Histoire de Taïwan — Wikipédia

L'Histoire de Taïwan remonte à la Préhistoire, vers 30000 av. J.-C. (homme de Zuozhen). Il y a environ 18 000 ans, la fonte des glaces sépare cette petite chaîne de montagnes du continent et en fait l'île de Taïwan.

Différents groupes proto-Austronésiens, de la culture de Hemudu en provenance de la baie de Hangzhou, ancêtres des actuels Aborigènes, s'y installent à partir de 4000 av. J.-C. Ils assimilent et remplacent alors les anciennes populations du Pléistocène[1],[2].

Des archives de la Chine ancienne indiquent que les Hans auraient eu connaissance de l'existence de Taïwan depuis l'époque des Trois Royaumes de Chine (IIIe siècle) ; cependant, cette hypothèse est difficile à valider car les noms donnés aux îles au large de la Chine diffèrent d'une dynastie à l'autre, et aucun n'est directement raccordable à Taïwan.[réf. nécessaire]

En Europe, elle est d'abord remarquée par des marins portugais qui lui donnent le nom de Formose (formosa, « belle ») sous lequel elle sera connue en Occident jusqu'au XXe siècle. Taïwan est réellement confrontée à l'Occident au XVIIe siècle, lorsque les Hollandais colonisent une partie de l’île, christianisent une partie de la population aborigène et créent une écriture pour le siraya (langue aborigène qui était parlée dans la région de Tainan). Ils en seront chassés par Koxinga, un loyaliste Ming hostile à la dynastie Qing. En 1683, les Mandchous (dynastie Qing) prennent le contrôle de l'île et mettent fin au règne des Zheng. Après sa défaite face au Japon en 1895 lors de la guerre sino-japonaise (1894-1895), la Chine signe le Traité de Shimonoseki par lequel elle doit céder Taïwan à l'empire du Japon. Cette colonisation s'accompagne d'une certaine ségrégation, mais également d'une japonisation-assimilation de la population, et de l'industrialisation de l'île. Lors de la défaite de 1945, le Japon remet Taïwan à l'ONU, qui en confie la stabilisation à la république de Chine, des troupes chinoises du Kuomintang viennent donc reprendre rapidement le contrôle de l'île, avec le soutien des États-Unis. En 1949-1950, les nationalistes du Kuomintang, à la suite de leur défaite dans la guerre civile chinoise (1927-1950), fuient l'Armée de libération et la création de la république populaire de Chine par le Parti Communiste chinois. S'y établissent alors deux millions de Chinois du continent, en majorité des troupes, avec l'ambition de reprendre le continent au parti communiste chinois. Sous l'impulsion de Tchang Kaï-chek, ils imposent l'état d'urgence et un régime de parti unique où le Kuomintang domine, et poursuivent l'industrialisation de l'île.

La démocratisation s'implante dans les années 1970 et progresse tandis que Taïwan rejoint bientôt le groupe des « pays développés ». Dans les années 1990, différents partis sont autorisés et des élections sont mises en place. Le débat politique se polarise autour de la question de l'indépendance.

Taïwan devient un géant économique après 1970 (1970-1990) et le tout premier des « quatre dragons » asiatiques, devant la Corée du Sud, Hong Kong et Singapour[3].

Préhistoire[modifier | modifier le code]

Homme de Zuozhen.

Les plus vieux restes humains retrouvés sur l'île remontent à 30 000 ans et constituent l'Homme de Zuozhen (左鎮人) venant de Kaohsiung. Cependant, les premiers habitants ne sont pas reliés génétiquement aux populations austronésiennes actuelles de l'île.

On trouve de nombreux sites archéologiques à Taïwan. La culture la plus ancienne sur l'île est celle de Changbin. C'est une culture de l'âge de pierre qui remonte à plus de 15 000 ans et aurait duré jusqu'à il y a 5 000 ans.

Les Austronésiens[modifier | modifier le code]

Il y a 6 000 ans (4 000 ans av. J.-C.), arrive la population de la culture de Hemudu, originaire de la baie de Hangzhou, cultivateurs de millet et de riz. Apportant leur culture et les langues austronésiennes sur l'île, ils supplantent rapidement les peuples du Pléistocène et sont les ancêtres des actuels aborigènes taïwanais[1],[2].

