Histoire du Brésil — Wikipédia

Carte du Brésil
Carte du Brésil

Cet article présente un résumé de l’histoire du Brésil.

Le Brésil, cinquième pays du monde par la superficie et par le nombre d’habitants, est le pays le plus vaste et le plus peuplé d’Amérique latine, couvrant la moitié du territoire de l’Amérique du Sud avec plus de la moitié de ses habitants[1]. Il partage des frontières avec tous les pays d’Amérique du Sud à l’exception du Chili et de l'Équateur. En revanche, sa langue nationale est le portugais, alors que le reste de l'Amérique latine parle l'espagnol, résultat de l'histoire de la colonisation des Amériques à partir de 1492.

La date de 1492, arrivée des premiers Européens dans les îles des Caraïbes sous le commandement de Christophe Colomb, au service de la reine Isabelle de Castille et du roi Ferdinand II d'Aragon, marque pour le continent américain une césure fondamentale entre la période précolombienne et la période coloniale, qui pour le Brésil, commence seulement après 1500, dans le cadre de l'empire portugais.

La population amérindienne en 1500 sur le territoire aurait approché un million de personnes. La population du pays est estimée en 2024 à environ 210 millions de Brésiliens (en modulant pour diasporas et migrations), contre 96 en 1970, 17 en 1900, 4 vers 1800.

Période précolombienne[modifier | modifier le code]

Peintures rupestres, parc national de la Serra da Capivara
Peuples indigènes du Brésil vers 1500

Archéologie préhistorique au Brésil[modifier | modifier le code]

Il y a environ 24 000 ans, des groupes d'hommes du Paléolithique venus d'Eurasie (premier peuplement de l'Amérique) franchissent le détroit de Béring. Leurs descendants arrivent dans le territoire de l'actuel Brésil il y a environ 16 000 ans, selon les recherches archéologiques internationales effectuées sur les sites préhistoriques de Pedra Furada dans le Parc national de la Serra da Capivara (État du Piauí, au nord du Brésil) : préhistoire du Brésil, archéologie au Brésil (pt)[2].

Des vestiges trouvés dans la région de Pedro Leopoldo (Minas Gerais), témoignent d'une occupation humaine datant d'au moins 11 000 ans[3].

En 2003, les traces d'une civilisation assez évoluée sont confirmées dans le haut-Xingu, permettant d'établir une carte d'au moins dix-neuf villages. Certains de ces villages auraient eu une population de 2 500 à 5 000 habitants. Contrairement à la majorité d'autres cultures qui se sont développées le long des côtes, cette civilisation se serait développée en fonction de la forêt et de ses ressources[4]. Cette civilisation aurait atteint son apogée entre 1200 et 1400 apr. J.-C. et aurait duré plus de mille ans.

Le peuplement du territoire à la fin du XVe siècle[modifier | modifier le code]

Alors que, à la fin du XVe siècle, les plateaux du Mexique avec les Aztèques et les hauts plateaux du Pérou avec les Incas sont organisés sur le mode d'un État impérial très structuré et techniquement assez avancé, le territoire de l'actuel Brésil est habité par des tribus souvent semi-nomades, réparties entre plus de deux cents ethnies, dont la plus importante est celle des Tupinamba.

Selon les estimations[5],[6], vers 1500, entre 3 et 5 millions d'Amérindiens vivent sur le territoire brésilien, en 500 à 900 peuples, pour une grande part de langue tupí, arawak, caribe ou , et le plus souvent sur le littoral[7].

Ces populations vivent de la pêche, de la chasse, de la cueillette, mais aussi de l'agriculture (horticulture, maraîchage), sans connaître la propriété privée (individuelle). L'aliment de base est le manioc, mais le maïs est aussi cultivé, ainsi que le tabac. Ces populations indigènes ont inventé le hamac et la sarbacane, et la teinture de la peau, souvent de couleurs variées.

Depuis les années 1960, l'étude du biome amazonien, puis de l'anthrosol dit "terre noire" (terra preta), permet de réviser certaine approche misérabiliste des peuples autochtones.

Les peuples indigènes du Brésil ont beaucoup évolué, d'abord démographiquement : beaucoup ont disparu, beaucoup ont été dispersés, razziés (entrada), regroupés (aldementos (pt)), assimilés, acculturés, métissés, urbanisés. De rares communautés ont évité tout contact. Le directoire des Indiens (pt) (1757-1798), du Marquis de Pombal, est un vaste corpus de textes concernant le respect des indigènes et des établissements indigènes, recommandant prudence et douceur : sa non-application puis sa révocation (par Marie Ire (reine de Portugal)) participent de la désintégration des populations indigènes. La population aurait chuté jusqu'à 100 000 dans les années 1950.

L'exposition anthropologique brésilienne de 1882 (en) réunit les recherches des anthropologues brésiliens (ou non) de l'époque, et amorce une tendance indigéniste, permettant ainsi l'élaboration de politiques indigénistes. Le travail du Serviço de Proteção ao Índio (pt) (SPI, Service de protection des Indiens, 1910-1967), puis de la Fondation nationale de l'Indien (FUNAI, 1967), contribue à imposer la question des langues et des territoires. La constitution brésilienne de 1988 permet de rétablir et protéger un certain nombre de territoires indigènes (terras indígenas) : démarcation des terres indigènes au Brésil.

Au recensement de 2010, environ 900 000 individus se revendiquent comme Indiens, en forte progression par rapport aux recensements de 1991 et 2000.

Petite galerie de productions amérindiennes brésiliennes[modifier | modifier le code]

Période coloniale portugaise (1500c-1800c)[modifier | modifier le code]

En octobre 1492, Colomb atteint d'abord les Bahamas, puis débarque à Haïti qu'il baptise Hispaniola. Hispaniola devient dès 1493 (deuxième voyage de Colomb) le premier établissement colonial dans le Nouveau Monde. En 1494, les royaumes de Castille et de Portugal signent sous l'égide du pape le traité de Tordesillas, qui précise le méridien séparant la zone d'opération des Portugais, qui ont déjà l'exclusivité en Afrique (sauf les îles Canaries, colonie castillane) et celle des Castillans.

