for Vaclav Havel, the playwright-turned-dissident », "UN honors North Korea's Kim Jong-il." Ynetnews. 22 December 2011. 23 December 2011.
  4. (en) « get US out of the UN », sur le site de la John Birch Society
  5. Jack CHABOUD, L'Esotérisme Pour les Nuls, EDI8, coll. « Pour les nuls », , 358 p. (ISBN 978-2-7540-8416-1, lire en ligne)
  6. « Le machin qu'on appelle l'ONU », « L'ONU: une grosse machine imparfaite... mais indispensable », sur The Huffington Post, qu'il
  7. Pierre Gerbet, « Naissance des Nations Unies », Espoir, no 102,‎ (lire en ligne)
  8. « Le club nucléaire », sur L'Express
  9. (en) [PDF] Rajan, Chella (2006). "Global Politics and Institutions". Frontiers of a Great Transition. Vol. 3. Tellus Institute, p. 3.
  10. « Élargissement, veto : comment réformer le Conseil de sécurité de l'ONU », sur L'Obs
  11. (en) « India makes strong case for UNSC expansion » [archive du ], HindustanTimes.com,
  12. « Le G4 propose un élargissement du Conseil de sécurité de l'ONU », sur Le Monde
  13. « Réforme du Conseil de sécurité : le groupe "Unis pour le consensus" propose une voie «plus démocratique» », sur le site des Nations unies
  14. (en) « Déclaration de l'Ambassadeur Allan Rock », Global Policy Forum,
  15. (en) John J. Mearsheimer and Stephen Walt, « The Israel Lobby and U.S. Foreign Policy »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), KSG Faculty Research Working Paper Series, Harvard University
  16. « Bachar Al-Assad, principal meurtrier de son peuple », sur Le Monde
  17. L'ONU impose l'obligation de justifier tout veto, sur fond de blocage russe sur l'Ukraine, rfi, 27 avril 2022
  18. (en) « Bush Discusses Relevance/ Irrelevance of UN », (consulté le ) George W. Bush s'adresse aux Nations unies, questionnant la pertinence des NU si elles n'autorisent pas l'invasion de l'Irak par les États-Unis
  19. (en) « Charte des Nations unies », (consulté le )
  20. « ONU : 70 ans de maintien de la paix ? », sur France Culture
  21. (en) « John Kerry Slams U.N. Human Rights Council for Bias Against Israel », The Forward,
  22. (en) « Ban Admits: UN is Biased Against Israel - Inside Israel - News - Arutz Sheva », Arutz Sheva
  23. a et b (en) Wistrich, p. 471–483.
  24. (en) Alan Keyes quoted in Yohanan Manor, To Right a Wrong: The Revocation of the UN General Assembly Resolution 3379 Defaming Zionism (New York: Shengold Publishers, 1996), p. 171. qtd. in Wistrich, p. 484.
  25. (en) Gold, p. 20.
  26. a et b (en) Dershowitz, Alan. The Case for Peace: How the Arab-Israeli Conflict Can Be Resolved. Hoboken: John Wiley & Sons, Inc., 2005.
  27. (en) "Don’t be lynch mob, lawyers urge U.N.." JTA. 8 juillet 2009.
  28. (en) "ADL: UN Human Rights Council Resolution Reveals 'Cancerous Bias' Against Israel." ADL. 7 juillet 2009.
  29. (en) Wistrich, p. 487.
  30. (en) « Ban Ki-moon says UN has 'disproportionate' focus on Israel », sur The Independent,
  31. « demission-dune-responsable-de-lonu-au-sujet-dun-rapport-critique-disrael », sur The Times of Israel, AFP,
  32. "Transcripts." CNN 6 août 2004.
  33. Bayefsky, Anne. « "Extra." »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le ) 21 juin 2004. 7 juillet 2009.