Selon la théorie dite Out of Taïwan ( «sortie de Taïwan» ), des groupes de Taïwan ont quitté l'île vers 2500 avant J.-C. et ont peuplé diverses régions de l'Asie du Sud-Est, où ils ont répandu les langues austronésiennes.

D’autres cultures ont également existé, comme la culture de Dapenkeng (大坌坑, dàbènkēng) qui est une culture du Néolithique et dont on trouve des traces dans le nord, dans le sud de l’île, ainsi que dans les îles Penghu (îles Pescadores). Elle est aussi appelée « culture de la poterie cordée », car les poteries trouvées portent des motifs cordés. Dans le bassin de Taipei on trouve les restes de la culture de Yuanshan (圓山, yuánshān), de -5 000 au début de l'ère chrétienne. Sur les squelettes retrouvés on constate que les gens de cette culture pratiquaient l’extraction dentaire, cette coutume était encore pratiquée par certains groupes aborigènes actuels au début du XXe siècle.

Monolithe à Beinan.

À la fin du Néolithique, deux cultures coexistent dans l'est de Taïwan: la culture de Beinan et la culture de Qilin (麒麟, qílín). Ces deux cultures sont caractérisées par l'utilisation de dalle en pierre. La culture de Beinan (卑南鄉) utilise ces dalles pour en faire des cercueils, et la culture de Qilin (麒麟) en tant que mégalithes. La coutume de l’extraction dentaire était aussi pratiquée au sein de cette population.

Les cultures de l'île de Taïwan n'entrent que tardivement à l’âge du fer. On retrouve plusieurs traces de différentes cultures de cette époque. Comme la culture de Shisanhang (十三行) dans le Nord de l’île, on y a retrouvé de nombreux outils en fer. À la même époque on trouve également d’autres cultures de l’âge de fer, la culture de Fanziyuan au centre de l’île près de la côte, la culture Niaosong (鳥松) au Sud ou la culture Jingpu sur la côte Est. Cependant il est difficile d'établir des liens directs entre ces cultures et les groupes aborigènes actuels.

La colonisation néerlandaise et espagnole[modifier | modifier le code]

Les premiers contacts avec les Européens eurent lieu en 1542 lorsqu'un vaisseau portugais repéra l'île et la surnomma Ilha Formosa, soit « belle île » en portugais[4].

Les Portugais ne firent aucune tentative de colonisation.

Seul le Japon s’intéressa à Taïwan à la fin du XVIe siècle et au début XVIIe siècle. Hideyoshi Toyotomi premièrement en 1593, puis le Shogunat Tokugawa essayèrent par deux fois de mener des expéditions vers Taïwan, en 1609 et 1616 ; ces expéditions furent des échecs, dus à la résistance des populations aborigènes. La politique isolationniste met fin aux idées expansionnistes.

Formose et les Pescadores, Johannes Vingboons, ca.1640, Nationaal Archief, La Haye.

Les Hollandais, cherchant à établir un poste avancé pour commercer avec la Chine et le Japon, et ainsi mettre fin au monopole qu’entretenaient les Portugais et Espagnols[5], établirent une base dans les îles Pescadores en 1622.

Forcés par les troupes chinoises, ils durent se retirer et partir s’installer à Tayouan (Anping dans l'actuelle ville de Tainan) en 1624, où ils construiront le Fort Zeelandia.

Les Hollandais de la Compagnie des Indes (VOC) colonisèrent l’île jusqu’en 1662, ils en seront chassés par Koxinga.

Les Hollandais ne voulaient au départ utiliser leur implantation à Taïwan que comme une simple base pour leur commerce entre la Chine et le Japon.

Par la suite, afin de se préserver des attaques éventuelles venant des aborigènes ou des autres puissances coloniales rivales, et aussi pour rendre leur colonie autonome, les Hollandais décidèrent d'asseoir leur domination par des moyens militaires, mais également en développant le potentiel agricole et commercial de l’île[6].

Pour étendre leur influence sur les populations aborigènes, et ainsi contrôler les éventuelles révoltes, ils tentèrent de les christianiser. Ils réalisèrent des translittérations dans la langue siraya de textes religieux, à des fins d'évangélisation et construisirent des écoles, ou l’usage de cette écriture a été enseigné.

Bien qu’elle ne fut pas normalisée dans son orthographe, l’utilisation de cette écriture restera en usage jusqu’au XIXe siècle, mais il ne reste que peu de ces documents écrits.