Parallèlement, après avoir atteint le cap de Bonne-Espérance (Bartolomeu Dias) en 1488, les Portugais (Vasco de Gama) atteignent l'Inde (Calicut) en 1498. Le Brésil est découvert peu après, en 1499 par un navigateur castillan et en 1500 par un navigateur portugais.

Découverte du Brésil par les Européens (1499-1500)[modifier | modifier le code]

Certains attribuent la découverte du Brésil au navigateur espagnol Vicente Yáñez Pinzón (1460c-1523), compagnon de Christophe Colomb pendant le voyage de 1492-1493, en 1499 (découverte attestée par Colomb lui-même, Diego de Lepe et Rodrigo de Bastidas).

Les rois catholiques d'Espagne, Isabelle et Ferdinand, ne revendiquent cependant pas cette terre, située à l'est du méridien défini par le traité de Tordesillas de 1494.

L'histoire (ou du moins la majorité des historiens) retient que les côtes du Brésil ont été découvertes le par le Portugais Pedro Alvares Cabral (1467-1520), au cours du deuxième voyage organisé pour aller en Inde, selon la lettre à Manuel Ier du Portugal de Pero Vaz de Caminha (1450c-1500), secrétaire de Cabral.

Début de colonisation portugaise (1500-1530c)[modifier | modifier le code]

Les navigateurs portugais ont l’habitude (ou l'obligation) de planter des croix padrão ("pilier de pierre surmonté d'une croix ou des armes du Portugal et comportant une inscription") sur toutes les terres qu’ils découvrent, le premier nom de la colonie est « Terre de la Vraie Croix » (Terra de Vera Cruz).

Mais les colons portugais qui s’installent sur les côtes l’appellent Brésil, du nom du bois de brésil qui donne une teinture vermeil (brasil en portugais signifiant « braise »). Les Indiens, qui acceptent facilement de couper du bois en échange d’outils, de draps ou de marchandises diverses, sont d’abord appelés « Brésils ».

Les premiers contacts sont longtemps difficiles et meurtriers : les Européens ne sont généralement pas bienvenus, au moins quand ils s'installent, s'accaparent de fait des territoires, des voies de communication, se servent de la flore et de la faune, cherchent à asservir les populations, en utilisant des technologies inconnues (armes à feu, etc.). Le bon sauvage ne l'est pas toujours : la légende noire des sauvages anthropophages est facile à établir.

Incursions françaises (1523-1615)[modifier | modifier le code]

En 1523, le navigateur Giovanni da Verrazzano, naviguant pour le compte du roi de France, François Ier, qui ne s'estime pas tenu par le traité de Tordesillas, tente de s’implanter au Brésil. Les Français mènent une politique de colonisation notamment autour de la baie de Guanabara.

Durant l’été 1554, Nicolas Durand de Villegagnon visite secrètement la région du Cabo Frio, où ses compatriotes se cachent habituellement. Son projet est de transformer cette zone en une puissante base militaire et navale française, afin d'essayer de contrôler le commerce entre l'Europe et les "Indes occidentales" (l'Amérique). « France antarctique » est le nom donné à la colonie française qui occupe la baie de Rio de Janeiro de 1555 à 1567, finalement détruite par les forces portugaises. À la suite d'autres tentatives françaises au Brésil, notamment la France équinoxiale près de São Luís (Maranhão) entre 1612 et 1615), la Couronne portugaise décide d’intensifier la colonisation du Brésil et d’améliorer son statut[8].

Incursions néerlandaises (1630-1654)[modifier | modifier le code]

Mauritsstad (Recife)

En 1630, les agents de la compagnie néerlandaise des Indes occidentales, entreprise politico-commerciale créée aux Provinces-Unies[9] en 1621, s'emparent des villes de Recife, Natal et Salvador. Recife devient la capitale de la colonie et reçoit le nom de Mauritsstaad (« Ville de Maurice », le stathouder Maurice de Nassau).

Les populations locales se révoltent (Insurreição Pernambucana ou « Insurrection de Pernambouc ») contre la présence hollandaise à la faveur de la Première guerre anglo-néerlandaise (1652-1654), à l’issue de laquelle le Portugal récupère ces territoires, l'Angleterre l'ayant emporté (traité de Westminster).

Mise en place du système des capitaines-donataires (1532)[modifier | modifier le code]

Le « bois brésil » ne suffisant plus à assurer le développement économique du nouveau territoire, le roi de Portugal[10] le confie à de grands seigneurs, appelés « donataires », qui concèdent ensuite des domaines à des colons, à charge pour eux d'y cultiver la canne à sucre[11].

Le , Martim Afonso de Sousa fonde le premier village de colonisation : la Vila de São Vicente. Le système du donataire est généralisé en 1532 : des postes de défense sont cédés comme donation à divers nobles portugais. Le Brésil est divisé en quinze lots de cinquante lieues de côté, confiés chacun à un capitaine-donataire. Le roi du Portugal leur délègue une partie de ses pouvoirs militaires, judiciaires et administratifs. Ils obtiennent 20 % des terres de la capitainerie, le droit de réduire les Indiens en esclavage, de percevoir certaines redevances. Les colons doivent au capitaine-donataire le service militaire et le paiement d'impôts en échange de la concession de terres (sesmaria), le droit au culte catholique au frais de la Couronne leur étant garanti. Le roi conserve la perception des dizimes (dîmes), le monopole du bois-brésil et des épices et l’impôt du quinto (le cinquième des pierres et des métaux précieux extraits du sol)[12].

Exploitation sucrière et esclavage[modifier | modifier le code]

T. de Bry, 1596

Les premiers colons, pour exploiter la canne à sucre ou le bois précieux, essaient de réduire en esclavage les Amérindiens, pour la plupart analphabètes (au sens européen). Mais les Amérindiens, d'ailleurs assez peu nombreux, fuient à l’intérieur des terres ou préfèrent se suicider que de travailler comme esclaves. Aussi les Portugais décident de recourir à des esclaves originaires d’Afrique noire.

