Geneviève de Gaulle-Anthonioz — Wikipédia

Geneviève de Gaulle-Anthonioz
Geneviève de Gaulle-Anthonioz représentée par le peintre urbain Ernesto Novo.
Fonctions
Présidente
Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance
jusqu'en
Membre du Conseil économique, social et environnemental
à partir de
Présidente
ATD Quart Monde
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Panthéon (depuis le ), cimetière de Bossey (d) (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Geneviève Germaine Agnès de GaulleVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Germaine Lecomte, GalliaVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domiciles
Formation
Université de Rennes (à partir de )
Université de Paris (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Père
Conjoint
Bernard Anthonioz (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Michel Anthonioz
François Marie Anthonioz (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Pierre Anthonioz (beau-frère)
Charles de Gaulle (oncle paternel)
Pierre Gourdon (grand-père maternel)
Julien-Philippe de Gaulle (arrière-grand-père paternel)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Parti politique
Membre de
Conflit
Lieux de détention
Distinctions
Archives conservées par
Plaque commémorative à Rennes.
Vue de la sépulture.

Geneviève de Gaulle-Anthonioz, née le à Saint-Jean-de-Valériscle (Gard), dans les Cévennes et morte le à Paris 6e, est une résistante française puis militante des droits de l'homme et de la lutte contre la pauvreté.

Elle est la nièce du président de la République Charles de Gaulle. Sous l'Occupation, alors qu'elle est étudiante à l'université de Rennes, elle mène des actions de résistance au sein du groupe du musée de l'Homme puis du réseau Défense de la France. Arrêtée par la Gestapo, elle est déportée en au camp de Ravensbrück où elle est détenue jusqu'en février 1945. Traitée comme monnaie d'échange par Heinrich Himmler, elle est tenue au secret dans un camp au sud de l'Allemagne jusqu'en avril 1945, avant d'être transférée à Genève où son père travaillait comme consul. Après la guerre, elle s'engage notamment dans la lutte contre la pauvreté et assure la présidence de l'antenne française d'ATD Quart Monde de 1964 à 1998.

En 2015, treize ans après sa mort, elle fait son entrée au Panthéon, avec un cercueil ne contenant cependant que de la terre issue de son cimetière, sa famille ayant refusé qu'elle soit séparée de son mari.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Geneviève de Gaulle est la fille de Xavier de Gaulle, frère aîné[2] de Charles de Gaulle, et de sa femme Germaine Gourdon. Elle est aussi la petite-fille de Pierre Gourdon, auteur de romans populaires.

Elle naît à Saint-Jean-de-Valériscle, petite commune située dans le bassin houiller des Cévennes, son père, Xavier, ingénieur des mines, y trouvant son premier emploi civil. Il rejoint rapidement le bassin houiller de la Sarre alors sous administration française. En 1925, alors qu'elle n'a que cinq ans, sa mère Germaine meurt à Ringen (Grafschaft) (de) d'une septicémie consécutive à la mort in utero de l'enfant qu'elle portait. C'est un premier choc affectif, Geneviève de Gaulle devient très proche de son père, et supporte mal son remariage en 1930 avec une petite-cousine de sa première femme : Armelle Chevalier-Chantepie. Geneviève de Gaulle vit en Sarre jusqu'à l'âge de 15 ans, elle apprend l'allemand et devient pratiquement bilingue. Dès cette époque, son père lui fait lire Mein Kampf.

En 1935, la Sarre choisit de devenir allemande à la suite d'un plébiscite. Les Français doivent quitter le pays. Sa famille s'installe à Rennes où elle termine sa scolarité. Sa famille vécut à Rennes de 1935 à 1938, au 10 rue de Robien.

En 1939, elle s'inscrit en histoire à la faculté de Rennes. Elle ambitionne alors d'intégrer l'École nationale des chartes, à l'instar de son bisaïeul Julien-Philippe[3].