Les Hollandais incitèrent les paysans de la province chinoise du Fujian à migrer à Taïwan, afin de cultiver les terres qu’ils considéraient faiblement exploitées par les populations aborigènes.

Afin d’accroître davantage les profits, la Compagnie des Indes ajouta au développement agricole de l’île et les revenus qu'elle en tirait, un ensemble de taxes, qui touchaient tous les domaines. Parmi celles-ci on peut citer le commerce de peau de daim, qui était très fructueux, le droit de pêche, etc.

La domination des Hollandais ne commence réellement qu’à partir de 1635, lorsqu'en août, des renforts arrivèrent, et furent dans les mois qui suivirent mis à contribution.

Les Hollandais se lancèrent dans des expéditions militaires, pour soumettre les divers villages et imposer ainsi leur domination aux populations. Ces expéditions furent des succès, si bien que même des villages qui n’avaient jamais été en contact avec les Hollandais demandèrent la paix.

D’autres expéditions auront également lieu au début des années 1640, qui permirent d’étendre l’influence hollandaise dans le centre de l’île, ainsi que d’en expulser les Espagnols.

Les Espagnols en effet, préoccupés par l’installation des Hollandais à Taïwan et par la menace que cela représentait pour leur commerce avec la Chine et le Japon, décidèrent également de s'installer à Taïwan, mais dans le Nord de l'île.

Ils débarquent près de Keelung en 1626, avec à leur tête Antonio Carrendo de Vales. Ils construiront également deux forts, l’un à Keelung (Fort San Salvador) et l'autre à Tamsui (Fort Santo Domingo).

Ils n’arriveront jamais à étendre leur influence dans l’île, et finalement abandonneront l'île aux Hollandais en 1642. La colonisation hollandaise eut un certain impact sur les populations aborigènes qui vécurent à leur contact, surtout dans le Sud-Ouest et notamment sur les Siraya.

Les Espagnols, quant à eux, en raison de leur courte présence sur l’île et de leur faible capacité d'expansion, n’eurent aucune influence sur la vie des populations aborigènes.

L’arrivée de Koxinga et des Chinois aura beaucoup plus d’impact sur la vie des populations aborigènes.

Koxinga et le royaume de Tungning[modifier | modifier le code]

En avril 1661 une flotte menée par Zheng Chenggong (Koxinga), un loyaliste Ming, débarque sur l’île de Taïwan avec 25 000 hommes pour en expulser les Hollandais, en faire leur base arrière pour partir à la reconquête de la Chine, et en chasser les Mandchous.

Après 9 mois de siège en 1662, les Hollandais capitulent et partent de Taïwan[7]. Koxinga fit du Fort Zeelandia son palais et son quartier général, il renomme l’endroit Anping. Koxinga, mais meurt le 23 juin 1662, 4 mois plus tard ; son fils Zheng Jing lui succède.

Les Zheng favorisent à la mise en valeur des terres : Zheng Jing (鄭經) continue la politique de son père de défrichement des terres. Il renforce les défenses de l’île, pour se prémunir d’une attaque des Qing, et lance certaines attaques contre les côtes chinoises. Zheng Jing meurt en 1682. Son fils Zheng Keshuang lui succède au trône, il n’a que 12 ans.

Le gouvernement établi par les Zheng est extrêmement sévère et très militarisé et de lourdes taxes sont imposées, la mainmise sur la population chinoise est totale. Cette dernière ne se révolte pas, seuls les aborigènes se révoltent à quelques reprises. Durant le règne des Zheng la migration de population chinoise continue, malgré l’interdiction faite par les Mandchous de traverser le détroit.

Taïwan sous la dynastie Qing[modifier | modifier le code]

Liu Mingchuan, premier gouverneur de Taïwan.
Aborigène taïwanais, habillée avec une fourrure de Léopard, vers 1900.

Les Mandchous décident en 1683 de passer à l’attaque. En juin 1683, les Qing envoient une force militaire contre les Zheng, cette force militaire, commandée par l’amiral Shi Lang, débarque d’abord aux Pescadores. Les Zheng se rendront aux Qing : ainsi prit fin leur règne.

