Doukkala (région) — Wikipédia

Carte du Pays Doukkala et des aires d'établissement des tribus Doukkalas.

La ou les Doukkala (en arabe: دكالة, Doukkala, en berbère: ⵉⴷⵓⴽⴰⵍⵏ, Idukalen) désignent une région historique et géographique du Maroc correspondant à l'aire d'habitation des populations éponymes. Les Doukkala, sont de nos jours principalement arabe principalement hilaliennes. La région comprend les villes d'El Jadida, Sidi Bennour et Azemmour. Aujourd'hui, la Doukkala fait partie de la région administrative de Casablanca-Settat.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Le terme Dukkala constitue la contraction de deux termes berbères, à savoir "Adu" qui signifie "bas" ou "basse"[1] et "Akal" qui signifie "Terre"[2]. "Adukal", qui semble par ailleurs être le singulier de la forme berbère (Idukalen) du mot "Doukkala", signifie donc "La terre basse" ou simplement "La plaine".

Histoire[modifier | modifier le code]

Historiquement, le nom Doukkala fait référence à une confédération tribale arabe[3] établie sur le territoire entre les actuelles villes de Casablanca et Safi[4],[5].

Dans l'Antiquité, les Phéniciens venu du moyen orient y établirent quelques comptoirs commerciaux, tels Rusibis (El Jadida), Azama (Azemmour) et Tit (Moulay Abdellah Amghar), depuis lesquels ils commerçaient avec les populations autochtones.

Révoltés contre les Almohades au XIIe siècle, les Doukkalas furent soumis par le calife Abd al-Mumin vers 1160 qui décida d'installer et de sédentariser, au sein de leur territoire, des tribus hilaliennes qu'il avait auparavant soumises dans l'Ifriqiya, et ce dans la perspective d'en finir avec les révoltes Amazighs telles que celle des Berghouatas au cours du siècle précédent[4].

À la suite de l'installation des Arabes hilaliens, « Doukkala » fait depuis référence aux tribus arabes ou aux tribus arabisées habitant une partie du territoire de l'ancienne population des Doukkala[6].

Démographie[modifier | modifier le code]

À la fin du protectorat français, dans les Doukkala vivaient 372 269 Musulmans, 2 680 Européens et 3 933 Juifs[7].

Au recensement officiel de 2004, la population de la région dans ses frontières actuelles était de 2 984 039 personnes[8].

Composition ethnique[modifier | modifier le code]

La confédération tribale des Doukkala, établie sur le territoire des provinces d'El Jadida et de Sidi Bennour, est constituée de sept tribus arabes :

  • les El Aounate ;
  • les El Haouzia ;
  • les Oulad Amar ;
  • les Oulad Amrane ;
  • les Oulad Bouaziz ;
  • les Oulad Bouzerrara ;
  • les Oulad Frej.

À ces sept tribus s'ajoutent deux fractions des Chiadma et Chtouka, établies dans la région et étroitement liées, historiquement et culturellement, aux Doukkalas.

Azemmour, ville d'origine phénicienne située au nord de la région, a une population de souche constituée de citadins, musulmans et juifs, sans lien avec les tribus des alentours et dont les parlers, pré-hilaliens, se distinguaient des parlers hilaliens des Doukkala. Cette population a quitté la médina d'Azemmour et le parler local a disparu au XXe siècle.

D’après le livre Villes et tribus du maroc, Doukkala et sa region, tome 1, rédigé à partir de divers renseignements datant de 1912 à 1918, la répartition du nombre de tentes par tribus et sous-tribus de Doukkala sont les suivantes. Remarquez, que d’après ce même livre, la moitié des Aounat sont dits être des berbères, appartenant à l'ancienne tribus des Beni Maguer, on retrouve chez les Ouled Amran le clan des Beni Dghough, de la célèbre tribu des Benk Dghough, qui faisait partie des anciens Doukkala Berberes, avant la migration des Arabes, qui repeupleront la région. Pour finir, la tribu des Chtouka est également une tribu entièrement berbère, venue des Chtouka Ait baha, tribu encore présente dans le Souss, amenée ici par Moulay Ismail selon certains, d’après d'autres par son fils ou petit-fils. On peut noter également la présence de clans d'origine berbère Regraga parmi les Chiadma de Doukkala. Pour le reste, le livre nous dit qu'il est assez difficile de quelle origine est issue chaque clan, à cause du manque de source, ils ont donc, par défaut, l'origine de l'ensemble de la tribu à laquelle ils appartiennent (ainsi tous les Ouled Amran, sauf les Beni dghough, auraient une seule et même origine tribale arabe).

1) Ouled Bouaziz :

  • Ouled Hassin : 2732 tentes
  • Ouled douib : 2540 tentes
  • Ouled Aissa : 1382 tentes
  • Ouled ghanem : 1688 tentes
  • Hyayna : 901 tentes
  • Ouled Messoud : 1447 tentes

Total : 10 690 tentes

2) Ouled Frej :

