Henri Queuille — Wikipédia

Henri Queuille
Illustration.
Henri Queuille en 1945.
Fonctions
Président du Conseil des ministres français

(5 mois et 1 jour)
Président Vincent Auriol
Gouvernement Queuille III
Législature Ire (Quatrième République)
Prédécesseur René Pleven
Successeur René Pleven

(10 jours)
Président Vincent Auriol
Gouvernement Queuille II
Législature Ire (Quatrième République)
Prédécesseur Georges Bidault
Successeur René Pleven

(1 an, 1 mois et 17 jours)
Président Vincent Auriol
Gouvernement Queuille I
Législature Ire (Quatrième République)
Prédécesseur Robert Schuman
Successeur Georges Bidault
Vice-président du Conseil des ministres

(4 mois et 30 jours)
Président Vincent Auriol
Président du Conseil Edgar Faure
Antoine Pinay
René Mayer
Joseph Laniel

(2 ans, 8 mois et 3 jours)
Président Vincent Auriol
Président du Conseil Georges Bidault
Ministre de l'Intérieur

(1 an, 6 mois et 4 jours)
Président Vincent Auriol
Président du Conseil Georges Bidault
Lui-même
René Pleven
Prédécesseur Jules Moch
Successeur Charles Brune
Ministre des Finances

(4 mois et 1 jour)
Président Vincent Auriol
Président du Conseil Lui-même
Prédécesseur Christian Pineau
Successeur Maurice Petsche
Président du conseil général de la Corrèze

(21 ans)
Prédécesseur Hippolyte Rouby
Successeur Jean-Baptiste Brun
Maire de Neuvic

(53 ans)
Prédécesseur François Dellestable
Successeur Roger Serve
Sénateur français

(9 ans, 10 mois et 13 jours)
Élection 8 décembre 1935 (partielle)
Réélection 10 janvier 1939
Circonscription Corrèze
Groupe politique RRRS
Prédécesseur Henry de Jouvenel
Député français

(12 ans et 7 jours)
Élection 10 novembre 1946
Réélection 17 juin 1951
2 janvier 1956
Circonscription Corrèze
Législature Ire, IIe et IIIe (Quatrième République)
Groupe politique RRRS

(22 ans et 21 jours)
Élection 10 mai 1914
Réélection 16 novembre 1919
11 mai 1924
29 avril 1928
1 mai 1932
Circonscription 1re d'Ussel
Groupe politique RRRS
Prédécesseur Arthur Delmas
Successeur Marius Vazeilles
Conseiller général de la Corrèze

(48 ans)
Circonscription Canton de Neuvic
Prédécesseur François Dellestable
Successeur Émile Pradel
Biographie
Nom de naissance Antoine Henri Queuille
Date de naissance
Lieu de naissance Neuvic (Corrèze, France)
Date de décès (à 86 ans)
Lieu de décès Paris 6e (France)
Nationalité Française
Parti politique RAD (1912-1958)
CR (1958-1970)
Profession Médecin

Signature de Henri Queuille
Chefs du gouvernement français

Henri Queuille est un homme d'État français, né le à Neuvic (Corrèze) et mort le à Paris. Membre du Parti radical-socialiste, plusieurs fois ministre sous la IIIe République, notamment à l'Agriculture, il fut trois fois président du Conseil sous la IVe République.

Biographie[modifier | modifier le code]

Années de jeunesse[modifier | modifier le code]

Henri Queuille naît à Neuvic où son père est pharmacien et maire adjoint. Orphelin de père à l'âge de 11 ans, il est élève boursier au lycée de Tulle et décroche son baccalauréat à 18 ans. Il fait ensuite ses études de médecine à Paris, où il se lie d'amitié avec Georges Duhamel, également médecin. À 20 ans, il fonde le syndicat des gorges de la Dordogne QEB qui édite des cartes postales et des brochures pour le tourisme.

À 24 ans, après la mort de sa mère en 1908, il s'installe comme médecin généraliste à Neuvic. Il devient un acteur politique local très engagé dans le parti radical-socialiste et fait figure de « rouge » pour ses détracteurs.

Il est élu maire de Neuvic en 1912, conseiller général du canton de Neuvic en 1913 et député de la circonscription d'Ussel en 1914.

