Fatima Ouassak — Wikipédia

Fatima Ouassak
Fatima Ouassak en 2019.
Biographie
Naissance
Nationalités
Domiciles
Formation
Activités
Autres informations
Membre de
Mouvements
Blog officiel

Fatima Ouassak, née en dans la région du Rif (Maroc), est une essayiste, conférencière, consultante en politiques publiques, et militante écologiste, féministe et antiraciste française, d'origine marocaine. Elle est cofondatrice du collectif Front de mères, syndicat de parents dans les quartiers populaires. Son livre La puissance des mères reçoit le prix du public de l'essai féministe en 2021.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines, études et vie privée[modifier | modifier le code]

Fatima Ouassak naît dans la région du Rif, au nord du Maroc. En , à l'âge d'un an, elle quitte le Maroc avec sa famille, pour rejoindre son père en France[1]. Elle grandit à Lille-Sud et étudie à l'Institut d'études politiques de Lille ; elle devient autrice et militante[2],[3].

Mère de deux enfants, elle réside à Bagnolet, dans le département de Seine-Saint-Denis[4].

Militantisme[modifier | modifier le code]

Front des mères[modifier | modifier le code]

En , Fatima Ouassak fonde le syndicat Front de mères[5],[6],[7],[8],[9],[10],[11] avec la blogueuse Diariatou Kebe[8]. Elle en est porte-parole, avec Goundo Diawara.

Aux origines de ce projet, le collectif Ensemble pour les Enfants de Bagnolet (EEB), également créé à l’initiative de Fatima Ouassak, habitante de la commune, aux côtés de six autres mères qui se joignent à elle, dans le but de promouvoir une cantine végétarienne à l’école[12]. Militante écologiste préoccupée par les enjeux liés à l'alimentation, aux risques industriels et à la pollution de l'air, elle mène, avec cette association dont elle est la présidente, une lutte pour obtenir une alternative végétarienne dans les cantines, qui conduit à sa mise en place dans la ville de Bagnolet[13],[14],[15],[16].

En tant que porte-parole de Front de mères, elle est à l'initiative, avec Alternatiba, de la création du premier lieu consacré à l'écologie populaire, Verdragon, maison de l'écologie populaire[17], ouvert en janvier 2021 et officiellement inauguré le , situé à la limite entre Bagnolet et Montreuil en Seine-Saint-Denis, en face du parc des Guilands, dans le quartier populaire de La Noue. Dans cet espace sont menés des projets et des actions en lien avec l'alimentation, les risques industriels, la pollution de l'air, la parentalité, la maternité, la lutte contre les violences sexuelles.

Réseau Classe/Genre/Race[modifier | modifier le code]

Elle est également présidente de l'organisation féministe Réseau Classe/Genre/Race, créée sur la base d'un livret rédigé par ses soins et publié par l'Ifar en , intitulé Discriminations Classe/Genre/Race, repères pour comprendre et agir contre les discriminations que subissent les femmes issues de l'immigration post-coloniale. Trois mille exemplaires de ce livret sont distribués gratuitement aux travailleurs sociaux, militants, universitaires et acteurs institutionnels, notamment à l'occasion d'une série de conférences et formations proposées par Fatima Ouassak dans les villes de Lille, Paris, Marseille, Bordeaux et Lyon[2],[5],[7],[18].

Conseil national de la Nouvelle Résistance (CNNR)[modifier | modifier le code]

Elle est membre du Conseil national de la nouvelle résistance (CNNR), fondé en , par Denis Robert, Gilles Perret et Gérard Mordillat.

Tribunes[modifier | modifier le code]

En avril 2022, elle co-signe l'appel du journal Elle intitulé « Marine Le Pen à l’Élysée ? Pour nous, c’est non ! »[19].

Œuvres[modifier | modifier le code]

La Puissance des mères[modifier | modifier le code]

En , elle publie son premier essai aux éditions La Découverte, intitulé La Puissance des mères, pour un nouveau sujet révolutionnaire[20],[21],[22],[23],[24],[25],[26]. L'ouvrage obtient le prix de l'essai féministe[27] du magazine Causette le .

