Diocèse de Mariana — Wikipédia

Diocèse de Mariana
(la) Dioecesis Marianensis
Image illustrative de l’article Diocèse de Mariana
La cathédrale Santa-Maria-Assunta de Mariana
Informations générales
Pays France
Église catholique
Rite liturgique romain
Type de juridiction diocèse
Création IVe siècle
Suppression /
Province ecclésiastique Pise puis Gênes
Siège Mariana, puis Bastia en
Diocèses suffragants aucun
Langue(s) liturgique(s) latin
Calendrier julien puis grégorien
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Siège titulaire de Mariana in Corsica
(la) Marianensis in Insula Corsica
Image illustrative de l’article Diocèse de Mariana
La cathédrale Santa-Maria-Assunta de Mariana
Informations générales
Pays France
Église catholique
Type de juridiction siège titulaire
Siège Mariana
Titulaire actuel Paolo De Nicolò (de)
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Le diocèse de Mariana (latin : dioecesis Marianensis) était un diocèse français en Corse avec siège à Mariana (sur le territoire de la commune actuelle de Lucciana (Haute-Corse). Il est fondé vers l'an . Au début le diocèse a un lien direct avec le Saint-Siège. À partir de il est suffragant de l'archidiocèse de Pise et à partir de de l'archidiocèse de Gênes. La cathédrale Santa-Maria-Assunta dite de « la Canonica » est fondée en .

En le diocèse est fusionné avec le diocèse d'Accia qui est trop petit, devenant « diocèse de Mariana et Accia ». En , les évêques de Mariana et Accia s'établissent à Bastia à cause de la menace barbaresque, leur cathédrale devient la pro-cathédrale Sainte-Marie de Bastia.

À la suite du concordat de 1801 le diocèse de Mariana et Accia est supprimé et son territoire est annexé au diocèse d'Ajaccio. À partir de le diocèse de Mariana in Corsica est un siège titulaire.

Histoire[modifier | modifier le code]

Dès , saint Pierre envoie des missionnaires en Corse. En saint Paul de Tarse parti de Rome pour Narbonne[Note 1], fait escale à Aléria, Mariana, Clunium, Tamina, Arena (Ersa) et nomme son disciple Eubolus évêque d'Aléria, Parteu évêque de Mariana, Martino Tomitano évêque de Tomino, son disciple Eufrasiu évêque d'Ajaccio… Vers l'an la Corse comptait une quinzaine de diocèses.

Le christianisme s'installe rapidement en Corse. La christianisation a de fait, débuté au Ve siècle sous l'impulsion des évêques catholiques d'Afrique du Nord exilés en Corse par les Vandales qui l'ont dominée de à . La Corse était la province la plus septentrionale de leur royaume.

Mariana fut le siège d'un des premiers évêques de l'ile. Il est problématique de connaître le nom d'évêques avant le VIe siècle. Ughelli cite bien un Catonus, évêque de Mariana, comme ayant assisté au synode d'Arles ()[Note 2].

La Canonica, ou cathédrale médiévale de Mariana, est construite au début du XIIe siècle sur l'emplacement de l'ancienne basilique paléochrétienne. Elle est en cipolin de Brando et de Sisco, les deux communes échangeaient marbres contre minerai de fer ramené de l'île d'Elbe[1].

  • 1269 – Opizo Pernice de la famille des Cortinchi, aurait établi le siège de l’évêché de Mariana à Belfiorito, le futur village de Viscuvatu[2].

Certains évêques de Mariana sont plus connus, comme :