Engagé volontaire pendant la Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Volontaire, dès le début de la Première Guerre mondiale, il est affecté comme médecin aide-major à l'hôpital de Baccarat. En lui est décernée la croix de guerre avec citation, seule décoration qu'il porte. Il participe à la bataille de Verdun et à la bataille de la Somme.

Un ministre de l'entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

De gauche à droite : Henri Queuille, Pierre Laval et Louis Barthou lors d'un conseil des ministres en 1934.

Élu député de la Corrèze dès 1914, il va être réélu à quatre reprises sous l'étiquette radical-socialiste, jusqu'aux élections de 1936 auxquelles il ne se participera pas et qui verront le communiste Marius Vazeilles lui succéder temporairement. Il redeviendra parlementaire après guerre en 1946. En 1935, il devient sénateur de la Corrèze en succédant à ce poste à Henry de Jouvenel, décédé cette année-là. Sur le plan local, outre son mandat de maire de Neuvic, il accède, à partir de 1921, à la présidence du conseil général de la Corrèze, poste qu'il occupera jusqu'en 1940.

Queuille est sous-secrétaire d’État à l'Agriculture en 1920, puis nommé secrétaire d'État ou ministre à plusieurs reprises : Agriculture en 1924-1925, 1926-1928, 1930, 1932-1933, 1933 (1), 1933 (2), 1933-1934, 1934 (1), 1934 (2), 1938-1940, Santé publique en 1930-1931, 1934-1935, PTT en 1932, Travaux publics en 1937-1938. Au titre de cette dernière fonction, il met en œuvre et applique la nationalisation des chemins de fer amorcée antérieurement. La création sans heurt de la SNCF, dans des délais très courts, à l'issue de négociations délicates avec les compagnies, vaut à Queuille l'hommage public du président du Conseil, Camille Chautemps, et les félicitations de Léon Blum. Il est président de la Confédération nationale de la mutualité, de la coopération et du crédit agricole de 1935 à 1959.

L'inamovible ministre de l'Agriculture durant l'entre-deux-guerres n'en est pas moins pris dans la tourmente, en 1933, de l’un des plus gros scandales politico-financiers de l’époque : « l’affaire Stavisky »[1].

Seconde Guerre mondiale : ralliement au général de Gaulle[modifier | modifier le code]

Ministre du Ravitaillement en 1940 dans le gouvernement Paul Reynaud, il participe comme sénateur au congrès de Vichy le . Il s'abstient lors de l'octroi des pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain et se retire à Neuvic, où il fonde une entreprise de charbon de bois, destinée à alimenter les gazogènes.

Le , il est révoqué de sa fonction de maire de Neuvic par le régime de Vichy. Pendant son séjour clandestin à Neuvic en décembre 1942, Claude Hettier de Boislambert l'informe que le général Charles de Gaulle attache une grande importance à son ralliement. Après l'échec d'une première tentative d'exfiltration, il réussit, en , à gagner Londres à bord d'un avion Lysander de la RAF. Quelques jours après son arrivée, il lance à la BBC un appel à la Résistance destiné aux paysans de France.

En , Queuille est nommé commissaire d'État du Comité français de libération nationale. Il en assume également la vice-présidence. En , il devient ministre d'État du premier gouvernement provisoire de la République et, à ce titre, assure l'intérim de la présidence pendant les absences du général de Gaulle. Après la Libération, il se retire en Corrèze et refuse de continuer aux côtés de Charles de Gaulle, signe d'une faille entre les deux hommes. Il est battu aux élections législatives de 1945 pour la première et seule fois de sa carrière, mais il redevient maire de Neuvic.

Favorable au rétablissement des institutions républicaines, Queuille se consacre, dans les mois qui suivent la Libération, au relèvement et à la réorganisation du parti radical, durement éprouvé par la guerre et l'occupation.

La Seconde Guerre mondiale confronte Queuille et Edmond Michelet aux mêmes défis, chacun à sa mesure. Les deux Corréziens ne retrouvent leur pays qu’à la fin de la guerre, à près d’un an d’intervalle. La reconstruction de la vie politique locale va mettre face à face Queuille et Michelet au fur et à mesure des scrutins qui jalonnent l’immédiat après-guerre[2].

