Françoise de Louvain — Wikipédia

Françoise de Louvain
Biographie
Naissance
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Décès
Activités
Père
Jean de Louvain (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Geneviève de Montault (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Pierre Ier du Pré (d) (à partir de )
Abel L 'Angelier (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Pierre II du Pré (d)
Marie L 'Angelier (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Religion

Françoise de Louvain, née vers 1540 et morte en 1620, est une imprimeuse-librairesse et éditrice protestante.

Françoise de Louvain épouse deux libraires-imprimeurs, Pierre du Pré et Abel L'Angelier, avec lesquels elle travaille conjointement. À partir de 1610, elle gère seule l'officine et contribue à la faire prospérer.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Françoise de Louvain naît vers 1540 dans une famille protestante aisée de marchands merciers-joailliers du Palais[1]. Elle est la fille de Jean Louvain, qui disparaît vers 1564, et de Geneviève de Montault[2]. Elle a un frère, Nicolas[3].

Françoise de Louvain perd son oncle paternel Nicolas de Louvain et son oncle maternel Olivier de Montault ainsi que d'autres parents lors du massacre de la Saint-Barthélemy[2].

Premier mariage à Pierre du Pré[modifier | modifier le code]

Le 28 août 1565, Françoise de Louvain épouse Pierre du Pré, marchand libraire huguenot au Palais et bourgeois de Paris, fils de Galliot du Pré et de Geneviève Le Blanc. Elle a alors 22 ans[4]. Le 7 août 1565, Pierre du Pré avait fait enregistrer devant notaire son intention d'épouser Françoise de Louvain, notamment en raison des difficultés posées par sa propre mère Geneviève Le Blanc, fervente catholique opposée au mariage[5]. Le couple est d'abord logé par Geneviève de Montault. En raison d'une procédure initiée par Edmond de Sathenat, écuyer, sieur de Pont en Berry et hommes d'armes de la compagnie du seigneur de Savigny, Geneviève Le Blanc accepte de bailler par contrat la maison de la rue Gervais-Laurent à son fils et à sa belle-fille[6]:38-40. Françoise de Louvain et Pierre du Pré ont un fils nommé Pierre, deuxième du nom[1].

Pierre du Pré meurt vers 1570-1571[1]. Le 8 ou 18 janvier 1572, Françoise de Louvain présente une requête à la cour, menacée par Galliot II du Pré qui souhaite la priver de son étal du Palais[7]. Cela lui permet de continuer l'activité de son défunt mari et de publier plusieurs titres nouveaux[1], dont un ouvrage du médecin Jacques Aubert et l'Histoire pitoyable du prince Erastus, fils de Diocletien Empereur de Rome, édités à son nom[8].

Second mariage à Abel L'Angelier[modifier | modifier le code]

Héritière de l'étal de son mari[modifier | modifier le code]

Marque d’Abel L’Angelier (Les Commentaires de César traduits par Blaise de Vigenère, 1589).

Françoise de Louvain rencontre Abel L'Angelier, imprimeur-libraire héritier de son père Arnoul et de son oncle Charles[8].

Le contrat de mariage passé le 10 octobre 1573 devant les notaires Fortin et Louis Rozé est perdu. L'une des clauses de ce contrat est invoquée dans un accord en date de juillet 1610 entre Françoise de Louvain, tout juste veuve pour la seconde fois, et sa fille Marie L'Angelier : ladite clause prévoit qu'en cas où Abel L'Angelier décéderait avant son épouse Françoise de Louvain, celle-ci jouirait du banc ou de l'étal « assis au premier pilier de la grand salle du Palais » du défunt[9].

Un couple de libraires pendant les guerres de Religion[modifier | modifier le code]

Françoise de Louvain travaille très vraisemblablement conjointement avec son mari jusqu'à la mort de celui-ci en 1610[10].

Pendant la Ligue, Abel L'Angelier quitte Paris pour plusieurs autres villes de France. On ignore si Françoise de Louvain et leur fille Marie le suivent ou si elles gardent boutique au Palais. Pendant quatre ans, il ne publie presque rien mais tente de débiter les publications des années précédentes. À la fin de l'année 1590 ou au début de l'année 1591, il dit résider à Melun, ville prise par le futur Henri IV. En 1593, Abel L'Angelier est de retour à Paris puisqu'en novembre il proteste devant le Parlement contre les contrefaçons lyonnaises des Lettres d’Étienne Pasquier, des Essais de Montaigne et de la traduction des Psaumes par Blaise de Vigenère. Ne pouvant plus s'occuper d'édition, Abel L'Angelier participe à faire sortir quelques livres de Paris et commande à un imprimeur troyen des impressions pour la capitale[8].

Le 22 mars 1594, Henri IV entre dans Paris. Selon le libraire Rainsart, en juillet tout est encore « fort mort touschant la librairie, n'y ayant encores nulz escolliers aux collèges fors qu'aux jésuistes »[11]. L'Angelier est toujours libraire juré et connu pour sa fidélité au roi. Il s'occupe les années qui suivent à recouvrer ses droits[8].

En décembre 1596, Abel L'Angelier prend pour serviteur Girard Dumas et Françoise de Louvain assiste comme « femme de Sire Abel Langelier marchand libraire au Palais » au mariage de son neveu Nicolas, libraire au Palais, avec Marie Guérin, veuve de Nicolas Gilles, autre libraire[6]:CCXXXII.

Une fille unique : Marie L'Angelier[modifier | modifier le code]

Le 14 mai 1596, la fille unique du couple, Marie L'Angelier, épouse André Patelé en présence de Girarde Roffet, Lucas Breyer, Pierre de La Porte, prieur de l'abbaye de Sainte-Geneviève-au-Mont et Alexandre Olivier, responsable de la Monnaie royale. Ce mariage acte le rapprochement du couple avec la bourgeoisie catholique d'office[6]:CCXVIII. André Patelé, « noble homme », est issue d'une famille possédant le monopole du vin et du poisson de mer pour la cour. Il est le neveu d'André Patelé l'Ancien, commissaire pour le roi, et de Barthélémy, chevalier du Saint-Sépulcre. André Patelé, veuf d'un premier mariage, est huissier du roi et achète peu après l'office de conseiller du roi et receveur des tailles à Chaumont-Maigny[8].

André Patelé meurt prématurément. Marie L'Angelier, mère d'Abel et enceinte, rentre chez ses parents. Devant notaire, elle renonce à la communauté de biens avec André Patelé et proteste contre l'inventaire de ses biens[6]:CCCXXXIII. Un accord est trouvé entre la veuve et son beau-frère André Patelé le jeune, secrétaire de la Chambre du Roi lui réclamant remboursement de dettes contractées par le défunt[6]:CCCXXXVII.

Imprimeuse-librairesse indépendante[modifier | modifier le code]

Règlement des questions d'héritage[modifier | modifier le code]

Le 20 janvier 1610, Abel L'Angelier meurt d'un cancer dans la maison canoniale de l'enclos du Palais où il réside avec sa famille, après plusieurs années de maladie[6]:CCCLXXI. Pierre de L'Estoile témoigne du décès : « Ce jour fut mis en terre, à Paris, Abel Langelier, imprimeur [sic], duquel la boutique, au Palais, est assez connue et remarquée. Il est mort en la fleur de son âge, et sa femme fort âgée, qu'il s'était promis de voir aller devant, est demeurée encore après et se porte bien. On disait qu'une carnosité l'avait fait mourir »[12].

En février 1610, un premier compte sous seing privé est dressé. Un accord est passé six mois après le décès d'Abel L'Angelier entre sa veuve et sa fille Marie L'Angelier, unique héritière. Françoise de Louvain doit également penser aux intérêts des descendants de son premier mariage avec Pierre du Pré, son fils Pierre II du Pré étant déjà décédé. Elle propose de dédommager sa fille Marie L'Angelier de la somme correspondante aux portions acquises de Pierre II Du Pré pour le cinquième étal, soit la petite somme de 184 livres. L'étal et la propriété des Moulineaux sont accordés à Françoise de Louvain contre payement de la moitié à sa fille[6]:CCCLXXXIV.

Gestion de la maison avec sa fille[modifier | modifier le code]

Françoise de Louvain continue la politique éditoriale et marchande de son mari et créé une société avec Marie L'Angelier. Elle s'occupe elle-même des affaires de la librairie, de la question des privilèges et des contrats d'apprentissage, même si son propre nom disparaît parfois des actes et lettres en faveur de celui de son mari décédé[6]:CCCCXXVII.

Marie L'Angelier semble s'être occupée de la gestion du patrimoine, des initiatives charitables et des gages de solidarité familiale[8]. Le 3 décembre 1612, Marie L'Angelier place auprès de sa mère son propre fils Abel Patelé, qui ne devient finalement pas libraire[6]:CCCCIV.

Françoise de Louvain offre à Pierre de L’Estoile le Discours funebre sur la mort du feu roy de Jean Bertaut qu’elle vient de publier : « Le samedi 21e [aoust 1610]. Langelier [sic pour la veuve L’Angelier] m’a donné, de son impression, un Discours funebre sur la mort du roy, fait par Bertaut, evesque de Sees, premier ausmonnier de la roine »[13].

Le 25 novembre 1610, Françoise de Louvain adresse à Antoine Séguier de Villiers une épître de dédicace en signe de reconnaissance pour le manuscrit posthume des Arrêts de Georges du Louët[14]. Le 1er novembre 1612, Françoise de Louvain adresse une épître à Charles de Gonzague-Clèves, duc de Nevers, pour la nouvelle édition de l’Histoire des Turcs de Chalcondyle, traduite par Blaise de Vigenère[15].

Le 25 avril 1620, Françoise de Louvain obtient le prolongement du privilège de l’un des titres principaux de son catalogue, Recueil d’aucuns notables arrests de maistre Georges Louet, conseiller en la cour de parlement de Paris, pour dix ans. Elle demande que le roi - Louis XIII - protège à son bénéfice « et à ceux qui auront droict d’elle », l’impression dudit ouvrage[16].

Testament et héritage[modifier | modifier le code]

Le 9 août 1620, Françoise de Louvain teste. Elle loge alors à l'enclos du Palais en la maison de Mre Le Roy, chanoine de la Sainte Chapelle, bailleur de la maison louée par le couple puis par Françoise de Louvain et sa fille[17]. Françoise de Louvain semble avoir renié sa foi protestante puisqu'elle se décrit comme « bonne et vraye catholique »[18]. Peut-être cette apostasie s'explique-t-elle par intérêt commercial : comme du temps d'Abel L'Angelier, elle vend des livres d'usage tridentins. En effet, on trouve dans son inventaire après décès plusieurs exemplaires du Thesaurus precum, preuve éventuelle de l'insincérité de cette conversion tardive. Elle meurt vraisemblablement la même année[8].

L'inventaire du partage de Françoise de Louvain repose sur un inventaire général établi sans doute peu après la mort de Françoise de Louvain. Le 28 avril 1623, Marie L'Angelier paye 7970 livres à Catherine Arnault, veuve de Pierre II du Pré et mère d'enfants mineurs, pour racheter son lot de livres[6]:CCCCLVII. Le fonds total de l'officine est alors d'environ 32 000 livres tournois pour 36 5000 volumes[8].

Françoise Patelé, fille de Marie L'Angelier, épouse Claude Ier Cramoisy, imprimeur-libraire et relieur reçu en 1618[19]. Celui-ci rachète le fonds d'Abel L'Angelier et Françoise de Louvain[20]. Marie L'Angelier meurt en 1636[8]. Le 7 mai 1645, Marie Cramoisy, fille de Claude Cramoisy et de Françoise Patelé, épouse Edme Martin le jeune, imprimeur-libraire[21]. Edme Martin meurt en 1670 et sa veuve confie l'imprimerie à son fils Gabriel Martin pour exercer elle-même l'activité de librairie[6]:CCCCLXXXVI et jusqu'au moins l'année 1696[8].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Michel Simonin, « Trois femmes en librairie : Françoise de Louvain, marie L’Angelier, Françoise Patelé (1571-1645) », dans Dominique de Courcelles, Carmen Val Julián, Des femmes et des livres : France et Espagne, XIVe – XVIIe siècle, Paris, Publications de l’École nationale des chartes, (ISBN 978-2-35723-134-4, DOI https://doi.org/10.4000/books.enc.1007, lire en ligne).
  • Jean Balsamo et Michel Simonin, Abel L'Angelier & Françoise de Louvain (1574-1620) : Suivi du catalogue des ouvrages publiés par Abel L'Angelier (1574-1610) et La veuve L'Angelier (1610-1620), Genève, Librairie Droz, coll. « Travaux Humanisme et Renaissance », , 640 p. (ISBN 978-2-600-00632-3, lire en ligne).
  • Roméo Arbour, Les femmes et les métiers du livre (1600-1650), Didier-Erudition, Garamond press, , 314 p. (ISBN 1-890333-01-8).
  • Henri-Jean Martin (dir.), Pierre Aquilon (dir.), François Dupuigrenet Desroussilles (dir.) et Denis Palier, Le livre dans l'Europe de la Renaissance, Promodis, coll. « Histoire du livre », , 566 p. (ISBN 978-2903181659).
  • Barbara Diefendorf, Beneath the Cross. Catholics and Huguenots in Sixteenth-Century Paris, New York-Oxford, Oxford Univ. Press, , p. 127 et suivantes

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Michel Simonin, « Trois femmes en librairie : Françoise de Louvain, marie L’Angelier, Françoise Patelé (1571-1645) », dans Dominique de Courcelles, Carmen Val Julián, Des femmes et des livres : France et Espagne, XIVe – XVIIe siècle, Paris, Publications de l’École nationale des chartes, (ISBN 978-2-35723-134-4, DOI https://doi.org/10.4000/books.enc.1007, lire en ligne)
  2. a et b Barbara Diefendorf, Beneath the Cross. Catholics and Huguenots in Sixteenth-Century Paris, New York-Oxford, Oxford Univ. Press, , p. 127 et suivantes
  3. Archives nationales, Minutier central des notaires de Paris, étude CXXII 247, acte inédit communiqué par Barbara Diefendorf.
  4. « Honorable femme Genevieve de Montault, veuve de feu Jehan de Louvain, en son vivant marchant joillier et bourgeois de Paris, stipullant en ceste partie pour Françoise de Louvain, sa fille [âgée de vingt-deux ans] [...] et honorable homme Pierre du Pré, marchant libraire au Palais, bourgeois de Paris, en la presence des honorables hommes Nicolas de Louvain, oncle paternel, Olivier de Montault, oncle maternel, Nicolas de Louvain le jeune, frere de lad. Françoise, Valentin Morin, Pierre Bailly, Anthoine de Laultour, Pierre Payen, Felix Guibert, tous marchans bourgois de Paris, et de Antoine du Pré, frere dud. Pierre du Pré, tous parens et amys desdites parties [...], pour raison du mariage qui au plaisir de Dieu sera de brief faict et celebré en sa saincte Eglise... [Geneviève de Montault leur promet le jour du mariage 800 l. t. en argent comptant à cause des droits de succession de Françoise aux meubles laissés par son père, y compris sa partie d’un banc au Palais, des rentes, etc.] »
    Archives nationales, Minutier central des notaires de Paris, étude CXXII 247, acte inédit communiqué par Barbara Diefendorf.
  5. « Aujourd’huy, en la presence des notaires du Roy [...] soubzsignez, Pierre du Pré, marchant libraire du Palais à Paris, s’est transporté par devers et à la personne de honnorable femme Geneviefve le Blanc, sa mere, vefve de feu sire Gaillot du Pré, en son vivant aussi marchant libraire, bourgeois de Paris, en son hostel scis en ceste dicte ville de Paris, rue de la Vieille Drapperie, à laquelle ledict Du Pré a remonstré et faict entendre, comme il dict avoir cy devant dés et depuis ung an et par plusieurs foys verballement faict, qu’il s’estoit presenté parti pour estre pourveu et contraicter mariage, qu’il espere estre à son grand bien et advancement, et d’aultant que lad. Le Blanc sa mere ne luy en avoit et n’a encores donné aucune response ne resolu sur ce de son intention et voulloir, à ce que led. Du Pré ne soit cy aprés reprins de desobeissance envers sad. mere, mais pour l’obeissance filial qu’il luy doibt, luy a derechef humblement remonstré et faict entendre ce que dessus et l’a priee et requise de voulloir entendre aud. mariage et donner son consentement au traicté et accord qui en sera faict, offrant luy communicquer les articles qu’il a exhibez à ceste fin ; luy remonstrant au surplus que c’est par animosité de religion de son espouze future, de ses parens et amys ou de luy sondict filz, et que partant entendre [sic] son reffuz ; aussi qu’il a attaint l’aage de trente ung ans et plus ; il est deliberé se pourveoir ainsi qu’il verra estre à faire par raison. A quoy ladicte veufve a faict response quelle ne consent point audict mariage, ains au contraire qu’elle deffend aud. Du Pré son filz de ce faire sinon que ledict mariage soit celebré en l’Eglise catholique et romaine. Dont et desquelles remonstrances et declarations et choses susdites, lesd. parties ont requis lettres ausditz notaires, qui leur ont esté respectivement octroyees pour leur servir et valloir ce que de raison [...].
    Goguyer. Leal. »
    Archives nationales de France, Minutier central, étude CXXII 247. Acte communiqué par B. Diefendorf.
  6. a b c d e f g h i j et k Jérôme Pichon et Georges Vicaire, Documents pour servir à l'histoire des libraires de Paris, 1486-1600, Paris, Librairie Techener,