  • Giovanni d'Omessa évêque de Mariana, neveu d'Ambrogio d'Omessa évêque d'Aléria. En , tous deux élevèrent une barrière à l'ambition croissante de Vincentello d'Istria[3].
  • Michele di Germani, évêque de à . En sur son ordre, Maino di Brando, dit Brandolaccio, un vulgaire bandit, avait subi quelques coups d'estrapade pour un délit dont sa culpabilité n'était pas démontrée. Remis en liberté, il se déclara en inimitié avec l'évêque. « Un jour que celui-ci, entouré d'une nombreuse escorte se rendait à une assemblée des prêtres de son diocèse, il le tua d'un coup de javelot pour se venger. Ne pouvant s'emparer de l'auteur du crime, le gouverneur fit arrêter d'abord les Corses qui étaient convaincus de lui avoir donné asile, et trouva le moyen de mêler au procès les remuants caporali d'Omessa. Comme presque tous les membres de cette famille appartenaient au clergé, l'évêque d'Ajaccio fut autorisé par bulle pontificale à instruire contre eux, mais le bras séculier fut plus expéditif. La torture arracha des aveux au curé piévan de Giovellina, fils de l'évêque Ambrogio, et au curé de Casacconi, Sinoraldo, qui furent pendus[3],[4]. »
  • Ottaviano le nouvel évêque de Mariana successeur de Michele, en jura fidélité à l'Office de Saint Georges suivant la formule ordinaire. « Il s'engage, dans le cas où il violerait son serment, à renoncer au privilège de la juridiction ecclésiastique, à se soumettre ä la juridiction de l'Office et à se démettre de l'évêché de Mariana[5]. » Il fut soupçonné d'avoir trempé dans le crime, et son vicaire livré au bourreau[3].
  • Leonardo di Fornari évêque de Mariana. En , il est agressé ; les scélérats sont tués. Leonardo di Fornari fut inhumé dans l'église paroissiale de Bastia comme l'écrit Ferdinando Ughelli[6],[7].
  • Anton Pietro Filippini (U Viscuvatu -?), archidiacre de Mariana, historien de la Corse. Il a utilisé les travaux antérieurs des historiens Giovanni della Grossa, Monteggiani et Ceccaldi.
  • Carlo Fabrizio Giustiniani, évêque de Mariana et Accia de à . Il a créé à Bastia l’Accademia dei vagabondi ().
  • Joseph-Marie Massoni (de Calenzana), évêque de Mariana et Accia de à .

Au début du XVIe siècle, Agostino Giustiniani évêque de Nebbiu écrivait :

« […] Mariana, qui comprend seize pièves ; ce sont Tomino, Luri, Brando, Lota, Orto, Mariana, Bigorno, Caccia, Quadro ou Casinca, Tavagna, Moriani, Ostricone, Toani, Sant'Andrea, Giussani et Casacconi. Cet évêché a un revenu de mille ducats d'or. »

— Agostino Giustiniani in Dialogo nominato Corsica, traduction de l’abbé Letteron in Histoire de la Corse – Description de la Corse – Tome I p. 82.

Le diocèse de Mariana et Accia[modifier | modifier le code]

  • - Pie IV jugeant le diocèse d'Accia trop restreint, car composé avec les seules pievi d'Ampugnani et de Rostino, l'unit à celui de Mariana. Le diocèse porta depuis le titre de diocèse de Mariana et Accia.
  • - L'évêque de Mariana et Accia s'établit à Bastia à cause de la permanente menace barbaresque.

L'ancienne cathédrale de Mariana[modifier | modifier le code]

La Canonica, ancienne cathédrale de Mariana à Lucciana, telle qu'elle apparait de nos jours, est une église médiévale. À l'origine, il y avait une basilique et ce qui devait être le siège de l'évêché de Mariana. Elle a été construite au milieu du VIe siècle, sur l'emplacement d'un antique complexe chrétien, au-dessus du portique, de boutiques et de maisons d'habitations détruits[8]. Hugues Colonna aurait fait bâtir cette église dédiée à la Vierge, pour commémorer sa victoire sur les Sarrazins,

La basilique paléochrétienne est flanquée d'un baptistère contemporain, construit sur des thermes romains.

L'église a été plusieurs remaniée : arrière du maître-autel gothique, façade sans doute Renaissance. L'intérieur se divise en trois nefs, avec des arcades à chapiteaux doriques. Les hauteurs de la nef centrale, endommagées par un incendie, ont été reconstruites en briques.

L'église de la Canonica est classée Monument historique par arrêté du [9].

