Diaspora vietnamienne en France — Wikipédia

Vietnamiens en France

Populations importantes par région
Population totale 350 000
Autres
Régions d’origine Drapeau de la République socialiste du Viêt Nam Viêt Nam
Langues vietnamien, français
Religions Bouddhisme mahayana, Catholicisme
Ethnies liées Kinh

La diaspora vietnamienne en France regroupe les Français d'origine vietnamienne.

Contrairement à d'autres communautés de la diaspora vietnamienne dans le monde occidental, la population vietnamienne en France était déjà bien établie avant la chute de Saïgon et l'émigration qui en résulta. La diaspora vietnamienne en France est la deuxième dans le monde après celle des États-Unis, forte de 2 100 000 membres[1].

En 2014, on comptait 350 000 personnes d'origine vietnamienne vivant en France[2],[3]. L'Insee donne pour 2019 des estimations sensiblement plus basses, qui dénombre en France 159 000 personnes nées dans toute l'ex-Indochine française (Cambodge, Laos, Vietnam)[4] ainsi que 153 000 descendants directs d'au moins un parent né en ex-Indochine française[5], soit 312 000 au total.

Histoire[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

L'immigration vietnamienne en France commence à l'époque de la colonisation française en Indochine. Il y a dès cette époque une représentation significative des élèves et travailleurs vietnamiens en France. Environ 50 000 travailleurs vietnamiens sont recrutés pendant la Première Guerre mondiale pour servir l'effort de guerre en France métropolitaine[6]. Ils travaillent par exemple dans les « ateliers d'armement », comme l'arsenal de Roanne.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

L'histoire se répète lors de la Seconde Guerre mondiale. Cette fois-ci, ce sont environ 20 000 travailleurs qui arrivent en France métropolitaine, pour certains enrôlés de force. Ils sont appelés « Công Binh » ou « Lính Thợ » en vietnamien, ce qui signifie « ouvrier-soldat », et cette appellation les fait considérer au Viêt Nam comme des militaires de l'armée française, ce qui leur vaudra très longtemps une image négative dans leur pays[7],[8]. Venus en France en bateaux où ils étaient parqués comme du bétail dans les cales, ces ouvriers forçats constituaient ainsi une main d’œuvre gratuite et étaient enfermés dans des camps. Après la signature de l'Armistice en 1940, un plan de rapatriement fut adopté en vertu duquel les compagnies seraient renvoyées en Indochine dans le même ordre que celui de leur arrivée. Les premiers départs eurent lieu en janvier 1941 par la route Marseille-Oran-Casablanca-Dakar-Tamatave-Diego Suarez-Saïgon. Du fait de blocages de bateaux, quelque 4 000 travailleurs seulement purent être rapatriés, tandis qu'environ 15 000 sont restés coincés en France pour la durée de la guerre[9],[8].

En 1941, le gouvernement de Vichy, inspiré probablement par l'ingénieur Henri Maux, chargé du sort des étrangers en zone Sud, a l'idée d'utiliser quelques centaines d'ouvriers indochinois pour la relance de la culture du riz de Camargue, tandis que les autres se retrouvent à travailler dans des forêts, des champs ou des usines[10],[11]. À la fin de la seconde guerre mondiale, la plupart d'entre eux a été rapatriée, entre 1945 et 1952.

Ce fait historique de l'époque coloniale est peu discuté, mais la présence de ces travailleurs a été capitale dans la pérennisation de la culture du riz en Camargue[12],[13]. En 2009, le maire d’Arles a rendu hommage à dix anciens travailleurs indochinois. De 2011 à 2015, d’autres «mouvements de reconnaissance» avaient lieu aux anciens poudrières et camps (Saint-Chamas)[8]. En octobre 2014, un mémorial national inauguré à Salin-de-Giraud et réalisé par l'artiste Lebadang rend hommage à ces 20 000 « immigrés de force »[14]. Le 7 février 2020, une résolution "portant sur la reconnaissance des travailleurs réquisitionnés de forces vietnamiens ayant contribué à l’effort de guerre français" a été proposée à l’Assemblée nationale par la député Stéphanie Do[15],[16].

