Eucharistein — Wikipédia

Fraternité Eucharistein
Image illustrative de l’article Eucharistein

Repères historiques
Fondation 1996
Fondateur(s) Nicolas Buttet
Lieu de fondation Saint-Maurice (Valais) (Suisse)
Fiche d'identité
Église Catholique
Courant religieux Renouveau charismatique
Type Association publique de fidèles.

3 mai 2008: Reconnaissance diocésaine par Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon

Dirigeant Cyrille Jacquot depuis 2020
Membres 60 consacrés, 38 ayant prononcés leurs vœux définitifs
Localisation France et Suisse
Site internet http://www.eucharistein.org
La maison d'Epinassey.
La maison d'Epinassey.
La maison de Saint-Jeoire.

La fraternité Eucharistein est une communauté religieuse catholique fondée en 1996 à Saint-Maurice, en Suisse, par Nicolas Buttet.

Histoire[modifier | modifier le code]

La communauté se situe dans le sillage du Concile Vatican II[réf. nécessaire], fondée par Nicolas Buttet[1], jeune intellectuel préparé à une carrière d’homme politique et d’avocat en Suisse[2], élu député à 23 ans[3],[4], parti travailler quelques années au Vatican puis devenu ermite dans le canton du Valais. Il est très vite rejoint par quelques jeunes. La fraternité est ainsi née, accueillant aussi de nombreux jeunes « blessés par la vie »[5]. Cette communauté dispose d'une vraie importance dans les milieux religieux suisses : on lui prête parfois des influences économiques ou politiques[6].

Eucharistein provient du grec « rendre grâce ». Communauté catholique née sur la terre du martyre de saint Maurice et de ses compagnons en 1996 (Valais/Suisse), la fraternité Eucharistein a reçu officiellement de Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, le 3 mai 2008, l’approbation de ses nouvelles constitutions en vue de la reconnaissance définitive du statut de « Famille ecclésiale diocésaine de vie consacrée ».

Aux côtés des frères et sœurs consacrés et oblats de la fraternité s’adjoignent à l’œuvre : les Membres associés et le Tiers-Ordre « Communion Béthanie », c’est-à-dire des personnes laïques ou clercs vivant à l’extérieur mais partageant leur spiritualité et leur mission.

La communauté grandit régulièrement. Deux prêtres ont été ordonnés le 29 mai 2011, à Orsières[7]. Deux prêtres sont ordonnés le 16 juin 2018 à Saint-Maurice (dans le Valais en Suisse) : Didier Berthod, ancien athlète, et Johannes de Habsbourg-Lorraine (arrière-petit-fils du dernier empereur d'Autriche Charles Ier)[8]. Seize frères et sœurs de la fraternité prononcent leurs vœux définitifs.

Controverses[modifier | modifier le code]

En octobre 2013 est publié « l'Appel de Lourdes » dans lequel une quarantaine de victimes d'abus sexuels et spirituels dans l'Église catholique mettent en cause quatorze « communautés nouvelles »[9]. Parmi ces communautés figure la fraternité Eucharistein[10].

Quand Cyrille Jacquot est élu modérateur de la fraternité en septembre 2020 en remplacement de Nicolas Buttet[1], « le constat est sans appel »[11]: certains membres de la fraternité sont épuisés, en grande souffrance psychologique. « Actuellement, sur la quarantaine de membres de la communauté, huit frères et sœurs en situation de burnout, ou en dépression, sont en convalescence à l’extérieur de la communauté. Trois ou quatre sont en questionnement sur la suite de leur engagement », indique le modérateur en juin 2022[11].

