Démographie de La Réunion — Wikipédia

Démographie de La Réunion
Évolution de la démographie entre 1961 et 2014 selon les chiffres de la FAO et de l'Insee
Évolution de la démographie entre 1961 et 2014 selon les chiffres de la FAO et de l'Insee
Dynamique
Population 871 157 hab.
(2021)
Évolution de la population +0,4 % (2020)[1]
Taux de natalité 16,1  (2020)[2]
Taux de mortalité 5,5  (2020)[3]
Flux migratoires (2020)
Solde migratoire −0,7 %

La démographie de La Réunion est caractérisée par une densité forte et une population jeune qui croît depuis les années 1960.

Avec ses 871 157 habitants en 2021, le département français de La Réunion se situe en 25e position sur le plan national.

En six ans, de 2014 à 2020, sa population s'est accrue de près de 20 400 unités, c'est-à-dire de plus ou moins 3 400 personnes par an. Mais cette variation est différenciée selon les 24 communes que comporte le département.

La densité de population de La Réunion, 347,9 habitants par kilomètre carré en 2021, est trois fois supérieure à celle de la France entière qui est de 106,5 hab./km2 pour la même année.

Malgré un solde migratoire négatif, la population de l'île de La Réunion continue d'augmenter en raison du maintien d'un fort taux de natalité. Ainsi en 2020 le taux de fécondité s'élève à 2,41 enfants par femme, le même niveau qu'en 2002[4].

Historique[modifier | modifier le code]

L'île Bourbon était une terre vierge au XVIe siècle. Les premiers habitants sont quelques Européens et Malgaches. La population augmente très fortement dès lors. D'une trentaine de personnes en 1665, la population passe à plus de 730 en 1704. Cette population est dès lors largement métissée, puisque l'essentiel des mères présentes dans l'île étaient des Malgaches. L'esclavage démarre également rapidement, des femmes principalement, sont emmenées avec les premiers colons. Ce phénomène se développe ensuite du fait même des autorités qui attribue des terres aux épouses malgaches des colons français tués dans la révolte de Fort-Dauphin. Dès l'origine la population de l'île est donc catégorisée en personnes libres et esclaves, mais outre le traitement légal, la population se reconnaît en groupe sociaux indépendants. La traite est autorisée contre redevance à partir de 1725, dès lors le nombre d'esclaves, tous d'origine africaine, va très rapidement croître puisqu'il atteint 45 000 esclaves en 1768 contre un peu plus d'26 000 habitants libres, blancs, noirs ou métis plus ou moins clairs. La première famine due aux cyclones touche l'île en 1793. Si l'abolition de 1793 ne porte pas d'effet, la traite diminue mais elle se poursuit même après que les Britanniques qui ont pris le contrôle de Bourbon l'ont interdite en 1810.

Les autorités comptabilisaient alors la population en deux groupes, les noirs ou nègres pouvant être libres ou non, et les Blancs, dont : les fonctionnaires ou autres nouveaux arrivés appelés localement Zoreilles, les petits Blancs ou yab, personnes d'origine principalement européenne mais largement métissées, les grands propriétaires terriens non métissés appelés localement gros Blancs.

L'esclavage est aboli en 1848. Pour pallier un manque de main d'œuvre bon marché débute l'engagisme. Des Indiens du sud de l'Inde (Malbars, à la peau noire), des Indiens musulmans (Zarabes) du nord de l'Inde, des Chinois vont donc immigrer sur l'île, en principe pour une durée courte. En fait 46 000 engagés vont rester sur l'île. Dès lors trois autres communautés vont se former respectivement, les Malbars, les Zarabes, les Chinois. Ces communautés ne sont pas étanches, de très nombreux mariages mixtes vont avoir lieu, et de ce fait le caractère de ces groupes n'est pas strictement ethnique ou strictement religieux. Seuls les Zarabes continuent à privilégier les mariages endogamiques, quitte à se marier avec une personne venant de l'île Maurice ou de plus loin encore.

Les premiers du petit groupe des Karanes arrivent dans les années 1960, puis d'une manière plus importante avec les difficultés économiques et politiques dues aux indépendances des pays francophones de la Région, d'abord Madagascar puis de l'union des Comores. Les Comoriens, de l'Union ou de Mayotte, arrivés également en grand nombre, semblent depuis formés des nouvelles communautés appelées localement « Comor ». Si les ressortissants des quatre îles ne se mélangent que peu, ils sont vus comme un groupe à part entière par le reste de la population. Des Malgaches, des Mauriciens ont également continué à arriver. A contrario l'émigration des personnes nées à la Réunion, essentiellement vers la métropole, est très importante depuis les années 1960. Depuis les années 1990, ils ont été deux fois plus nombreux à s'y installer qu’à en revenir[5].

