Droits LGBT — Wikipédia

L'égalité des droits est une revendication des militants LGBT.

Les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, et plus largement queers (LGBT+) sont une déclinaison particulière des droits de l'homme[1],[2]. Ils font plus spécifiquement référence aux droits civiques que revendiquent les mouvements LGBT+ et que de nombreuses législations nationales refusent de reconnaître.

L'homosexualité, la bisexualité et la transidentité étant réprimés dans un grand nombre de pays, le premier des droits revendiqués par les LGBT est celui de pouvoir vivre ouvertement leur genre et leur sexualité et d'être traités de la même façon que les hétérosexuels (lors d'un don de sang, du service militaire, d'un processus d'immigration, etc.). La reconnaissance juridique des couples de même sexe (via le concubinage, les partenariats enregistrés ou le mariage), de l'homoparentalité (via l'adoption, la PMA ou la GPA) et du changement légal de genre sont d'autres revendications importantes des personnes LGBT.

Le refus de la reconnaissance des droits LGBT est souvent d'origine religieuse ; certains groupes religieux condamnent et répriment les pratiques homosexuelles (dites contre nature) et nombre d'autorités religieuses s'opposent à toute évolution positive en faveur des droits des personnes LGBT.

Historique[modifier | modifier le code]

Carte du monde
État des législations nationales concernant l’homosexualité dans le monde :
Homosexualité légale
  • Mariage reconnu
  • Autre type d’engagement reconnu
  • Mariage à l’étranger reconnu
  • Reconnaissance limitée du mariage homosexuel
  • Droits de la résidence
  • Pas de reconnaissance des couples homosexuels
Homosexualité illégale ou réprimée
  • Lois restreignant la liberté d’expression et d’association
  • Peine théorique non appliquée en pratique
  • Peine d’emprisonnement
  • Peine de mort non poursuivis
  • Peine de mort

En 1948, la Déclaration universelle des droits de l'homme ne fait aucune mention de l'orientation sexuelle : à l'époque, l'homosexualité est largement un sujet tabou dans la société civile[3].

Il faut attendre le début du XXIe siècle pour que les droits LGBT soient pris en compte officiellement dans les droits humains, à travers la Déclaration de Montréal sur les droits humains des LGBT en 2006 et l'adoption des principes de Yogyakarta lors d'une rencontre de juristes du droit international en 2007[4]. Le comité IDAHO, lance à la même période une pétition internationale adressée à l’Organisation des Nations unies[5]. En 2008, une déclaration sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre est proposée à l'Assemblée générale des Nations unies par la France et les Pays-Bas et est approuvée par 66 États[6]. Cependant une contre-déclaration proposée par la Syrie est adoptée par 57 États[7].

2011 : à l'initiative de l'Afrique du Sud, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies adopte une résolution affirmant les droits LGBT[8]. C'est la première fois qu'un organe des Nations unies adopte formellement un texte sur les droits LGBT[8].

Revendications du droit à l'orientation sexuelle et à l'identité sexuelle[modifier | modifier le code]

Le mouvement LGBT revendique la reconnaissance du droit pour les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trangenres et intersexes à vivre librement leur orientation sexuelle et/ou leur genre[9] sans que cela soit l'objet de discriminations et/ou de persécutions encore omniprésentes dans de nombreux États[10].

En 2018, 72 États ont encore une législation répressive à l'égard des personnes homosexuelles, condamnées à la prison (parfois à perpétuité) ou à la peine de mort (dont Afghanistan, Arabie saoudite, Bénin, Iran, Mauritanie, Nigeria, Somalie, Soudan, Yémen)[11].

Interdiction des discriminations à l'encontre des LGBT[modifier | modifier le code]

Protection contre les discriminations[modifier | modifier le code]

Dans les sociétés où l'homophobie, la biphobie et la transphobie restent importantes, les personnes LGBT ou considérées comme telles, sont parfois victimes de discrimination à l'embauche, au logement et à l'accès aux services publics quand ils ne sont pas simplement victimes de violences. L'un des premiers droits revendiqués par le mouvement LGBT est donc celui d'être traité équitablement, quelle que soit son orientation sexuelle (lesbienne, gay, bi ou hétérosexuelle) ou son identité de genre (trans ou cisgenre).

Pour garantir cette égalité de traitement, les militants LGBT revendiquent parfois la mise en place d'une législation condamnant les discriminations et les actes homophobes.