Migration vers Taïwan[modifier | modifier le code]

Cette expédition des Qing n’avait pas pour but de coloniser ou d’annexer Taïwan mais de faire chuter la dynastie des Zheng, qui représentait une menace pour l’empire. L’empereur Kangxi estimait que Taïwan était une terre sans importance, (彈丸之地。得之無所加,不得無所損). Cependant l’île sera finalement annexée à l’empire, idée qui avait été soutenue par Shi Lang en personne. De nombreux chinois habitant Taïwan seront rapatriés sur le continent, essentiellement les soldats des Zheng (40 000), et de nombreux hommes qui n’avaient pas de famille[8].

Le gouvernement Qing interdira la migration vers Taïwan pendant presque toute la période où il aura le contrôle de l'île. L’interdiction de migrer vers Taïwan fut levée et restaurée à plusieurs reprises. Malgré les interdictions, cette migration ne cessa jamais et les migrants, en grande majorité des hommes seuls, continuaient à traverser le détroit dans l’espoir d’une vie meilleure.

En 1760 l’interdiction fut levée et de nombreux migrants vinrent à Taïwan pour tenter leurs chances d’une vie meilleure, car une poussée démographique se faisait sentir en Chine[9]. La population chinoise de Taïwan passe de 120 000 à l’époque des Zheng à plus de deux millions en 1810[10].

Politique aborigène[modifier | modifier le code]

L’arrivée de plus en plus nombreuse de population chinoise, mit de plus en plus de pression sur les populations aborigènes qui durent migrer ou s’assimiler[11].

Pour éviter des conflits et la spoliation des aborigènes de leurs terres par les migrants chinois qui cherchaient de nouvelles terres, le gouvernement mit en place un système de location des terres aborigènes par les paysans chinois.

Les migrants chinois cherchant de plus en plus de terres à exploiter, en vinrent à s’aventurer à l’intérieur des terres et donc à entrer en conflit avec les « aborigènes des montagnes ».

En 1722 après une rébellion des Chinois de l'île, le gouvernement Qing établit une frontière qui séparait les montagnes des plaines. Il était interdit aux Chinois de s'installer au-delà de cette frontière.

Cette interdiction fut maintenue jusqu’en 1875[12] où les autorités levèrent l’interdiction dans le but de coloniser les montagnes et de pouvoir exploiter les ressources naturelles.

En plus de cette "frontière aborigène", l'administration Qing maintint à la même période une politique de quarantaine interdisant l'émigration de Chinois du continent vers Taïwan. En 1807, la proposition d'étendre la juridiction impériale sur la sous-préfecture de Kemalan, peuplée de Han et d'aborigènes loyaux à l'Empire et située au-delà de la frontière aborigène, fut initialement refusée par l'administration impériale au motif que la doctrine de quarantaine servait à empêcher les troubles avec les aborigènes et minimiser le coût d'administration de l'île. Cette proposition finit tout de même par être acceptée en 1810[13]. Dans les faits, bien que les punitions prévues soient parfois appliquées, de nombreux Chinois s'installèrent en territoire aborigène pendant la durée d'existence de cette frontière.

L'absence de juridiction chinoise au-delà de la frontière aborigène fut utilisée par le Japon comme argument pour affirmer que la côte Est de Taïwan n'était pas sous souveraineté chinoise, lors de la crise diplomatique de 1874 suivant une expédition militaire japonaise en territoire aborigène. Cet argument ne fut pas reconnu comme valide par les diplomates occidentaux, ce qui participa à mettre fin à la crise. Le territoire situé au-delà de la frontière avait donc un statut particulier, faisant partie du territoire chinois sans que la loi chinoise ne s'y applique[13].

Conflits et révoltes[modifier | modifier le code]

De nombreux conflits éclateront entre les migrants chinois des diverses provinces : Les migrants se regroupant par lien à leur terres d’origine, des conflits éclataient entre Hakka contre Hokklo, etc.

Taïwan fut également le théâtre d’affrontements entre le gouvernement Qing et les puissances européennes, américaines puis japonaises.

En 1840 Keelung fut envahie par les Britanniques durant la guerre de l’opium.

En 1871 un navire des Îles Ryūkyū s’échoue sur la cote Sud-Est de Taïwan et 54 membres de son équipage furent tués par les aborigènes du village de Mutan (牡丹社),

Le gouvernement japonais trouva dans cet incident l’occasion de faire valoir ses droits sur les Ryūkyū ainsi que de mener une expédition vers Taïwan sur laquelle il avait des visées expansionniste.

