Déforestation en Chine — Wikipédia

Déforestation dans la province du Yunnan

La déforestation en Chine est l'ensemble des processus qui conduisent à la disparition de la forêt dans ce pays. La situation est particulièrement préoccupante dans différentes régions de la République populaire de Chine.

Les forêts qui absorbaient d'importantes quantités d'eau de la mousson ont vu leur implantation se réduire ; la plupart des inondations catastrophiques sont attribuées à la déforestation mal contrôlée, induite par le développement économique, ce que finit par reconnaitre le gouvernement chinois[1].

Un programme national de protection de la forêt est mis en place en 1998, conduisant à augmenter la superficie des forêts de 12 % du territoire en 1990 à 20 % en 2010. Mais dans le même temps, la Chine amplifie la déforestation dans le reste du monde. 75 % de la production mondiale de bois part pour la Chine, une grande partie des forêts étant exploitée illégalement, notamment en Afrique.

Historique[modifier | modifier le code]

Le sud-ouest de la Chine avait une importante forêt bien adaptée au milieu de moyenne montagne tropicale. Les observations récentes indiquent que ces forêts n'occupent plus que 10 % des sols.

La déforestation a des causes multiples (surpopulation, agriculture, incendies, bois de chauffage...), et a commencé dès le XIIIe siècle et a pris de l'ampleur au XVIIIe siècle avec l'augmentation de la population et les progrès de l'agriculture. Mais la tendance s'est accélérée au XXe siècle à cause de l'industrialisation, des réformes agraires de Mao Zedong et les réformes économiques de Deng Xiaoping dans les années 1970-1980.

Trois grandes périodes des déforestation sont identifiées : de 1958 à 1961, lors du « Grand bond en avant », impulsé par Mao pour l’industrialisation rurale, des forêts entières sont détruites pour alimenter les fours artisanaux pour fondre l’acier. De 1966 à 1971, lors de la « Révolution culturelle », toujours sous Mao, des hectares de forêt sont transformées en culture de maïs et de blé. Enfin au début des années 1980, sous Deng Xiaoping, les fermiers se sont vu attribués plus de terres qu’ils ont déboisées massivement[2].

D'après de nombreux auteurs, la civilisation chinoise aurait un tempérament de « prédation vis-à-vis de la nature »[3], « partout où les chinois se sont établis éclate cette haine de l'arbre »[4].

Le grand incendie de 1987 a détruit 1,3 million d'hectares[5].

La situation étant devenue difficilement tenable avec la progression des zones arides, le gouvernement a mis en place un programme de reboisement ayant comme objectif d'augmenter la surface forestière d'un million d'hectares par an[6] afin d'éviter la désertification.

Dans la province subtropicale du Guizhou, les forêts représentent de l'ordre de 12 % de l'occupation des sols suivant les chiffres officiels, mais en fait ces chiffres intègrent des zones d'arbustes et de broussailles. Les crues importantes durant la mousson sont aggravées par le phénomène de déforestation.

Évolution par région[modifier | modifier le code]

Le cas du Tibet[modifier | modifier le code]

La forêt est passée de 222 000 km2 en 1949 à 134 000 km2 en 1989, soit un peu plus de la moitié.

Le cas du Sichuan[modifier | modifier le code]

Année Taux de couverture[7]
1937 34.0 %
1948 20.0 %
1962 11.5 %
1976 13.3 %
1980 12.0 %
1988 19.2 %

Évolution par région (en milliers d'hectares):

Province 1976 1981 1988
Beijing 200 144 215
Tianjin 30 30 62
Hebei 2010 1677 2011
Shanxi 1090 810 993
Mongolie-Intérieure 10700 13740 13836
Liaoning 3420 3653 3939
Jilin 6510 6079 6231
Heilongjiang 16660 15294 15615
Shanghai 10 8 9
Jiangsu 340 325 386
Zhejiang 3960 3429 4037
Anhui 1750 1792 2261
Fujian 5900 4496 5003
Jiangxi 6100 5462 5992
Shandong 1320 905 1596
Henan 1790 1420 1571
Hubei 4360 3779 3854
Hunan 6580 6872 6754
Guangdong 7480 5879 4864
Hainan - - 866
Guangxi 5510 5227 5227
Sichuan 7460 6811 10872
Guizhou 2561 2309 2221
Yunnan 9560 9197 9327
Tibet 6320 6320 6320
Shaanxi 4580 4471 4708
Gansu 1870 1769 2029
Qinghai 190 195 266
Ningxia 60 95 118
Xinjiang 1440 1121 1497
Taïwan 2069 1970 1970
Total 121860 115277 124653

Politique de reforestation nationale et déforestation internationale[modifier | modifier le code]

Confrontée à de graves problèmes d’érosion des sols, d’inondations et de désertification, la Chine met en œuvre depuis 1998 une véritable politique forestière à travers le « National Forest Protection Program ». La superficie des forêts est ainsi passée de 12 % du territoire en 1990 à 20 % en 2010, totalisant 195 millions d’hectares (2/3 de forêts naturelles, 1/3 de forêts plantées)[8].

Mais dans le même temps, 75 % de la production mondiale de bois part pour la Chine, une grande partie des forêts étant exploitée illégalement[9].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « La Chine, de la déforestation aux inondations », sur Alternatives Economiques n° 167,
  2. Pruvost, « La chine verte », (p. 19/133), sur univ-paris1.fr, 2008-2009 (consulté le )
  3. Gentelle & Pelletier (1994) cité par Richard Maire, p. 34
  4. idem
  5. Atlas de la Chine: Une grande puissance sous tension, Thierry Sanjuan, Editions Flammarion
  6. « Déforestation », sur vedura.fr (consulté le ).
  7. (en) « China », sur Thomas Homer-Dixon (consulté le ).
  8. Agence française de développement, « Chine - Protection de la biodiversité et des ressources naturelles », sur www.afd.fr, (consulté le ).
  9. Sébastien Le Belzic, « La Chine fait main basse sur les forêts africaines », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]