François de Guise — Wikipédia

François de Guise
Illustration.
François Ier de Lorraine, duc de Guise.
Portrait par François Clouet, huile sur panneau, XVIe siècle.
Titre
Duc de Guise, sire puis prince de Joinville
et baron de Lambesc

(12 ans, 10 mois et 12 jours)
Prédécesseur Claude Ier
Successeur Henri Ier
Marquis de Mayenne

(12 ans, 10 mois et 12 jours)
Prédécesseur Claude Ier
Successeur Claude II
Grand maître de France

(3 ans, 7 mois et 14 jours)
Prédécesseur François de Montmorency
Successeur Henri de Guise
Biographie
Dynastie Maison de Guise
Date de naissance
Lieu de naissance Bar-le-Duc
Date de décès (à 44 ans)
Lieu de décès Saint-Hilaire-Saint-Mesmin
Sépulture Joinville
Père Claude de Lorraine
Mère Antoinette de Bourbon
Conjoint Anne d'Este
Enfants Henri
Catherine
Charles
Louis
Antoine
François
Maximilien

François de Guise

François Ier de Lorraine, 2e duc de Guise et premier prince de Joinville (, Bar-le-Duc - , Saint-Hilaire-Saint-Mesmin), est un militaire et homme d’État français du XVIe siècle. Il fut l'un des meilleurs chefs d'armée du roi Henri II et le principal chef catholique pendant la première guerre de Religion.

Il est pair de France, duc d'Aumale (de 1547 à 1550), puis duc de Guise (de 1550 à 1563), marquis de Mayenne, baron, puis (1551) prince de Joinville, grand chambellan, grand veneur, et grand maître de France (1559).

Compagnon d'enfance d'Henri d'Orléans (futur Henri II), François de Guise est un chef militaire de renom, à la tête d’un puissant lignage. Il s'illustre dans de nombreuses campagnes militaires, dont la prise de Calais aux Anglais et gouverne la France sous le règne de François II (1559-1560) avec son frère, le cardinal Charles de Lorraine. Il est le chef des catholiques durant la première guerre de Religion. En particulier, sa responsabilité est discutée dans le célèbre massacre de Wassy, où des dizaines de protestants, hommes, femmes et enfants, sont massacrés en plein culte, ouvrant ainsi les guerres de Religion en France. Il meurt moins d'un an plus tard, pendant le siège d'Orléans, le , des suites d'un coup de pistolet tiré par un gentilhomme protestant, Jean de Poltrot de Méré.

Biographie[modifier | modifier le code]

Le duc François de Guise.
Portrait dessiné par François Clouet, Chantilly, musée Condé, XVIe siècle.

François de Lorraine-Guise naît au château de Bar en 1519. Il est le fils aîné de Claude de Lorraine, premier duc de Guise, et le petit-fils du duc de Lorraine René II. Sa mère, Antoinette, est une princesse de la maison de Bourbon. Le , il épouse Anne d'Este, petite-fille de Lucrèce Borgia, fille d'Hercule II d'Este, duc de Ferrare, de Modène et de Reggio, et de Renée de France, la fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne.

En 1544, François de Lorraine prend part au siège de Boulogne contre les Anglais, au cours duquel il est grièvement blessé au visage, ce qui, selon certains auteurs, lui a valu d'être surnommé « le Balafré »[1],[n 1]. Chef de guerre d'une grande audace, il est nommé gouverneur de Metz après l'annexion de la ville par Henri II. En 1552, il défend victorieusement la ville, assiégée par 55 000 Impériaux, obligeant Charles Quint à lever le siège. En 1554, il participe à la bataille de Renty, puis en 1556-1557, il prend la tête de l'expédition qui, en Italie, essaie vainement de reprendre Naples aux Espagnols. À son retour, il est nommé lieutenant général du royaume et reprend Thionville aux Impériaux. En 1558, il reprend Calais aux Anglais à la suite d'une manœuvre audacieuse : les marais autour de la ville étant gelés, il fait passer les canons français sur ceux-ci, et prend ses ennemis par surprise.