Contributions[modifier | modifier le code]

Elle contribue également à des ouvrages collectifs qui appellent à la convergence des luttes : en tant que membre du Conseil national de la nouvelle résistance, dans l'ouvrage Résistons ensemble. Plaidoyer pour des jours heureux ; en tant qu'écoféministe, dans le recueil Après la pluie. Horizons écoféministes ; en tant que féministe, dans le recueil de récits Féminismes dans le monde, 23 récits d'une révolution planétaire. Dans L’Écologie du XXIe siècle, dirigé par Hervé Kempf, elle fait partie de « Celles et ceux qui vont changer le monde », aux côtés de Corinne Morel Darleux, Pablo Servigne, Jon Palais ou encore Claire Nouvian.

Aux côtés de quatorze autres féministes[28], elle contribue à l'ouvrage Sororité dirigé par Chloé Delaume, publié en . Son texte porte sur l'un de ses sujets de prédilection, la lutte des mères contre la pédocriminalité. C'est le sujet également de l'entrée qu'elle a rédigée dans l'ouvrage Feu, abécédaire des féminismes présents[29] dirigé par la philosophe Elsa Dorlin publié en octobre 2021, puisqu'elle y traite des « mères ».

Pour une écologie pirate[modifier | modifier le code]

En mars 2023, elle publie Pour une écologie pirate : Et nous serons libres[30],[31]. Dans cet ouvrage, elle s’interroge sur l’élargissement nécessaire d’un front social écologiste et invite à repenser la place des habitants des quartiers populaires dans ces luttes. Elle propose de remettre au centre du jeu politique des modes de domination peu interrogés, ou invisibilisés, dans le champ écologiste. Quand les mouvements majoritaires prônent une écologie « de masse et citoyenne », « universelle et inclusive », l’autrice interroge les rapports de pouvoir entre races, entre État français et descendants de l’immigration postcoloniale[32].

Critiques[modifier | modifier le code]

Des organes de presse critiquent ses actions et engagements et la qualifient d'« indigéniste »[33],[34],[8],[35],[36]. Elle objecte que c'est un « terme d'extrême-droite », fréquemment employé « pour disqualifier et diaboliser le discours antiraciste ou émanant des quartiers populaires ». Toutefois, le qualificatif « indigéniste » est « pertinent » en l'occurrence, estime la philosophe Marylin Maeso. Celle-ci ajoute que le manifeste du Front des mères est « un pamphlet aux relents complotistes » car ce texte prétend que l'institution scolaire est « intrinsèquement raciste » au motif que le non-remplacement et le manque de formation des enseignants « dans les lycées à forte mixité sociale » dévoileraient une stratégie délibérée à l'encontre des enfants d'immigrés[8].

Fatima Ouassak a été, pendant un temps, proche du parti des Indigènes de la République[37],[8],[2] avant de le quitter en 2012, trouvant ses membres « trop théoriques », d'après un Bagnoletais cité par Marianne[33]. Selon Le Figaro, elle serait connue pour ses positions hostiles aux institutions républicaines : « C’est une communautariste qui avance déguisée. Elle prétend, par exemple, vouloir le bien des enfants en militant pour l'alternative végétarienne dans les cantines scolaires, mais en réalité elle veut répondre à des revendications religieuses de la population musulmane[38]. » En outre, selon Marianne, elle décrit « la société française comme une société "préfasciste" dans laquelle "les enfants racisés sont aliénés, victimes de violences psychiques"[39]. »

Publications[modifier | modifier le code]

Participations[modifier | modifier le code]

