Didier Daurat — Wikipédia

Didier Daurat
Didier Daurat présenté au Musée Guillaumet de Bouy.
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 78 ans)
ToulouseVoir et modifier les données sur Wikidata
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Vue de la sépulture.

Didier Daurat, né le à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et mort le (à 78 ans) à Toulouse (Haute-Garonne), est un pionnier de l'aviation française, figure marquante de la grande aventure de l'Aéropostale, il inaugurera notamment pour le compte de la Société des lignes aériennes Latécoère la ligne postale régulière Toulouse – Rabat, le 1er septembre 1919[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Ancien élève de l'École d'horlogerie de Paris[2] et de l'École supérieure des travaux publics, il est intégré à l'arrière, à Gray, puis, à sa demande, comme chasseur au 163e Régiment d'Infanterie en 1914. Il participe ensuite à la bataille de Verdun où il est blessé. Il est nommé sergent, devient sous-lieutenant, soigné à Vichy puis rejoint l'aviation en juin 1916. Breveté pilote le 16 décembre 1916, pilote de reconnaissance au sein de l'escadrille C 227 où il côtoie Beppo di Massimi, puis pilote de chasse après un passage au centre de formation de Chartres[3], il se distingue en repérant le canon à longue portée dit Wilhelmgeschütz (L'arme de Guillaume) ou Pariser Kanone (Canon de Paris) qui pilonne Paris. Il termine la guerre avec le grade de commandant[4], la Croix de Guerre, la Légion d'honneur et huit citations. Il est en congé de l'armée le [5].

Aéropostale[modifier | modifier le code]

Didier Daurat en 1961

Après la guerre, il entre aux Lignes Aériennes Latécoère (qui deviendront l’Aéropostale, puis Air France) où il est d'abord pilote puis directeur d'exploitation le [6].

Dès lors va commencer la légende de l'homme à la volonté de fer qui fera de Didier Daurat un chef admiré par beaucoup, craint par tous, haï par certains. Il n'hésite pas à renvoyer ceux qui montrent un seul signe de faiblesse, contestent ses méthodes ou n'adhèrent pas à « l'esprit du courrier ».

Beaucoup de pilotes commencent leur carrière par « le royal cambouis », c’est-à-dire en restant au sol pour effectuer la maintenance des avions. Selon Daurat, cela forme le caractère et obligera les pilotes à respecter la mécanique qu'ils connaissent. De fait, cette aptitude des pilotes à démonter et réparer un moteur se révèlera vitale par la suite dans le Sahara comme dans les Andes. Il sait par ailleurs remarquer les talents. C'est lui qui décidera, en 1927, d'envoyer Antoine de Saint-Exupéry, dont il a remarqué la très vive intelligence et le don pour les relations humaines, comme chef d'aéroplace sur la côte saharienne, à Cap Juby, où il saura parler et négocier avec les Maures.

Quand, en 1925, Jean Mermoz se présente et fait une éblouissante démonstration de pilotage à Toulouse, Daurat lui dit :

« Je n'ai pas besoin d'artistes de cirque mais de conducteurs d'autobus. On vous dressera ! »

Cependant, convaincu par son adresse de pilote, il l'engage quand même... d'abord pour nettoyer les moteurs, et lui fera toute confiance lorsque ce dernier lui conseillera, plus tard, d'embaucher Henri Guillaumet, en 1926.

Ces méthodes font leurs preuves car les lignes Latécoère puis l'Aéropostale atteindront une ponctualité et un taux de fiabilité inédits pour l'époque d'abord pour la ligne ToulouseSaint-Louis-du-Sénégal, puis pour la ligne Toulouse – Santiago du Chili avec la traversée de l'Atlantique Sud et des Andes.

Quand l'Aéropostale est intégrée à Air France, en 1933, Daurat, qui n'a pas que des amis, est remercié. En 1935, il fonde la compagnie Air Bleu, qui transporte du courrier dans toute la France, de jour comme de nuit. Là aussi les résultats sont remarquables ; l'entreprise est militarisée à la déclaration de guerre en 1939[7].

