Henri Bertin — Wikipédia

Henri Léonard Jean Baptiste Bertin, né le à Périgueux (Royaume de France) et mort le à Spa (actuelle Belgique), est un homme d'État français, contrôleur général des finances de Louis XV (1759-1763).

Biographie[modifier | modifier le code]

Il est le fils de Jean de Bertin, maître des requêtes, et de Marie-Lucrèce de Saint-Chamans. Cette famille était propriétaire de la forge d'Ans et du château de Fratteau.

En 1741, il fut avocat à Bordeaux, puis conseiller et président au Grand Conseil, intendant du Roussillon (1751-1753) puis intendant à Lyon (1754) avant d'être lieutenant général de police de Paris (1757-1759).

Il accepta en 1759 de devenir contrôleur général des finances au motif que la France était alors en guerre et que les finances étaient plus faciles en temps de guerre car tous les expédients sont alors permis. Mais il prévint Louis XV qu'il démissionnerait une fois la paix revenue, ce qu'il fit en 1763. Il créa le cadastre pour permettre une meilleure répartition de l'impôt. Mais ses réformes se heurtèrent à l'hostilité du parlement de Paris.

Il reçut alors, le , un secrétariat d'État bizarrement composé, détaché du contrôle général des finances, dont les attributions comprenaient : la Compagnie des Indes, les manufactures de coton et de toiles peintes, les haras et les écoles vétérinaires, l’agriculture et les sociétés d’agriculture, les mines, la navigation intérieure, les canaux, les carrosses publics, fiacres et messageries, le roulage, les petites postes, les dépôts et collections de chartes, les loteries, l’échange de la principauté de Dombes, et, comme les autres secrétariats d’État, les dons, pensions, brevets et expéditions dépendant de son département. Celui-ci, assez étendu, incluait la Guyenne, la Normandie, la Champagne, la principauté de Dombes, la généralité de Lyon, le Berry, les îles de France et de Bourbon (actuelle Île de la Réunion) et tous les établissements de la Compagnie des Indes. La création d'un cinquième secrétariat d'État – qu'on appela le secrétariat de M. Bertin – constitue un événement unique dans les annales de la monarchie.

En butte aux empiètements du contrôle général des finances, Bertin abandonna dès 1764 la Compagnie des Indes et les manufactures de coton et toiles peintes et Turgot lui reprit en 1775 les carrosses et messageries ; il réussit en revanche à conserver les mines moyennant l’abandon de la navigation à l’intendant des finances chargé des ponts et chaussées. Il se fit attribuer à grand peine en 1773 les questions relatives aux biens communaux, aux défrichements et dessèchements. Le commerce ne fit jamais partie de ses compétences.

Bertin fut un des artisans de la rénovation de l'agriculture et le créateur de l'école vétérinaire de Lyon en 1761, puis celles de Limoges en 1766, de Maisons-Alfort en 1767. Sous son impulsion, les intendants des provinces ont créé quatorze sociétés provinciales d'agriculture.

Privé de moyens financiers et de personnel compétent, le « petit ministère » de Bertin connut un échec relatif, sauf en ce qui concerne les mines. Il a veillé à l'application aux mines de charbon de terre de l'arrêt de 1744[1], en contournant de l'hostilité des petits propriétaires et en favorisant les compagnies concessionnaires, mais en s'assurant qu'elles ne créent pas un monopole régional pouvant porter atteinte à la concurrence. Il essaie d'appliquer les mêmes réformes aux mines métalliques. Il prend conscience que pour augmenter l'efficacité de l'exploitation des mines il faut créer un corps d'ingénieurs spécialisés. Il a envisagé dès 1764 la création d'une école des mines mais a reculé devant le problème posé par le financement de son entretien. C'est le qu'un un arrêt a été rendu commettant le caissier de la Petite Poste de Paris pour recouvrer les contributions des exploitants de mines destinées à l'entretien d'une école des mines. Le même caissier était déjà chargé du recouvrement des contributions nécessaires au fonctionnement des écoles vétérinaires. La première école des Mines est fondée par l'arrêt du Conseil d'État du roi pris le .

La suppression de son ministère fut prononcée après la démission de son titulaire, le .

