Français de Lorraine — Wikipédia

Le français de Lorraine est une forme de français régional influencée par le lorrain roman et le francique lorrain.

La diction lorraine[modifier | modifier le code]

  • L'accent issu du lorrain roman : Étant donné qu'il existe plusieurs variantes de ce dialecte, l'accent diffère selon les zones géographiques. Par exemple, un Vosgien prononce certains /o/ du français standard comme sa variante ouverte [ɔ].
  • L'accent issu du francique lorrain : Celui-ci provient des dialectes germaniques de Moselle, à noter qu'un accent dialectal est différent d'un accent issu de l'allemand standard.

Influences[modifier | modifier le code]

Il est à noter premièrement que le francique lorrain (communément appelé le « Platt ») a dans son vocabulaire plusieurs mots d'origine française germanisés, mots concernant en particulier l'habillement et la maison[1]. Entre autres, l'expression hybride gudden bonjour[2] est présente dans le Pays de Nied.

Depuis que les échanges (dont les mariages) entre les deux cultures, romane et germanophone, sont devenus plus fréquents, provoquant donc des migrations dans tous les sens, plusieurs mots et expressions ont passé la frontière linguistique. Ce phénomène a également donné naissance à un nouvel accent (en Moselle) qui est un mélange des deux.

On retrouve par exemple plusieurs mots germaniques dans le parler du Pays messin[1], qui sont plus ou moins francisés à l'écrit: chmaquer/chméquer (de schmacken : sentir), chlof (du verbe schloofen : dormir), chnesse/chnisse (de schnéss : gueule)[1], etc. Ou encore l'expression romane clancher (fermer une porte) à Thionville ou Metz. Et on retrouve jusqu'en Meurthe-et-Moselle l'expression hybride ça geht's mol ? (littéralement : ça va une fois ?, « fois » ayant ici le sens de « bien »).

Plus récemment, l'annexion d'une partie de la Lorraine à l'Allemagne en 1871-1918 et 1940-44 pourrait également avoir laissé quelques mots et expressions en Moselle francophone.

Certains Mosellans nés avant la guerre de 1914-18 et vivant le long de la frontière linguistique avaient un parler surnommé le Mitschmatsch, qui était un mélange de francique lorrain, de lorrain roman, et de français.

En lorraine germanophone, l'influence du francique lorrain sur les constructions grammaticales et lexicales dans les phrases peut être plus ou moins forte selon les personnes, exemples : Je suis couru (ich bin gelaaf)[3], J'ai attendu sur lui (ich han uf ihne gewaat)[3], On reçoit regarder un film (ma kreen e Film gewiest)[3], Il ressemble comme un singe (er sieht us wie e Aff)[3], Le gaz court sous la maison (die Gasleitung laaft unnerm Hus)[3].

Emprunts au francique lorrain[modifier | modifier le code]

  • Quiche, du francique lorrain Kuche.
  • Viens avec (sans le « moi »), est calqué sur l'expression komm mét[1], variante : komm mat (en luxembourgeois).
  • Ça tire (il y a un courant d'air), vient de l'expression et zéiht, variante : es ziiht[1].
  • Faire bleu (sécher l'école), provient de l'expression bloo machen[1].
  • Entre midi (entre midi et quatorze heures), est un calque de l'expression zwéschen métdach[1].
  • Couatcher (papoter), provient de quatschen[1].
  • Chtuque (morceau), vient de stéck / stück[1].
  • Chpritser / schpritzer (gicler), provient de spritzen[1].
  • Chnèque / schnèque (escargot, pain aux raisin) de schneck[1].
  • Fratz (figure, visage)[1].
  • Boulimatche / boulibatche (la boue), vient de bulimatsch[1].
  • L'interjection oh yé / oyé ! (oh là !), provient de O je qui est une abréviation de O Jesses signifiant « Oh Jésus »[1] !

Emprunts au lorrain roman[modifier | modifier le code]

  • Cornet (sachet, sac).
  • Une paire de (plusieurs).
  • Brimbelle (mot vosgien pour myrtille), quoiche (variante de questche).
  • Beugner (abîmer, blesser quelqu’un).
  • Trisser (mot vosgien pour gicler, éclabousser).
  • Gros (dans le sens de « mec », « l'ami »). Exemple : « à plus tard, gros ».
  • Nareux / néreux (personne dégoûtée du manque d'hygiène).
  • Souffler la lumière[4] (éteindre la lumière, expression présente en Meurthe-et-Moselle).
  • Comment que c'est / comment qu'c'est ? (comment ça va ?).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gaston May, La lutte pour le français en Lorraine avant 1870 : étude sur la propagation de la langue française dans les départements de la Meurthe et de la Moselle, 1912 (BNF 30914194)
  • Jean Lanher, Alain Litaize, Dictionnaire du français régional de Lorraine, Éd. Bonneton (ISBN 2-86253-085-9)
  • Jean Lanher, Alain Litaize, Le parler de Lorraine : dictionnaire du français régional, Éd. Bonneton (ISBN 2-86253-287-8)
  • André Lanly, Le français régional de Lorraine (romane), Ethnologie française, 1973 (OCLC 5547330328)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m et n Jean-Louis Kieffer - Le Platt Lorrain de poche - Assimil (2007)
  2. Le Platt lorrain Pour les Nuls - Éditions First (2012)
  3. a b c d et e Bei uns dahem, Kumpel, n°1, 2002
  4. Mots et figures des trois provinces (Champagne, Lorraine, Franche-Comté) - Hubert Lesigne