Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux — Wikipédia

La Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux[1], aussi dénommée résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU, est un texte de référence, datant du , en ce qui concerne le processus de décolonisation des peuples.

C'est le résultat de la présence à l'ONU d'un nombre croissant d'anciennes colonies devenues indépendantes depuis 1945.

Historique[modifier | modifier le code]

Nikita Khrouchtchev à l'ONU le

La proposition est un projet de déclaration à l'initiative de Nikita Khrouchtchev, alors secrétaire général du PCUS, daté du . Lors de l'examen de cette question, le , un autre projet est présenté par le Cambodge au nom de 26 pays d'Asie et d'Afrique, finalement parrainé par 43 délégations. Ce projet fut adopté par l'Assemblée générale par 89 voix, sans opposition, et avec 9 abstentions[2]. Parmi les pays s'étant abstenus (Australie, Belgique, Espagne, États-Unis, France, Portugal, République dominicaine, Royaume-Uni et Union d'Afrique du Sud)[3] figuraient la plupart des États disposant encore de colonies[4].

Le Comité spécial de la décolonisation a été créé en 1961 à la suite de la déclaration de 1960 sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux. Cette déclaration est aussi cité par le Préambule de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

Cas du Tibet[modifier | modifier le code]

Dans sa lettre au secrétaire général de l'ONU datée du , le dalaï-lama exprime sa joie en remarquant que Nikita Khrouchtchev a appelé quelques jours plus tôt, lors de son discours devant l'Assemblée de l'ONU, à la liberté pour tous les peuples colonisés, ajoutant que son pays est colonisé[5].

L'Assemblée Générale adopta ses appels au respect du droit du peuple tibétain à l'autodétermination en 1961 puis 1965.

Selon Sofia Stril-Rever, en 1964, le dalaï-lama, qui espère encore en l’avènement d'un Tibet indépendant, positionne sa stratégie dans le mouvement postcolonial, l'ONU soutenant alors la lutte des peuples pour l'indépendance. La jurisprudence internationale a défini les caractéristiques d'un peuple distinct et les Tibétains répondent à tous les critères retenus[6].

Le Tibet n'a jamais été répertorié par les Nations unies comme « pays à décoloniser », que ce soit avant ou après 1971, date de l'entrée de la Chine populaire au sein de cette organisation internationale, et aucun pays n'a reconnu à ce jour le gouvernement tibétain en exil [7],[8]. Dans la liste des pays et territoires à décoloniser publiée en 2008 par l'ONU, le Tibet n'est pas mentionné, et la Chine n'est pas citée au nombre des « puissances administrantes ».

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU, , « Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux ».
  2. Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux.
  3. André Urban, États-Unis, tiers monde et crises internationales (1953-1960): aux origines d'un affrontement, Editions L'Harmattan, 2005, (ISBN 2747590046 et 9782747590044), p. 289
  4. Ministère de l'information, France. Direction de la documentation, Notes et études documentaires, Numéros 3714 à 3734, Études de la Documentation française: Institutions, Éditeur La Documentation Française, 1970, p. 10, « par l'expression de 9 abstentions fortement motivées qui émanent notamment de tous les États disposant encore de colonies, à l'exception de la Nouvelle-Zélande : Australie, Belgique, Espagne, États- Unis, France, Portugal, République dominicaine, Royaume-Uni et Union sud-africaine. »
  5. (en) Office of His Holiness the Dalai Lama, Tibetans in exile, 1959-1969: a report on ten years of rehabilitation in India, 1969, p. 289
  6. Sofia Stril-Rever, Dalaï Lama, Appel au monde, Seuil, 2011, (ISBN 9782021026757) p. 55, p. 59-60 « En 1964, la stratégie du Dalaï-lama s'inscrit dans la mouvance post-coloniale. L'ONU soutient les peuples en lutte pour leur indépendance. La jurisprudence internationale a validé les caractéristiques qui définissent un peuple distinct et les Tibétains répondent à l'ensemble des critères retenus. »
  7. Martine Bulard, Chine-Tibet, des identités communes, article reproduit sur le site de l'UPMF de Grenoble avec comme indications Le Monde Diplomatique, 30 avril 2008, ainsi que sur le blogue Planète Asie du Monde Diplomatique à la date du 30 avril 2008 : « Rappelons que les Nations unies n’ont jamais inclus le Tibet dans les pays à décoloniser (avant comme après 1971 – date du remplacement de Taïwan par la Chine populaire) et qu’aucun pays n’a reconnu le « gouvernement » tibétain en exil et donc la possibilité d’une indépendance ».
  8. (en) Barry Sautman, China's strategic vulnerability to minority separatism in Tibet, in Asian Affairs: An American Review, 32, 2 (Summer 2005), 87 (32) : « no state recognizes the TGIE or the claim that Tibet was independent ».