Architecture[modifier | modifier le code]

L'église de la Canonica, romane corse, a un plan très simple, constitué d'une nef séparée des deux bas-côtés par des piliers carrés, et prolongée d'une abside semi-circulaire. Le clocher aujourd'hui ruiné, était accolé au chœur. L'appareillage en cipolin de Brando et de Sisco polychrome, est très soigné.

  • La façade occidentale[Note 3] est d'une grande sobriété, austère. Elle est divisée en trois parties reflétant le plan intérieur. Elle ne possède pas d'arcatures. Les assises des pierres sont disposées en alternances épaisses et étroites. Le portail est orné d'un linteau surmonté d'un double arc du tympan aveugle, sculptés en bas-reliefs de motifs géométriques, floraux et d'animaux.

Une petite ouverture en forme de croix grecque dans la partie supérieure du fronton, donne un peu de lumière à l'intérieur de l'édifice.

  • La façade orientale, l'abside, occupe toute la largeur de la nef. Elle est percée de trois fenêtres-meurtrières. Les arcatures sur modillons englobées dans une arcature plus grande, reposent sur des pilastres surmontés de chapiteaux sculptés de motifs végétaux. Un animal est gravé sur le premier chapiteau à gauche.
  • La façade sud présente deux rangées de cinq fenêtres-meurtrières biseautées, avec architrave monobloc.
  • Il en est de même pour la façade nord qui comporte toutefois une porte surmontée d'un linteau monobloc de forme triangulaire.

Église funéraire de San Parteo[modifier | modifier le code]

L'église funéraire de San Parteo

L'église de San Parteo de style roman pisan (XIIe siècle), est située à près de 500 m à l'ouest de l'église de la Canonica. L'édifice religieux s'élève à l'emplacement d'un cimetière païen.

D'architecture austère, l'église est faite d'un plan simple se terminant par une abside semi-circulaire. Au sud, le linteau de la porte est sculpté de deux lions affrontés, séparés par un arbre. À l'extérieur, l'abside est entourée de colonnes en granit surmontées de chapiteaux corinthiens en marbre blanc qui supportent des arcades sculptées. Certains matériaux utilisés semblent provenir d'antiques villas romaines comme les chapiteaux. L'abside enserrait trois sépultures dont les couvercles étaient directement recouverts par le dallage primitif.

L'église de San Parteo est classée Monument historique par arrêté du [10].

Évêques de Mariana[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Xavier Poli en dit : « La prédication de saint Paul, en Corse, est aussi à rejeter dans le domaine des légendes ; son voyage en Espagne n'est que problématique et, à une époque où la navigation était surtout côtière, il est permis de supposer que, si ce voyage a réellement eu lieu, la route suivie a été celle indiquée par la tradition : de Rome en Gaule et de là en Espagne »
  2. D'après Xavier Poli : Ughelli fourmille d'erreurs et Foata lui-même n'hésite pas à rayer Catonus des évêques de l'île
  3. La façade principale de l'église romane corse est quasiment toujours orientée vers l'ouest

Références[modifier | modifier le code]

  1. Alerius Tardy in Fascinant Cap Corse
  2. [1] Corse - Éléments pour un dictionnaire des noms propres
  3. a b et c Colonna de Cesari-Rocca et Louis Villat in Histoire de Corse – Ancienne librairie Furne, Boivin & cie éditeurs Paris 1916
  4. Filippini lib. III. Cart. 142
  5. Bull. de la Société des Sciences historiques et naturelles de la Corse 1884 - Serment de fiélité prêté à l'Office de St-Georges par l’évêque de Mariana — 1456
  6. Ferdinando Ughelli Tom.IV. Cart. 1001 Marianen Epi. : Is anno 1467 circum ventus ab inimicis miserè confossus occubuit : à questo Vescovo finalmente per li molti benefici fatti alla sua Cattedrale si mossero nel 1492 què Canonici ad apperui lapida marmorea
  7. [2] Francesco-Maria Accinelli L’histoire de la Corse vue par un Génois du XVIIIe siècle - Transcription d’un manuscrit de Gênes - ADECEC Cervioni et l’Association FRANCISCORSA Bastia 1974
  8. Panneau d'information sur le site archéologique de Mariana
  9. Notice no PA00099209, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  10. Notice no PA00099207, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture