Darius Milhaud — Wikipédia

Darius Milhaud
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Darius Milhaud en 1920.

Naissance
Marseille, Drapeau de la France France
Décès (à 81 ans)
Genève, Drapeau de la Suisse Suisse
Activité principale Compositeur
Style Néo-classicisme
Activités annexes Chef d’orchestre, critique musical
Collaborations Groupe des Six
Formation Conservatoire de musique et de déclamation
Maîtres Xavier Leroux, André Gedalge, Charles-Marie Widor et Paul Dukas
Enseignement Conservatoire national de musique
Distinctions honorifiques Grand officier de la Légion d'honneur (1965), commandeur de l'ordre du Nichan Iftikhar
Signature de Darius Milhaud

Darius Milhaud, né le à Marseille[1] et mort à Genève le , est un compositeur français de musique classique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Darius Milhaud est issu de l’une des plus vieilles familles juives de Provence, originaire du Comtat Venaissin. Cette région du Vaucluse abrite depuis des siècles de nombreuses familles juives surnommées les « Juifs du pape ». Parmi les membres de cette famille, on compte Joseph Milhaud, fondateur en 1840 de la synagogue d’Aix-en-Provence, ainsi que José de Bérys, Francine Bloch (qui demande au musicien, en 1961, de devenir le premier président de la Société des amis de la Phonothèque nationale de France et établit sa phonographie), Marcel Dassault et Pierre Vidal-Naquet.

André Gedalge, un des professeurs de Darius Milhaud.

Darius Milhaud est l’unique fils d’un banquier d'Aix et d’une mère née à Marseille. Son grand-père est négociant en amandes. Ses parents sont musiciens amateurs. Son père fonde la Société Musicale d’Aix-en-Provence, et sa mère connaît bien les chants religieux. Darius montre des dons précoces, tout d’abord pour le violon et la composition. À 17 ans, en 1909, il va à Paris pour étudier au Conservatoire de musique et de déclamation, jusqu’en 1915. Ses professeurs sont Xavier Leroux en harmonie, André Gedalge pour le contrepoint, Charles-Marie Widor pour la composition et surtout Paul Dukas pour l'orchestration.

Ces années sont l’occasion de multiples rencontres sur le plan musical et littéraire : il se lie d’amitié avec les musiciens Georges Auric et Arthur Honegger, et avec le poète Léo Latil, tué en 1915 lors de la Première Guerre mondiale. Il fait également la connaissance de Francis Jammes et de Paul Claudel en 1912, auteurs dont il met les textes en musique. Sa rencontre avec André Gide exerce aussi une influence importante.

Atteint de rhumatismes, Darius Milhaud est réformé. Il compose dans ces années des musiques de scène, notamment sur la trilogie Orestie d’Eschyle, traduite par Claudel. Il recourt alors à la polytonalité, ce qui reste comme l’une des caractéristiques principales de sa musique. Cette amitié entre les deux hommes évolue dans le sens d’une collaboration : Claudel, nommé ministre plénipotentiaire à Rio de Janeiro, propose à Milhaud de devenir son secrétaire. Milhaud accepte. Il s’enthousiasme alors pour les musiques sud-américaines, qu’il insère dans les ballets L'Homme et son désir (1918-1921) et Le Bœuf sur le toit (1919-1920), ainsi que dans la suite de danses Saudades do Brasil (1920-1921).

De retour à Paris, il est associé par le critique Henri Collet au groupe des Six, (dans le sillage d'Érik Satie) constitué de Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre. Le mentor de toute cette équipe est l'écrivain et poète Jean Cocteau. Fort de cette association, avec laquelle il écrit notamment la musique des Mariés de la Tour Eiffel (1921), unique œuvre collective du groupe des Six, sur un argument de Cocteau, Milhaud est également reconnu dans le milieu parisien pour ses œuvres de jeunesse imprégnées d’influences sud-américaines.

Il officie en tant que chef d’orchestre, critique musical, ou même conférencier, et voyage abondamment, notamment à Londres en 1920, et aux États-Unis en 1922, où il découvre les rythmes du jazz qui vont profondément l’influencer pour son ballet La Création du monde (1923)[2]. Il continue à écrire plusieurs opéras sur des livrets de ses amis : Le Pauvre Matelot en 1926 sur un texte de Cocteau, et Christophe Colomb en 1930 sur un texte de Claudel. Il s’intéresse également au cinéma et compose pour le cinéma. Toutefois, ses compositions rencontrent un succès mitigé, et son opéra Maximilien (1932) est accueilli fraîchement à l’Opéra Garnier.

Parallèlement, sa vie sentimentale est comblée par son mariage (le ) avec Madeleine Milhaud, une cousine actrice, qui lui donna en 1930 un fils, Daniel, qui devint artiste-peintre et sculpteur (décédé à Pietrasanta en ).

En 1936, il est membre de la rédaction du journal communiste Ce soir, pour lequel il s'occupe de la musique[3]

Mills College d'Oakland, où Darius Milhaud enseigne durant la guerre.

Sa production reste très abondante jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, date à laquelle il doit fuir la France occupée, cumulant l'« inscription sur deux listes de proscription : comme juif et comme compositeur d'art dégénéré ». En 1940, il part pour les États-Unis, où le chef d'orchestre Pierre Monteux l'aide à trouver un poste de professeur de composition au Mills College d’Oakland (Californie). Milhaud y a notamment comme élèves le pianiste de jazz Dave Brubeck, le compositeur de variétés Burt Bacharach, et les fondateurs du minimalisme américain, Steve Reich et Philip Glass.

Après la guerre, il retourne en France en 1947 et se voit offrir un poste de professeur de composition au Conservatoire national de musique à Paris, en alternance avec Jean Rivier, qui compte parmi ses élèves de futurs talents tels Georges Delerue. Il alterne alors son activité de professeur entre Paris et les États-Unis, continuant d’enseigner à Oakland jusqu'en 1971, ainsi qu'à l’Académie musicale d’été d’Aspen (Colorado), et dans divers établissements américains. Malgré une santé de plus en plus fragile (des rhumatismes le font beaucoup souffrir), le compositeur reste donc un infatigable voyageur, même si son activité créatrice est ralentie.

Sa carrière est couronnée en 1971 par un fauteuil à l’Académie des Beaux-Arts. Il s’éteint le à Genève, à l’âge de 81 ans. Selon ses souhaits, il est enterré au cimetière Saint-Pierre à Aix-en-Provence, sous une modeste pierre du carré juif. Sa femme, Madeleine Milhaud, lui survit plus de trente ans. Elle est décédée le , dans sa 106e année, et est enterrée aux côtés de son mari, à Aix-en-Provence.

Il avait été membre du Comité de direction de l'Association du Foyer de l’Abbaye de Royaumont.

Œuvre musicale[modifier | modifier le code]

Darius Milhaud s’est intéressé à tous les genres musicaux : opéra, musique de chambre, musique symphonique, concertos, ballets, musique vocale. Il est l’un des compositeurs les plus prolifiques non seulement du XXe siècle, mais aussi de toute l’histoire de la musique. Son style emprunte beaucoup aux musiques folkloriques et au jazz qu’il affectionne particulièrement pour ses rythmes syncopés. Milhaud explore toutes les possibilités de l’écriture : fin contrapuntiste, il utilise fréquemment la polyrythmie et la polytonalité, qui rendent son œuvre extrêmement riche et diverse.

Œuvres principales[modifier | modifier le code]

Darius Milhaud en 1923.

Opéra[modifier | modifier le code]

Les opéras sont au nombre de seize, dont trois opéras minute (environ 15 minutes chacun) :

Deux opéras d'une durée courte (~ 30 minutes)

Autres opéras :

Musique de scène[modifier | modifier le code]

Ballets[modifier | modifier le code]

Au nombre de 14, dont :

Musique symphonique[modifier | modifier le code]

Milhaud attend 1939 pour entamer l’écriture de symphonies. Elles seront au nombre de douze entre 1939 et 1960. Il écrit également des suites de danses, et une variété de concertos, pour piano, violon, violoncelle, alto, etc.

Concerti[modifier | modifier le code]

  • 2 concerti pour violoncelle et orchestre
  • 3 concerti pour violon et orchestre
  • 3 concerti pour alto et orchestre (dont un extrait des saisons)
  • 5 concerti pour piano et orchestre, ainsi que plusieurs œuvres concertantes pour piano et orchestre et deux pianos et orchestre avec soliste
  • 1 concerto pour clarinette et orchestre (1941)
  • 1 concerto pour harpe et orchestre
  • 1 concerto pour hautbois (1957)
  • 1 concerto pour flûte, violon et orchestre (1937)
  • Les Quatre Saisons, 4 concertini pour divers instruments, le printemps (1934), L'été (1950), l'automne (1951), l'hiver (1953)
  • Suite française op. 248 (1944)
  • Concerto pour marimba et vibraphone Op. 278

Musique de chambre[modifier | modifier le code]

La production de musique de chambre de Milhaud est tout aussi prolifique : pas moins de dix-huit quatuors à cordes, des quintettes et des suites pour vents, des sonates, des duos, et bien d’autres pièces encore figurent au catalogue de l’artiste.