Les premiers Africains sont déportés au Brésil en 1532[12]. En 1600, le Brésil est devenu le premier producteur et exportateur de sucre au monde et participe pleinement au commerce triangulaire. Les colons échangent leurs produits agricoles contre de l’argent ou des biens (meubles, habits) d’Europe et essaient de copier le mode de vie des aristocrates portugais (les fidalgos) eux-mêmes deviennent les afidalgados[13].

Les Portugais se procuraient les esclaves contre des produits manufacturés ou des fruits sud-américains au Nigeria, au Cameroun, au Gabon, au Ghana, au Togo, au Congo, au Mozambique, en Tanzanie, au Kenya, au Zimbabwe, et surtout au Bénin et en Angola. La côte angolaise devient aussi une colonie brésilienne dirigée à Luanda par un gouverneur qui n’est autre qu’un grand propriétaire brésilien. Les négriers portugais ont même déporté des neveux du Mani-kongo.

Une société marquée par le système esclavagiste[modifier | modifier le code]

À l’arrivée au Brésil, les familles et les compatriotes noirs sont séparés afin de ne pas susciter de solidarité entre esclaves et apprennent néanmoins le portugais. Les esclaves travaillent du lever au coucher du soleil et obtiennent un repas par jour. L’espérance de vie moyenne d’un esclave est alors de 5 ans à partir du moment où il commence à travailler et le taux de mortalité dépasse alors le nombre de naissances, ce qui incite les Portugais à importer de nouveaux esclaves d’Afrique. Ensuite, ils meurent souvent de fatigue, de malnutrition ou de maladie (ils n’ont pas droit à des soins de santé)[réf. nécessaire]. Ils sont rebaptisés par leurs maîtres et portent le nom de famille de ceux-ci. Les esclaves vivent dans la senzala autour de la villa de leur maître.

Des contre-maîtres circulent la nuit pour vérifier si les esclaves ne s’enfuient pas ou ne préparent pas de révolte. Les esclaves qui arrivent à s’enfuir sont marqués au fer s'ils sont rattrapés. Pour s’assurer leur obéissance, les maîtres cherchent à les intimider, ils les font fouetter par les contre-maîtres. Même les blancs pauvres avaient au moins deux esclaves[réf. nécessaire]. Le dimanche, les esclaves ont un jour de repos ; c’est le dimanche que les esclaves d’origine kongo (Angola et Congo) organisent la congada une fête en l’honneur de leur monarque jadis en Afrique, la congada serait à l'origine du carnaval de Rio.

Les femmes blanches sont rares dans une colonie où la violence règne. Les maîtres doivent alors prendre plusieurs femmes ou maîtresses, noires et indiennes, ainsi il ne sera donc pas rare de voir par la suite des maîtres métis. Les enfants d’esclave et de maîtres peuvent aussi être esclaves ou libres comme serviteurs, artisans ou petits paysans. Les maîtresses blanches quant à elles prostituent souvent leurs esclaves. Si l’Église catholique (romaine) ne condamne pas pendant longtemps l’esclavage des noirs, elle condamne celui des Indiens, même si recommandations et lois restent peu appliquées.

Les Portugais différencient alors les types de métis ainsi : caboclo (métis de blanc et d’indien), cafuzo (métis d’indien et de noir) et le mulato (métis de noir et de blanc), ce dernier terme qui est dérivé du mot mulet peut-être péjoratif. En 1570, le Brésil compte alors à peu près 20 000 Blancs, 30 000 Noirs et 800 000 indiens. En 1650, la population blanche est alors estimée à 70 000, la population noire à 100 000 et les métis en comptent 80 000.

L’élément noir et le métissage jouent un rôle important dans la démographie et la culture brésilienne. L’époque coloniale va marquer durablement l’histoire du pays, la suprématie des blancs, de grands propriétaires fonciers, le racisme, le métissage, mais aussi la ségrégation entre maitre et esclaves entrainera plus tard une ségrégation entre riches et pauvres, et la création d'armées privées.

Les révoltes d’esclaves sont nombreuses : quasiment une par an. Au XVIIIe siècle, des esclaves travaillant la canne à sucre dans le Pernambouc se révoltent et fuient dans les montagnes. Ils fondent le territoire autonome, ou quilombo, de Palmares. Cette rébellion, qui dura près d'un siècle, fut le plus long soulèvement d'esclaves de l’histoire. En 1775, l’esclavage des indiens est aboli et le recours aux esclaves africains est accru. Le trafic d’esclave est alors également assuré par les grands propriétaires brésiliens et les trafiquants étrangers (non portugais). Après trois siècles de colonisation portugaise, le pouvoir politique est alors aux mains des grands propriétaires possédant terres, esclaves et surtout armée de mercenaires impressionnants. Ils font leurs commerces librement et ne versent que des impôts à la couronne portugaise. L’influence des commerçants étrangers est aussi importantes. Le Portugal n’a plus que très peu d’autorité sur sa colonie.

Période des révolutions (1808-1822)[modifier | modifier le code]

En 1808, le Brésil subit les conséquences de l'avènement à la tête de la République française de Napoléon Bonaparte (1801[14]) lorsque, à partir de 1807, les armées françaises attaquent le Portugal pour le contraindre à respecter le blocus continental.

Le Royaume-Uni de Portugal, Brésil et Algarves (1808-1821)[modifier | modifier le code]

En 1808, le roi Jean VI, gravement menacé par les troupes françaises, quitte le Portugal et se réfugie à Rio de Janeiro, qui devient alors de fait la capitale de l’empire colonial portugais.

Le pays cesse d'être une colonie. Les Brésiliens sont autorisés à commercer avec les pays alliés du Portugal (notamment le Royaume-Uni) et avec les neutres (Décret d'ouverture des ports brésiliens aux nations amies). L’interdiction de créer des manufactures est levée et une université est fondée. L’Angleterre protège le Brésil contre toute attaque maritime, en échange de contrats commerciaux[réf. nécessaire].

Même après le départ des troupes françaises du Portugal (1813-1814), la cour reste à Rio, parce que Portugal, Espagne et Europe (en général) sont en période troublée.

