Edmond de Goncourt — Wikipédia

Edmond de Goncourt
Description de l'image Edmond de Goncourt by Nadar c1877.jpg.
Nom de naissance Edmond Louis Antoine Huot de Goncourt
Naissance
Nancy, Meurthe,
France
Décès (à 74 ans)
Draveil, hameau de Champrosay, Seine-et-Oise,
Drapeau de la France France
Activité principale
écrivain, journaliste
Famille
Auteur
Langue d’écriture français
Mouvement naturalisme
Genres
roman, monographie, journal intime

Œuvres principales

  • Germinie Lacerteux (en roman, 1865 et au théâtre, 1888),
  • Manette Salomon (1867),
  • Madame Gervaisais (1869),
  • Les Frères Zemganno (en roman, 1879 et au théâtre, 1890).

Edmond Huot de Goncourt né à Nancy le et mort à Champrosay (Seine-et-Oise) le [Note 1],[1] est un écrivain français.

Il est le fondateur de l'Académie Goncourt qui décerne chaque année le prix homonyme. Une partie de son œuvre est écrite en collaboration avec son frère, Jules de Goncourt. Les ouvrages des frères Goncourt appartiennent au courant du naturalisme.

Biographie[modifier | modifier le code]

Plaque sur la maison natale de Goncourt à Nancy

Issu d'une famille originaire de Goncourt dans la Haute-Marne par ses parents Marc-Pierre Huot de Goncourt (fils de Jean Antoine Huot de Goncourt et de Marguerite Rose Diez) et Annette Cécile Guerin, Edmond de Goncourt est né à Nancy le dans la maison familiale au 33 rue des Carmes[2],[3].

Dornac (1858-1941), Portrait de l'écrivain, Edmond Louis Antoine Huot de Goncourt (1822-1896), dans son cabinet de travail, photographie, Paris, musée Carnavalet[4].

Il étudie, à Paris, au lycée Condorcet. Il est, avec son frère cadet Jules de Goncourt, l'ami d'Ivan Tourgueniev, de Paul Gavarni, Gustave Flaubert, Alphonse Daudet, Émile Zola, Guy de Maupassant et Théodore de Banville, entre autres.

Il anime avec son frère un salon littéraire informel tous les dimanches baptisés le « Grenier »[5] où se réunissent notamment Maurice Barrès, Alphonse et Léon Daudet, Gustave Geffroy, Roger Marx, Octave Mirbeau, Auguste Rodin, Émile Zola, au 67, boulevard de Montmorency dans le 16e arrondissement de Paris. Eugène Carrière (1849-1906), présenté par Gustave Geffroy à Edmond de Goncourt, fréquente ce salon. Il lui a laissé au moins sept portraits d'Edmond[6], qui lui rend visite dans son atelier des Batignolles (Pontoise, musée Tavet-Delacour).

Tombe des frères Goncourt, Paris, cimetière de Montmartre.
Photographie d'Edmond (à gauche) et Jules (à droite) de Goncourt par Félix Nadar.

Edmond de Goncourt meurt d'une embolie pulmonaire fulgurante dans la villa de Draveil, de son ami Alphonse Daudet ; il est inhumé auprès de son frère cadet Jules à Paris au cimetière de Montmartre (13e division). Assistent à la messe de son enterrement Montesquiou, Barrès, Poincaré, Clemenceau, Tristan Bernard, François Coppée, Heredia, Catulle Mendès, Schwob, Jourdain, la princesse Mathilde. Emile Zola prononce son Oraison funèbre[7]. Les deux médaillons ornant le tombeau sont les œuvres du sculpteur Alfred-Charles Lenoir[8].

Le Journal[modifier | modifier le code]

Sur le perron d'Edmond de Goncourt (1890)[Note 2].

Alors que l'œuvre de fiction des Goncourt est relativement peu lue aujourd'hui, le Journal reste un témoignage intéressant sur la deuxième partie du XIXe siècle.

