Duché de Teschen — Wikipédia

Duché de Teschen
(pl) Księstwo Cieszyńskie

12901918

Drapeau Blason
Description de cette image, également commentée ci-après
Les duchés silésiens avec Teschen (jaune) en 1309/1311, avant la séparation d'Oświęcim.
Informations générales
Statut Duché silésien
- pays de la couronne de Bohême (à partir de 1348)
- partie de la Silésie autrichienne (à partir de 1742)
Capitale Cieszyn
Langue(s) Latin
Religion Catholicisme
Histoire et événements
1290 Partition du duché de Ratibor
1315 Séparation du Duché d'Oświęcim
1327 Vassal du royaume de Bohême
1653 Cession à la couronne de Bohême
Duc de Cieszyn
1290–1315 Mieszko Ier
1617–1625 Frédéric Guillaume
1625–1653 Elisabeth Lucrèce
1722–1729 Léopold Ier de Lorraine
1895–1918 Frédéric de Habsbourg-Lorraine

Entités précédentes :

Le duché de Cieszyn (en polonais : Księstwo Cieszyńskie), plus connu comme duché de Teschen (en allemand : Herzogtum Teschen) ou duché de Těšín (en tchèque : Těšínské knížectví, en latin : Ducatus Tessinensis), est un ancien duché héréditaire en Haute-Silésie, ayant pour chef-lieu la ville de Cieszyn (Teschen).

Le duché de Cieszyn est né en 1290, à l'époque du morcellement féodal du royaume de Pologne en nombreux petits duchés, souvent rivaux. Jusqu'en 1653, le duché est gouverné par des ducs issus de la dynastie polonaise des Piast[1]. En 1327, il devient un fief des rois de Bohème. En 1526, la couronne de Bohême tombe aux mains des Habsbourg. Lorsque la lignée des ducs de Cieszyn s'éteint en 1653, leur fief revient à la couronne de Bohême et par conséquent à la monarchie de Habsbourg.

Au XVIIIe siècle, alors que l'essentiel de la Silésie est conquis par le roi de Prusse Frédéric II en 1742 et annexé au royaume de Prusse, le duché de Cieszyn est intégré au pays héréditaire de Silésie autrichienne[2]. Le titre de duc de Cieszyn est porté par les archiducs d'Autriche de la maison de Habsbourg-Lorraine jusqu'en 1918[3].

Après l'effondrement de l'empire austro-hongrois à la suite de la Première Guerre mondiale et après un conflit frontalier en 1919, le territoire de l'ancien duché est partagé le long de la rivière Olza entre la Pologne et la République tchécoslovaque.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le duché de Silésie après la première division en 1172/73, le duché de Ratibor avec Cieszyn est en jaune.

Depuis que la dynastie des Piast y prend le pouvoir au IXe siècle, la Haute-Silésie fait partie intégrante de l’État polonais. Cependant depuis la fin du Xe siècle, le royaume de Pologne des premiers Piasts doit batailler ferme avec les princes de Bohême pour la suprématie en Silésie. Il faut attendre l'année 1137 pour qu'un traité de paix fixe la frontière entre les deux États le long des Sudètes.

Le duché des Piast[modifier | modifier le code]

En 1138, le duc de Pologne Bolesław III Bouche-Torse partage son royaume entre ses fils. Au fil du temps, leurs duchés héréditaires subissent un morcellement progressif aboutissant à la formation de multitudes de petites principautés. Cette période du démembrement territoriale du royaume de Pologne s’achèvera seulement en 1320 avec la réunification des terres polonaises et le couronnement du roi Władysław Łokietek.

Tour du château des Piast à Cieszyn

En 1138, c'est l'ainé Władysław dit plus tard le Banni qui hérite du duché de Silésie avec Wrocław pour capitale. Vers l'an 1173, ses deux fils partagent ce héritage à leur tour. La région sud-est autour de Cieszyn et Ratibor est attribuée à Mieszko Jambes Mêlées, alors que les domaines plus grands autour de Wrocław reviennent à son frère aîné Bolesław le Long.

En 1177, sans doute pour compenser ce désavantage territorial et pour apaiser les conflits, le duc Kazimierz II le Juste qui règne alors à Cracovie et possède l'autorité sur les autres duchés des Piasts, octroie à Mieszko les domaines de Bytom, d'Oświęcim, de Zator, de Siewierz et de Pszczyna. En 1202, peu après le décès de son frère Bolesław, Mieszko récupère également le duché d'Opole.

À la mort du petit-fils de Mieszko, le duc Władysław d'Opole en 1281, la Haute-Silésie est à nouveau divisée. Ainsi, l’aîné des quatre fils de Władysław, Mieszko, devient le premier "duc de Cieszyn" en 1290.

Dans le conflit qui oppose différents Piast pour la suprématie, Mieszko, qui règne sur Cieszyn et Oświęcim se rapproche du royaume de Bohême. Il rend hommage au roi Venceslas II et participe aux batailles contre son cousin Władysław Łokietek. En 1305, il marie sa fille Viola Élisabeth avec le fils du roi, Venceslas III.

