Discours de Simone Veil — Wikipédia

Le discours de Simone Veil à l'Assemblée nationale en 1974 occupe une place historique dans la controverse autour de l'avortement dans les années 1970 en France. Simone Veil, alors ministre de la Santé du gouvernement Chirac, prononce ce discours le pour introduire le projet de loi qui portera son nom, la loi Veil, relative à l'Interruption volontaire de grossesse devant le parterre de députés.

Dans le contexte de débat autour de la question de l'avortement et devant une assemblée composée en majorité d'hommes, le discours est applaudi et est étudié aujourd'hui comme un exemple de discours de controverse. Plusieurs extraits du discours restent aujourd'hui très connus, telle la phrase d'accroche : « Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement ». Après trois jours de débat, la loi est acceptée.

Analyse du discours[modifier | modifier le code]

Selon Thierry Herman, professeur de rhétorique à l'université de Neuchâtel, Simone Veil prend le parti de sortir de l'affect, elle déplace l'enjeu sur une analyse factuelle et rationnelle de la situation, car elle présume qu'utiliser la corde sensible desservirait son propos face aux nombreux opposants à son projet de loi[1].

Alfredo Lescano, professeur de sémantique, estime quant à lui que la paire « pourquoi – parce que » contribue à construire l'espace de la controverse. Selon lui, les opposants au projet sont les partisans du statu quo. Simone Veil affronte donc frontalement la question, exposant leur point de vue avant de bâtir son argumentation[2].

Le discours de Simone Veil est souvent étudié dans les écoles d'oratoire. Le rythme du discours, la portée de sa voix, plutôt égale… servent d'exemples[3].

Portée historique du discours[modifier | modifier le code]

Au-delà de la loi elle-même, le discours de Simone Veil a une portée historique parce qu'il a contribué à changer le regard de la société sur les femmes qui avortent[4]. Avant ce discours, les femmes ayant eu recours à l'avortement sont considérées comme des « salopes », comme le rappelle le manifeste des 343 en 1971.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Simone Veil et l'avortement », sur rts.ch, (consulté le ).
  2. « Sémantique de la controverse : analyse d’un fragment du discours de Simone Veil à l’Assemblée nationale en 1974 », sur journals.openedition.org, (consulté le ).
  3. « Un discours de Simone Veil à l’Assemblée Nationale », sur ecoledelartoratoire.com, (consulté le ).
  4. « Le discours de Simone Veil qui a changé la vie des femmes », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).