  7. « Veu par la court la requeste à elle presentée par Françoise de Louvain, vefve de feu Pierre du Pré, en son vivant libraire à Paris, tant en son nom à cause d’elle que encores au nom et comme tutrice et curatrice de Pierre du Pré, fils myneur d’ans dudit deffunct et d’elle, tendant à ce que, suivant l’esdict de paciffication, ladicte supplyante audict nom feust remise et reintegree en la possession et joyssance d’ung banc et boutique estant dressé contre le premier pillier de la grande salle du Pallais pres la chappelle, comme estoit auparavant les troubles, et que à ce faire et souffrir ung nommé Galliot du Pré, à present occupateur d’icelle, et tous autres qu’il appartiendroit, feussent contrainctz nonobstant oppositions ou appellations quelzconcques et sans prejudice d’icelles ; veues les conclusions presentement faictes du procureur general du roy, avec lequel les parties ont communicqué, aprés plusieurs injunctions à eulx faictes d’y venir ; et tout considéré ; ladicte court, en concequence de l’esdict de pacification, a ordonné et ordonne que ladicte supplyante audict nom sera remise en tel estat qu’elle estoit auparavant qu’elle laissa ladicte bouticque et banc, et ce faisant rentrera en la possession et joyssance d’iceulx, à quoy faire seront contrainctz tous ceulx qu’il appartiendra par toutes voyes deues et raisonnables, nonobstant oppositions ou appellations quelzconcques et sans prejudice d’icelles »
    Archives nationales de France, X1A 1634, fol. I63v, publié par Georges Lepreux dans Revue des bibliothèques, 1914, p. 152-153.
  8. a b c d e f g h i et j Jean Balsamo et Michel Simonin, Abel L'Angelier & Françoise de Louvain (1574-1620) : Suivi du catalogue des ouvrages publiés par Abel L'Angelier (1574-1610) et La veuve L'Angelier (1610-1620), Genève, Librairie Droz, coll. « Travaux Humanisme et Renaissance », , 640 p. (ISBN 978-2-600-00632-3, lire en ligne)
  9. Si L’Angelier « alloit de vie à trespas avant lad. de Louvain, icelle jouirait du banc ou estail qui luy appartenoit, assis au premier pilier de la grand salle du Palais », sans que les héritiers d’Abel y pussent « auculne chose demander ».
    Archives nationales de France, Minutier central, étude LVII 20.
  10. Roméo Arbour, Les femmes et les métiers du livre en France, de 1600 à 1650, Didier-Erudition, Garamond press, , 314 p. (ISBN 1-890333-01-8), p. 39-40
  11. Denis Pallier, « Les voyages », dans Henri-Jean Martin, Pierre Aquilon, François Dupuigrenet Desroussilles, Le livre dans l'Europe de la Renaissance, Promodis, coll. « Histoire du livre », , 566 p. (ISBN 9782903181659), p. 131
  12. Pierre de L'Estoile et A. Martin (édition), Journal pour le règne de Henri IV et le début du règne de Louis XIII, Paris, Gallimard, , 9 p.
  13. Pierre de L'Estoile, Mémoires journaux, t. X, Paris, Brunet, Champollion, Tamizey de Larroque, 1875-1896, p. 375
  14. « L’un des vœux et plus grands desirs, qu’eust en l’ame defunct L’Angelier mon mary, estoit de pouvoir par quelque ouvrage digne de l’immortalité de vostre nom, tesmoigner à la posterité de combien d’infinies obligations l’honneur de vostre bien-vueillance l’avoit rendu redevable à vostre mérite. Mais helas ! la mort luy a envié et ravy le contentement et l’heur de voir l’accomplissement de ce dessein, sans toutefois luy oster la volonté de s’en acquitter. Car entre les derniers offices et devoirs, qu’il a desiré de mon affection, et souvenance à sa memoire, il me l’a expressement recommandé, et laissé comme pour une charge de nostre communauté. Aussi ay-je recherché toutes les occasions et moyens de m’en liberer, y estant non seulement portée du respect, que je doy à ses cendres, et à l’execution de sa derniere ordonnance commise à ma foy ; mais encore par le surcroist des nouvelles obligations, que vous, monseignevr, avez acquises sur moy depuis son decez ; ayant par une magnanime bonté (qui vous est naturelle) pris la pauvre veufve et ses enfans en vostre plus singuliere protection. Mais attendant