Après guerre[modifier | modifier le code]

Quelque 1000 à 3000 de ces migrants décident de rester en France après les guerres et travaillent alors dans les usines ou les chemins de fer ou comme artistes ou travailleurs professionnels, principalement à Paris et à Lille[2]. En 1907, le Temple du Souvenir indochinois est construit dans le Jardin d'agronomie tropicale de Paris comme monument pour les Vietnamiens[17],[18].

Après les Accords de Genève, qui reconnaissent l'indépendance du Viêt Nam, de nombreux Vietnamiens fidèles au gouvernement colonial émigrent vers la France. Cependant, la majorité des immigrants vietnamiens arrivent après la guerre du Viêt Nam (voir Boat-people) et ses conséquences[2].

Depuis 2000[modifier | modifier le code]

En 2019, l'INSEE comptabilise que sur les 153 000 descendants d'immigrés d'origine du Cambodge, Laos et Viêt Nam confondus, c'est-à-dire 2,0% de la population de descendants d'immigrés (la situant au rang 13 sur les 14 catégories), 63,1% des descendants ont moins de 30 ans (rang 8 sur 14). Le nombre total de descendants est en progression de 2,5% depuis 2009, ce qui la situe juste au-dessus de la moyenne[19].

En 2019, l'INSEE comptabilise que sur les 159 000 personnes d'immigrés d'origine du Cambodge, Laos et Viêt Nam confondus, c'est-à-dire 2,4% de la population immigrée (la situant au rang 13 sur les 14 catégories), 11,7% des immigrés ont moins de 30 ans (rang 13 sur 14), alors que 37,7% ont plus de 60 ans. Entre 2009 et 2019, l'INSEE compte donc un solde négatif de -0,2%, provenant principalement d'une diminution de -1,8% pour la part des moins de 30 ans[19].

La France reste une destination de choix pour les étudiants vietnamiens à l'étranger, mais cette tendance est à la baisse. Les étudiants vietnamiens constituent en 2018-2019 2% des étudiants étrangers en France, avec un contingent de 5 593 , ce qui le place en 15e position [20].

Culture[modifier | modifier le code]

La première génération d'immigrants est toujours attachée à sa patrie d'origine, tandis que la deuxième génération de Vietnamiens, née en France, s'identifie davantage à la culture française qu'à la culture vietnamienne traditionnelle.

La majorité des Vietnamiens en France est bouddhiste, 28 % d'entre eux sont catholiques[21].

Les fêtes importantes principales sont Tết, Vu Lan et la fête de la mi-automne[22].

Langue[modifier | modifier le code]

La première génération parle le vietnamien et le français. La deuxième génération et les suivantes parlent largement français et peuvent ne pas parler ni comprendre le vietnamien[23].

Démographie[modifier | modifier le code]

Environ la moitié des Vietnamiens en France vivent à Paris et autour de l'Île-de-France[2]. Une partie importante de la population réside aussi dans d'autres aires urbaines, principalement Marseille, Lyon et Lille.

Contrairement à la diaspora vietnamienne aux États-Unis, au Canada (en) ou en Australie (en), on ne signale pas d'enclaves ethniques vietnamiennes dans les villes françaises parce que l'assimilation est plus forte, en raison des meilleures connaissances linguistiques, historiques et culturelles du pays d'accueil.

Personnalités[modifier | modifier le code]

Sont listées ci-dessous des personnalités appartenant à la diaspora vietnamienne au sens large : des Français nés dans des territoires affiliés alors ou maintenant au Viet Nam, ou des personnes de parents ou grands-parents ayant eu la nationalité vietnamienne, ou des Vietnamiens résidant en France.


Les arts et le divertissement[modifier | modifier le code]

La politique : les dirigeants, monarques et politiciens[modifier | modifier le code]

La presse[modifier | modifier le code]

Le droit[modifier | modifier le code]

La religion[modifier | modifier le code]

Les sciences[modifier | modifier le code]

Le sport[modifier | modifier le code]

Les militaires et forces de l'ordre[modifier | modifier le code]

Entrepreneurs[modifier | modifier le code]

Voir aussi Personnalité française née d'un parent vietnamien

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les Français d'origine vietnamienne de retour à Saigon, La Croix, 2 mai 2013].
  2. a b c et d « La diaspora vietnamienne en France un cas particulier : la région parisienne » [archive], sur Missions étrangères de Paris, (consulté le ).
  3. Thanh Binh Minh Trân, « Étude de la transmission familiale et de la pratique du parler franco-vietnamien dans les communautés niçoise et lyonnaise », Proceedings - Il simposio internacional bilingüismo,‎ (lire en ligne [PDF]).
  4. « Répartition des immigrés par groupe de pays de naissance en 2018 », INSEE, 25 juin 2019.
  5. « Origine géographique des descendants d’immigrés » Données annuelles 2018, INSEE, 19 juillet 2019.
  6. Le Van Ho 2014.
  7. Pierre Daum, Immigrés de force : Les travailleurs indochinois en France (1939-1952), Arles, Actes Sud, coll. « Archives du colonialisme », , 277 p. (ISBN 978-2-7427-8222-2).
  8. a b et c Jeffrey Budzinski, « Les Indochinois immigrés de force pendant la Deuxième Guerre mondiale », sur Club de Mediapart (consulté le )
  9. « A la memoire des travailleurs indochinois en France », sur www.travailleurs-indochinois.org (consulté le )
  10. [vidéo] Công Binh, la longue nuit indochinoise, de Lam Lê, 2013 [présentation en ligne].
  11. Pierre Daum, « Quand la Camargue était vietnamienne », Géo Histoire, avril-mai 2013, p. 118-126.
  12. « La Ville d’Arles rend hommage aux travailleurs indochinois », sur Arles Info (consulté le )
  13. « 10 DÉCEMBRE 2009 : Arles se souvient | Mémoire des Ouvriers Indochinois » (consulté le )
  14. « Mémorial national aux travailleurs indochinois », sur www.immigresdeforce.com (consulté le ).
  15. Assemblée Nationale, « Proposition de résolution nº 2665 portant sur la reconnaissance des travailleurs réquisitionnés de forces vietnamiens ayant contribué à l’effort de guerre français », sur Assemblée nationale (consulté le )
  16. Jeanne Cassard, « Seine-et-Marne : la reconnaissance du rôle des Indochinois en temps de guerre crée le débat », sur leparisien.fr, (consulté le )
  17. Les temples du souvenir indochinois.
  18. Souvenirs coloniaux au bois de Vincennes - le Jardin tropical de Paris.
  19. a et b « Immigrés et descendants d’immigrés − France, portrait social | Insee », sur www.insee.fr (consulté le )
  20. Campus France, « Chiffres clés 2020 », sur campusfrance.org,
  21. Blanc 2004, p. 1165.
  22. Blanc 2004, p. 1166.
  23. Blanc 2004.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Marie-Eve Blanc, Vietnamese in France, (lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Claude Gilles, Cambodgiens, Laotiens, Vietnamiens de France : Regard sur leur intégration, L'Harmattan, 2004, 142 p. (ISBN 9782296354937)
  • Hũu Khóa Lê (dir.), Les Jeunes Vietnamiens de la deuxième génération : la semi-rupture au quotidien, CIEMI, L'Harmattan, Paris, 1987, 92 p. (ISBN 9782858028801)
  • Mireille Le Van Ho, Des Vietnamiens dans la Grande Guerre : 50 000 recrues dans les usines françaises, Paris, Vendémiaire, , 276 p. (ISBN 978-2-36358-118-1) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Liêm-Khê Luguern et Gérad Noiriel (dir.), Les Travailleurs indochinois : Étude socio-historique d'une immigration coloniale, EHESS, , thèse non publiée
  • Mong Hang Vu-Renaud, Réfugiés vietnamiens en France : interaction et distinction de la culture confucéenne, L'Harmattan, 2002, 384 p. (ISBN 9782747534529)
  • Chloé Szulzinger, Les Femmes dans l'immigration vietnamienne en France, de 1950 à nos jours, L'Harmattan, 2009, 138 p. (ISBN 9782296092440)
  • Les Vietnamiens en France : insertion et identité. Le processus d'immigration depuis la colonisation jusqu'à l'implantation des réfugiés, L'Harmattan, 1985, 297 p.

Vidéographie[modifier | modifier le code]

Liens internes[modifier | modifier le code]