Sous le règne d'Henri II, le duc de Guise forme avec sa famille un parti hostile aux Montmorency. La prise de Calais en 1558 et le mariage la même année de sa nièce Marie Stuart (fille de sa sœur Marie de Guise) avec le dauphin François éclipsent momentanément le connétable de France de la faveur royale. Quand Henri II meurt, son fils aîné François II, époux de sa nièce, monte sur le trône. Le jeune roi laisse les oncles de son épouse gouverner. François de Guise et son frère, le cardinal de Lorraine, véritable tête politique de la famille, deviennent les maîtres du royaume. La famille des Guise est au summum de sa puissance tout en étant de plus en plus contestée. Fervent défenseur du catholicisme, le duc de Guise fait réprimer dans le sang, en 1560, la conjuration d'Amboise, soutenue secrètement, sans doute, par Louis de Bourbon, prince de Condé.

Assassinat du duc François de Guise, le 18 février 1563. Gravure de Tortorel et Perrissin.

Après la mort prématurée du roi François II en , Catherine de Médicis, régente du Royaume, mène une politique de tolérance envers le culte réformé. Le duc de Guise et son parti, opposés à cette politique, sont écartés de la cour et du pouvoir. Le , sur les terres du duc en Champagne, des affrontements dont les responsabilités sont discutées par les historiens ont lieu entre ses troupes et des protestants qui célébraient leur culte (interdit[n 2]) dans une grange. Plus de 30 protestants sont tués et 100 sont blessés. Cette affaire, qu'on appelle le massacre de Wassy, provoque une prise d’armes des protestants et déclenche la première des guerres de Religion. Commandant l'armée du roi, le duc est vainqueur des huguenots à Rouen, en , et à Dreux, en décembre de la même année ; puis il tente de reprendre Orléans. Pendant le siège d'Orléans, un gentilhomme protestant, Jean de Poltrot de Méré, lui tire un coup de pistolet le . Grièvement blessé, le duc de Guise meurt quelques jours plus tard[5]. Après sa mort, dont les Guise accusent l'amiral de Coligny, Théodore de Bèze et Jean V de Parthenay, le calme revient pour quelque temps dans le royaume.

Anne d'Este, après avoir intenté plusieurs procès contre les chefs protestants, qu'elle soupçonnait d'être les instigateurs de l'assassinat de son mari, se verra imposer le silence par le roi. Elle se remariera en 1566 à Jacques de Savoie, duc de Nemours, autre défenseur de la cause catholique.

Possessions[modifier | modifier le code]

Portrait de François de Guise avec son collier de l'ordre de Saint-Michel.

Enfants[modifier | modifier le code]

François de Lorraine, 2e duc de Guise, et Anne d'Este eurent sept enfants, dont quatre survivants qui ont marqué leur époque :

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Le Petit Larousse illustré de 2009, article Guise (famille de), n'attribue toutefois le surnom de Balafré qu'à Henri Ier de Guise, fils de François. Jean-Pierre Babelon n'attribue pas ce surnom à François mais écrit p. 604 : « Le testament prévoyait aussi que le prince de Joinville, futur duc de Guise, Henri, celui que nous appelons le Balafré (…) »[2]. Selon Jean-Marie Constant, cité par Hélène Germa-Romann, c'est Henri qui fut le plus célèbre « balafré », mais c'est François qui fut le premier à porter ce surnom[3].
  2. Le massacre de Wassy intervient six semaines après la signature de l'édit du par lequel le roi autorisait les protestants à se rassembler publiquement à l'extérieur des villes closes pour célébrer leur culte. Or la grange de Wassy où se réunissaient les réformés était dans les murs. Sans avoir prémédité le massacre, le duc a fait intervenir ses troupes voyant là une bonne occasion d'intimider les protestants et d'aller à l'encontre de la politique royale[4].
  1. Philippe Boitel, Les Français qui ont fait la France, Bordeaux, Sud Ouest, coll. « Site & patrimoine », , 1460 p. (ISBN 978-2-87901-730-3), p. 646.
  2. Jean-Pierre Babelon, « Les derniers moments du duc François de Guise, d'après un manuscrit de Lancelot de Carle (février 1563) », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 131e année, no 3, 1987, pp. 597-608, consultable sur le site Persée.
  3. Jean-Marie Constant, Les Guise, Paris, 1984, p. 80 et 25 ; cité par Hélène Germa-Romann, Du « bel mourir » au « bien mourir » : le sentiment de la mort chez les gentilshommes français (1515-1643), Librairie Droz, 2001, p. 46.
  4. Voir l'article publié en 1913 dans l'"Annuaire-bulletin de la société de l'histoire de France", pages 189 à 235, notamment pp. 197 et 219-222 ; lire en ligne.
  5. Babelon 1987, p. 597-608.
  6. Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l'époque moderne (1519-1790), Paris, Maisonneuve & Larose, , 1218 p. (ISBN 2-7068-1219-2), p. 633-634
  7. Charles-Victor Langlois, Les hôtels de Clisson, de Guise et de Rohan-Soubise au Marais, Paris, Jean Schemit, , 308 p. (lire en ligne), p. 12-123
  8. Georges Poull, La Maison ducale de Lorraine, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, , 592 p. (ISBN 2-86480-517-0), p. 419-423

