Famille Camondo — Wikipédia

Famille de Camondo
Image illustrative de l’article Famille Camondo
Blason de la famille de Camondo

Blasonnement Parti, au 1 de gueules à six besants d'or posés 3, 2, et 1, au 2 de sinople à une foi d'argent, vêtue de gueules ; au chef d'argent, chargé d'une fleur de lys d'azur, accostée de deux molettes d'éperon de gueules
Devise Fides et Charitas
Pays ou province d’origine Italie, Empire Ottoman
Charges Banquier, Diplomate, Philanthrope

La famille Camondo est une famille juive originaire d'Espagne, passée par Constantinople, l'Italie, puis Paris. Plusieurs membres de cette famille ont été aussi des collectionneurs, ayant légué leurs collections à l'État français. Les derniers membres de la famille des banquiers Camondo s'éteint au XXe siècle, victime de la Shoah en France.

Histoire[modifier | modifier le code]

Escaliers Camondo, de style art-nouveau, à Istanbul (Turquie)

Chassée d'Espagne en 1492[1],[2], la famille Camondo s'installe alors à Venise[1]. Puis au XVIIIe siècle, c'est à Constantinople que Abraham Salomon Camondo (en) exerce un rôle de banquier au sein de l'Empire ottoman. Abraham Salomon Camondo et son fils Raphaël Salomon Camondo fondent et développent un réseau bancaire[3].

À la fin du Second Empire, les deux petits-fils d'Abraham Salomon Camondo, Abraham Behor de Camondo (tr) et Nissim de Camondo (tr), décident d'ouvrir une succursale en France, à Paris, où ils se font construire deux hôtels particuliers sur deux parcelles voisines aux 61 et 63 rue de Monceau. Ils considèrent que l'évolution du monde économique va se jouer en Europe, à Berlin, Londres ou Paris, et s'installent dans cette dernière ville, après être passés par l'Italie et y avoir aidé les partisans de l'unité italienne[3]. En 1867, Abraham Salomon Camondo reçoit le titre de comte héréditaire par Victor Emmanuel II, roi d'Italie, en remerciement de son aide[3]. Nissim recevra lui aussi le même titre en 1870[4]. Les deux frères très proches meurent la même année, en 1889, à Paris ; ils laissent chacun un fils.

Leurs fils, les cousins Isaac et Moïse de Camondo, vont gérer leur fortune mais ne sont pas très intéressés par les activités de banquier. Ils sont en revanche, dans le respect de la tradition familiale, de grands collectionneurs et amateurs d'art. Isaac, fin compositeur, effectue des dons successifs puis lègue à sa mort en 1911 ses collections de peinture moderne comprenant notamment quatorze Monet, cinq Cézanne et douze Degas au musée du Louvre (depuis 1986, et l'ouverture du musée d'Orsay, elles sont accrochées dans ce musée), mais le musée du Louvre refuse qu'il siège à sa commission d'achats car il est étranger[3]. Moïse, un des plus grands amateurs de mobilier et d'arts décoratifs français du XVIIIe siècle de la fin du XIXe siècle[5], a constitué une collection remarquable[3] et fondé le musée Nissim-de-Camondo à Paris en mémoire de son fils mort au combat en 1917 à l'âge de 25 ans[6]. Il lègue à l'État les biens qui auraient dû revenir à celui-ci, soit l'hôtel particulier du 63 rue de Monceau et ses collections. Il lègue ces biens à la condition que le musée porte le nom de son fils Nissim et honore sa mémoire en ne déplaçant pas les photographies qui y sont installées ; ces conditions sont respectées.

La fille de Moïse (et sœur de Nissim) est déportée pendant la Seconde Guerre mondiale avec son mari et ses deux enfants. Ils disparaissent, assassinés à Auschwitz en 1944[6],[7].

Cette famille de banquiers est aujourd'hui éteinte, les deux fils naturels - non reconnus - d'Isaac étant morts en 1978 et 1980, ainsi que les descendants de Moïse de Camondo. Cependant, il y a plusieurs descendants de la partie d' Isaac Camondo, frère aîné d' Abraham Salomon et fondateur de la banque.

Postérité[modifier | modifier le code]

L'exposition « La Splendeur des Camondo : de Constantinople à Paris, 1806-1945 », visible au musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme à Paris de à est le premier hommage public rendu à ces mécènes de l'État[3],[8].

Plusieurs ouvrages ont été consacrés à l'histoire de cette famille, dont, publié en 1997, Le dernier des Camondo, par Pierre Assouline, chez Gallimard[7], Les Camondo ou l'éclipse d'une fortune par Nora Şeni et Sophie Le Tarnec, également en 1997 mais chez Actes Sud, ou encore Lettres à Camondo, par Edmund de Waal (en)[9].