Après la mort de Mieszko en 1315, son fils aîné,Władysław, hérite des territoires situés à l'est de la rivière Biała et y établit le duché d'Oświęcim, alors que son fils cadet, Kazimierz, conserve la partie occidentale autour de Cieszyn.

En , Kazimierz de Cieszyn en compagnie de Bolesław d'Opole et Władysław de Bytom, se rend à Opava où il rend l'hommage lige au roi de Bohême, Jean de Luxembourg. Cieszyn devient alors un fief du royaume de Bohême. En 1335, le roi Kazimierz III de Pologne renonce explicitement aux duchés silésiens, qui deviennent des pays de la « couronne de Bohême »[4].

Kazimierz de Cieszyn élargit son territoire. En 1337, il achète à Władysław de Bytom le duché de Siewierz. En 1369, il acquiert également la moitié du duché de Głogów en Basse-Silésie et les domaines de Toszek et Pyskowice en duché de Bytom. Son fils, Przemysław Ier Noszak, est diplomate et négociateur influent à la cour tchèque de l'empereur Charles IV, puis du roi Venceslas de Luxembourg.

En 1431, après la mort du fils de Przemysław Ier, Bolesław Ier, le gouvernement du duché de Cieszyn revient à sa veuve Euphémia de Mazovie et à leurs quatre fils mineurs : Venceslas Ier, Władysław, Przemysław II et Bolesław II[5]. En 1442, à la majorité des princes, le duché est divisé entre les fils qui sont officiellement corégents de Cieszyn. Un an plus tard, Venceslas vend le duché de Siewierz à l'évêque de Cracovie Zbigniew Oleśnicki. Le pouvoir réel sur Cieszyn passe à Przemysław II, un fidèle soutien au roi de Bohême, Georges de Poděbrady, mais aussi au roi de Hongrie Mathias Corvin. Après la mort de son frère Bolesław II en 1452, Przemysław II règne seul sur Cieszyn. Son neveu et fils de Bolesław II, Kazimierz II lui succède à son décès en 1477. En 1480, Kazimierz acquièrt Pszczyna à son beau-père, le duc d'Opava Victor de Poděbrady.

Page de garde de la constitution du duché de Teschen (imprimée en tchèque), par ordre du duc Venceslas III Adam en 1573.

Le grand-fils de Kazimierz II, le duc Venceslas III Adam de Cieszyn, règne sur le duché à partir de 1528. Son règne dure cinquante ans. Au début placé sous tutelle de sa mère Anne, fille du margrave Frédéric II de Brandebourg-Ansbach. A cette époque, la foi protestante commence à se répandre à partir de Wrocław dans toute la Silésie. Lorsque le duc se prononce en faveur de la foi réformatrice lors de son arrivée au pouvoir en 1545, la nouvelle foi est déjà bien ancrée dans la population. Le duché passe au protestantisme selon la formule cuius regio, eius religio, "tel prince, telle religion". Cependant, son fils et successeur Adam Venceslas revient au catholicisme en 1609 et promeut la Contre-Réforme. C'est la période de tensions politiques et religieuses croissantes dans les pays de Bohême. En 1572, le domaine de Bielsko est séparée de Cieszyn.

La ligne masculine des Piast silésiens s'éteint avec le duc Frédéric Guillaume de Cieszyn mort en 1625, au cœur de la guerre de Trente Ans. Le règne des Piast se poursuit encore jusqu'en 1653 et se termine définitivement avec la mort de la sœur de Frédéric Guillaume, la duchesse Élisabeth Lucrèce. Malgré les protestations de son mari, le prince Gundakar de Liechtenstein, le duché revient de droit à la couronne de Bohême[6] qui depuis 1526 fait partie du Saint-Empire romain germanique gouverné par la maison de Habsbourg.

Règne des Habsbourg[modifier | modifier le code]

Les empereurs de la maison de Habsbourg qui règnent sur Cieszyn à partir de 1653 soutiennent la Contre-Réforme. Les cultes protestants sont interdits, les édifices religieux remis à l’Église catholique, les livres protestants confisqués et la population protestante forcée, sous peine de représailles, soit à la conversion, soit à l’exil. En 1707 lorsque le roi de Suède, Charles XII, profitant de sa suprématie militaire face aux Habsbourg, force l’empereur Joseph à édifier « par grâce impériale » six églises protestantes en Silésie. L’église de la grâce de Cieszyn, l’Église de Jésus, est la plus grande des six et reste pendant des décennies la seule église protestante en Haute-Silésie[7].

En 1722, l'empereur Charles VI offre le duché au duc de Lorraine, Léopold Ier, en compensation de droits de sa grand-mère maternelle, l'impératrice Éléonore de Gonzague-Nevers, sur les duchés de Mantoue et de Montferrat en Italie perdus en faveur des Habsbourg d'Autriche.