En 2021, deux journalistes, Jean-Loup Adénor et Timothée de Rauglaudre, pointent des dérives sectaires au sein de la Fraternité Eucharistein à travers le recours abusif à l'exorcisme, un rapport ambigu à la médecine et le caractère manipulateur de Nicolas Buttet souligné par d'anciens membres, dont plusieurs se sont confiés au père Dominique Auzenet, exorciste dans le diocèse du Mans et connaisseur des dérives sectaires dans l'Église, qui a écrit en 2016 une synthèse[12] à partir de leurs témoignages. Les deux journalistes révèlent également les financements accordés à la communauté : près d'un million d'euros auraient été versés par la Fondation Bettencourt-Schueller, les familles Leclerc et Michelin figurant aussi parmi les donateurs, selon un ancien membre. Le père Damien Frossard, membre du Conseil de la fraternité Eucharistein, reconnaît « des liens privilégiés » avec la famille Mulliez et d'autres chefs d'entreprise chrétiens[13].

Le rapport de la visite canonique menée début 2021 dénonce à propos de la Fraternité Eucharistein « un système pyramidal, abusif, infantilisant et qui a annulé les personnes dans les diverses dimensions de leur être, en particulier leur psychologie ». Les rapporteurs soulignent la responsabilité du fondateur Nicolas Buttet et déplorent l'« absence de suivi plus fréquent et plus lucide de la part de l’évêché ». Le quotidien La Croix indique également qu'un prêtre appartenant au Tiers-Ordre d’Eucharistein « aurait pratiqué des pseudo-exorcismes assortis d’actes sexuels »[11],[14]. À la suite de ce rapport, la communauté annonce de « gros travaux de restructuration »[15]. Pour cela, deux conseillers du Conseil de la fraternité sont nommés en juin 2022 : Benoît-Dominique de La Soujeole, o.p., et Marie Carmen Avila, RC, afin de suivre la communauté durant un an[11].

En 2023, une enquête du 24 Heures à la suite de cette visite canonique livre les témoignages de plusieurs membres d'Eucharistein, dont Didier Berthod et Nicolas Buttet. Elle révèle également que Nicolas Buttet « n’a plus le droit de dire la messe, de pratiquer la confession ni même de se rendre dans la fraternité »[16].

Dans la foulée, les vœux définitifs de deux sœurs et un frère, prévus le , sont reportés sine die par Dominique Rey, à cause du « contexte ecclésial [...] tendu vis-à-vis des communautés nouvelles »[17],[18].

En janvier 2024, Nicolas Buttet est relevé de ses vœux religieux par François Touvet, évêque coadjuteur du diocèse de Fréjus-Toulon où est incardinée la communauté, et il quitte la communauté Eucharistein. Il reste incardiné comme prêtre dans le diocèse de Fréjus-Toulon[19]. Dans la foulée, les responsables de la communauté indiquent vouloir « changer la culture communautaire » pour « aborder une spiritualité qui soit plus synodale »[20].

Implantations[modifier | modifier le code]

En 2020, la fraternité Eucharistein est composée de 3 maisons[21] :

Principaux apostolats[modifier | modifier le code]

  • Paroisses : animation du secteur pastoral de Comps-sur-Artuby (Var)
  • Missions auprès des jeunes : animation de missions et de veillées dans les paroisses et les écoles. La Fraternité Eucharistein offre également à des jeunes la possibilité de vivre une année sabbatique de réflexion, de service et prière, après leur formation professionnelle ou leur maturité[24].
  • Accueil des « blessés de la vie » : La Fraternité accueille de nombreux jeunes ayant vécu des problèmes de drogue, d’alcool ou de dépression pour un temps de reconstruction personnelle[5],[24].
  • La doctrine sociale de l’Église : groupe Saint Nicolas de Flüe : Une fois par an, une rencontre réunit des personnes engagées dans la vie politique et vie civile pour des témoignages et des formations inspirées par la doctrine sociale de l'Église, et une vie de prière commune[25].
  • Écophilos : fondation suisse, née en 2004, dont la conviction est « l’épanouissement de la personne humaine ne s’oppose en rien aux intérêts économiques de l’entreprise ». Cette fondation organise une université d'été et des groupes Écophilos[26],[27],[28].
  • Impacthope : autre fondation, qui réalise un appui aux chrétiens (et minorités) persécutés, discriminés ou marginalisés par l'accompagnement et le soutien à des actions et projets de développement intégral, accompagnement des Églises du Sud, renforcement des actions entre Églises, congrégations et organisations communautaires des pays du Sud.
  • Animation des équipes d'adoration perpétuelle à Fribourg à l'église des Cordeliers.