Les Japonais envoyèrent une force expéditionnaire en 1874, elle comprenait 2000 hommes.

Ils affrontèrent les Aborigènes, il y eut 30 pertes du côté des Paiwan et 543 côté japonais dont seulement 12 tués au combat, les autres étant morts de maladie. Les Japonais finirent par se replier lorsque les Qing envoyèrent des troupes en renfort (9000 soldats).

En 1884 la France, désireuse d'étendre l'Empire colonial français, attaqua le Nord de Taïwan pendant la guerre franco-chinoise, ce qui poussa le gouvernement Qing à la construction d’une série de défenses côtières.

Le 12 octobre 1885 Taïwan devient une province chinoise et Liu Mingchuan (劉銘傳) le premier gouverneur de Taïwan.

Modernisation de Taïwan[modifier | modifier le code]

Liu Mingchuan (劉銘傳) tente alors de moderniser Taïwan. Il fait construire un chemin de fer entre Taipei et Hsinchu, ouvre une mine à Keelung et développe les défenses de Taïwan pour se prémunir d’attaques étrangères.

Taïwan sous domination japonaise[modifier | modifier le code]

Annexion à l'empire du Japon[modifier | modifier le code]

Après la défaite face à l'empire du Japon en 1895, les Qing cèdent Taïwan et les îles Pescadores au Japon à perpétuité le 17 avril 1895, selon les termes du Traité de Shimonoseki. Les termes du traité laissent une période de grâce pour les sujets Han leur permettant de vendre leurs biens et de retourner sur le continent.

Le 21 mai 1895, le Japon crée le poste de Gouverneur-général de Taïwan qui remplace celui de Gouverneur de Taïwan. La contre-offensive politique taïwanaise suivra de quelques jours.

La république de Taïwan[modifier | modifier le code]

Drapeau de la république de Taïwan.

Afin de résister à l’occupation japonaise, les notables taïwanais créent la république de Taïwan[14] le 23 mai 1895, le but étant de recevoir de l’aide venant de l’étranger pour contrer l’arrivée des Japonais. La capitale est installée à Tainan et Tang Jingsong en devient le Président. Bien qu'indépendante, la jeune république reconnaît la suzeraineté chinoise. Les troupes japonaises débarquent près de Keelung le 29 mai et prennent Taipei, Tang Jingsong s’enfuit et Liu Yongfu qui dirigeait l’armée lui succède[15]. L’armée impériale japonaise se dirige vers le sud et Taïwan tombe en octobre, Liu Yongfu s’enfuit à son tour le 20 octobre. La république de Taïwan n’aura duré que 5 mois.

Après la république de Taïwan[modifier | modifier le code]

La colonisation japonaise doit faire face à de nombreuses révoltes. Les premières années, la pacification de Taïwan engloutit 90 % du budget de la colonie.[réf. nécessaire]

En 1930, durant l'Incident de Wushe les Japonais utilisent des armes chimiques sur les populations aborigènes.

Le gouvernement colonial met en place une politique agricole afin d’améliorer la production et de tirer des profits des exportations. Les techniques agricoles et les techniques d’irrigation sont améliorées. Une réforme agraire distribue des terres aux paysans. La surface cultivée est ainsi doublée et les rendements triplés.

L'occupation contribue significativement à l'industrialisation de l'île : entre autres, un réseau de voies ferrées, un système d'assainissement et un système d'éducation publique sont mis en place.

Avec le déclenchement de la guerre sino-japonaise en 1937, l'empire du Japon amorce une politique d'assimilation sociale et culturelle (kōminka) sur toute l'île pour raffermir les liens entre l'île et la nouvelle mère patrie. L'usage de la langue et l'adoption de noms nippons sont encouragés par des mesures répressives et l'enregistrement à un sanctuaire shintō de même que le culte de l'empereur Shōwa sont déclarés obligatoires. L'élite taïwanaise porte les costumes d'apparat japonais.

Banque de Taïwan.

À la suite de la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, selon les termes de l'« instrument japonais de reddition », le Japon accepta a priori la déclaration de la Conférence de Potsdam qui référençait la déclaration du Caire selon laquelle l'île devait être libérée des forces nippones.

Les troupes de la république de Chine arrivèrent sur l'île pour accepter la reddition des forces militaires japonaises lors de l'ordre général no 1 émis par le général Douglas MacArthur le , puis furent transportées à Keelung par la marine américaine.