Éduqué à la cour des Habsbourg à Vienne, le fils de Léopold, François, devient le gendre et successeur de l'empereur Charles VI, en épousant Marie-Thérèse d'Autriche. Bien que la majeure partie de la Silésie soit annexée par le royaume de Prusse à la suite des guerres de Silésie terminées par le traité de Hubertsbourg en 1763, le duché de Cieszyn reste sous le contrôle des Habsbourg. Il est intégré dans la Silésie autrichienne.

Après la mort de François, l'impératrice Marie-Thérèse offre le duché de Cieszyn en dot à sa fille Marie-Christine au moment de son mariage avec le prince Albert-Casimir de Saxe en 1766, qui prend le nom de Saxe-Teschen.

Partie de la Silésie autrichienne, le territoire de Cieszyn est intégré à l'empire d'Autriche en 1804 et à partir de 1867 à l'Autriche-Hongrie.

Albert-Casimir et Marie-Christine n'ont pas d'enfants, et à la mort d'Albert-Casimir, veuf depuis 1822, le duché passe à leur neveu et fils adoptif, l’archiduc Charles-Louis d'Autriche, vainqueur de la bataille d'Essling en 1809. Frère cadet de l'empereur d'Autriche François Ier, il fonde la lignée de Teschen de la maison de Habsbourg-Lorraine. En 1847, le duché passe à son fils aîné Albert Frédéric, feldmarschall de l'armée autrichienne à la bataille de Custoza en 1866. À sa mort, en 1895, Cieszyn passe au neveu de ce dernier, Frédéric de Habsbourg-Lorraine, commandant en chef des troupes austro-hongroises en 1914.

Carte du duché de Teschen (1893).

Dès la deuxième moitié du XIXe siècle, l'économie de la région de Teschen, correspondant aux districts de Bielsko-Biała, de Karviná, de Frýdek-Místek et Cieszyn, avec pour villes statutaires Cieszyn et Frýdek-Mistek, se développe en particulier dans les secteurs des charbonnages et des usines sidérurgiques. Cependant cette partie de l'empire austro-hongrois reste très arriérée au point de vue économique. Les terrains forestiers des Karpates polonaises subissent au XIXe siècle et au commencement du XXe siècle une grave dévastation quantitative et qualitative[8].

À la fin de la Première Guerre mondiale, le duché disparaît avec la dissolution de l'Autriche-Hongrie.

Après un conflit frontalier en 1919, son territoire peuplé de Polonais (76 %), de Tchèques (14 %) et d’Allemands (10 %)[3] est partagé le long de la rivière Olza entre la deuxième république de Pologne et la République tchécoslovaque.

Frédéric de Teschen est mort en exil à Magyaróvár en Hongrie en 1935, la ligne masculine s'éteignit avec le décès de son fils Albert François en 1955.

Ducs de Cieszyn[modifier | modifier le code]

Dynastie Piast[modifier | modifier le code]

Maison de Habsbourg[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Panic 2002, 6.
  2. « Silésie de Teschen », Annales de Géographie, vol. 30, no 163,‎ , p. 76-78 (lire en ligne)
  3. a et b Alain Petiot, « L’héritage lorrain de la Maison d’Autriche (1737-1918) », sur www.academie-stanislas.org
  4. Panic 2002, 7.
  5. Panic 2002, 16.
  6. Žáček 2004, 175.
  7. « Cité de la Réforme Cieszyn », sur reformation-cities.eu
  8. Stanislas Berezowski, « Problèmes économiques des Karpates polonaises . », Revue de géographie alpine, vol. 51, no 3,‎ , p. 515-544

Sources[modifier | modifier le code]

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Duchy of Teschen » (voir la liste des auteurs), édition du 8 juillet 2014.
  • (de) Europaïsche Stammtafeln Vittorio Klostermann, Gmbh, Francfort-sur-le-Main, 2004 (ISBN 3465032926), Die Herzoge von Auschwitz †1495/97, von Zator †1513 und von Tost †1464 sowie die Herzoge von Teschen 1315-1625 resp. 1653 des Stammes der Piasten Volume III Tafel 16.
  • (en) & (de) Peter Truhart, Regents of Nations, K. G Saur Münich, 1984-1988 (ISBN 359810491X), Art. « Teschen (Pol. Cieszyn) », p.  2.455.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Gottlieb Biermann, (1894). Geschichte des Herzogthums Teschen (2e edition ed.). Teschen: Verlag und Hofbuchhandlung Karl Prochaska. OCLC 34926439.
  • (pl) Krzysztof Nowak, (2008). Polskość i ruch narodowy. In Krzysztof Nowak. « Pierwsza Niepodległość ». Cieszyn: Urząd Miejski Cieszyn. p. 7–17. (ISBN 978-83-89835-40-6).
  • (pl) Idzi Panic, (2002). Poczet Piastów i Piastówien cieszyńskich). Cieszyn: Urząd Miejski. (ISBN 83-917095-4-X).
  • (cs) Rudolf Žáček, (2004). Dějiny Slezska v datech. Praha: Libri. (ISBN 80-7277-172-8).