  • Chiheb : 437 tentes
  • Ouled Hamdan : 110 tentes
  • Kouamia : 31 tentes
  • Ouled Sidi Ali ben Abdellah : 54 tentes
  • Jaouibet : 240 tentes
  • Abbara : 134 tentes
  • Ouled khadir : 112 tentes
  • Frarza : 434 tentes
  • Ouled Mhammed : 434 tentes
  • Mhrir Qouacem : 329 tentes
  • Ouled Abdelghni : 441 tentes
  • Ouahla : 1074 tentes
  • Hlaf : 445 tentes
  • Ouled Hassin : 290 tentes
  • Ouled Ali : 142 tentes
  • Ouled Boulaouan : 69 tentes
  • Ouled Si Amafa : 714 tentes
  • Ouled Amara : 146 tentes
  • Ouled Hamdan : 115 tentes
  • Ouled Zid : 446 tentes
  • Ouled Naser : 50 tentes
  • Ouled Chikh : 827 tentes

Premier groupement mrabtin des Qouacem

  • Ouled Dzalim : 1087 tentes
  • ouled Hassin : 790 tentes
  • Qouacem : 1140 tentes

Premier groupement mrabtin des

  • Qouacem
  • Qouacem : 715 tentes

Total : 10 996 tentes

3) Ouled Bouzrara :

  • Ouled Tounsi : 708 tentes
  • Fatnassa : 832 tentes
  • Ouled Jaber : 1821 tentes
  • Ouled Msellem : 695 tentes
  • Ouled Rahal : 584 tentes
  • Ouled Helal : 1969 tentes
  • Ouled Sidi bou Yahia : 1138 tentes
  • Beni Amer : 631 tentes
  • Ouled Hmed : 525 tentes
  • Ouled Taleb : 270 tentes

Total : 9173 tentes

4) Ouled Amran :

  • Zkakra : 380 tentes
  • Ouled cheban : 290 tentes
  • Ghouanem : 608 tentes
  • Ouled Said : 868 tentes
  • Rmamha : 485 tentes
  • Beni Dghough : 398 tentes
  • Ouled Hammou : 207 tentes
  • Ouled Jerrar : 420 tentes
  • Khtatba : 395 tentes
  • Ouddat : 173 tentes
  • Ouled Mira : 55 tentes
  • Ouled Boubker : 1242 tentes

Total : 5521 tentes

5) Aounat :

  • Ouled Ali : 553 tentes
  • Ghouatsa : 165 tentes
  • Ouled Bou saker : 195 tentes
  • Ouled Harrat : 665 tentes
  • Merhane et Ghozia : 377 tentes
  • Ouled Youssef : 670 tentes
  • Beni Tsiris : 854 tentes
  • Azzaza : 247 tentes
  • Ouled Sidi Mohammed l’aouni lmekrane : 742 tentes
  • Ouled Hamed : 273 tentes
  • Ouled Ftaiss : 220 tentes

Total : 4961 tentes

6) Ouled Amar :

  • Oualidia : 396 tentes
  • Gharbia : 1462 tentes
  • Oulad Sbeita : 1159 tentes
  • Beni Ikhlef : 1604 tentes
  • Ghenadra : 921 tentes
  • Zemamra : 736 tentes
  • Ouled Rbia : 344 tentes
  • Ouled Bou Zid : 514 tentes

Total : 7226 tentes

7) Chiadma :

  • Hielma : 260 tentes
  • Mkhaira : 600 tentes
  • Mherza : 200 tentes
  • Soualeh : 380 tentes

Total : 1440 tentes

Géographie[modifier | modifier le code]

Une « tazota », ancienne architecture typique de la région de Doukkala.

La région est divisée en trois sous-régions parallèles à la côte :

  • le « Oulja » le long de la côte ;
  • le « Sahel » à environ 20 km à l'intérieur, une région de pierre convenant à l'élevage ovin ;
  • la plaine riche, où sont cultivés blé et betterave à sucre et où est pratiqué l'élevage intensif de bétail.


Personnalités liées[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Joseph Goulven, « La région des Doukkala », dans les Annales de géographie, 1920, vol. 29, no 158, p. 127-138 [1]
  • Édouard Michaux-Bellaire, Région des Doukkala, vol. 1 : Les Doukkala, dans Villes et tribus du Maroc, vol. 10, Résidence générale de la République française au Maroc, Paris : H. Champion, 1932, 178 p. [2]
  • Édouard Michaux-Bellaire, Région des Doukkala, vol. 2 : Azemmour et sa banlieue, dans Villes et tribus du Maroc, vol. 10, Résidence générale de la République française au Maroc, Paris : H. Champion, 1932, 178 p. [3]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Mohand Akli Haddadou, « Dictionnaire des racines berbères communes » Accès libre, sur haut commissariat à l'amazighité (consulté le )
  2. « akal - Dictionnaire Kabyle », sur www.dictionnaire-kabyle.com (consulté le )
  3. Bernard Lugan, Histoire de l'Afrique du Nord: Des origines à nos jours, Editions du Rocher, (ISBN 978-2-268-08535-7, lire en ligne)
  4. a et b Guide bleu Hachette du Maroc, 1978 ed., p. 302
  5. J. Goulven , La région des Doukkala, Annales de Géographie, vol. 29, Numéro 158, 1920, p. 127
  6. Ahmed ben Mohamed el-khayyat ed-doukkali el-mouchtaraie((Salsalat ed-dahab el-manqoud))
  7. Guide bleu Hachette du Maroc, 7th ed., 1950, p. 178.
  8. « Enquête nationale démographique », sur Site institutionnel du Haut-Commissariat au Plan du Royaume du Maroc (consulté le ).

9. Vol. X. Région des Doukkala. Tome I, Les Doukkala. 1932. "1931.https://archive.org/details/villesettribusd10missuoft/page/12/mode/2up"