  • « Être écologiste, c'est fondamentalement être anticapitaliste », dans Hervé Kempf, L'Écologie au XXIe siècle, Reporterre & Le Seuil, , 224 p. (EAN 9782021443264)
  • « Pour une politique intersectionnelle en France : du réseau Classe/Genre/Race au Front de mères », dans Pauline Delage et Fanny Gallot, Féminismes dans le monde, Éditions Textuel,
  • « Des dragons à la reconquête du territoire », dans Solène Ducrétot et Alice Jehan, Après la pluie, Tana, , 224 p. (ISBN 979-1030103489)
  • « Luttons contre les violences policières, défendons nos libertés fondamentales », dans Collectif, Résistons ensemble - Plaidoyer pour des jours heureux, Florent Massot, , 264 p. (ISBN 2380352895)
  • « Protégeons nos enfants, ensemble ! », dans Chloé Delaume, Sororité, éditions du Seuil, coll. « Points », , 224 p. (ISBN 978-2757888940)
  • « Mères », dans Elsa Dorlin, Feu ! Abécédaire des féminismes présents, Libertalia, , 734 p. (ISBN 9782377292233)
  • « Résister à la démobilisation », dans Antonio Delfini, Julien Talpin, Janoé Vulbeau, Démobiliser les quartiers - Enquêtes sur les pratiques de gouvernement en milieu populaire, Presses universitaires du Septentrion, 21 octobre 2021, 284 p. (ISBN 978-2-7574-3358-4)
  • « Liberté de circuler, droit de respirer. Pour une écologie populaire », dans Philippe Boursier, Clémence Guimont, Écologies - Le vivant et le social, La Découverte, 12 janvier 2023, 624 p. (ISBN 9782348076886)

Articles[modifier | modifier le code]