Depuis les années 2000, la préfecture de la Réunion est décisionnaire pour toute demande de visa, en effet quel que soit l'endroit où réside un ressortissant d'un pays ne faisant pas partie de l'Union européenne, cette demande est transmise à la préfecture de la Réunion qui prend souverainement sa décision, autrement dit indépendamment de l'acceptation d'un visa par la Métropole et sans avoir l'obligation de justifier d'un refus.

Évolution démographique[modifier | modifier le code]

Couverture du magazine 2512 soulignant que le cap du million de Réunionnais a été franchi.

Le nombre d'habitants de La Réunion a dépassé le cap des 800 000 unités fin 2008[6], pour atteindre 837 868 habitants en janvier 2012[7]. Le taux de fécondité est de 2,41 enfants par femme en 2020 et le solde migratoire est négatif. On estime que la population pourrait atteindre le million d'habitants dans les années 2030. En attendant, si l'on ajoute aux résidents les membres de la diaspora établie hors de l'île, on obtient déjà ce chiffre élevé : il y aurait d'ores et déjà un million de Réunionnais de par le monde[8]. Cette diaspora conserve souvent un contact avec l'île grâce aux nouveaux moyens de télécommunication[9].

Évolution de la population  [ modifier ]
1837 1848 1863 1872 1877 1881 1887 1902 1907
110 000105 677152 600182 700182 100172 100163 900173 315177 677
1911 1921 1926 1931 1936 1941 1946 1954 1961
173 822173 190186 837197 933208 258220 955241 708274 370349 282
1967 1974 1982 1990 1999 2006 2011 2016 2021
416 525476 675515 814597 823706 300781 962828 581852 924871 157
(Sources : Base Insee, population sans doubles comptes à partir de 1962[10] puis population municipale à partir de 2006[11].)
Histogramme de l'évolution démographique

Population par divisions administratives[modifier | modifier le code]

Arrondissements[modifier | modifier le code]

Le département de La Réunion comporte quatre arrondissements. La population se concentre principalement sur l'arrondissement de Saint-Pierre, qui recense 36 % de la population totale du département en 2021, avec une densité de 333,3 hab./km2, contre 25 % pour l'arrondissement de Saint-Paul, 24 % pour celui de Saint-Denis et 15 % pour celui de Saint-Benoît.

Arrondissement Population
(2021)
Variation
(2021/2015)
Superficie
(km2)
Densité
(hab./km2)
Saint-Pierre 314 218 en augmentation de 2,56 % par rapport à 2015 942,8 333,3
Saint-Paul 215 613 en augmentation de 0,38 % par rapport à 2015 537,2 401,4
Saint-Denis 213 402 en augmentation de 5,13 % par rapport à 2015 287,8 741,5
Saint-Benoît 127 924 en augmentation de 1,07 % par rapport à 2015 735,8 173,9
Source : Insee[I 1].

Communes de plus de 10 000 habitants[modifier | modifier le code]

Sur les 24 communes que comprend le département de La Réunion, 24 ont en 2020 une population municipale supérieure à 2 000 habitants, 24 ont plus de 5 000 habitants, 17 ont plus de 10 000 habitants et douze ont plus de 25 000 habitants : Saint-Denis, Saint-Paul, Saint-Pierre, Le Tampon, Saint-André, Saint-Louis, Saint-Joseph, Saint-Benoît, Saint-Leu, Sainte-Marie, La Possession et Le Port.

Les évolutions respectives des communes de plus de 10 000 habitants sont présentées dans le tableau ci-après.