Pendant la guerre, avec le souci de maintenir un service aérien postal, il œuvre au sein du Service Civil de Liaisons Aériennes Métropolitaines, qui fonctionnera en zone libre jusqu'en , date de l'invasion de cette zone par les Allemands.

À la Libération, il relance la Postale de nuit puis devient chef du centre d'exploitation d'Air France à Orly jusqu'à sa retraite en 1953.
Didier Daurat est « l'âme » de l'Aéropostale, celle-ci utilisera des Douglas DC-3, puis des Fokker F27 pendant très longtemps.
La fiabilité de ces pilotes est telle, l'acheminement du courrier un tel sacerdoce, et par tous les temps, que sur 7 200 vols de nuit, seulement un a été détourné à cause d'intempéries[8].

Il meurt à Toulouse en 1969 ; son épouse, en 1970. Privilège exceptionnel : Didier Daurat est enterré, à sa demande, sur l'aérodrome de Toulouse-Montaudran, ancienne base de l'Aéropostale. En raison de la construction d'une ZAC sur l'aérodrome fermé fin 2003, la tombe est détruite en et son corps déplacé dans le caveau familial au cimetière Saint-Pierre de Marseille (carré 19 Ouest - no 17)[9].

Transfert du corps de Didier Daurat en bordure de la piste de Montaudran le 21 avril 1972

Distinctions[modifier | modifier le code]

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Littérature[modifier | modifier le code]

Antoine de Saint-Exupéry s'est inspiré de Didier Daurat pour le personnage principal de son roman Vol de nuit (1931), personnage rebaptisé « Rivière » dans le roman.

Didier Daurat apparaît aussi fréquemment dans le livre biographique, Mermoz, écrit par Joseph Kessel.

Cinéma[modifier | modifier le code]

Dans le film d'Henri Decoin Au Grand Balcon, tourné en grande partie à Toulouse et sorti en 1949, c'est l'acteur Pierre Fresnay qui incarne Carbot, alias Didier Daurat.

Télévision[modifier | modifier le code]

Dans la mini-série, L'Aéropostale, courrier du ciel, réalisé par Gilles Grangier, et diffusée sur FR3 du au , son personnage est interprété par Bernard Fresson.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Didier Daurat, Saint-Exupéry tel que je l'ai connu, Liège, Pierre Aelberts, 1954.
  • Didier Daurat, Dans le vent des hélices, Paris, éd. du Seuil, 1956.
  • Revue ICARE, numéro 140, spécial "Didier Daurat"
  • Marcel Migeo, Didier Daurat, Paris, Flammarion, coll. « Aventure Vécue », , 218 p. (LCCN 750807777)
  • Benoît Heimermann et Olivier Margot (préf. Jean-Claude Killy), L'Aéropostale : [la fabuleuse épopée de Mermoz, Saint-Exupéry, Guillaumet], Paris, Arthaud, , 199 p. (ISBN 978-2-08-123850-3, OCLC 890799490, présentation en ligne)
  • Gaston Vedel (préf. Joseph Kessel), Le pilote oublié, Paris, Gallimard, (OCLC 417662462)
  • Bernard Marck, Dictionnaire universel de l'aviation, Paris, Tallandier, , 1129 p. (ISBN 2-84734-060-2), p. 281-282.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le dans le ciel : Didier Daurat inaugure la ligne postale régulière Toulouse – Rabat Air-journal.fr
  2. Didier Daurat, Dans le vent des hélices, Éditions Du Seuil
  3. « Daurat Didier », sur fandavion.free.fr (consulté le )
  4. « Ses grandes figures », sur Site de memoire-aeropostale ! (consulté le ).
  5. « Patrimoine. Didier Daurat, le maître d'œuvre de l'aventure aéropostale, à Toulouse », sur actu.fr (consulté le )
  6. « Ses grandes figures », sur Site de memoire-aeropostale ! (consulté le )
  7. « Didier daurat », sur Antoine de Saint Exupéry (consulté le )
  8. « Le pilote Mr Didier Daurat », sur gravure-philatelie.e-monsite.com (consulté le )
  9. « Didier Daurat (emplacement initial) - Toulouse le 2 Décembre 1969 », sur www.aerosteles.net (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]