  • « Entendez-vous la parole des femmes vivant dans les quartiers populaires ? », Les Cahiers du développement social urbain, vol. 68, no 2,‎ , p. 16-17 (DOI 10.3917/cdsu.068.0016, lire en ligne)
  • « Quartiers populaires, conscientisation écologique et libération », Après-demain, vol. 53 « NF », no 1,‎ , p. 27-28 (DOI 10.3917/apdem.053.0027, lire en ligne)
  • « Femmes des quartiers populaires et Covid-19 : premières réflexions », Les Cahiers du développement social urbain, vol. 72 « Inégalités et Covid-19 : double peine pour les quartiers populaires », no 2,‎ , p. 15-17 (lire en ligne)
  • « Un projet écologiste du point de vue des quartiers populaires », Revue Dard/Dard, vol. 6 « Fin du monde/Fin de mois - La transition avec les milieux populaires », 2021/2, p. 26 à 37[41]
  • « Mères », Revue Ballast, 3 juin 2022[42]
  • « One Piece - Et nous serons libres », Revue Ballast, 17 mars 2023[43]
  • « Les conditions d'émergence d'un projet écologiste depuis les quartiers populaires », Les Cahiers du développement social urbain, vol. 77 « Crise environnementale et sociale : les quartiers populaires relèvent le défi », no 1, 2023, p. 22-23[44]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Fatima Ouassak, politologue : "Les mères ont la possibilité de faire le monde de demain" », sur franceinter.fr (consulté le ).
  2. a b et c Reporterre, « Fatima Ouassak : “Dans les quartiers populaires, l'écologie semble réservée aux classes moyennes et supérieures blanches” », sur Reporterre, le quotidien de l'écologie (consulté le ).
  3. (de) Peter Nowak, « Die Falle der Identitätspolitik », sur heise online (consulté le ).
  4. « Rencontre avec Fatima Ouassak : puissance des mères et stratégie de la victoire », sur Axelle Mag, (consulté le ).
  5. a et b « Fatima Ouassak parle de son ouvrage La Puissance des mères », sur lecourrierdelatlas, (consulté le ).
  6. Ballast, « Fatima Ouassak : “Banlieues et gilets jaunes partagent des questions de vie ou de mort” », sur BALLAST, (consulté le ).
  7. a et b « Fatima Ouassak : "L'Espagne a une culture de mobilisation féministe" », sur equinoxmagazine.fr (consulté le ).
  8. a b c d et e Clément Pétreault, « Quand les thèses “indigénistes” s'invitent à l'école », sur Le Point, (consulté le ).
  9. « "Front de Mères" : pour lutter contre les discriminations dont sont victimes les enfants des quartiers populaires à l'école », sur lecourrierdelatlas, (consulté le ).
  10. « Fatima Ouassak, une mère au front contre les inégalités dans les quartiers populaires », sur LeMuslimPost, (consulté le ).
  11. « Toulouse : la mémoire de l'immigration et les quartiers populaires au cœur du festival Origines Contrôlées », sur France 3 Occitanie (consulté le ).
  12. « Le Front de mères, ce collectif qui veut devenir un syndicat des parents d'élèves dans les quartiers populaires », sur Bondy Blog, (consulté le ).
  13. « Bagnolet : les locataires maintiennent la pression », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  14. Par Le 18 juillet 2017 à 23h43, « Bagnolet : la Capsulerie se rallie au collectif “Plus jamais sans ascenseur” », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  15. « Près de 70 % des écoliers doivent manger de la viande ou du poisson tous les jours à la cantine, déplore Greenpeace », sur Franceinfo, (consulté le ).
  16. Romain Chiron, « Bagnolet : “Je panique dès que j’entends un bruit d’ascenseur” », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  17. « La première maison d'écologie populaire de France est à Bagnolet », sur Bondy Blog, (consulté le ).
  18. « Racisme, homophobie, grossophobie… Après la mort de Naomi Musenga, des associations lancent un questionnaire sur les discriminations dans le monde médical », sur Franceinfo, (consulté le ).
  19. « L’appel de ELLE : Marine Le Pen à l’Élysée ? Pour nous, c’est non ! », sur elle.fr, (consulté le ).
  20. Fatima Ouassak, La puissance des mères : Pour un nouveau sujet révolutionnaire, La Découverte, , 142 p. (ISBN 978-2-348-05949-0, lire en ligne).
  21. « Fatima Ouassak veut rendre visible "la puissance des mères" », sur RTBF Info, (consulté le ).
  22. Laurence Rossignol, « Lutter avec les mères contre “l’effet quartier”, le combat de Fatima Ouassak », sur Télérama, (consulté le ).
  23. « Fatima Ouassak : "Les luttes de la classe populaire finissent toujours par être confisquées" », sur L'Obs (consulté le ).
  24. Irène Ahmadi, « Dans “La puissance des mères”, Fatima Ouassak politise la maternité », sur lesinrocks.com (consulté le ).
  25. « Jean-Pierre Montal, Lucy Maud Montgomery, Fatima Ouassak… Les brèves critiques du Monde des livres », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  26. « "La Puissance des mères" de Fatima Ouassak : pour un nouveau sujet révolutionnaire », sur Toutelaculture, (consulté le ).
  27. a et b « Prix de l'essai féministe 2021 », sur Causette, (consulté le ).
  28. Juliette Armanet, Lauren Bastide, Iris Brey, Estelle-Sarah Bulle, Rébecca Chaillon, Jeanne Cherhal, Alice Coffin, Camille Froidevaux-Metterie, Kiyémis, Lola Lafon, Ovidie, Lydie Salvayre et Maboula Soumahoro.
  29. Voir sur lemonde.fr.
  30. « Pour une « écologie pirate » dans les quartiers populaires », sur vert.eco, (consulté le ).
  31. « Pour une écologie pirate (Essai) : la critique Télérama », sur telerama.fr, (consulté le ).
  32. 29ter, « Écologie pirate et quartiers populaires », sur socialter.fr (consulté le ).
  33. a et b Hadrien Mathoux, « Les participants au stage "non-mixte" de Sud-Éducation 93 seront payés par l’Éducation nationale », sur marianne.net, (consulté le ).
  34. Nadjet Cherigui, « « Blanchité », « racisé », « racisme d'État » : ces concepts qui légitiment le néoracisme », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  35. Jean-Loup Adénor, « À Bagnolet, des habitants s'inquiètent de l'implantation d'une association indigéniste », sur marianne.net, (consulté le ).
  36. Benjamin Sire, « Fatima Ouassak : Danger, mère agitée », Franc-Tireur, no 16,‎ (lire en ligne).
  37. Valérie Toranian, « Ces antiracistes qui prônent le racisme », sur revuedesdeuxmondes.fr, (consulté le ).
  38. Nadjet Cherigui, « "Ils font régner un tel climat de haine" : Bagnolet, ce laboratoire indigéniste aux portes de Paris », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  39. Gaëlle Atlan-Akerman, « Les podcasts "natifs" ne parlent-ils qu'à ceux qu'ils veulent bien entendre ? » Accès payant, sur marianne.net, (consulté le ).
  40. « Pour une écologie pirate - Fatima Ouassak (présentation) », sur editionsladecouverte.fr (consulté le ).
  41. Lire en ligne.
  42. Lire en ligne.
  43. Lire en ligne.
  44. Lire en ligne.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Interviews (vidéo, radio, etc.)[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]