Féminisme au Japon — Wikipédia

Réunion de militantes japonaises pour le droit de vote des femmes (Tokyo, avant 1940).

Le féminisme au Japon est un mouvement qui est apparu à la fin du XIXe siècle, et s'est surtout développé au XXe siècle, obtenant le droit de vote et l'inscription de l'égalité entre les sexes dans la nouvelle constitution en 1946.

Situation des femmes avant l'ère Meiji[modifier | modifier le code]

Jusqu'au XIVe siècle, les femmes sont relativement libres et bien éduquées. Elles conservent les biens qu'elles possèdaient avant leur mariage et, si elles deviennent veuves, elles exercent le pouvoir dans leur foyer. Peu à peu cependant, leurs droits sont limités et leur place dans la société se réduit pour qu'elles ne soient plus que des épouses et des mères sous la domination de leur époux. L'arrivée au pouvoir de femmes comme Hojo Masako ou Hino Tomiko, qui exercent de fait le rôle de shogun, est exceptionnelle[1].

À partir de l'ère Edo (1603-1868), la philosophie de Confucius, telle qu'elle est interprétée par des auteurs japonais comme Kaibara Ekiken qui font partie d'une école néo-confucéenne, domine la pensée japonaise et conduit à percevoir les femmes comme des êtres naturellement inférieurs[2]. Avant le XIXe siècle, la tradition veut que les femmes japonaises obéissent à un homme : un père, un mari ou un fils[3].

Histoire du féminisme au Japon[modifier | modifier le code]

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Si des mouvements pour les droits des femmes sont attestés au Japon dès l'Antiquité[4], le féminisme moderne y apparaît à la fin du XIXe siècle. Certains observateurs pensent qu'il est issu de la pensée occidentale introduite au Japon après la restauration Meiji en 1868, mais d'autres soutiennent qu'il serait tout autant le fruit de l'évolution de la pensée autochtone[4]. Le féminisme japonais se distingue du féminisme occidental par le fait qu'il est moins attaché à l'autonomie individuelle[5].

Quoi qu'il en soit, après que la restauration Meiji a aboli le système féodal, le statut des femmes se transforme[3] : le trafic des femmes est restreint, elles obtiennent le droit de demander le divorce et les filles celui de recevoir une éducation élémentaire[3].

Début du XXe siècle[modifier | modifier le code]

Ichikawa Fusae vers 1920.

En 1919, Raichō Hiratsuka, Fusae Ichikawa, Oku Mumeo et d'autres militantes fondent l'Association de la femme nouvelle (Shin Fujin Kyōkai), qui revendique des droits et protections au nom des femmes considérées comme classe sociale[6]. Ce groupe se concentre sur deux revendications précises et lance deux pétitions correspondantes en janvier 1920. La première réclame la révision d'une loi qui interdit aux femmes toute activité politique, participation à des événements ou adhésion à un parti ; la deuxième concerne la prévention des maladies vénériennes et demande que les futurs maris soient examinés, et que le divorce soit autorisé en cas d'adultère, avec compensation des dépenses de santé[7]. Aucune des deux pétitions n'est examinée par la Diète, mais en 1922, les femmes sont autorisées à assister aux réunions politiques, sans toutefois obtenir le droit de rejoindre des partis ou de voter[8].

La Société de la vague rouge (Sekirankai), créée en avril 1921 à l'initiative de militantes anarchistes avec Yamakawa Kikue, est la première organisation de femmes socialiste. Son manifeste, qui condamne le capitalisme, arguant qu'il fait des femmes « des esclaves et des prostituées »[9], est écrit et imprimé pour être distribué pendant la manifestation du Premier mai 1921, à laquelle les militantes s'organisent pour participer. Toutes les femmes qui participent à cette manifestation sont arrêtées par la police[10]. La Sekirankai s'engage dans une polémique avec la Shin Fujin Kyōkai, dont elle critique le manque de considération pour la classe ouvrière et l'absence de perspectives révolutionnaires. Fin 1921, la Sekirankai s'auto-dissout huit mois après sa création, sous une double pression gouvernementale et médiatique.

Yamakawa Kikue (1890-1980), écrivain japonaise.

Des groupes sont parfois dissous ou interdits par le gouvernement, mais d'autres se reforment et les militantes continuent à formuler leurs revendications. Certaines demandent des droits politiques, d'autres se concentrent sur la prostitution ; les épouses font campagne pour améliorer leur condition domestique. Après le séisme du Kantō en 1923, de nombreuses femmes s'engagent dans l'effort humanitaire. Des militantes socialistes, des chrétiennes et des femmes au foyer s'organisent pour aider aux secours nécessaires[11]. Le 28 septembre 1923, 100 dirigeantes de 43 organisations se rassemblent ainsi pour former la Fédération des organisations de femmes de Tokyo (Tokyo Rengo Funjinkai), qui devient dans les années suivantes une des plus grandes organisations de femmes et accueille, à la suite d'un meeting en novembre 1924, une section dédiée au droit de vote des femmes (Fusen Kakutoku Domei)[12]. Cette section publie un manifeste qui déclare que les femmes ont « la responsabilité de détruire les coutumes qui existent dans ce pays depuis 2 500 ans et de construire un nouveau Japon qui favorise les droits naturels des hommes et des femmes »[13].