Le 12 novembre 2020, la vice-présidente de la Commission européenne Věra Jourová présente un plan pour lutter contre les discriminations et la haine envers les personnes LGBT, et renforcer les droits des couples homoparentaux[12]. Un moyen d'atteindre ce but est d'inscrire ces droits dans les traités. Ce plan est notamment motivé par l'atteinte à ces droits dans certains pays d'Europe, par exemple en Pologne. De plus, les États membres ne s'investissent pas tous sur le sujet. Seulement une minorité donne la possibilité pour les couples homoparentaux d'adopter des enfants. La Commission va donc proposer une reconnaissance mutuelle entre ces pays sur ce sujet. Une législation européenne nécessiterait l'unanimité des États-membres. L'inscription des droits LGBT dans le code pénal d'un État pourrait conduire à punir ces infractions. Helena Dalli, commissaire européenne à l’Égalité, a pour sa part condamné les thérapies de conversion[13].

Protection contre les violences[modifier | modifier le code]

Alignement de la majorité sexuelle des LGBT sur celle des hétérosexuels[modifier | modifier le code]

Dans certains pays, une confusion est volontairement maintenue entre homosexualité et pédocriminalité, dans le but d'instaurer, sans aucun argument scientifique, une inégalité en droit, entre âge de la « majorité sexuelle hétérosexuelle » et âge de la « majorité sexuelle homosexuelle ». Les rapports sexuels entre individus de sexes différents sont ainsi souvent autorisés plus tôt que les rapports sexuels entre individus de même sexe. Dans ces pays, la notion de détournement de mineur reste donc effective plus tardivement chez les couples homosexuels que chez les couples hétérosexuels. Le mouvement LGBT réclame donc l'alignement de la majorité sexuelle des LGBT sur celle des hétérosexuels.

Traitement égalitaire en matière de politique migratoire[modifier | modifier le code]

Les liens amoureux existant entre un citoyen et un immigré hétérosexuels sont généralement pris en compte par les législations nationales au moment d'accorder des titres de séjour aux partenaires étrangers. Par contre, il n'en va pas toujours de même dans la reconnaissance des liens amoureux existants dans un couple de femmes ou dans un couple d'hommes. Par exemple la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné la Suisse pour le renvoi d'un homosexuel en Gambie. Ce requérant avait déposé à trois reprises une demande d'asile qui a été refusée. Chaque fois il a été débouté par le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) et le recours rejeté par le Tribunal administratif fédéral (TAF). Le requérant et son partenaire ont aussi entrepris des démarches pour obtenir un regroupement familial qui a été refusé jusqu'au Tribunal fédéral (TF), en raison d'une peine de prison. Le TAF et le TF ont sous-estimé le risque de persécution, sous prétexte qu'il n'avait pas révélé son homosexualité à son entourage et qu'il n'était pas en contact avec des groupes de soutien aux personnes homosexuelles dans son pays. Par contre :

« La Cour rappelle que l’orientation sexuelle d’une personne constitue un élément essentiel de son identité et que personne ne devrait se voir contraint de la dissimuler pour éviter des persécutions. La Cour constate que l’orientation sexuelle du requérant pourrait être découverte s’il devait être renvoyé vers la Gambie (…). Mais les autorités suisses ont omis de rechercher si les autorités gambiennes auraient la capacité et la volonté d’offrir au requérant le degré de protection nécessaire contre les mauvais traitements qu’il risquerait de subir de la part d’acteurs étatiques ou non-étatiques, à raison de son orientation sexuelle[14]. »

Le mouvement LGBT réclame donc un traitement équitable avec la prise en compte des liens affectifs unissant les partenaires de même sexe.

Intégration des personnes LGBT dans l'armée[modifier | modifier le code]

Dans de nombreux pays, les personnes LGBT sont exclues des forces armées ou contraintes à cacher leur orientation sexuelle ou leur identité de genre pour pouvoir servir leur pays. Le mouvement LGBT revendique donc l'égalité de traitement entre soldats hétérosexuels et LGBT.

Don de sang par les HSH[modifier | modifier le code]

Manifestation contre l'exclusion systématique des hommes bisexuels et homosexuels du don de sang.