Archipel de Taïwan sous la république de Chine[modifier | modifier le code]

Devant l'auditorium Taihoku de Taipeh, la foule célèbre la reddition du Japon face aux Alliés en 1945.

En 1945, lorsque la guerre prend fin le retour à la « mère patrie » est accueilli comme une libération. Mais les Taïwanais sont vite déçus de l’arrivée des troupes nationalistes continentales qui se comportent comme en territoire conquis, écartant de l’administration les Taïwanais et accaparant les richesses de l’île.

C'est un véritable « choc culturel » entre les Chinois venus du continent et les Taïwanais qui avaient vécu sous administration japonaise durant cinquante ans.

Les ressources de l’île sont utilisées afin de mener la guerre contre les communistes sur le continent. La situation économique de Taïwan se détériore, accentuant la rancœur des Taïwanais contre les autorités nationalistes.

Le 28 février 1947, éclatent des émeutes contre le gouvernement en place (événements du 28 février, appelé incident 228 (二二八事件)). Ces manifestations sont réprimées dans le sang par les troupes nationalistes. La « terreur blanche » s’abat sur Taïwan, elle dure pendant des décennies, entre 10 000 et 30 000 personnes sont tuées et des milliers de personnes arrêtées. L’élite intellectuelle taïwanaise est décapitée. Le mouvement indépendantiste se développe.

En 1949, Tchang Kaï-chek (蔣介石) se réfugie à Taïwan, les communistes ayant gagné sur le continent. La république de Chine ne contrôle plus que l’île de Taïwan et certaines autres petites îles.

En mai 1949, la loi martiale est déclarée, Tchang Kaï-chek contrôle Taïwan d'une main de fer, et toute opposition est réprimée. Malgré sa défaite sur le continent Tchang Kaï-chek continue de revendiquer l’autorité sur tout le territoire chinois. Le Kuomintang, parti politique nationaliste formé autour de Tchang, prône la sinisation de Taïwan, le mandarin est imposé comme langue officielle. Cette sinisation à marche forcée est un choc non seulement pour les plus anciens Taïwanais, également d'origine chinoise, mais aussi pour les aborigènes dont la culture était déjà décimée par les premiers colons européens, les colons chinois des dynasties Ming et Qing, et par la colonisation japonaise.

Crise du détroit[modifier | modifier le code]

La guerre de Corée qui éclate en 1950 est un salut pour le régime de Tchang Kaï-chek. En effet, l’Armée populaire de libération (中國人民解放軍) se préparait à envahir Taïwan, Harry S. Truman décide de défendre Taïwan contre une invasion des troupes communistes. La 7e flotte américaine croise au large de Taïwan.

En 1954, les accords de défense mutuelle sont signés et des troupes américaines stationnent à Taïwan.

Le 25 octobre 1971, les membres de l’ONU votent l’entrée de la république populaire de Chine à l’ONU. La Résolution 2758 expulse les représentants de Tchang Kaï-chek de l’ONU, et ne mentionne plus le nom de république de Chine. La république populaire de Chine devient le seul représentant de la Chine à l’ONU.

En 1975, Tchang Kaï-chek meurt, et en 1978 son fils Chiang Ching-kuo lui succède à la tête du pays et du Kuomintang. L’arrivée de Chiang Ching-kuo entraîne une participation accrue des Taïwanais[Quoi ?] et une période d'ouverture.

En décembre 1978, les États-Unis lient des relations diplomatiques avec la Chine et ferment par conséquent toutes relations diplomatiques avec la république de Chine.[réf. nécessaire] Les accords de défense mutuelle sont abolis et les bases américaines à Taïwan sont fermées. En contrepartie le congrès américain vote en 1979 le « Taiwan Relations Act », une loi qui autorise les États-Unis à accorder de l'aide militaire pour la défense de Taïwan.

Pour l'historien François Godement, le décollage économique de Taïwan dans la deuxième partie du XXe siècle repose sur « le travail, [...] le développement de l'éducation et [...] l'accumulation des recettes d’exportation », favorisé par l'ouverture du marché américain aux produits fabriqués sur l'île. Ce succès prend racine sur les progrès considérables déjà réalisés durant la première moitié du siècle en matière de productivité, sous l'occupation japonaise, Tokyo installant dans ce qui devint son « grenier à fruits et légumes » des industries de base et des infrastructures de transport. Le Kuomintang au pouvoir, lui, crée comme Singapour des zones économiques spéciales pour attirer les firmes étrangères et soutient de grandes entreprises d'État, des recettes qu'imiteront par la suite les autres pays de l'Asie orientale. Durant deux décennies, Taïwan connaît une croissance annuelle de plus 10 %[16].