Généalogie[modifier | modifier le code]

  • Isaac Camondo (? - 1831) épouse Fanny Engel. 5 enfants
  • Abraham Salomon Camondo (en)' (1781-1873) épouse Clara Lévy (1791-1866)[10].
    • Raphaël Salomon Camondo (tr) (1810-1866), banquier épouse Esther Fanny Fua (1814-1880).
      • Abraham Behor de Camondo (tr) (1829-1889), banquier épouse (1847) Regina Baruch (1833-1905).
        • Clarisse de Camondo (1848-1917) épouse (1867) : Léon Alfassa (1849-1920), banquier.
          • Rachel Alfassa (1869-1889).
          • Albert Alfassa (1871-1893).
          • Georges Alfassa (1872-1919).
          • Alice Alfassa (1874-1926).
          • Maurice Alfassa (1877-1926).
          • Marguerite Alfassa (1880-1961).
        • Isaac de Camondo (1851-1911), banquier, collectionneur avec Lucie Bertrand (n. en 1866), artiste lyrique.
          • Jean Bertrand (1902-1980), romancier (non reconnu).
          • Paul Bertrand (1903-1978), artiste dramatique (non reconnu).
      • Nissim de Camondo (tr) (1830-1889), banquier, épouse (1855) Élise Fernandez (1840-1910).
      • Rebecca Camondo (1833-1863) épouse (1850) Michel Halfon (1829-1890), banquier.
        • Regina Halfon (1851-1922) épouse (1870) : Isaac Hillel-Manoach (1848-1881).
          • Manolo Hillel-Manoach.
            • Jacques Hillel-Manoach (1919-2014), médecin, épouse Jeanne Simoni (1921-2002), avocate.
              • Olivier Hillel-Manoach (1948), avocat, épouse Isabelle Coyaud (1948), commissaire aux comptes.
                • Sébastien Hillel-Manoach (1976) épouse Guillemette Jourdain (1988).
                • Clémence Hillel-Manoach (1978).
              • Stéphane Hillel-Manoach (1955), comédien.
          • Robert Hillel-Manoach (1875-1935).
          • Irène Hillel-Manoach (1878-1920) épouse Camille Erlanger (1863-1919), compositeur.
        • Salomon Halfon (1854-1923) épouse (1879) : Alice Rodrigues-Pereire (1859-1931).
          • Nadine Halfon (1885-1928) épouse Pedro Heeren.
        • Hortense Halfon (1858-1932) épouse (1877) : David Alexandre Ellissen (1842-1891), banquier.
          • Sophie Ellissen (1878-1965) épouse Max Lazard (1875-1953).
          • Germaine Ellissen (1882-1943) épouse Louis Helbronner (1876-1914), avocat.
        • Esther Halfon (1859-1941) épouse Moïse Halfon (1851-1923).
          • Robert Halfon (1881-1961).
          • André Halfon (1887-1917).
          • Irène Halfon (1893-1972) (1916) Robert Anspach (1893-1971).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Audrey Lévy, « "Le dernier des Camondo" : sur les traces des trésors d'une famille historique », Marianne,‎ (lire en ligne)
  2. Annick Colonna-Césari, « La tragédie des Camondo », L'Express,‎ (lire en ligne)
  3. a b c d e et f Philippe Dagen, « Splendeur et tragédie des Camondo », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  4. (it) Marchese Vittorio Spreti, Enciclopedia storico-nobiliare italiana: famiglie nobili e titolate viventi riconosciute del R. Governo d'Italia, compresi: città, comunità, mense vescovile, abazie, parrocchie ed enti nobili e titolati riconosciuti, 6 volumi, 1928-32, t. 2, Milan, Arnaldo Forni Editore (lire en ligne), p. 256
  5. « Site du musée des arts décoratifs », sur madparis.fr (consulté le )
  6. a et b Philippe Dagen, « Le destin des Camondo », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  7. a et b Étienne de Montety, « Le dernier des Camondo, de Pierre Assouline : des personnages pour Proust », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  8. Sylvie Legrand-Rossi, « Nissim de Camondo », La Gazette de l'Hôtel Drouot,‎ , p. 372-373
  9. Virginie Bloch-Lainé, « La saga des Camondo, en toutes lettres », Libération,‎ (lire en ligne)
  10. Pierre Assouline, Le Dernier des Camondo, Folio, 1999.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Edmund de Waal (en), Lettres à Camondo, Musée des Arts décoratifs, 2001 ;
  • Pierre Assouline, Le Dernier des Camondo (Gallimard, 1997) ;
  • Nora Şeni et Sophie Le Tarnec, Les Camondo ou l'éclipse d'une fortune, (Actes Sud, 1997) ;
  • Myriam Boutoulle, Les Camondo, Rothschild de l'Orient (Connaissance des Arts, no 676, , p. 84 à 89), à propos de l'exposition de -.
  • Nine Moati, Hannah et les derniers Ottomans (Ramsay, 2006); roman.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]