tousjours qu’il me passast par les mains quelque piece qui meritast estre consacrée au loz immortel de vostre vertu ; je me suis en fin apperceüe, qu’il me pourroit arriver comme à la simplicité du villageois, qui couché au bord d’un grand fleuve remet son passage, apres qu’il sera du tout escoulé. Pour ne differer donc et frustrer plus longuement la consolation qu’emporta de ce monde le pauvre defunct, se representant que la fin de sa vie ne borneroit les effects de sa volonté ; ceste nouvelle impression de la vie d’apollonivs escrite par Philostrate autheur grec et traduicte en nostre langue par le sieur de Vigenere, se donnant au public, j’ay pris la hardiesse de parer et enrichir son frontispice du nom et de l’esclat de vostre dignité. On y verra des annotations, qui convertissent à la pieté les resveries du paganisme contenues au corps du livre, rendans au fils de diev l’honneur qui luy est deub ; et que le presomptueux discours de cet idolatre Apollonius s’estoit efforcé de luy arracher. C’est, monseignevr, ce qui m’a particulierement incitée de vous en faire l’addresse ; et si mon present ne se trouve assez assorty ny proportionné à la grandeur de vostre merite et recognoissance deuë à vos bienfaicts, je me promets pourtant qu’il ne laissera de vous estre agreable, excusant comme creancier debonnaire et plein de benignité, l’affliction d’une pauvre veufve, à qui la perte de sa chere moitié retranche les moyens de mieux et plus dignement satisfaire à son desir. Ainsi puisse tousjours vostre vertu florissante comme la palme s’opposer et se roidir contre la malice et injustice de ce siecle ; ainsi le Ciel favorable à mes vœux veuille multiplier vos jours et les combler d’autant de benedictions que vous en souhaitez, monseignevr. Vostre tres-humble et tres-obligée servante, la veufve Abel l’Angelier, Françoise de Lovvain. »
    Michel Simonin, « Trois femmes en librairie : Françoise de Louvain, marie L’Angelier, Françoise Patelé (1571-1645) », dans Dominique de Courcelles, Carmen Val Julián, Des femmes et des livres : France et Espagne, XIVe – XVIIe siècle, Paris, Publications de l’École nationale des chartes, 1999.
  15. « Monseignevr. Cette version françoise de Chalcondyle Athenien sortant pour la deuxiesme fois en public, n’y a voulu paroistre soubs autre livrée que la vostre. Aussi vous estoit elle affectée et acquise par droict hereditaire, dès lors que son autheur, le feu sieur de Vigenere en feit present à defunt monseigneur de Nevers vostre pere. Outre que plus convenablement ne pouvoit elle estre dediée, qu’à l’honneur de vostre nom, puis que le subjet qui s’y traicte, est principalement de representer l’estat et affaires de l’Empire grec, soubs les princes Paleologues, qui se rapporte à l’une des branches de vostre descente et origine. Consideration, qui peut estre plus qu’aucune autre incita le sieur de Vigenere, comme serviteur qu’il estoit tres affectionné de vostre tres illustre maison, d’entreprendre et publier cette sienne traduction. Mais comme les ouvrages bien souvent n’arrivent à leur perfection du premier coup, c’estoit son intention, si la mort n’eust rompu le fil de son dessein, de la polir et enrichir d’infinies belles annotations et curieuses recherches, ainsi que son esprit excellent et rare y estoit heureusement porté. Et de fait s’en estant trouvé bon nombre parmy ses papiers consignez avec le reste de ses œuvres entre les mains de defunct l’angelier mon mary ; cela luy donna la volonté et le courage d’entreprendre l’impression de Chalcondile d’une forme elegante et somptueuse ; et (pour rendre l’œuvre accomply de tout poinct) de poursuivre et continuer jusques à nos jours l’histoire des Othomans, avec plusieurs discours concernans le miserable estat, où se trouve aujourd’huy soubs leur tyrannie la jadis si florissante Grece, et l’esperance qui reste de la voir cy-apres delivrée d’une si dure et barbaresque servitude. Mais qui en peut parler à meilleures enseignes, ny avec plus de certitude que vous, monseignevr, qui poussé d’un genereux