Jusqu'à sa mort en 1870, Jules est le principal auteur du Journal, poursuivi ensuite par Edmond, resté seul. Sous-titré Mémoires de la vie littéraire, il se compose d'un ensemble de notes, généralement brèves, prises au jour le jour. On y trouve, en désordre, au fil des dates :

  • des observations sur la santé des deux auteurs, et de leurs amis : en particulier, pendant l'année 1870, la maladie de Jules, la syphilis, qui doit aboutir à sa mort, est décrite avec soin par Edmond. Cette minutie dans la description de la déchéance de son frère n'exclut pas sa profonde douleur ;
  • le récit des démêlés des auteurs avec les commissions de censure, aussi virulentes et bornées sous la Troisième République que sous le Second Empire ;
  • les rapports des auteurs avec la critique, souvent sévère, voire insultante : les romans des deux frères, comme ceux d'Émile Zola, ont souvent choqué leurs contemporains et les critiques pudibonds ;
  • le récit du succès ou des échecs des livres, et surtout des pièces de théâtre — la plupart des romans des auteurs ayant été adaptés pour la scène, comme il est d'usage à cette époque — : il est difficile de savoir à l'avance si une pièce va faire un triomphe ou être sifflée ;
  • des « on dit » plus ou moins médisants entendus à droite et à gauche ;
  • des observations politiques, où les auteurs se révèlent anti-républicains et anti-communard. Il laissent également libre cours à leur antisémitisme (Édouard Drumont est l'ami d'Edmond) : ceci est en particulier visible sous la plume d'Edmond, sous la Troisième République ;
  • des propos, entendus dans les dîners mondains et les salons, sur des célébrités (écrivains, artistes, scientifiques, philosophes, hommes politiques) sous un jour souvent inattendu : la publication de ces propos a souvent amené des brouilles entre les Goncourt et leurs connaissances, qui leur reprochent leurs indiscrétions ; Edmond affirme toutefois n'avoir jamais rien inventé ni déformé dans les propos qu'il prête à ses connaissances[9] ;
  • les rapports avec Guy de Maupassant, qu'Edmond de Goncourt n'aime pas.

Les Goncourt ont créé l'« écriture artiste » : ils préfèrent les tableaux à la nature.

Après la Semaine sanglante, Edmond de Goncourt estime qu'« il est bon qu'il n'y ait eu ni conciliation ni négociation […] une telle purge, en tuant la partie combative de la population, reporte la prochaine révolution pour toute une génération »[10].

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Caricature des frères Goncourt, auteurs de Manette Salomon, par Victor Collodion (1868).

Avec Jules de Goncourt[modifier | modifier le code]

  • Parisine ou Manette Salomon (1867), dessin de Félicien Rops dédicacé pour Edmond et Jules de Goncourt
    Histoire de la société française pendant la Révolution, 1854.
  • Portraits intimes du XVIIIe siècle, 1857.
  • Histoire de Marie-Antoinette, 1858.
  • L'art du dix-huitième siècle, 1859-1870.
  • Charles Demailly, 1860.
  • Sœur Philomène, 1861. lire en ligne sur Gallica
  • Renée Mauperin, 1864.
  • Germinie Lacerteux, 1865.
  • Idées et sensations, 1866.
  • Manette Salomon, 1867.
  • Madame Gervaisais, 1869.
  • Gavarni, l'homme et l'oeuvre, 1873.
  • La Du Barry, 1878.
  • La Duchesse de Châteauroux et ses sœurs, 1879.
  • La Femme au dix-huitième siècle, Édition illustrée par Dujardin, 1887.
  • Madame de Pompadour, Édition illustrée par Dujardin, 1888.

Il faut ajouter à cette liste le Journal, écrit d'abord par Jules et Edmond, puis par Edmond seul après la mort de Jules. Le journal des Goncourt a été publié en plusieurs volumes, les premiers du vivant des auteurs, et les derniers après la mort d'Edmond.