En février 1925, la Diète légifère sur le suffrage universel masculin. Un mois plus tard, elle examine le suffrage féminin, entre d'autres propositions défendues par les organisations féministes, qui sont toutes rejetées. Par la suite, l'invasion de la Mandchourie en 1931 et la marche du Japon vers la Seconde Guerre mondiale engendrent une intensification de la propagande gouvernementale, de la censure et de la répression[14]. Dans ce contexte, certaines féministes se concentrent sur la protection des travailleurs, les droits des mères célibataires et d'autres revendications de réformes sociales[15]. En parallèle, de plus en plus de groupes féministes et d'organisations militantes de gauche, qui avaient été en radicale opposition au gouvernement, adoptent progressivement ses vues nationalistes et expansionnistes. La répression joue un rôle certain dans cette évolution : une militante comme Yamakawa Kikue, qui reste fidèle à ses idées, se voit systématiquement censurée tandis que son mari Hitoshi Yamakawa, un autre militant important, est jeté en prison en 1937 lorsque le gouvernement tente de faire taire toute opposition au déclenchement de la guerre sino-japonaise.

Après la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Matsutani Tenkoko, une des premières femmes député au Japon.

D'importantes réformes ayant trait à la condition des femmes japonaises ont lieu après la Seconde Guerre mondiale. Après la défaite de l'empire du Japon en 1945, les forces d'occupation militaire dirigées par le général Douglas MacArthur imposent la rédaction d'une nouvelle constitution. Sous la pression américaine, les femmes obtiennent alors le droit de vote, et l'égalité entre les sexes est inscrite dans la constitution de 1947[16] ; cette dernière mesure est une première mondiale[17]. Trente-neuf femmes sont élues députées, parmi lesquelles Kiyoko Miki et Tenkoko Sonoda.

En 1970, dans le cadre du mouvement contre la guerre du Vietnam, de l'émergence d'une Nouvelle gauche et d'un mouvement étudiant radical, apparaît l'équivalent japonais de la deuxième vague féministe ailleurs dans le monde, sous le nom ūman ribu (« woman lib »). Ce renouveau a lieu en même temps que les mouvements féministes radicaux américains, ainsi que dans d'autres pays, ce qui participe à amplifier le militantisme féministe des années 1970 et des décennies suivantes. Les militantes, Mitsu Tanaka en tête, proposent une critique globale du Japon moderne dominé par les hommes, et réclament un changement en profondeur du système économique, politique et culturel. Leur insistance sur la libération des sexes (sei no kaihō) les distingue des anciens mouvements[18] ; elles ne visent pas seulement l'égalité homme-femme, mais aussi la libération des hommes de l'oppression d'un système patriarcal et capitaliste.

La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, adoptée par l'ONU en 1979, est ratifiée par le gouvernement japonais en 1985[19]. Malgré ces changements, le Japon reçoit des mauvaises notes dans le Guide mondial des droits de l'Homme[20] jusqu'en 1986, concernant le statut de la femme. Encore aujourd'hui, c'est l'un des pays industrialisés dans le monde où les inégalités entre femmes et hommes sont les plus grandes, d'après un rapport du forum de Davos[21].

XXIe siècle[modifier | modifier le code]

Voiture de métro réservée aux femmes (2012).

En 2018, l'école de médecine la mieux classée du pays reconnaît avoir manipulé ses examens d'entrée afin que les étudiantes soient moins nombreuses à intégrer l'établissement, estimant qu'il s'agissait d'« un mal nécessaire » puisque parvenues à des postes élevés dans la hiérarchie, les femmes démissionneraient « inévitablement » une fois devenues mères[22].

Début 2019, Ishikawa Yumi crée le mouvement KuToo, afin de s'opposer au port obligatoire des talons pour les femmes dans le monde du travail. En réaction, le ministre du Travail et de la Santé Takumi Nemoto déclare qu'il s'agit d'une norme vestimentaire « nécessaire et appropriée »[22].

En 2020, le Japon ne compte que 10 % de femmes parlementaires. L'année précédente, le pays était classé 121e sur 153 en matière d’égalité hommes-femmes[23] par le Forum économique mondial, perdant onze place par rapport au classement 2018. Patriarcale, la société japonaise tolère avec difficulté le féminisme. Dans la langue japonaise, le terme est même associé aux sentiments de haine et d'hystérie[22].