et brave courage, avez voulu au peril de vostre vie recognoistre ce mortel ennemy du nom chrestien, luy faisant sentir pour coup d’essay, et cognoistre à tous les peuples baptisez, combien plus grands efforts de vos armes et de vostre valeur luy peuvent porter de nuisance et de dommage ? Or toutes les additions, discours, et figures exquises, dont le corps de ce livre a esté paré et enrichy, n’estans qu’accessoires et dependances du principal desja vostre ; j’ay creu qu’ils vous appartenoient aussi, et que les communiquant à la France soubs la recommandation et les favorables auspices de vostre nom, ils exciteroient infinis souhaits de le voir orné des palmes et trophées, que la valeur et le merite semblable au vostre pourrait esperer et acquerir à juste tiltre contre les infideles ennemis de la chrestienté. Ainsi soient mes vœuz, et j’ose encore dire les vostres, exaucez en cet endroit, où apres avoir tres-affectueusement prié nostre Seigneur de vous combler de ses plus singulieres benedictions ; je demeureray pour jamais, monseignevr, de Vostre tres-illustre Excellence, tres-humble servante, la veufve Abel L’Angelier. »
    Michel Simonin, « Trois femmes en librairie : Françoise de Louvain, marie L’Angelier, Françoise Patelé (1571-1645) », dans Dominique de Courcelles, Carmen Val Julián, Des femmes et des livres : France et Espagne, XIVe – XVIIe siècle, Paris, Publications de l’École nationale des chartes, 1999.
  16. Est imprimé en tête de l'ouvrage :
    « Nostre bien amez Françoise de Louvain, veufve de defunct Abel L’Angelier, marchand libraire de nostre bonne ville de Paris, nous a faict dire et remonstrer qu elle a recouvré cy devant et fait imprimer un livre intitulé Recueil d’aucuns notables arrests de maistre Georges Louet, conseiller en la cour de parlement de Paris, lequel livre a esté d’autant mieux receu qu’à chacune impression qui en a esté faicte l’exposante a donné ordre de le faire reveoir et remarquer où il y avoit quelques erreurs glissees es dattes de quelques ungz desdits arrests ou en autres choses, mesme d’y faire faire quelques annotations, par le moyen desquelles l’œuvre a esté rendu plus parfaict et mieux recherché. Et combien que le dernier privilege qu elle a obtenu de nous pour la derniere impression faicte jusques à present dudit livre ne doibve expirer que dans trois ans et demy, elle ne voudrait pas desnier au public (cependant) les amples et riches aditions faictes de nouveau sur lesdites annotations qu’elle a par devers elle non encore imprimees, fort elabourees, authorisees de plusieurs autres arrests conferez à ceux qui sont rapportez au corps du livre, avec belles et doctes citations, en sorte que l’on pourra dire que ce livre contiendra autant de traictez succincts que de chapitres et articles, et se trouvera l’œuvre fort accomplie. »
    Michel Simonin, « Trois femmes en librairie : Françoise de Louvain, marie L’Angelier, Françoise Patelé (1571-1645) », dans Dominique de Courcelles, Carmen Val Julián, Des femmes et des livres : France et Espagne, XIVe – XVIIe siècle, Paris, Publications de l’École nationale des chartes, 1999.
  17. Michel Simonin, « Desportes au Palais et aux champs (1583-1606) », actes du colloque international Philippe Desportes (Reims, juin 1998).
  18. « Fut presente en sa personne honnorable femme Françoise de Louvain, vefve de feu honnorable homme Abel Langellier, vivant marchant libraire, bourgeois de Paris, et auparavant de feu Pierre du Pré, de ladicte qualité, demeurante en l’encloz du Pallays en la maison de Mre Le Roy, chanoine de la Saincte Chapelle, gisant en son lict mallade en une chambre ayant vue la cour de derriere de ladicte maison, saine de pensee, memoire et entendement comme par ses gestes et propos il est apparu aux notaires soubzsignés, laquelle considerant qu’il n’y a chose plus certaine que la mort et sy incertaine que l’heure d’icelle, craignant en estre prevenue sans tester, pour ces causes, elle aurait faict son testament et ordonné sa dernière vollonté au nom du Pere, du Filz