Révolution portugaise de 1820-1821 et ses conséquences au Brésil[modifier | modifier le code]

Après le soulèvement du au Portugal, un conseil de régence de cinq personnes est mis en place et des élections sont organisées pour former une assemblée constituante.

En ,le Brésil entre lui aussi en révolution. La population du Pará dépose le gouverneur. Une junte provisoire est formée le 10 février. À Recife, le gouverneur prend la tête du mouvement et fait élire des députés à l'assemblée constituante. À Rio de Janeiro, le gouvernement tente de gagner du temps et envoie le prince dom Pedro en mission à Lisbonne. Mais la garnison se soulève, dirigée par un avocat, Macamboa. Elle exige la constitution « telle que les Cortes viennent de la voter ». Le roi Jean VI accepte la constitution et la liberté de la presse est proclamée. gouverne jusqu’au , Le roi quitte le Brésil le 24 avril et arrive à Lisbonne le , prenant ses fonctions de roi constitutionnel.

Mais une tension se développe alors entre les Portugais et les Brésiliens. Les Cortes de Lisbonne prennent des mesures pour reprendre le contrôle du Brésil, en supprimant le gouvernement local (chaque province brésilienne dépend directement de Lisbonne) et les Brésiliens sont exclus des postes clefs dans l’administration du Brésil.

Proclamation de l'indépendance du Brésil (1822)[modifier | modifier le code]

Un contre projet présenté pour créer un parlement brésilien provoque une telle confusion que les députés brésiliens décident d’émigrer en Angleterre[pas clair].

Les Cortes de Lisbonne ordonnent à dom Pedro de rentrer en Europe et envoient une flotte pour le chercher. La réaction brésilienne est énergique. Dom Pedro refuse de quitter Rio (jour du « fico », )[15] et, soutenu par la population (libre), il proclame l’indépendance du Brésil le à São Paulo.

Le « cri d'Ipiranga » (« L'Indépendance ou la mort ! ») va devenir un fondement de l'identité brésilienne. Dom Pedro prend le titre d'empereur du Brésil.

Période de l'empire du Brésil (1822-1889)[modifier | modifier le code]

Conflit avec le Portugal (1822-1825)[modifier | modifier le code]

Pierre Ier (du Portugal, puis du Brésil), appuyé par José Bonifácio de Andrada e Silva, proclame l'indépendance en 1822, mais elle n’est reconnue par le Portugal qu’en , après vingt-deux mois d'affrontement politique et d'un conflit armé (guerre d'indépendance du Brésil) relativement modéré en comparaison de ceux des colonies espagnoles.

Problèmes politiques et sociaux de à l'époque impériale[modifier | modifier le code]

En 1822, la population se compose de 920 000 Blancs, 2 000 000 Noirs, 700 000 Métis et 360 000 Indiens.

La monarchie, qui devient constitutionnelle en 1824, s'appuie sur le peuple pour contrebalancer les riches latifundiaires brésiliens, et essaie d’attirer des immigrants européens.

Le pays, sous la houlette des Britanniques, principaux partenaires commerciaux et bailleurs de fonds, connaît, en 67 ans d'existence, de très nombreux conflits.

Difficultés de l'abolition de la traite et de l'esclavage[modifier | modifier le code]

Pendant plusieurs décennies, les riches latifundiaires s’opposent avec succès à l’interdiction de la traite des esclaves.

L’Angleterre émet certaines pressions pour son abolition. Le « commerce illicite » perturbe les échanges commerciaux anglo-brésiliens et gêne la pénétration économique et politique de l’Europe en Afrique.

Par la suite[Quand ?], les milieux financiers britanniques soutiennent les porte-paroles des planteurs lorsque ceux-ci affirment que la libération des esclaves ruinerait l’économie brésilienne et rendrait insolvable l’État auquel des prêts considérables ont été consentis.

Le commerce européen limite son contrôle aux magasins de café des ports brésiliens, sans se préoccuper des conditions de travail dans les plantations[16].

Dans les années 1850, l'importation des esclaves est interdite. La culture du café prend de l'ampleur et augmente l'importance des propriétaires terriens, notamment ceux de São Paulo. Les esclaves noirs sont affranchis progressivement à partir de 1871.

Problèmes internationaux (1831-1870)[modifier | modifier le code]

En 1831, après le décès de Jean VI (1767-1826, empereur six mois), la fille de Pierre Ier (1798-1834, empereur de 1822 à 1831), Maria da Glória doit régner au Portugal. Cependant, sous l'impulsion de la Sainte-Alliance, le frère de Pierre, Miguel, revendique le trône, ce qui pousse Pierre Ier, pour appuyer sa fille, à abdiquer en faveur de son fils Pierre II âgé de 5 ans, qu'il confie à José Bonifácio de Andrada e Silva, tuteur du jeune empereur.

La guerre de la Triple-Alliance contre le Paraguay, de 1865 à 1870, est gagnée notamment grâce aux importants régiments de Noirs.

Pierre II (1825-1891, empereur de 1831 à 1889) développe l’enseignement public et fait construire un chemin de fer (histoire du chemin de fer au Brésil), d'abord pour le transport de la production de sucre et de café.

Vers l'abolition de l'esclavage (1871-1888)[modifier | modifier le code]

L'Empire proclame en 1871 que les enfants d'esclaves sont désormais libres à la naissance.

À cela les maitres des plantations, les fazendeiros, répondent en cherchant à assujettir des immigrants européens par l'endettement. Ils attirent des Européens grâce à leurs réseaux de recrutement en leur promettent des terres. Mais une fois que ceux-ci sont au Brésil, un visa est exigible, au prix fort. Les fazendeiros leur prêtent alors de l’argent qu’ils doivent rembourser en travaillant pour ceux-ci. Mais leurs conditions de travail sont proches de celles des esclaves noirs.

La loi Áurea de 1888 abolit l'esclavage au Brésil mais suscite la résistance des propriétaires qui s'engagent alors pour le renversement de l'Empire.