Deux Japonaises figurent dans le classement des 100 personnalités les plus influentes de l'année 2020 du magazine américain Time : la tenniswoman Naomi Osaka, soutien du mouvement Black Lives Matter, et la journaliste Shiori Itō, engagée contre les violences sexuelles[23].

Monde professionnel[modifier | modifier le code]

En 1985, le taux d'activité des femmes n'est que de 53 %. En 1987, la loi sur l'égalité des sexes participe à faire augmenter ce nombre, mais qui atteint seulement 64 % en 2015, contre 84 % pour les hommes. En 1989, a lieu le premier procès pour harcèlement sexuel au travail[24].

En 2017, le taux d'emploi des femmes japonaises de plus de 65 ans est, à 33 % le plus élevé des pays de l'OCDE, soit 780 000 de plus qu'en 2012. Mais leur situation n'est pas égale à celle des hommes, le Forum économique mondial classant le Japon au 118e rang sur 144 pays en termes d'égalité de genre. Selon l'ONG Catalyst, les femmes occupent seulement 9 % des postes à responsabilité et sont soumises à des conditions de travail plus compliquées, liées au surmenage car elles doivent souvent choisir entre s'occuper du foyer et un travail, voire cumuler les deux, avec souvent des emplois précaires subalternes (notamment liés aux réformes Abenomics)[25].

Ainsi, 60 % des Japonaises arrêtent de travailler à la naissance de leur premier enfant (chiffres de 2015). Si le congé maternité existe, il est employé par seulement 17 % des salariées. Dans la mentalité japonaise, une mère de famille qui travaille est mal considérée, comme celles qui font usage de ces congés, leur hiérarchie masculine faisant pression contre. Le manque de perspectives professionnelles, de capacité au retour à l'emploi après un arrêt, de places en crèches ou encore les traditions qui obligent les femmes à s'occuper de leurs parents âgés participent également de ce décrochage. Sur les 60 % d'actives, 44,2 % possèdent un emploi stable et à temps plein, contre 67,9 % en 1985, tandis que les femmes occupant des emplois à temps partiel est passé, pour les mêmes dates, de 28,5 % à 43,9 %. Le Premier ministre Shinzo Abe fait adopter en une « Déclaration d'action pour une société où les femmes brillent » et lance les « Womenomics » (avec pour objectif 30 % de femmes parmi les postes de direction à l'horizon 2020). En , il crée un conseil pour la promotion de l’emploi des femmes. Ces mesures sont cependant loin d'être suffisantes, comme en témoigne l'échec d'un programme de 2014 à destination des entreprises de plus de 300 salariés, où une compensation financière était versée en échange de la promotion d'une salariée au rang de cadre : aucune n'y a souscrit. Depuis 2014, les deux parents peuvent bénéficier du congé maternité, dont l'allocation est augmentée ; cependant, seuls 2,3 % des pères l'ont sollicité. À destination du même type d'entreprises, un plan d'action est lancé en 2015. pour que celles qui présentent un programme d'actions en faveur des femmes soient valorisées dans un classement. Vingt-sept chefs de grandes entreprises lancent en parallèle une initiative visant à promouvoir leurs actions internes pour les femmes (réduction du temps de travail, formations, etc.)[24].

Les Japonaises restent cependant souvent mal payées, reléguées à des emplois inférieurs et sont l'objet de harcèlement (environ 21 000 cas en 2013, deux fois plus qu'en 2002, même si l'ONG Matahara Net estime qu'une salariée sur quatre en serait victime, à cause d'une grossesse ou de la présence d'un jeune enfant). En conséquence, le taux de mariage des Japonaises chute (10 dans les années 1970, 5,3  dans les années 2010), ce qui entraîne une baisse de la natalité (respectivement 2,2 % à la première date et 1,42 à la seconde), alors que les naissances hors mariage restent rares[24].