Musique vocale[modifier | modifier le code]

Milhaud a grandement contribué à élargir le répertoire vocal, autant pour voix solo que pour chœur. Les textes mis en musique sont extrêmement divers, provenant aussi bien d’écrivains comme André Gide que du Pape Jean XXIII, dont l'encyclique « Pacem in Terris » de 1963 sera mise en musique par le compositeur. C’est en effet dans la musique vocale que la religion prend une place importante chez Milhaud. C’est là qu’il renoue avec la religion qui est la sienne, le judaïsme. La toute dernière œuvre de Milhaud, qu’il compose l’année de sa mort, est en effet une cantate « Ani Maamin », fondée sur un texte d’Élie Wiesel, déporté à l’âge de quinze ans à Auschwitz. Les questions religieuses deviennent alors existentielles, et confinent à la philosophie.

  • Chants populaires hébraïques
  • Catalogue de fleurs
  • Le Retour de l'enfant prodigue
  • Service sacré du matin du Sabbat
  • Ani Maamin sur un livret d'Elie Wiesel
  • À propos de bottes
  • Un petit peu d'exercice
  • Un petit peu de musique
  • Les Soirées de Petrograd, 1919
  • Trois poèmes de Jean Cocteau, 1920
  • Cantate pour la paix, 1937, texte de Paul Claudel
  • Cantate pour la guerre, 1940, texte de Paul Claudel

Piano[modifier | modifier le code]

Orgue[modifier | modifier le code]

Darius Milhaud n'a - apparemment - jamais joué d'orgue, mais trouvait l'instrument en soi intéressant, pas seulement pour la multiplicité de ses plans sonores mais surtout pour la grande variété de ses timbres/sonorités.

  • Sonate op. 112 (1931)
  • Pastorale op. 229 (1941)
  • Neuf préludes pour orgue op. 231b (1942)
  • Petite suite op. 348 (écrite en 1955 spécialement pour le mariage de son fils Daniel)

Musiques de films (filmographie partielle)[modifier | modifier le code]

Liste des œuvres[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Francine Bloch, Hommage public à Darius Milhaud, (Paris, Sorbonne, ), Bulletin de la Phonothèque Nationale, n° spécial hors-série 1974
  • Francine Bloch, Phonographie de Darius Milhaud, Paris, Bibliothèque Nationale, 1992
  • Michel Faure, « Milhaud, compositeur de géorgiques », in Michel Faure, Du néoclassicisme musical dans la France du premier XXe siècle, Paris, Klincksieck, coll. « Collection d'esthétique » (no 62), , 384 p. (ISBN 978-2-252-03005-9, OCLC 37460137)
  • Pierre Cortot, Darius Milhaud et les poètes, Paris, École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Thèse, 2003, diffusion ANRT[5]
  • Micheline Ricavy et Robert Milhaud (préf. Daniel Milhaud), Darius Milhaud : un compositeur français humaniste sa traversée du XXe siècle, Paris, Éditions Van de Velde, , 251 p. (ISBN 978-2-85868-405-2 et 2-85868-405-7, OCLC 859795606)

Filmographie[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Beaucoup des biographes de Milhaud le disent né à Aix-en-Provence, mais l'acte no 514 en date du 6 septembre 1892 de l'état civil de Marseille (registre des naissances) indique qu'il est né dans cette ville « avant-hier à 2 heures du soir, place Saint-Ferréol, 3, de Gad Gabriel Milhaud, âgé de trente-neuf ans, banquier, et de Sophie Allatini, âgée de vingt-quatre ans, sans profession, mariés, et demeurant à Aix (Bouches-du-Rhône) lire en ligne ». Le nom et l'adresse d'un des témoins (Emile Allatini demeurant place Saint-Ferréol, 3) permettent de supposer que la future mère était revenue dans sa famille pour l'accouchement
  2. Jean Jamin et Patrick Williams, Une anthropologie du jazz, Paris, CNRS Éditions, 2010, chap. VII : « L'Afrique en tête. Le Jazz et La Création du Monde », p. 287-332.
  3. Marie-Noël Rio, « Inventer un journal de combat », sur Le Monde diplomatique,
  4. « BNF »
  5. http://pierre.cortot.free.fr/these_cortot_pierre_2003.pdf
  6. Base Léonore
  7. « Collège Darius Milhaud, Sartrouville »

Liens externes[modifier | modifier le code]