Résistance et déportation[modifier | modifier le code]

Geneviève de Gaulle a 19 ans et est étudiante à la faculté d'histoire de Rennes en quand elle entre en résistance, sous le nom de Germaine Lecomte[4]. Elle commence ses premiers actes en déchirant des affiches allemandes, en fabriquant des croix de Lorraine ou en arrachant, du pont de la Vilaine, un fanion nazi qu'elle rapporte chez elle comme trophée. Avec ses amis étudiants, elle imprime et diffuse des tracts contre les nazis et le régime de Vichy[5].

À la rentrée universitaire de 1941, inscrite en licence d'histoire à la Sorbonne, Geneviève de Gaulle est hébergée par sa tante, Madeleine de Gaulle. Dans le groupe du musée de l'Homme, elle multiplie les actions de renseignement et d’information. Elle rejoint en 1943 le réseau Défense de la France. Elle écrit deux articles dans le journal clandestin de ce groupe à propos de son oncle le général de Gaulle. Elle les signe sous le nom de Gallia.

Elle est arrêtée à la suite d'une trahison[réf. nécessaire] dans une souricière tendue dans une librairie de la rue Bonaparte par Pierre Bonny de la Gestapo française, le [6]. Elle est alors dans la clandestinité avec des faux-papiers qui sont détectés ; elle révèle sa véritable identité immédiatement. Dans un premier temps, elle est emprisonnée à Fresnes, puis envoyée au camp de Royallieu avant d'être déportée au camp de concentration de Ravensbrück le avec le matricule 27 372[2]. Au camp, elle rencontre cinq autres résistantes et se lie d’amitié avec elles : Jacqueline Péry d'Alincourt, Suzanne Hiltermann, Anise Postel-Vinay, Germaine Tillion et Marie Berthe "Betty" Sérot[7].

En , elle est placée en isolement au bunker du camp, décision prise par Himmler afin de la garder en vie et de l'utiliser comme monnaie d’échange, à une époque où Charles de Gaulle gouverne la France libérée. Elle n'en sort que le lors de la libération du camp par l'Armée rouge.

Elle a tiré de cette expérience La Traversée de la nuit, écrit cinquante ans après sa libération, publié le , et qui évoque sa vie à Ravensbrück, l'entraide entre les détenues et les circonstances de sa sortie du camp, ainsi que des articles, notamment sur la condition des enfants au camp de Ravensbrück[8].

Après la guerre[modifier | modifier le code]

Après la guerre, elle rencontre lors de sa convalescence en Suisse Bernard Anthonioz, éditeur d’art et ancien résistant. La cérémonie religieuse de leur mariage est célébrée présidée par Charles Journet[9]. Ils ont quatre enfants, notamment Michel Anthonioz, qu'elle inscrit dès sa naissance en 1947 comme membre du RPF.

Geneviève de Gaulle-Anthonioz est membre puis présidente de l’Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR). Elle suit les procès des criminels nazis en Allemagne, puis participe à l’essor du mouvement politique lancé par son oncle, le RPF.

En 1958, son époux Bernard Anthonioz rejoint le cabinet d'André Malraux comme directeur de la création artistique au Ministère des Affaires culturelles. Geneviève assiste son époux dans ses nouvelles fonctions. C'est à cette époque qu'elle rencontre le Père Joseph Wresinski, alors aumônier du bidonville de Noisy-le-Grand. Dans les souffrances des familles qu'elle y découvre, elle revoit celles qu'elle-même et d'autres déportés ont vécues et décide de s'engager avec Joseph Wresinski dans le mouvement ATD Quart Monde que celui-ci a fondé. Elle est présidente de la branche française du Mouvement de 1964 à 1998.

En 1960, Geneviève de Gaulle participe au comité de défense pour Djamila Boupacha, créé et présidé par Simone de Beauvoir. Djamila Boupacha, arrêtée par l'armée française durant la guerre d'Algérie, a été torturée, violée et battue par ses gardiens[10].

En 1987, elle témoigne sur les pratiques criminelles nazies lors du procès de Klaus Barbie.

Nommée en 1988 au Conseil économique et social, elle se bat pendant dix ans pour l’adoption d’une loi d’orientation contre la grande pauvreté. Reportée en 1997 pour cause de dissolution de l’Assemblée nationale, la loi est votée en 1998.