Commune Population
(2021)
Variation
(2021/2015)
Superficie
(km2)
Densité
(hab./km2)
Saint-Denis 154 765 en augmentation de 5,29 % par rapport à 2015 142,79 1 083,9
Saint-Paul 105 240 en diminution de 0,69 % par rapport à 2015 241,28 436,2
Saint-Pierre 84 077 en augmentation de 0,02 % par rapport à 2015 95,99 875,9
Le Tampon 81 943 en augmentation de 7,38 % par rapport à 2015 165,43 495,3
Saint-André 57 150 en augmentation de 2,55 % par rapport à 2015 53,07 1 076,9
Saint-Louis 53 935 en augmentation de 0,77 % par rapport à 2015 98,9 545,3
Saint-Joseph 38 807 en augmentation de 3,19 % par rapport à 2015 178,5 217,4
Saint-Benoît 37 023 en diminution de 2,42 % par rapport à 2015 229,61 161,2
Saint-Leu 34 893 en augmentation de 3,54 % par rapport à 2015 118,37 294,8
Sainte-Marie 34 344 en augmentation de 4,26 % par rapport à 2015 87,21 393,8
La Possession 35 245 en augmentation de 7,72 % par rapport à 2015 118,35 297,8
Le Port 33 336 en diminution de 5,51 % par rapport à 2015 16,62 2 005,8
Sainte-Suzanne 24 293 en augmentation de 5,31 % par rapport à 2015 57,84 420
L'Étang-Salé 13 836 en diminution de 3,45 % par rapport à 2015 38,65 358
Bras-Panon 13 344 en augmentation de 4,78 % par rapport à 2015 88,55 150,7
Petite-Île 12 617 en augmentation de 3,9 % par rapport à 2015 33,93 371,9
Les Avirons 11 434 en augmentation de 2,57 % par rapport à 2015 26,27 435,2
Source : Insee[I 1].

Structures des variations de population[modifier | modifier le code]

Soldes naturels et migratoires depuis 1967[modifier | modifier le code]

Variation de la population par périodes
1967 à
1974
1974 à
1982
1982 à
1990
1990 à
1999
1999 à
2009
2009 à
2014
2014 à
2020
Variation annuelle moyenne de la population en % 1,9 1,1 1,9 1,9 1,5 0,6 0,4
- due au solde naturel en % 2,4 2,0 1,8 1,6 1,4 1,2 1,1
- due au solde apparent des entrées sorties en % -0,5 -0,9 0,1 0,3 0,1 -0,6 -0,7
Taux de natalité en ‰ 32,3 25,0 23,6 21,0 19,3 17,1 16,1
Taux de mortalité en ‰ 8,0 5,4 5,7 5,2 5,3 5,0 5,5
Source : Insee[POP 1].

Mouvements naturels sur la période 2014-2021[modifier | modifier le code]

En 2014, 14 095 naissances ont été dénombrées contre 4 355 décès. Le nombre annuel des naissances a diminué depuis cette date, passant à 13 470 en 2021, indépendamment à une augmentation, mais relativement faible, du nombre de décès, avec 5 750 en 2021. Le solde naturel est ainsi positif et diminue, passant de 9 740 à 7 720[I 2].

Natalité[modifier | modifier le code]

  • Indice conjoncturel de fécondité (2020) : 2,41 enfants par femme[4]
  • Taux de natalité (2015) : 16,5 pour mille[12]

Mortalité[modifier | modifier le code]

  • Taux de mortalité (2015) : 5,3 pour mille[12]
  • Taux de mortalité infantile (2011) : 7,3 pour mille
  • Espérance de vie (2011) : 76,5 ans pour les hommes et 82,9 ans pour les femmes

Densité de population[modifier | modifier le code]

En 2020, la densité était de 344,7 hab./km2[POP 2].

1967
 
166.4
 
1974
 
190.4
 
1982
 
206.0
 
1990
 
238.8
 
1999
 
282.1
 
2009
 
326.1
 
2014
 
336.6
 
2020
 
344.7
 

Répartition par sexes et tranches d'âges[modifier | modifier le code]

La population du département est plus jeune qu'au niveau national. En 2020, le taux de personnes d'un âge inférieur à 30 ans s'élève à 41,7 %[POP 3], soit au-dessus de la moyenne nationale (35,3 %[I 3]). À l'inverse, le taux de personnes d'âge supérieur à 60 ans est de 18 % la même année[POP 3], alors qu'il est de 26,4 % au niveau national[I 3].

En 2020, le département comptait 413 448 hommes pour 449 635 femmes[POP 4], soit un taux de 52,10 % de femmes, légèrement supérieur au taux national (51,63 %).

Les pyramides des âges du département et de la France s'établissent comme suit.