Seul[modifier | modifier le code]

  • La Fille Élisa, 1877, dont s'est inspiré Roger Richebé pour le film Élisa.
  • Les Frères Zemganno, Paris, Nelson Éditeurs,  Télécharger cette édition au format ePub Télécharger cette édition au format PDF (Wikisource). L’édition originale a paru en 1879.
  • La Maison d'un Artiste, tome 1, 1881.
  • La Maison d'un Artiste, tome 2, 1881.
  • La Maison d'un artiste, la collection d'art japonais et chinois, réédition commentée par Geneviève Lacambre, Éditions À Propos, 2018, 320 p. (ISBN 9782915398199).
  • La Faustin, 1882.
  • La Saint-Huberty d'après sa correspondance et ses papiers de famille, Édouard Dentu, Paris, 1882.
  • Chérie, 1884, qui dépeint une jeune femme dont le talent artistique s'exprime dans la mode, peut être lu comme une exploration littéraire de l'art[11].lire en ligne sur Gallica
  • A bas le progrès ! bouffonnerie satirique en 1 acte, Paris, Théâtre libre, 16 janvier 1893, G. Charpentier et E. Fasquelle lire en ligne sur Gallica

Monographies[modifier | modifier le code]

  • Outamaro, le peintre des maisons vertes, Paris, Charpentier, 1891 ; rééd. d'après E. de Goncourt, New York, Parkstone International, 2008.
  • Hokousaï : l'art japonais au XVIIIe siècle, Paris, G. Charpentier et E. Fasquelle, 1896 ; rééd. Paris, Larousse, 2014.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Dans la maison d'Alphonse Daudet
  2. Photographie prise par le comte Joseph Napoléon Primoli : Le perron d'Edmond de Goncourt en 1890. On y voit, de gauche à droite : Jean Ajalbert, Henri de Régnier, Jean-François Raffaëlli, Léon Daudet, Roger Max, Alphonse Daudet, Edmond de Goncourt, Madame Daudet, J.H.Rosny aîné, Georges Rodenbach, Eugène Carrière, Frantz Jourdain, Gustave Geffroy, Georges Lecomte, Gustave Toudouze, Paul Alexis, Léon Hennique et François de Nion. Publication originale dans L'Illustration.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Registre d'état-civil de Draveil 1892-1896, p. 207, sur essonne.fr.
  2. « Bernard Pivot fait l’éloge de Nancy, ville natale d’Edmond de Goncourt », sur Franceinfo, (consulté le )
  3. « Nancy. Savez-vous quel "demi-romancier" célèbre est né à Nancy ? », sur estrepublicain.fr (consulté le )
  4. notice en ligne.
  5. Béatrice Laville (dir.) et Vérane Partensky (dir.), Cahiers Edmond et Jules de Goncourt : Le Grenier des Goncourt, vol. 19, (lire en ligne).
  6. Un portrait de Goncourt par Eugène Carrière (lithographie sur chine appliqué, 1896), figurait sous le no 212 au catalogue de dessins et d'estampes du marchand Paul Prouté de 1985.
  7. Pierre Ménard, Les infréquentables frères Goncourt, Paris, Tallandier, , p. 355-356
  8. Tombe des frères Goncourt, sur le site landrucimetieres.fr, consulté le .
  9. Joëlle Bonnin-Ponnier - La vie parisienne chez les Goncourt, sur le site etudes-romantiques.ish-lyon.cnrs.fr, consulté le .
  10. Robert Tombs (trad. Marie Chuvin), « Vu de Versailles : la Semaine sanglante », L'Histoire, no 90 (Les collections),‎ , p. 37 (lire en ligne, consulté le ).
  11. (de) Naomi Lubrich, “Luftschlösser weben. Edmond de Goncourt und die Mode der modernen Großstadt”, in: Lendemains, 40/160, , p. 109–136

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bases de données et dictionnaires[modifier | modifier le code]