Henri Queuille, est fidèle à la mémoire des martyrs du massacre de Tulle par la 2e division SS « Das Reich » le 9 juin 1944[3].

Président du Conseil sous la IVe République[modifier | modifier le code]

Il retrouve son siège au palais Bourbon de 1946 à 1958. Il fait partie des gouvernements successifs de 1948 à 1954 en tant que Président du conseil ou bien ministre d'État en 1948 (cabinet Marie) et en 1951-1952 (cabinet Pleven), ministre des Travaux publics en 1948 (cabinet Schuman), ministre de l'Intérieur en 1950-1951 (cabinet Pleven puis dans son propre gouvernement), vice-président du Conseil en 1949-1950 (cabinet Bidault) et en 1952-1954 (cabinets Pinay, Mayer, Laniel).

Il exerce les fonctions de président du Conseil des ministres à trois reprises, dirigeant les coalitions de la Troisième Force, entre les communistes et les gaullistes :

Alors qu'il est chef du gouvernement, la France signe le traité de l'Atlantique nord. Comme ministre de l'Intérieur, il fait voter la loi des apparentements destinée à freiner l'essor du Rassemblement du peuple français et à réduire l'influence des communistes. Il est aussi ministre du Tourisme.

Ses problèmes de santé ont pratiquement mis fin à sa carrière ministérielle à la fin des années 1950. Mieux portant, il aurait facilement succédé à Vincent Auriol à la présidence de la République[réf. nécessaire]. En , alors qu'à Versailles l'élection du nouveau chef de l'État s'éternisait, beaucoup espéraient qu'il finirait par se présenter pour sortir l'Assemblée de l'impasse. Il préfère s'abstenir et vit encore plus de 16 ans.

En 1956, en désaccord avec Pierre Mendès France, il quitte le parti radical-socialiste et fonde, avec l'aile droite de ce dernier, le Centre républicain, dirigé par le maire de Nantes, André Morice. En , il s'oppose au retour de De Gaulle et appelle à voter contre le projet de constitution de la Ve République en . Il ne se représente pas aux élections législatives qui suivent et soutient le candidat socialiste SFIO, François Var, qui est élu à son siège. Queuille, qui avait distribué tellement de médailles, refuse la Légion d'honneur pour lui-même, et à part la Croix de guerre, il n'accepte que celle de la Société nationale d'horticulture de France.

Bilan d'une longue carrière politique[modifier | modifier le code]

Neuvic (Corrèze), statue d'Henri Queuille.
Plaque commémorative à son domicile au no 100 de la rue du Cherche-Midi à Paris.

En raison de sa longue carrière politique, l'homme ayant été vingt et une fois ministre sous la IIIe et la IVe République, et des formules lapidaires qu'il a pu avoir sur l'exercice du pouvoir, Queuille, « le petit père Queuille », comme on le surnommait, a fini par devenir le symbole de l'inefficacité et du discrédit de la IVe République, empêtrée dans le régime des partis et, plus généralement, d'une certaine conception de la politique placée sous le sceau de l'impuissance fataliste et cynique.On lui prête la célèbre phrase : "Il n'est aucun problème assez urgent en politique qu'une absence de décision ne puisse résoudre." [4]

Il est également le symbole de l'amabilité, de la simplicité, d'une honnêteté scrupuleuse, de la proximité avec ses concitoyens et d'une fidélité permanente à l'humanisme radical socialiste et à la République, ce qui l'amena à prendre des positions tranchées pas toujours dans l'air du temps.

Malgré les jugements politiques qui deviennent des vérités, il reste de Queuille :

Il faut ajouter qu'il n'était nullement impopulaire : quand, avant l'élection présidentielle de 1953, l‘Almanach du Combattant organisa un sondage auprès de ses lecteurs pour savoir quel homme politique ils souhaitaient voir à l'Élysée, Queuille arriva très largement en tête. Évidemment, beaucoup d'anciens combattants et résistants souhaitaient que fût élu un des leurs.

Les présidents de la République Jacques Chirac et François Hollande ont été dépeints comme des héritiers, chacun dans leur style, du « père Queuille »[5].