Charisme et style de vie[modifier | modifier le code]

La vie religieuse de la fraternité est toute centrée sur le Christ-Eucharistie[23].

La Fraternité s’inspire de :

  • Sainte Teresa de Calcutta : pour l'accueil des personnes souffrant de pauvreté morale ou matérielle.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Clémence Houdaille, « Cyrille Jacquot, nouveau modérateur de la fraternité Eucharistein », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Céline Hoyeau, « Nicolas Buttet quitte la gouvernance de la Fraternité Eucharistein », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « Nicolas Buttet, la puissance de l'Eucharistie », KTO, (consulté le )
  4. Pierre Pistoletti, « Nicolas Buttet: «Le prophétisme religieux manque aujourd'hui» », Cath.ch,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. a et b « Bienvenue aux âmes blessées », Le Jour du Seigneur, (consulté le )
  6. Joël Cerutti, « Renouveau des réseaux religieux », Le Matin,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Ordinations et professions religieuses - 29 mai 2011 », Eucharistein, (consulté le )
  8. Raphaël Zbinden, « Johannes d'Autriche: le banquier Habsbourg devenu prêtre », cath.ch,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Jean-Marie Guénois, « L'Église de France reconnaît des dérives sectaires en son sein », Le Figaro, (consulté le )
  10. « Appel de Lourdes 2013 : nous avons été entendus ! », sur lenversdudecor.org, (consulté le )
  11. a b c et d Bernard Hallet, « Eucharistein: Cyrille Jacquot annonce une «profonde restructuration» », Cath.ch,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Dominique Auzenet, « Nicolas Buttet, Eucharistein, questions et réflexions », sur Pastorale Nouvelles Croyances et Dérives Sectaires 72, (consulté le )
  13. Jean-Loup Adénor et Timothée de Rauglaudre, Le nouveau péril sectaire, Robert Lafont, , 333 p. (ISBN 978-2-221-25532-2 et 2-221-25532-1, OCLC 1293218777, lire en ligne)
  14. Mikael Corre et Loup Besmond de Senneville, « Diocèse de Fréjus-Toulon, des dérives locales à la sanction romaine », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. Benoît Fauchet, « La communauté Eucharistein annonce de « gros travaux de restructuration » », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  16. Marie Parvex, « Abus au sein d’Eucharistein – Graves dysfonctionnements dans une communauté catholique » Accès payant, sur 24 heures, (consulté le )
  17. Bernard Hallet, « Eucharistein: vœux définitif reportés », cath.ch,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. Matthieu Lasserre, « Le diocèse de Fréjus-Toulon suspendu au sort de Mgr Dominique Rey », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. Bernard Gallet, « Le P. Nicolas Buttet quitte définitivement la Fraternité Eucharistein », Cath.ch,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. Bernard Hallet, « Eucharistein: «Nous voulons changer la culture communautaire» », Cath.ch,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. « Nos maison », sur Fraternité Eucharistein (consulté le )
  22. « La fraternité Eucharistein est arrivée dans le diocèse d'Annecy », Famille chrétienne,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. a et b « Fraternité Eucharistein », Diocèse d'Annecy (version du sur Internet Archive)
  24. a et b « La fraternité Eucharistein à Château Rima », Diocèse de Toulon, (consulté le ).
  25. « 30 nov. - 2 déc. rencontre St-Nicolas et Dorothée de Flüe », Renouveau charismatique suisse, (consulté le )
  26. « Pensez à l’université d’été Ecophilos! », Entreprise et progrès, (consulté le )
  27. « La fondation Ecophilos traite le thème de la peur dans l'entreprise », Audinet Tunisie, (consulté le )
  28. Guilhem Dargnies, « Écophilos : comment sortir de la crise ? », Famille chrétienne, no 1904,‎ 12 au 18 juillet 2014, p. 19-20 (lire en ligne)
  29. « La fraternité Eucharistein à Château Rima », Diocèse de Toulon, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]