Elle meurt en 2002, et est inhumée au cimetière de Bossey en Haute-Savoie. Lors de la Journée internationale des femmes, une plaque commémorative est installée à la porte de l'immeuble de son dernier domicile parisien, au numéro 4 de la rue Michelet[11].

Panthéon[modifier | modifier le code]

Le , le président François Hollande annonce[12] la translation de sa dépouille au Panthéon aux côtés de l'ancien ministre de l'Éducation nationale du Front populaire Jean Zay et des résistants Pierre Brossolette et Germaine Tillion[13]. Cependant les familles des deux femmes refusent le transfert des corps au Panthéon, malgré la proposition faite par le président de la République qu'elles soient accompagnées de leurs époux[14]. Cette confidence est faite par la fille de Geneviève de Gaulle lors de l'émission Secret professionnel, diffusée le dimanche sur France Culture. Le suivant, c'est donc un cercueil vide contenant un peu de terre prélevée dans le cimetière de Bossey qui est solennellement déposé dans la crypte du Panthéon[15].

Hommages et distinctions[modifier | modifier le code]

Procès de canonisation[modifier | modifier le code]

La première étape d'un dossier de canonisation comme sainte de l'Église catholique a été ouvert. En 2015, la procédure est arrêtée pour manque de postulateur.[réf. souhaitée]

Décorations[modifier | modifier le code]

Prix[modifier | modifier le code]

  • 1994 : Prix des droits de l'Homme en France et dans le monde

Hommages[modifier | modifier le code]

Plaque 4 rue Michelet (6e arrondissement de Paris).

Dédicaces[modifier | modifier le code]

  • Le général de Gaulle lui a dédicacé le premier tome de ses Mémoires de guerre en ces termes : « À ma chère nièce Geneviève, qui fut, tout de suite, jusqu'au bout, au fond de l'épreuve, au bord de la mort, un soldat de la France libre, et dont l'exemple m'a servi ».

Établissements scolaires[modifier | modifier le code]

Autres établissements[modifier | modifier le code]

L’œuvre de l'artiste C215 entourée par Florence Berthout, maire du 5ème arrondissement de Paris et un des fils de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, le jour de l'inauguration du foyer.
  • Le nouveau centre hospitalier de Saint-Dizier, ouvert en 2009.
  • Une résidence de logements sociaux à Saint-Jean-de-Valériscle, commune du Gard d'où elle est native. Inaugurée le par Isabelle Anthonioz-Gaggini et Michel Anthonioz.
  • Un pôle d'accueil à Chambéry en Savoie.
  • Un foyer d’accueil de nuit pour femmes sans abris à la mairie du 5ᵉ arrondissement de Paris[26] est inauguré par Florence Berthout, maire du 5ᵉ arrondissement[27] le en présence de ses enfants, petits-enfants et de l’artiste français C215[28] qui a réalisé une œuvre.

Lieux[modifier | modifier le code]

Écrits[modifier | modifier le code]

Fioretti

« Pendant neuf mois, j'ai lutté pour ne pas céder au désespoir, garder le respect des autres et de moi-même.
Non, Dieu n'était pas absent, il éclairait le beau visage d'Émilie Tillion ; la vieille Maria, mère Élisabeth rayonnaient de sa lumière. Nous allions le prier en cachette, derrière une baraque, avec une religieuse orthodoxe russe […], mère Marie, que l'épreuve portait à la plus haute contemplation. Il fallait que dans ma cellule j'essaie pauvrement d'être dans leur sillage. Mais à aucun prix je ne voulais me séparer dans ma prière des plus misérables, celles qui volaient le pain, nous battaient pour la distribution de soupe. […] Je devais partager leur humiliation, comme la fraternité et le pain. »

— Geneviève de Gaulle Anthonioz, La Traversée de la nuit, Le Seuil, 1998, p. 18-19.