En 1987, la loi martiale est levée et les habitants de Taïwan sont de nouveau autorisés à visiter la république populaire de Chine.

En 1988, Chiang Ching-kuo meurt.

Lee Teng-hui (李登輝) met fin à l’état de guerre en 1991.

En 1995, Lee Teng-hui effectue une visite à titre « privé » aux États-Unis. Cette visite donne lieu à la « crise des missiles », à la suite des déclarations de Lee Teng-Hui. Durant l'été 1995 et en mars 1996, l’Armée populaire de libération effectue des tirs de missiles près des côtes de Taïwan dans le but de mettre la pression sur les partisans indépendantistes. Les États-Unis réagissent à ces tirs de missiles en envoyant deux porte-avions et leurs escadres, ce qui met fin à cette crise.

Les premières élections au suffrage universel direct se déroulent en 1996 et Lee Teng-hui est victorieux.

En 1999, Lee Teng-hui déclare que les relations entre la Chine et Taïwan étaient des « relations spéciales d’État à État », cette déclaration soulève des protestations à Pékin et l’administration Clinton déclare même que Lee Teng-hui était un trouble-fête[17].

Le statut de Taïwan est source de tensions avec la Chine.

L'année suivante, la RPC édite un Livre blanc stipulant qu'une déclaration d'indépendance de Taïwan ainsi que le refus sine die des négociations en vue de la réunification, sont des casus belli.

Le PDP au pouvoir[modifier | modifier le code]

L'élection présidentielle de 2000 voit la victoire de Chen Shui-bian (陳水扁), candidat du Parti démocrate progressiste (PDP) (民進黨, mínjìndǎng, Wade : Minjintang). Il est réélu en 2004 après une élection très serrée. Le taïwanais et des langues aborigènes peuvent désormais être enseignées à l'école en plus du chinois mandarin. Le Parlement étant toujours dominé par le Kuomintang (KMT), une loi sur l'initiation des référendums est votée. L'initiation d'un référendum exige un très grand nombre de signatures à plusieurs étapes. Le vote final nécessite la participation du 50 % des électeurs, ainsi que l'approbation du sujet par 50 % de ceux qui ont voté. Par conséquent, aucun des référendums initiés n'est passé.

Retour du Kuomintang[modifier | modifier le code]

En mars 2008, Ma Ying-jeou (馬英九), candidat du Kuomintang et partisan du rapprochement avec Pékin est élu à la présidence de la République. Il a largement favorisé les échanges culturels, touristiques et économiques entre Taïwan et la Chine. Lors de son investiture, il a promis aux Taïwanais la non unification avec la Chine, la non « indépendance » et la non-utilisation de la force militaire. Des lignes aériennes civiles directes sont ouvertes entre Taïwan et la Chine continentale, permettant à des gens isolés de chaque côté du détroit de pouvoir revoir leur famille.

Chen Shui-bian est emprisonné à la suite de différentes affaires de corruption.

Ma Ying-jeou est réélu le 14 janvier 2012 pour un second mandat et son parti, le Kuomintang, prend 64 des 113 sièges du parlement lors des législatives qui ont eu lieu simultanément.

En 2013, la cote du président Ma est passée sous le seuil de 20 %.

Le Mouvement Tournesol des Étudiants occupe le Parlement en 2014.

Les élections locales taïwanaises de 2014 voient le Parti démocrate progressiste en tête sur une partie des circonscriptions, notamment en raison de ses alliances avec certains partis minoritaires. Des partis minoritaires et indépendants prennent un certain nombre de sièges. Ko Wen-je (柯文哲, kē wénzhé ; taïwanais : Koa Bûn-tiat), candidat indépendant devient maire de Taipei. Eric Chu (朱立倫, zhū lìlún) du Kuomintang la mairie du Nouveau Taipei, les autres municipalités spéciales sont prises par le PDP. Le Kuomintang obtient tout de même le plus grand nombre de sièges dans les conseils municipaux.