Fasciné par la Chine, il permit à deux jeunes Chinois catholiques de venir passer plusieurs années d'étude en France puis de retourner en Chine bénéficiaires d'une pension du roi Louis XVI. Bertin s'appuyait sur la mission des jésuites auprès de l'empereur de Chine (les pères François Bourgeois et Joseph-Marie Amiot). Vergennes ne suivit pas ses recommandations, ce qui est regrettable car la Chine était le complément naturel du commerce avec l'Inde, ce que les Anglais comprirent fort bien dans les années décisives entre 1778 et 1785.

Acte de sépulture d'Henri Léonard Jean Baptiste Bertin dans le registre paroissial de l'église Saint-Remacle de Spa le .

Membre honoraire de l'Académie des sciences (1761) et de l'Académie des inscriptions et belles-lettres (1772), Henri Léonard Jean Baptiste Bertin émigre en 1791. Il meurt peu de temps après, à Spa, le et est inhumé le même jour : dans le registre paroissial de Saint-Remacle de Spa, le curé le qualifie de Commandeur des Ordres du Roy et de Ministre d'État de France[2].

Famille[modifier | modifier le code]

  • Jean de Bertin (1659-1754), écuyer, seigneur de Servolles, Brantôme, Badefol, Bellisle, comte de Saint-Géran, marié par contrat de mariage du , à Marie-Lucrèce de Saint-Chamans, fille de Louis-Mathieu de Saint-Chamans et de Gabrielle de Grimoard de Frateaux ;
    • Charlotte de Bertin (1706-1741), mariée en 1718 à Henri de Mellet de Fayolle (1674-1763), comte de Neuvic ;
      • Louis Raphaël Lucrèce de Mellet de Fayolle (1727-1804), comte de Mellet, marié en 1763 avec Élisabeth Mélanie Le Daulceur (1746-1793)
      • Charlotte de Mellet de Fayolle
    • Mathieu-Louis de Bertin (1707-1779), marquis de Frateaux, capitaine au régiment de Saint-Jal, cavalerie, prisonnier à la Bastille de 1752 à sa mort, vraisemblablement pour avoir refusé l'exigence de son père de céder son droit d'aînesse à son frère Henri Bertin[3] ;
    • Marie-Anne de Bertin (1711- ), religieuse au couvent de Coiroux, abbesse de La Joie en Bretagne ;
    • Charles-Jean de Bertin (1712-1774), évêque de Vannes en 1746 ;
    • Gabrielle de Bertin (1714- ), religieuse au couvent des Grandes-Carmélites de Bordeaux ;
    • Marguerite-Anne de Bertin (1715- ), demoiselle de Bellisle ;
    • Bertrande de Bertin (1716-1786), mariée à messire François de Malet (1702-1769), seigneur de la Jorie ;
    • Louis-Auguste de Bertin (1717-1794), appelé abbé de Frateau, docteur de Sorbonne, chanoine de l'église cathédrale de Périgueux, prieur de Saint-Bem et de Palaiseau, dernier abbé de Breantôme ;
    • Anne-Constance de Bertin (1718-1775), mariée en 1738 à Antoine Joseph Marie Macon Chapelle de Jumilhac de Cubjac, gouverneur de la Bastille de 1761 à 1776 ;
    • Henri-Léonard-Jean-Baptiste de Bertin (1720-1792), marquis de Bourdeilles ;
    • autre Charlotte de Bertin (1721- ), mariée en 1739 à Henri de Fumel, baron de Monségur ;
    • autre Marguerite de Bertin (1722- ), demoiselle de Creyssac.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Arrêt de 1744 : sous l'impulsion de Jean Hellot avait été pris l'arrêt du Conseil du 14 janvier 1744, annulant la concession aux propriétaires du sol, faite en 1698 par Louis XIV, du droit d'exploiter les mines de houille se trouvant dans leurs fonds. Cet arrêt introduit pour la conduite des travaux de ces mines les premières clauses générales de police minérale
  2. Archives d'État de Belgique, registre paroissial de Saint-Remacle de Spa, année 1792, page 27/28 en ligne.
  3. « Château de Fratteau ». Voir aussi : « Un Bastillard, le marquis de Fratteaux », sur Généalogie Charente-Périgord ; ce document donne aussi des sources

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]