La chute de l'Empire (1889)[modifier | modifier le code]

Les fazendeiros créent un parti[Quand ?] pour l'établissement de la république au Brésil. Ils paient le maréchal Da Fonseca pour qu’il organise un coup d’État.

Pierre II du Brésil est renversé en 1889, et l'Empire aboli par la proclamation de la République.

Mais l'esclavage ne peut plus être restauré. Le conseiller Ruy Barbosa, ministre du gouvernement provisoire après la proclamation de la République, ordonne alors de brûler tous les annuaires où était recensée la généalogie des esclaves et de leurs maitres, probablement parce que nombre de membres du gouvernement brésilien possédaient eux-mêmes des esclaves.

Jusqu'en 1888, le pays aura importé plus de huit générations d’esclaves africains. Le Brésil est ainsi le pays d'Amérique ayant reçu le plus d'esclaves noirs, avec environ 5,5 millions d'Africains déportés du XVIe siècle à 1850, soit 40 % du total[17].

Vieille République (1889-1930)[modifier | modifier le code]

La première république du Brésil, appelée en portugais República Velha (Vieille République) dure de 1889 à 1930. Durant cette période, São Paulo monopolise le pouvoir central d'une république du café com leite (« café au lait »), caractérisée par la domination d'une oligarchie de propriétaires fonciers, mais dans laquelle la classe moyenne se développe et pousse à des changements. Elle s'achève avec l'avènement de Getúlio Vargas au pouvoir par un coup d'État (la révolution de 1930).

Le nouveau régime[modifier | modifier le code]

Après le coup d'État de 1889, la République est calquée sur le modèle des États-Unis, c’est un État fédéral avec une tradition de port d’armes pour les individus.

C'est alors qu'est ajoutée au drapeau brésilien de 1822, vert avec le losange jaune, la sphère céleste telle qu'elle était visible lors de la proclamation du nouveau régime.[pas clair]

L’empire est mort d’avoir mécontenté les nobles possédant des esclaves, c'est donc une république conservatrice qui nait contre un empire progressiste. C'est le règne des grands propriétaires de plantations de café de São Paulo et de la filière bovine du Minas Gerais, d'où le surnom de « république café com leite. La fin de l'esclavage a en effet entraîné la diminution du pouvoir de l'industrie sucrière du Nord-Est au profit de l'industrie cafetière du Sud-Est et de l'État de São Paulo qui monopolise le pouvoir central (le café représente 60 % des exportations).

Les propriétaires fonciers sont appelés coronels.[pourquoi ?]

Les aspirants à la présidence ne font pas de campagne électorale, il leur suffit d’avoir un certain nombre de généraux dans l’armée pour les soutenir. Les grands propriétaires qui payent ces généraux alternent alors un président de São Paulo et un du minas Gerais.

Une forte immigration[modifier | modifier le code]

Tandis que les nombreux immigrés européens (4 millions de 1822 à 1920) s’installent dans les régions du Sud, la venue des immigrés fait grandir considérablement les villes de Rio et São Paulo mais surtout la majorité de la population devient blanche. Les noirs et les métis quant à eux quittent le Nord-est en masse. L'État de São Paulo devient la région la plus peuplée.

Le gouvernement impose des quotas pour freiner l'immigration italienne afin d´assurer la suprématie de la culture portugaise. Les immigrés sont bien intégrés et une caractéristique du Brésil se dessine alors. Les immigrés européens qui vinrent s’établir au sud du Brésil étaient en majorité italiens, allemands, portugais ou espagnols. Cette immigration a considérablement enrichi le pays, il y avait en effet de nombreux intellectuels et diplômés. Des médecins, pharmaciens, cols blancs et commerçants et leurs descendants ont fondé des hôpitaux, des ateliers, des usines, des brasseries et des magasins. Les immigrants italiens et espagnols ont créé les premiers syndicats et apportés une idéologie socialiste et anarchiste. L’immigration a aussi changé les traditions culinaires (pizza, bière, spaghetti, vignoble). Néanmoins de nombreux descendants d’immigrés sont restés pauvres.

Les relations raciales[modifier | modifier le code]

Une des caractéristiques du Brésil se dessine alors, société blanche dominante qui exclut les Noirs et les Indiens[réf. nécessaire]et une population noire qui pratique systématiquement l’exogamie[réf. nécessaire] afin de s’intégrer à la société blanche[réf. nécessaire].

C’est l’époque du branqueamento (le blanchiment). Les Noirs n'ont alors que peu de sentiments communautaires et identitaires; le conjoint le plus clair de peau représentant un statut social supérieur. Les insultes racistes envers les Noirs sont alors très fréquentes chez les Noirs eux-mêmes qui croient inconsciemment à leur infériorité et se laissent encore impressionner par les préjugés blancs. Ils s’ensuit un énorme métissage, le nombre de « Noirs », « Blancs » et « Indiens » diminue considérablement et celui des métis augmente mais néanmoins le pouvoir politique appartient à une élite de blancs non métissés.

Le Brésil au XXe siècle[modifier | modifier le code]

La Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Le Brésil participe à la Première Guerre mondiale en s'alliant aux Alliés en 1917 et en envoyant des troupes. L'accroissement du commerce permet l'agrandissement d'une classe moyenne qui reste cependant soumise à l'oligarchie cafetière, mais qui s'y s'oppose sur les questions sociales et politiques.

La crise des années 1920 et les soulèvements d'officiers subalternes[modifier | modifier le code]

Après la chute des prix des matières premières, de 1906 à 1914, le renouveau d'après-guerre ne dure pas longtemps : le Brésil est en crise dès 1922 et aux grèves populaires de 1924 le régime répond par l'établissement de la loi martiale. En 1922, de jeunes officiers issus des classes moyennes réagissent : c'est le mouvement du tenentismo (du mot teniente qui signifie « lieutenant »).

Le premier soulèvement a lieu le à la forteresse d'Igrejinha. Bien que réprimé après une solide résistance, le mouvement du est d'une grande importance politique. Il marque le début de l'assaut contre la « vieille république oligarchique » et de son affaiblissement jusqu'à sa disparition en 1930.