Dans de nombreux pays, les hommes ayant, ou ayant eu, des rapports sexuels avec des hommes sont encore considérés comme appartenant à une « catégorie à risque » en matière de maladies sexuellement transmissibles. Dans ces pays, ces hommes ne peuvent pas faire don de leur sang ou de leurs organes, quelle que soit leur situation individuelle réelle : par exemple lorsqu'ils sont dans une relation strictement monogame ; ou par exemple, lorsqu'ils n'ont aucune activité sexuelle avec autrui depuis plusieurs mois.

Le mouvement LGBT revendique donc l'ouverture du don de sang et d'organes, aux gays, bisexuels et HSH, dans les mêmes conditions que celles imposées aux hétérosexuels et aux lesbiennes, c'est-à-dire en optant pour une approche scientifique prenant en compte les prises de risques de la « personne » et non celles de sa prétendue « catégorie ».

Avortements et stérilisations forcés[modifier | modifier le code]

D'après l'Organisation mondiale de la santé dans son rapport Sexual health, human rights and the law publié en 2015, de nombreuses personnes de la communauté LGBT sont victimes de maltraitances médicales, dont la stérilisation forcée et l'avortement forcé[15].

Reconnaissance juridique des couples de même sexe[modifier | modifier le code]

Sans nécessairement interdire l'homosexualité, certains pays n'offrent aucune reconnaissance juridique aux couples de même sexe, ce qui peut avoir une grave incidence en matière de logement (droit au bail), de fiscalité (impôt, héritage, etc.) ou de protection sociale (pension de réversion, couverture sociale, etc.).

Reconnaissance du concubinage homosexuel[modifier | modifier le code]

Cérémonie de mariage entre deux hommes aux Pays-Bas, premier pays à reconnaître l'union maritale pour des personnes de même sexe.

De façon à profiter au moins d'une partie de ces droits et protections fondamentales, le mouvement LGBT réclame donc la reconnaissance, par l'État, du concubinage homosexuel.

Mise en place de partenariats enregistrés ouverts aux couples de même sexe[modifier | modifier le code]

Dans certains pays où la notion de mariage reste intrinsèquement liée à celle d'hétérosexualité, le mouvement LGBT réclame la mise en place de partenariats enregistrés ou d'unions civiles conférant tout ou partie des droits accordés traditionnellement par le mariage aux couples de sexes différents.

Ouverture du mariage aux couples de même sexe[modifier | modifier le code]

Dans quelques pays où l'ouverture des droits est déjà très avancée, le mouvement LGBT revendique la légalisation du mariage des couples de même sexe ainsi que l'obtention de tous les avantages sociaux que procure traditionnellement le mariage, y compris le droit à la parentalité et à la filiation.

Légalisation de l'homoparentalité[modifier | modifier le code]

Famille homoparentale.

Dans les sociétés criminalisant l'homosexualité et la transidentité, la parentalité est formellement interdite aux personnes LGBT et l'État peut, dans certains cas, retirer à ces individus la garde de leurs enfants. Le mouvement LGBT revendique donc alors la protection et le respect des droits fondamentaux des parents homosexuels, bisexuels et transgenres.

Autorisation des adoptions homoparentales[modifier | modifier le code]

Dans de nombreux pays, l'adoption reste interdite aux homosexuels vivant en couple, et parfois même aux célibataires. Le mouvement LGBT demande donc l'égalité de traitement entre hétérosexuels et personnes homosexuelles dans ce domaine.

Ouverture de la procréation médicalement assistée aux lesbiennes[modifier | modifier le code]

Dans de nombreux pays, la procréation médicalement assistée (PMA) est interdite aux lesbiennes, qu'elles soient célibataires ou en couple, parfois même mariées. Le mouvement LGBT revendique donc l'ouverture de cette pratique médicale aux lesbiennes et le droit à l'adoption des enfants nés d'une PMA par les coparentes.

Légalisation de la gestation pour autrui[modifier | modifier le code]

Dans quelques pays, le mouvement LGBT revendique la légalisation de la gestation pour autrui (GPA) et/ou son ouverture aux couples de même sexe afin de faciliter l'accès à la parentalité des hommes homosexuels. Cette demande fait cependant débat au sein du mouvement LGBT et les positions diffèrent grandement d'un pays ou d'une région à l'autre.

Droit à la réassignation sexuelle pour les personnes transgenres[modifier | modifier le code]

De nombreux pays ne reconnaissent pas la transidentité et traitent les personnes transgenres comme des délinquants ou des malades mentaux. Le mouvement LGBT demande donc le droit à la réassignation sexuelle pour les personnes qui en ressentent le besoin.