En 2020, tirant le bilan des Abenomics, l'économiste Valérie Plagnol estime que la « la participation des femmes au travail a progressé, mais de façon marginale »[26]. Il est vrai que cet indicateur n'a jamais été aussi haut, 67 % des femmes en 2019[22]. Mais elles occupent toujours en majorité des emplois précaires et mal payés et l'objectif d'avoir 30 % de femmes à des postes à responsabilités a été reporté de 2020 à 2030[23]. Elles doivent par ailleurs subir une pression sociale insidieuse (environ 70 % des Japonaises arrêtent de travailler après la naissance de leur premier enfant, confrontées à l'hostilité de leurs collègues). Depuis 2017 toutefois, le « harcèlement maternel » est puni par la loi[22].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Helen Tierney, Women's Studies Encyclopedia, vol. 2, Westport, Greenwood Press, , 1176 p. (ISBN 0-313-29620-0, lire en ligne), p. 781.
  2. (en) Kenneth Henshall, Historical Dictionary of Japan to 1945, Lanham, Scarecrow Press, , 328 p. (ISBN 978-0-8108-7872-3, lire en ligne), p. 72.
  3. a b et c (en) Yuji Iwasawa, International Law, Human Rights, and Japanese Law, Page 205.
  4. a et b (en) Barbara Molony, Women’s Rights, Feminism, and Suffrage in Japan, 1870-1925, The Pacific Historical Review, vol. 69, no 4, Woman Suffrage: The View from the Pacific, novembre 2000, p. 640.
  5. (en) Sandra Buckley, Broken Silences: Voices of Japanese Feminism, University of California Press, 1997, p. 63.
  6. (en) Barbara Molony, Women’s Rights, Feminism, and Suffrage in Japan, 1870-1925, The Pacific Historical Review, vol. 69, no 4, Woman Suffrage: The View from the Pacific, novembre 2000, p. 645.
  7. (en) Barbara Molony, Women’s Rights, Feminism, and Suffrage in Japan, 1870-1925, The Pacific Historical Review, vol. 69, no 4, Woman Suffrage: The View from the Pacific, novembre 2000, p. 647.
  8. (en) Conrad Totman, A History of Japan, Wiley-Blackwell, , 720 p. (ISBN 978-1-4051-2359-4).
  9. Elyssa Faison, Julia C. Bullock (dir.), Ayako Kano (dir.) et James Welker (dir.), Women’s Rights as Proletarian Rights:: Yamakawa Kikue, Suffrage, and the “Dawn of Liberation”, University of Hawai'i Press, , 15–33 p. (ISBN 978-0-8248-6669-3, lire en ligne).
  10. (en) Vera Mackie, « Socialist women and the state in Taishō and early Shōwa Japan », Japanese Studies,‎ (DOI 10.1080/10371399408727568, lire en ligne).
  11. (en) Vera Mackie, Creating Socialist Women in Japan: Gender, Labour and Activism, 1900-1937, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-52325-7, lire en ligne).
  12. (en) Barbara Molony, Women’s Rights, Feminism, and Suffrage in Japan, 1870-1925, The Pacific Historical Review, vol. 69, no 4, Woman Suffrage: The View from the Pacific, novembre 2000, p. 656.
  13. Penny A. Weiss et Megan Brueske, Feminist Manifestos: A Global Documentary Reader, NYU Press, , 170– (ISBN 978-1-4798-3730-4, lire en ligne).
  14. Ayala Klemperer-Markham et Ofra Goldstein-Gidoni, « Socialist Egalitarian Feminism in Early Postwar Japan: Yamakawa Kikue and the « Democratization of Japan » », U.S.-Japan Women's Journal, no 42,‎ , p. 3–30 (ISSN 2330-5037, lire en ligne).
  15. (en) Barbara Molony, Women’s Rights, Feminism, and Suffrage in Japan, 1870-1925, The Pacific Historical Review, vol. 69, no 4, Woman Suffrage: The View from the Pacific, novembre 2000, p. 661.
  16. (en) Yuji Iwasawa, International Law, Human Rights, and Japanese Law, p. 205-206.
  17. John W. Dower, interviewé par Gene Tempest, « Le "shogounat MacArthur" », L'Histoire no 413-414, août 2015, p. 111-115.
  18. (en) Setsu Shigematsu, « Scream from the Shadows: The Women's Liberation Movement in Japan », Minnesota: The University of Minnesota Press,‎ (lire en ligne).
  19. (en) Yuji Iwasawa, International Law, Human Rights, and Japanese Law, p. 206.
  20. (en) Yuji Iwasawa, International Law, Human Rights, and Japanese Law, p. 234.
  21. (en) « Global Gender Gap Report 2020 », sur World Economic Forum (consulté le ).
  22. a b c d et e Salomé Grouard, « Au Japon, la stigmatisation des féministes », sur Slate.fr, (consulté le ).
  23. a b et c Philippe Mesmer, « Le Japon, "une démocratie sans femme" », sur Le Monde, (consulté le ).
  24. a b et c Johann Fleuri, « Emploi ou enfant, le dilemme nippon », article paru initialement en octobre 2015 sous le titre « Les Japonaises indésirables au travail », Manière de voir no 150, décembre 2016-janvier 2017, p. 64-64.
  25. Régis Arnaud, « Les Japonaises investissent l'emploi », Le Figaro, encart « Économie », , p. 22.
  26. Fabrice Nodé-Langlois, « Les espoirs déçus des "Abenomics" qui devaient réveiller la croissance », Le Figaro,‎ , p. 8 (lire en ligne).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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