Retour du PDP (depuis 2016)[modifier | modifier le code]

Tsai Ing-wen, la candidate présidentielle du Parti démocrate progressiste, remporte deux élections en 2016 et en 2020[18].

Chronologie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « The Austronesians — Historical and Comparative Perspectives — Chapter 5. Austronesian Prehistory in Southeast Asia: Homeland, Expansion and Transformation », Peter Bellwood (consulté le )
  2. a et b « Remapping the Austronesian expansion - 4.1 China as a source for the Austronesians » (consulté le )
  3. GEO no 400 de juin 2012 p. 37
  4. Brice Charton, La fin de la colonisation hollandaise par le pirate Koxinga dans Champs de Bataille, bimestriel n°52 de juillet 2013, p. 61
  5. John Robert Shepherd, Statecraft and Political Economy on the Taiwan Frontier 1600-1800, SMC Publishing inc, p. 47
  6. John Robert Shepherd, Statecraft and Political Economy on the Taiwan Frontier 1600-1800, SMC Publishing inc, p. 49-50
  7. Traité entre Zheng Chenggong et le gouverneur hollandais
  8. John Robert Shepherd, Statecraft and Political Economy on the Taiwan Frontier 1600-1800,SMC Publishing inc, p. 106
  9. La population chinoise double au XVIIIe siècle
  10. Josiane Cauquelin, Les sociétés austronésiennes, Taïwan une enquête sur une identité, 2000, p. 94-95
  11. Wang I-Shou, Cultural contact and the migration of Taiwan's Aborigenes : A historical perspective, China's island frontier, Ronald G.Knapp, SMC publishing inc. p. 39
  12. Wang I-Shou, Cultural contact and the migration of Taiwan's Aborigenes : A historical perspective, China's island frontier, Ronald G.Knapp, SMC publishing inc. p. 41
  13. a et b (en) Lung-Chih Chang, From island frontier to imperial colony: Qing and Japanese Sovereignty debates and territorial projects in Taiwan, 1874-1906, , p. 37
  14. Ou République de Formose
  15. Pour certains historiens, Liu aurait succédé à Tang comme chef du gouvernement et non comme président.
  16. François Godement, interviewé par Philippe Eliakim, « Taiwan, son succès fait de l'ombre à la Chine », sur Capital, (consulté le ).
  17. Jean-Pierre Cabestan, « Recrudescence de tension « d’État à État » dans le détroit de Formose », Perspectives chinoises,‎ (lire en ligne)
  18. Stéphane Lagarde, « Élections locales à Taiwan : le parti au pouvoir en net recul », Radio France internationale, .

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • James W.Davidson, The Iland of Formosa Past and Present, SMC Publishing inc., 1903
  • WM.Campbell, Formosa under the dutch, SMC Publishing inc., London 1903, (ISBN 957-638-083-9)
  • John Robert Shepherd, Statecraft and Political Economy on the Taiwan Frontier 1600-1800, SMC Publishing inc., Taipei 1995, (ISBN 957-638-311-0)
  • Histoire de Taïwan, Lee Hsiao-Feng (p.: Li Xiao-feng),  éd. L'Harmattan, collection « Point sur l'Asie », 2005.
  • Claude Geoffroy, Le mouvement indépendantiste taïwanais, ses origines et son développement depuis 1945, L'Harmattan, (ISBN 273845593X)
  • Samia Ferhat-Dana, Le dangwai et la démocratie à Taïwan, une lutte pour la reconnaissance de l'entité politique taïwanaise (1949-1986), L'Harmattan, (ISBN 2738469310)
  • Jacinta Ho Kang-mei et Pierre Mallet, Lee Teng-hui et la "révolution tranquille" de Taïwan, L'Harmattan 2005, (ISBN 2747590127)
  • Taïwan : Enquête sur une identité, ed. Karthala, Collection dirigée par Jean Copans.
  • Chantal Zheng, Les Européens aux portes de la Chine : L'exemple de Formose au XIXe siècle, Publications de l'Université de Provence, 1998, (ISBN 285399421X)
  • Chantal Zheng, Les Austronésiens de Taïwan : à travers les sources chinoises, L'Harmattan 1995, Collection "Recherches asiatiques", (ISBN 2738434797)
  • Stephane Ferrero, Formose vue par un marin français du XIXe siècle, L'Harmattan 2006, (ISBN 2747594157)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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