et du benoist Saint Esprit comme s’ensuict. Premierement, comme bonne et vraye catholique, a recommandé et recommande son ame a Dieu le Createur, le priant par le merite de la passion de notre sauveur et redempteur Jesus Christ et par les prieres et intercessions de la sacree et glorieuse Vierge Marie, messire sainct Michel ange, saint Jehan Baptiste, saint Pierre, sainct Paul, et de sainct François dont elle porte le nom, luy pardonner les faultes et la collocquer à la gloire éternelle. Item veult et ordonne son corps estre inhumé en l’eglise de la basse Saincte Chapelle, au lieu où est ensepulturé ledict deffunct Langellier. Pour le surplus de ses convoy, service, luminaire et autres ceremonies funebres, s’en remect et rapporte à la discretion des executeurs de son testament cy aprés nommés. Et neanmoing desire qu’il soit dict et cellebré pour le repos de son ame et desdictz deffunctz ses mariz en lad. eglise de la basse Saincte Chapelle par chacun jour, ung an durant à compter du jour de son decedz, une basse messe de requiem. Item veult et ordonne ses debtes, s’estoient aulcunes deues, estre payees, et tortz faictz, sy aucuns se trouvent, reparez des biens qui d’elle demeureront, pardonnant de bon cœur à ung chacun qui la pourrait avoir offensee, requerant le semblable. Item icelle testatrice a donné et legué à Emanuel Richard, son serviteur domesticque, la somme de trente livres t. pour luy avoir un habit comme pour gaiges qu’elle veult luy estre payez. Item a aussy donné et legué à Anthoine, serviteur demeurant en sa maison, vingt quatre livres t. aussy pour luy avoir ung habit. Item a semblablement donné et legué à Louis, apprentiz demeurant avec elle, la somme de dix huict livres t. qui luy seront baillez lors qu’il aura faict son appren tissage. Item donne et legue à Ysabel Brayel, fille de feu Lucas Brayel, une robbe d’estamine toute neufve à l’usage de ladicte testatrice et quelle dict n’avoir jamais mise, une cotte de serge de limestre noire presque neufve, le meilleur de ses chapperons, toutes lesquelles choses seront accomodees à l’usaige de ladite Brayel et qui luy seront delivrees lorsqu’elle se mariera. Item donne et legue à Catherine de Rosanay sa cousine, vefve de feu Nicolas Chevallier, la somme de neuf livres t. pour une fois payee. Item à Denise, servante depuis deux mois demeurant avec elle, ung escu d’or. Item donne à Françoise Drouet, sa filliole, fille de Martin Drouet, demeurant aux Moulineaux, la somme de dix livres t. que ledict Drouet doict à ladicte testatrice et luy restera à payer de quarente livres. Et pour executer le sien present testament, elle a esleu et nommé dame Marie Langelier sa fille, vefve feu noble homme Me André Patelé, vivant recepveur des tailles en l’eslection de Chaumont et Magny, et Catherine Ernault sa bru, vefve feu Pierre du Pré, vivant marchant bourgeois de Paris, ausquelles elle a donné pouvoir de ce faire. Et à cest effect s’est dessaisie en leurs mains de tous ses biens jusque à l’entier accomplissement du present testament et codicilles qu’elle pourrait avoir faictz auparavant cestuy, auquel elle s’arreste du tout, soubzmettant l’audition du compte d’icelle execution à la jurisdiction de la prevosté de Paris. Ce fut faict, dicté et ordonné par lad. testatrice ausd. notaires puis à elle releu par l’ung d’iceux en la presence de l’autre, en lad. chambre où elle estoit mallade, le lundy sur les neuf heures aprés midy, tiers jour d’aoust mil six cens vint. Et a signe.
    De Louvain.
    Belin. Janot. »
    Archives nationales de France, Minutier central, étude LVII 30.
  19. Edmond Werdet, Histoire du livre en France depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, t. IV, Paris, E. Dentu, 1861-1864 (lire en ligne), p. 144
  20. Roméo Arbour, Dictionnaire des femmes libraires en France, 1470-1870, Droz, (lire en ligne), p. 318
  21. Georges Lepreux, « Une enquête sur l'imprimerie de Paris en 1644 », Le Bibliographe moderne, vol. XIV,‎ , p. 31-32

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