Deux ans plus tard, en , une révolte de militaires éclate à São Paulo ; les insurgés parviennent même à occuper la ville pendant trois semaines.

Une troisième révolte a lieu l’État du Rio Grande do Sul en 1925.

Une dernière se produit en 1926[18].

Les objectifs des militaires rebelles sont essentiellement ceux des classes moyennes, insatisfaites de la situation économique et politique du Brésil, aucun changement démocratique n'étant envisageable dans le cadre d'un système politique bouché par le « règne des gouverneurs » selon un système en vertu duquel les gros propriétaires et la grande bourgeoisie dictent les conditions dans les États. Les revendications formulées par le mouvement concernent notamment le secret du vote, la liberté de la presse et la liberté d'association, le respect des résultats électoraux, l'alphabétisation et la nationalisation de certains intérêts économiques étrangers[18].

La marche de Luis Carlos Prestes (1925-1927)[modifier | modifier le code]

C'est aussi dans ce contexte que se produit la marche des 1 500 hommesde la colonne Prestes. Luís Carlos Prestes (1898-1990) est un ingénieur militaire, futur secrétaire général du Parti communiste du Brésil et commandant de l'état major du chef de la révolte de Sao Paulo, Miguel Costa. À la tète d'une colonne de quelques centaines de soldats, il entreprend de diffuser les idées révolutionnaires à travers tout le pays. Après une marche d' à , constamment poursuivie par l'armée fédérale sans jamais être vaincue, la colonne demande l'asile à la Bolivie[18]. La crise de 1929, ruinant ses marchés extérieurs, ruine le pays et sème donc le discrédit sur l'oligarchie propriétaire et son gouvernement. La République café au lait est renversée par le coup d'État du  : Getúlio Vargas (1882-1954) devient président-dictateur.

De Vargas au coup d'État militaire (1930-1964)[modifier | modifier le code]

Première période de gouvernement Vargas (1930-1945)[modifier | modifier le code]

Le coup d'État du 4 octobre 1930 qui amène Getúlio Vargas au pouvoir est une défaite pour l'oligarchie cafetière marquant la montée de la classe moyenne, notamment les propriétaires fonciers des États périphériques. L'émergence de la classe moyenne se traduit au Brésil par une forme de populisme. Malgré cela, l'importance des États de Sao Paulo et du Minas Gerais est toujours grande.

Vargas devient légalement président en 1934, puis se fait dictateur en 1937, instaurant l'Estado Novo, un État plus centralisé pourvu d'un exécutif fort. Il réforme le système électoral le en établissant le droit de vote « universel », le vote des femmes et en promouvant le secret du vote, ce qui libère le système politique brésilien du poids du coronelismo.

Durant la Seconde Guerre mondiale, le Brésil entre dans la guerre aux côtés des Alliés et envoie même un corps expéditionnaire en Italie au moment du débarquement de 1943. Le Brésil et le Mexique sont les seuls pays d'Amérique latine à entrer en guerre contre l'Axe Rome-Berlin-Tokyo.

Période d'éloignement (1945-1951)[modifier | modifier le code]

Il doit abandonner le pouvoir en 1945[pourquoi ?].

Deuxième période de gouvernement Vargas (1951-1954) et suites immédiates (1954-1955)[modifier | modifier le code]

Il parvient à revenir au pouvoir de 1951 à 1954, année où - accusé, discrédité et acculé -[Par qui ?], il se suicide et retourne massivement l'opinion en sa faveur et en celle de son camp[pas clair].

À l'époque du coup d'État de Vargas (1934) commence le mouvement de la gauche armée au Brésil.

Le Parti social démocratique (PSD) et le Parti travailliste (PTB) remportent les élections législatives d'octobre 1954, contre l'Union démocratique nationale, qui détient le pouvoir depuis la mort de Vargas.

Période Kubitschek (1956-1961)[modifier | modifier le code]

Juscelino Kubitschek est élu (avec João Goulart comme vice-président) aux élections présidentielles d'octobre 1955, grâce à l'alliance du PSD et du PTB, soutenus par le Parti communiste.

Période Goulart (1961-1964)[modifier | modifier le code]

De 1961 à 1964, le président João Goulart (1918-1976) entreprend une politique de réformes sociales.

Mais il se heurte aux oligarchies traditionnelles, soutenues par les États-Unis, notamment le service secret (la CIA) et l'ambassadeur Lincoln Gordon.

Goulart est renversé le 31 mars 1964 par un coup d'État, qui aboutit à la mise en place d'une dictature militaire. Goulart part pour l'Uruguay, où il bénéficie du droit d'asile, mais pas du statut de réfugié politique[19].

Période de la dictature militaire (1964-1985)[modifier | modifier le code]

Origines du coup d'État[modifier | modifier le code]

Ce putsch a été préparé par une longue imprégnation des officiers de l'armée brésilienne par la doctrine de la sécurité nationale et par les théories de la guerre contre-révolutionnaire, qui attribuent un rôle politique et administratif aux armées, la population civile étant un élément important dans la conduite de la guerre.

Les généraux justifient leur putsch par le spectre du communisme, qui a pris après la révolution cubaine de 1959 un relief particulier en Amérique latine. Pour une grande partie des gens de droite, le coup d'État doit se limiter à une « remise en ordre » (anti-communiste) du pays dans le contexte de la guerre froide.

En fait les militaires vont se maintenir durablement au pouvoir et installer progressivement une véritable dictature. Le Brésil précède ainsi comme plusieurs autres pays d'Amérique latine : l'Argentine en 1966 (Ongania), le Chili en 1973 (Pinochet), l'Uruguay aussi en 1973 (Bordaberry).

Le putsch[modifier | modifier le code]

L'ambassadeur Lincoln Gordon joue un rôle notable au moment du coup d'État. Le , il envoie un câble au gouvernement américain, lui demandant soutenir le coup d'État avec une « livraison clandestine d'armes » et des livraisons de gaz et de pétrole, éventuellement complétées par des opérations secrètes de la Central Intelligence Agency (CIA)[20].

Mise en place de la dictature[modifier | modifier le code]

Les États-Unis reconnaissent immédiatement le nouveau régime.