Hommage et distinctions[modifier | modifier le code]

  • Une statue d'Henri Queuille a été érigée à Neuvic, sur la place Henri-Queuille.

Fonctions gouvernementales[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Journal de guerre, -, texte présenté et annoté par Isabel Boussard, Limoges, PULIM, 1993 (ISBN 291001603X et 9782910016036), lire en ligne sur Google Livres (aperçu)
  • Journal de guerre Londres-Alger, -, présenté et annoté par Hervé Bastien et Olivier Dard, préface de Serge Berstein, Plon/Fondation Charles de Gaulle, 1995 (ISBN 2259182054 et 9782259182058)

Généalogie[modifier | modifier le code]

Son fils Pierre-François Queuille (1911-1995), fut diplomate, ambassadeur en Malaisie et auteur d'ouvrages d'histoire de la diplomatie française.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gilbert Beaubatie, « Henri Queuille et l'affaire Stavisky », revue Arkheia, Montauban, 2008.
  2. http://centremichelet.brive.fr/Docs/Journee%20d_etude%202013.pdf
  3. Vincent Brousse et Philippe Grandcoing, Un siècle militant, , 262 p. (ISBN 978-2-84287-338-7, lire en ligne), p. 21.
  4. jacques attali, « pour en finir avec le Queuillisme », sur attali.com, .
  5. Franz-Olivier Giesbert , biographie de Jacques Chirac chez Plon 1987 et Mathieu Deslandes, « Tonton, héros de Hollande ? Et le père Queuille alors ? ! », sur rue89.com, Rue89, .
  6. « Musée départemental de la Résistance Henri Queuille », sur cheminsdememoire.gouv.fr, ministère de la Défense (consulté le ).
  7. « Musée départemental de la Résistance Neuvic – Histoire », sur resistance-massif-central.fr (consulté le ).
  8. « Musée de la Résistance/Henri Queuille », sur culture.fr, ministère de la Culture et de la Communication (consulté le ).
  9. Généastar : Ascendants de Henri QUEUILLE.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Denis Faugeras, Henri Queuille et le Front Corrézien (1934-1938), étude universitaire, éditions du CERPP, 1986
  • Francis de Tarr, Henri Queuille en son temps (1884-1970), biographie, éditions de La Table Ronde, 1995
  • Denis Faugeras, La République corrézienne (1871-1946), étude historique, éditions du CERPP, 2 vol., 2004
  • Jean-Michel Valade, 100 ans en Corrèze: chronique au fil du siècle 1901-2000, éditions Gestes, 2012

Colloques scientifiques[modifier | modifier le code]

  • « Henri Queuille et la Corrèze », Tulle, le , organisé par les Amitiés Henri-Queuille et par la Société d'histoire du radicalisme (actes publiés à Limoges en 1986).
  • Pierre Delivet et Gilles Le Béguec (dir.), Henri Queuille et la République, journée organisée par les Amitiés Henri Queuille (actes publiés à Limoges en 1987 et préfacés par le président François Mitterrand), Paris, 1987, 312 p., présentation en ligne.
  • « Henri Queuille, le radicalisme et le monde rural », Tulle, , journée organisée par la Société des lettres de la Corrèze et le Conseil général et le Musée départemental de la Résistance de Neuvic.

Thèses et mémoires de maîtrise[modifier | modifier le code]

  • Stéphane Broquet, "Henri Queuille et le Parlementarisme de la IVe République", Mémoire de maîtrise, 2002

Publications[modifier | modifier le code]

  • Francis de Tarr, "Henri Queuille", Revue des arts, sciences et arts de la Corrèze, tome 107, 2004
  • Stéphane Broquet, "Concevoir le pouvoir législatif autrement, Henri Queuille et le Parlement", Revue des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, tome 106, p. 29-47
  • Stéphane Broquet, "Entretien avec Monsieur Pierre Delivet", Revue des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze (Partie 1), tome 107, 2004, p. 83-104
  • Stéphane Broquet, "Entretien avec Monsieur Pierre Delivet", Revue des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze (Partie 2), tome 108, 2005-2006, p. 91-111

Liens externes[modifier | modifier le code]