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Pierre Babelon, « Les derniers moments du duc François de Guise, d'après un manuscrit de Lancelot de Carle (février 1563) », Comptes-rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, De Boccard, no 3,‎ , p. 597-608 (lire en ligne).
  • (en) Philip Benedict, « From Polemics to Wars : The Curious Case of the House of Guise and the Outbreak of the French Wars of Religion », Historein, no 6,‎ , p. 97-105 (lire en ligne).
  • (en) Stuart Carroll, Martyrs and Murderers : The Guise Family and the Making of Europe, Oxford, Oxford University Press, , XIV-345 p. (ISBN 978-0-19-922907-9, présentation en ligne).
  • Matthieu Deldicque (sous la dir. de), Visages des guerres de religion, Dijon, Editions Faton, Domaine de Chantilly, , 95 p. (ISBN 978-2-87844-338-7).
  • Éric Durot, « François de Lorraine (1520-1563), duc de Guise et nouveau Roi Mage », Histoire, Économie & Société, vol. 54, no 3,‎ , p. 3-16 (lire en ligne).
  • Éric Durot, François de Lorraine, duc de Guise, entre Dieu et le roi, Paris, Classiques Garnier, coll. « Bibliothèque d'histoire de la Renaissance » (no 1), , 884 p. (ISBN 978-2-8124-0610-2, présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • David El Kenz, « La Mort de François de Guise : entre l'art de mourir et l'art de subvertir », dans J. Fouilleron, G. Le Thiec et H. Michel (dir.), Sociétés et idéologies des Temps modernes. Hommage à Arlette Jouanna, Montpellier, Publications de l'université Montpellier III, 1996, t. 2, p. 629-662.
  • Arlette Jouanna, Jacqueline Boucher, Dominique Biloghi et Guy Le Thiec, Histoire et dictionnaire des guerres de religion, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1526 p. (ISBN 2-221-07425-4, présentation en ligne).
  • Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l'époque moderne (1519-1790), 1996, Paris, Maisonneuve & Larose, 1218 p. (ISBN 2-7068-1219-2) p. 633-634.
  • Erich Marcks, « Catherine de Médicis et l'assassinat du duc François de Guise (1563) », Bulletin historique et littéraire, Société de l'histoire du protestantisme français, 3e série, t. XL,‎ , p. 153-164 (lire en ligne).
  • (en) David Potter, « The duc de Guise and the Fall of Calais, 1557-1558 », The English Historical Review, Oxford University Press, vol. 98, no 388,‎ , p. 481-512 (JSTOR 569781).
  • Georges Poull, La Maison ducale de Lorraine, 1991, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 592 p., (ISBN 2-86480-517-0) p. 419-423.
  • Lucien Romier, Les origines politiques des guerres de religion, t. Ier : Henri II et l'Italie (1547-1555), Paris, Perrin, (réimpr. fac-similé, Genève, Slatkine Reprints, 1974), IX-579 p. (présentation en ligne, lire en ligne), [présentation en ligne], [présentation en ligne].
  • Lucien Romier, Les origines politiques des guerres de religion, t. II : La fin de la magnificence extérieure, le roi contre les protestants (1555-1559), Paris, Perrin, (réimpr. fac-similé, Genève, Slatkine Reprints, 1974), 464 p. (présentation en ligne, lire en ligne), [présentation en ligne], [présentation en ligne].
  • Alphonse de Ruble, L'assassinat de François de Lorraine, duc de Guise, 18 février 1563, Paris, Émile Paul et fils et Guillemin, , II-237 p. (lire en ligne).
  • (en) Nicola Mary Sutherland, Princes, Politics and Religion, 1547-1589, Londres, Hambledon Press, coll. « History Series » (no 30), , 258 p. (ISBN 0-907628-44-3), « The Assassination of François duc de Guise, February 1563 », p. 139-155.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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