La Constitution est suspendue, le Congrès dissout et le nouveau président, le maréchal Castelo Branco (1900-1967), est doté de pouvoirs très étendus. Des institutions de guerre contre-révolutionnaire sont mises en place dès 1964 avec la création du Centre d'instruction de la guerre dans la jungle à Manaus. Des escadrons de la mort sont créés (de façon non officielle) pour traquer toute forme d'opposition : c'est la guerre sale.

La période de 1968 à 1974 est connue au Brésil sous le nom d'« années de plomb ». Des centaines de Brésiliens sont emprisonnés, torturés ou tués. Dans les années 1970, le Brésil participe à l'Opération Condor, vaste plan de coordination entre les dictatures militaires latino-américaines afin de lutter contre leurs opposants dans tout le continent.

C'est aussi une période de déportation des populations amérindiennes, déplacées de force par milliers[21] ou tués afin de construire sur leurs terres des routes ou des barrages hydroélectriques[22]

Les présidents de la période militaire[modifier | modifier le code]

En 1965, les militaires autorisent deux partis : l'Alliance rénovatrice nationale (ARENA), sous leur contrôle, et un parti d'opposition, le Mouvement démocratique brésilien.

L'opposition : partis politiques et groupes armés révolutionnaires[modifier | modifier le code]

Plusieurs groupes armés révolutionnaires se forment en réaction à la dictature militaire, la plupart au départ dans les milieux étudiants.

Le Mouvement révolutionnaire du 8 octobre (MR-8), basé à Rio de Janeiro, est créé en 1966 sous le nom initial de « Dissidence de Guanabarra », issue du Parti communiste. Son nouveau nom évoque la mort de Che Guevara, le 8 octobre 1967.

L'Ação Libertadora Nacional (Action de libération nationale), basée à São Paulo, est créée en 1967. Son fondateur, Carlos Marighella (1911-1969), est assassiné par les forces de l'ordre en .

Difficultés et fin du régime militaire[modifier | modifier le code]

Au début des années 1980, le régime est de plus en plus critiqué, non seulement en raison de la répression, mais aussi parce qu'il a un bilan économique marqué par une augmentation considérable de la dette du Brésil.

En 1979, la présidence de la République échoit à João Figueiredo, dont le mandat prend fin en 1985, en même temps que le régime militaire.

Le retour de la démocratie (1985-2002)[modifier | modifier le code]

Un nouveau régime politique, nommé Nova República (pt) (Nouvelle République) est mis en place. La sixième république prend son fondement légal et juridique en 1988 dans la constitution brésilienne de 1988.

Le Brésil s'engage alors dans une phase démocratique, rythmée par les élections présidentielles tous les 4 ans. Le , la majorité des membres du Congrès choisissent Tancredo Neves (1910-1985) comme président. Néanmoins, il tombe malade la veille de la date prévue pour le serment. Ses problèmes de santé s'aggravent et il décède après avoir subi 7 opérations. Le vice-président José Sarney (1930-) devient donc président, d'abord président par intérim le , puis officiellement président du au . Parmi les difficultés que Sarney doit affronter : la dette extérieure, l'inflation galopante et la corruption. Il doit en plus assurer que le processus de transition démocratique continue à bien se dérouler. Ainsi Sarney lance le plan Cruzado qui permet dans un premier temps de limiter l'inflation, mais après un an, la hausse des prix s'accélère à nouveau. En 1988, une nouvelle constitution est promulguée.

En , les Brésiliens désignent pour la première fois depuis 1960 un président par vote populaire. Un second tour est nécessaire. Fernando Collor de Mello (1949-), soutenu alors par Sarney, bat Luiz Inácio Lula da Silva et devient président en 1990. L'inflation n'est alors pas jugulée, et s'élèveel à 25 % par mois. Collor lance, peu de temps après son entrée en fonction, le plan Collor pour réduire la hausse des prix. Ce plan vise à limiter l'offre de monnaie. Ainsi une grande partie de l'argent placé sur les comptes courants est convertie de force en bons du Trésor. Mais, curieusement, le gouvernement imprime au même moment de nouveaux billets. Tous les comptes de plus de 1 200 cruzeiros sont gelés pour une durée de 18 mois. Collor propose aussi de geler les salaires et les prix et de réduire les dépenses du gouvernement. Mais peu de temps après la mise en œuvre du plan Collor, la hausse des prix s'accélère et atteint 25 % par mois. Le gouvernement Collor privatise donc aussi des entreprises, tel l'aciériste Acesita.

En 1992, son frère Pedro l'accuse de corruption. Les accusations visent surtout Paulo Cesar Farias, le responsable de campagne de Collor, qui s'est bien enrichi. Le Congrès et la presse se mettent à enquêter et le Congrès vote finalement la destitution de Collor le . Plus tard, il est reconnu non coupable.

Le vice-président Itamar Franco (1930-2011) succède à Collor. Il assure les fonctions présidentielles du au . Lorsqu'il arriva à la tête de l'État, le Brésil est dans une profonde crise économique : l'inflation est à 1 100 % en 1992 et à presque 6 000 % en 1993. Il choisit comme ministre de l'économie Fernando Henrique Cardoso, qui met en place le Plano Real, qui permet de juguler l'inflation.

Par la suite, Fernando Henrique Cardoso (1931-), ministre de l'économie sous Itamar Franco, remporte les élections deux fois, le et le . Il remporte les élections de 1998 au second tour avec environ 53 % des voix, contre environ 32 % des voix pour Lula qui arrive deuxième. Grâce à son Plano Real, Fernando Henrique Cardoso est élu au premier tour en 1994. Mais des dissensions au sein de la coalition rendent plus difficiles les réformes prônées par Cardoso. Durant ses deux mandats, il se rapproche de certains dirigeants comme Bill Clinton ou Ernesto Zedillo.

Sous la présidence du PT (Partido dos Trabalhadores) 2002-2016[modifier | modifier le code]

Luiz Inácio Lula da Silva, qui se présentait alors pour la quatrième fois à l’élection présidentielle, remporta le second tour contre José Serra - le candidat soutenu par Cardoso. Le mandat de Lula commença le .