Pyramide des âges du département de La Réunion en 2020 en pourcentage[POP 4]
HommesClasse d’âgeFemmes
0,2 
90 ou +
0,6 
3,8 
75-89 ans
5,2 
12,9 
60-74 ans
13,1 
21,4 
45-59 ans
21,2 
18,1 
30-44 ans
19,9 
19,9 
15-29 ans
19 
23,7 
0-14 ans
21 
Pyramide des âges de la France entière en 2020 en pourcentage[I 3]
HommesClasse d’âgeFemmes
0,7 
90 ou +
1,8 
6,9 
75-89 ans
9,4 
16,4 
60-74 ans
17,3 
20,1 
45-59 ans
19,6 
18,8 
30-44 ans
18,4 
18,3 
15-29 ans
16,7 
18,8 
0-14 ans
16,8 

Répartition par catégories socioprofessionnelles[modifier | modifier le code]

La catégorie socioprofessionnelle des autres personnes sans activité professionnelle est surreprésentée par rapport au niveau national. Avec 30 %[POP 5] en 2020, elle est 13 points au-dessus du taux national (17 %[I 3]). La catégorie socioprofessionnelle des retraités est quant à elle sous-représentée par rapport au niveau national. Avec 15,3 %[POP 5] en 2020, elle est 11,6 points en dessous du taux national (26,9 %[I 3]).

Population de 15 ans ou plus par sexe, âge et catégorie socioprofessionnelle
Catégorie socioprofessionnelle 2014 2020 Détails de l'année 2020
Nb % Nb % Hommes Femmes Part en % de la population âgée de
15 à 24 ans 25 à 54 ans 55 ans ou +
Agriculteurs exploitants 6 193 1,0 5 911 0,9 4 517 1 394 0,2 1,1 1,0
Artisans, commerçants, chefs d'entreprise 22 877 3,6 23 304 3,5 16 651 6 652 0,5 5,1 2,5
Cadres et professions intellectuelles supérieures 30 236 4,7 33 661 5,0 18 844 14 817 0,6 7,7 3,2
Professions intermédiaires 75 046 11,7 83 425 12,4 36 647 46 778 5,6 19,5 5,0
Employés 130 930 20,4 133 627 19,9 36 582 97 045 12,7 28,3 10,6
Ouvriers 92 261 14,4 86 879 13,0 74 732 12 147 8,5 18,3 7,0
Retraités 95 874 15,0 102 325 15,3 51 006 51 320 0,0 0,3 47,6
Autres personnes sans activité professionnelle 187 097 29,2 201 224 30,0 76 411 124 813 71,9 19,7 23,2
Ensemble 640 513 100 670 355 100 315 389 354 966 100 100 100
Sources : Insee[POP 5],[POP 6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. POP T2D - Indicateurs démographiques en historique depuis 1967
  2. POP T1 - Population en historique depuis 1967
  3. a et b POP T0 - Population par grandes tranches d'âges
  4. a et b POP T3 - Population par sexe et âge en 2020
  5. a b et c POP T5 - Population de 15 ans ou plus selon la catégorie socioprofessionnelle
  6. POP T6 - Population de 15 ans ou plus par sexe, âge et catégorie socioprofessionnelle en 2020
  • Autres références au site de l'Insee
  1. a et b Insee, « Fichiers par départements des populations légales en 2020 », (consulté le ).
  2. Insee, « Naissances et décès domiciliés 2014-2021 - Département de La Réunion (974) », (consulté le ).
  3. a b c d et e Insee, « Dossier complet - France entière », (consulté le )
  • Autres références
  1. Le taux de variation de la population 2020 correspond à la somme du solde naturel 2020(1,1 personnes) et du solde migratoire 2020 (−0,7 personnes) divisée par la population au 1er janvier 2020.
  2. Le taux de natalité 2020 est le rapport du nombre de naissances vivantes en 2020 à la population totale moyenne de 2020.
  3. Le taux de mortalité 2020 est le rapport du nombre de décès, au cours de 2020, à la population moyenne de 2020.
  4. a et b Indicateur conjoncturel de fécondité des femmes - Ensemble - La Réunion, Insee
  5. (en) « Direction de l'Orientation et des Formations pour l'Insertion Professionnelle - … », sur univ-reunion.fr (consulté le ).
  6. (fr)« 200 000 habitants de plus en vingt ans », Le Quotidien de La Réunion,‎ (lire en ligne)
  7. « 808 250 habitants à la Réunion », sur Linfo.re (consulté le ).
  8. (fr) « Pourquoi sommes nous un million ? », 2512, février 2007.
  9. Froment Baptiste et Bakis Henry, « Migrations, télécommunications et lien social : de nouveaux rapports aux territoires ? L'exemple de la communauté réunionnaise » ; Annales de Géographie, n° 645, 2005, Paris. pp. 564-574
  10. Population selon le sexe et l'âge quinquennal de 1968 à 2013 - Recensements harmonisés - Séries départementales et communales
  11. Fiches Insee - Populations légales de la région pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019, 2020 et 2021.
  12. a et b La situation démographique en 2015, Insee