Stratégies mises en place par les mouvements LGBT[modifier | modifier le code]

Les stratégies mises en place par les mouvements LGBT pour obtenir la reconnaissance de leurs droits fondamentaux varient fortement selon les pays et les époques, même si on peut les rapprocher de ceux utilisés par le mouvement américain des droits civiques. Ces stratégies incluent principalement la non-violence (manifestations, kiss-in, boycotts), le lobbying, le militantisme, le combat politique, l'outing et la médiatisation des cas de discrimination.

À l'échelle mondiale, l’International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association (ILGA) joue un rôle particulier dans la mise en place de stratégies de lutte pour la reconnaissance des droits LGBT et la protection des militants persécutés.

Opposition aux droits LGBT[modifier | modifier le code]

Considérant l'homosexualité, la bisexualité et la transidentité comme étant contraires à la nature, à la morale, à la religion, à l'ordre public et/ou à l'intérêt supérieur de l'enfant, et/ou comme étant des maladies, de nombreux mouvements conservateurs ou réactionnaires, considérés comme homophobes, biphobes et transphobes, souvent situés à droite et à l’extrême droite mais pouvant aussi se présenter comme étant de gauche ou d'extrême gauche, s'opposent aux droits LGBT. Ces mouvements, dont certains affirment que « l'égalité n'est pas l'identité », considèrent que les revendications du mouvement LGBT représenteraient un danger pour la société dans la mesure où elles remettraient en cause les normes sociales[réf. nécessaire].

En Hongrie, Viktor Orban annonce un référendum à la suite du lancement d'une procédure d'infraction par la Commission européenne. Il défend la loi qui interdit la « promotion » de l'homosexualité envers les jeunes. Bien qu'elle soit présentée comme un moyen de protéger les enfants, ses opposants estiment que la loi « associe la pédophilie à l’homosexualité et stigmatise la communauté LGBT+ »[16].

Pour une partie de ces opposants, les demandes de ce qu'ils nomment le « lobby LGBT » s'inscriraient dans un « agenda homosexuel (en) » qui viserait à prendre le contrôle sur la société pour mieux « recruter » de nouveaux membres, en particulier des enfants[17].

L'homophobie prend également la forme d'une croyance erronée que l'acceptation de l'homosexualité serait un grave danger pour la survie de l'humanité, sous prétexte que deux hommes entre eux ou deux femmes entre elles ne peuvent pas se reproduire de façon naturelle, et que les lobbyistes homosexuels veulent l'extinction de l'espèce humaine. Ces propos se retrouvent ainsi chez plusieurs personnalités politiques tels que le président zimbabwéen Robert Mugabe ou le président iranien Ebrahim Raïssi, qui déclare en 2023 que « L'Occident essaie aujourd'hui de promouvoir l'idée de l'homosexualité, et en la promouvant, ils essaient de mettre fin à l'espèce humaine »[18],[19].

Religions monothéistes[modifier | modifier le code]

Christianisme[modifier | modifier le code]

Pour l'Église catholique, même si le pape François s'est déclaré en 2020 favorable à titre personnel à « une loi d’union civile » pour les personnes homosexuelles[20], sur le plan doctrinal les actes homosexuels restent condamnés par le Vatican[20], qui s'est formellement opposé en 2021 à un projet de loi italien consacré à la lutte contre l'homophobie, jugeant qu'il portait atteinte à la liberté d'expression des catholiques[21].

Judaïsme[modifier | modifier le code]

Islam[modifier | modifier le code]

Situation par continents et pays[modifier | modifier le code]

Afrique[modifier | modifier le code]

Amérique[modifier | modifier le code]

En 1977, le Québec a été l'une des premières juridictions au monde à interdire la discrimination basée sur l'orientation sexuelle dans la Charte des droits et libertés de la personne. En 1995, l'Assemblée nationale du Québec vote une loi instituant l'union civile permettant à deux personnes (de même sexe ou de sexe opposé) de s'unir et de bénéficier des mêmes droits qu'un couple marié. À la suite du jugement dans l'affaire Ligue catholique pour les droits de l'homme c. Hendricks[27], le droit au mariage pour tous sans discrimination basé sur le sexe des partenaires ou leur orientation sexuelle est reconnu.