Ouvrages
Texte[30] créé au théâtre dans une mise en scène de Christine Zeppenfeld interprété par Valérie Le Louédec & Magali Bruneau ; conception multimédia interactive en collaboration avec la Maison des Sciences de l'homme Paris-Nord par Alain Bonardi, Nathalie Dazin ; création des images 3D par Julien Piedpremier ; chorégraphie Magali Bruneau ; composition musicale de Stéphane Grémaud ; création lumière Thierry Fratissier ; création et conception costumes Inez Palaver. Création au Centre des arts d'Enghien. .
  • Lettres à une amie. Correspondance spirituelle, Parole et Silence, 2005.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/POG/FRAN_POG_05/p-70lorirhf--i4ouipdybmvx »
  2. a et b « Décès », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
  3. Neau-Dufour 2004, p. 45.
  4. Portait de Geneviève de Gaulle Anthonioz, sur le site Femmes ad hoc (consulté le 28 mars 2017).
  5. Attestation d'appartenance aux FFC, sur le site du Musée de la résistance (consulté le 28 mars 2017).
  6. Cf. plaque commémorative au 68 rue Bonaparte, dans le 6e arrondissement de Paris.
  7. Cf. Collège Pablo Picasso à Montesson, sur le site archive.org (consulté le 28 mars 2017).
  8. Geneviève de Gaulle, « La Condition Des Enfants Au Camp De Ravensbrück », Revue d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, vol. 12, no 45,‎ , p. 71–84 (ISSN 0035-2314, lire en ligne, consulté le ).
  9. [PDF] [1].
  10. Jean Vigreux, Croissance et contestation (1958 - 1981), Editions du Seuil, (ISBN 978-2-7578-7251-2), p. 57.
  11. « Geneviève de Gaulle-Anthonioz célébrée rue Michelet », publié le 8 mars 2013 sur le site Autour de Montparnasse (consulté le 16 août 2017).
  12. Discours lors de la cérémonie d’hommage à la Résistance, François Hollande, 21 février 2014.
  13. « Deux femmes et deux hommes au Panthéon », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. « Les dépouilles des deux résistantes ne reposeront pas au Panthéon », sur RTL.fr (consulté le ).
  15. « Les dépouilles des deux résistantes n'iront pas au Panthéon. », sur ledauphine.com, (consulté le ).
  16. AFP, « Geneviève de Gaulle-Anthonioz : « le refus de l'inacceptable » », Le Point, .
  17. Ordre de la Libération, « Base Médaillés de la Résistance française avec rosette - fiche Geneviève GAULLE (DE) » (consulté le ).
  18. Lycée Geneviève De Gaulle-Anthonioz, sur le site de l'Académie de Montpellier (consulté le 16 août 2017).
  19. « Collège Geneviève de Gaulle-Anthonioz - Les Bordes », sur clg-anthonioz-les-bordes.tice.ac-orleans-tours.fr (consulté le ).
  20. L'idée d'inaugurer le collège sous ce nom vient du club Résistance fondé par M. Momboisse qui a travaillé avec ses élèves afin de l'inaugurer.
  21. « Collège Geneviève Anthonioz-de Gaulle – Cluses – Arâches-la-Frasse – Châtillon – Magland – Nancy – Le Reposoir – St-Sigismond », (consulté le ).
  22. Transports scolaires, sur le site de la mairie de Carcès (consulté le 16 août 2017).
  23. [PDF] Association sportive du collège Geneviève de Gaulle-Anthonioz, sur le site du journal-officiel.gouv.fr (consulté le 16 août 2017).
  24. École maternelle publique de Gaulle Anthonioz, sur le site du Ministère de l'éducation nationale (consulté le 16 août 2017).
  25. Cartoucherie : à l'«école provisoire», le ras-le-bol s'éternise, publié le 20 septembre 2016 par Angelo Lorusso, sur le site de la dépêche.fr (consulté le 16 août 2017).
  26. « Une halte de nuit pour femmes dans le 5e arrondissement », sur paris.fr (consulté le ).
  27. « Cérémonie des vœux du 17 janvier 2019 », sur mairie05.paris.fr (consulté le ).
  28. « OUTSIDE », sur c215.fr (consulté le ).
  29. « Dénommée avant l'heure », publié le 18 décembre 2014 sur le site de lanouvellerepublique.fr (consulté le 31 mai 2017).
  30. Voir sur le site.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]


Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]