Le Brésil devait affronter plusieurs problèmes. D'une part, 8,2 % de la population vivaient encore avec moins d'un dollar américain par jour en 2001, chiffre qui était de 14% en 1990[23]. D'autre part, le Brésil devait faire face à une énorme dette extérieure qui s'élevait à 48,2 % du revenu national brut en 2003[23]. Luiz Inácio Lula da Silva voulait s'employer à restaurer les finances brésiliennes tout en encourageant l'économie par des impulsions sociales (salaire minimum augmenté, etc.)

Cependant, moins de deux ans après son arrivée au pouvoir, le Partido dos Trabalhadores (PT, Parti des travailleurs, le parti du Président) s'embourbait dans un des plus vastes scandales financiers qu'ait connu le pays. Étaient directement impliqués des personnalités du parti comme son secrétaire général, Silvio Pereira, son président José Genoino et son trésorier Delubio Soares, tous mis en cause et qui durent démissionner. La crise s'étendit jusqu'à l'entourage de Lula, provoquant la démission de son plus important collaborateur, José Dirceu, fondateur et principal organisateur du PT et de l'ALN.

En 2003, Lula lance la « Bolsa Familia », un programme d'allocations familiales considéré comme le principal pilier de sa politique de lutte contre la pauvreté. Le revenu des plus pauvres progresse de 14 % en 2004, la Bolsa Familia comptant selon les estimations pour les deux tiers de cette croissance. En 2004, il lance le programme des « pharmacies populaires », destinées à rendre accessible aux plus défavorisés les médicaments jugés essentiels. Il met en place le programme Fome Zero (« Faim zéro »), qui permet aux familles indigentes l’accès aux produits alimentaires de base, par le biais d’aides sociales. Au cours du premier mandat de Lula, la malnutrition infantile régresse de 46 %. En , le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU décerne à Lula da Silva le titre de « champion mondial dans la lutte contre la faim »[24].

Le président da Silva fait un voyage en Afrique et y demanda pardon d’avoir capturé et déporté des Africains comme esclaves du XVIe au XIXe siècle. Le parlement brésilien adopte aussi le principe de la discrimination positive pour la minorité noire. La minorité noire est beaucoup plus consciente d’elle-même et mieux organisée (chaîne de télé, organisations antiracistes) et ose montrer ouvertement le racisme dont elle est victime. D'autre part, des recherches plus récentes démontrent que le métissage (miscégénation) des races au Brésil est une réalité qui surpasse de loin la couleur de la peau.

Dilma Rousseff, candidate soutenue par Luiz Inácio Lula da Silva,lui succède à la présidence de la République le .

La chute de Dilma en 2016[modifier | modifier le code]

En 2016, les révélations mettant en cause le PT et son ancien chef Lula fragilisent la présidente, bien qu’elle ne soit pas directement visée par les enquêtes.

Dilma Rousseff, dont le départ est réclamé lors de nouvelles manifestations massives en mars 2016, est alors lâchée par ses alliés du parti du Mouvement démocratique brésilien qui veulent se désolidariser du pouvoir alors que certains d'entre eux, au premier rang desquels le président de la Chambre des députés, sont inculpés ou suspectés dans « l’affaire Petrobras ».

Elle comparait devant le Sénat fédéral qui vote sa destitution, le 31 août, par 61 voix contre 20, sans la priver de ses droits politiques. Le vice-président Michel Temer lui succède officiellement jusqu’aux prochaines élections législatives et présidentielle prévues en 2018. Ce dernier mis en cause dans plusieurs scandales de corruption, renonce à se présenter au scrutin d’octobre 2018.

Le 28 octobre 2018, l’ancien capitaine d’artillerie Jair Bolsonaro s’impose au second tour avec 55 % des suffrages.

Depuis 2016[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Who's Who in Latin America : Part VI, Brazil, 304 p. (ISBN 978-0-8047-0743-5, lire en ligne), xv.
  2. (en) Shigueo Watanabe, Walter Elias Feria Ayta, Henrique Hamaguchi et Niède Guidon, « Some Evidence of a Date of First Humans to Arrive in Brazil », Journal of Archaeological Science, vol. 30, no 3,‎ , p. 351–354 (DOI 10.1006/jasc.2002.0846, lire en ligne, consulté le ).
  3. Robert M. Levine et John J. Crocitti, « The Brazil Reader: History, Culture, Politics », Duke University Press, (ISBN 978-0-8223-2290-0, consulté le ), p. 11–.
  4. « La civilisation perdue de l'Amazone », Science Presse,‎ (lire en ligne, consulté le ) :

    « L'équipe américano-brésilienne dirigée par Michael Heckenberger, de l'université de Floride à Gainesville, décrit dans son article des villages disposant d'une place centrale, et des routes de 20 m de large qui profitent de l'alignement du soleil. »

  5. Luiz Felipe de Alencastro, « L'histoire des Amérindiens au Brésil », sur cairn.info, (consulté le )
  6. Bruce Albert, « Les Indiens et l'État au Brésil », sur horizon.documentation.ird.fr, (consulté le )
  7. (en) Marcos Araújo Castro e Silva et al., Genomic insight into the origins and dispersal of the Brazilian coastal natives, pnas.org, 13 janvier 2020
  8. Jean-Christophe Rufin, « L’aventure française au Brésil au XVIe siècle », émission La Marche de l'Histoire sur France Inter, 23 janvier 2013
  9. État créé en 1581, au cours de l'insurrection des Pays-Bas contre Philippe II, souvent désigné dès cette époque sous le nom de « Hollande, la plus importante des sept provinces unies. Le reste des Pays-Bas (dix provinces) est appelé Pays-Bas espagnols.
  10. Le roi cité jusqu'à la date du 18/12/2023, Jean II, est mort en 1495. Il n'a donc pas connu le Brésil !
  11. André Heráclio do Rêgo, Famille et pouvoir régional au Brésil : le coronelismo dans le Nordeste, 1850-2000, Editions L'Harmattan, , 319 p. (ISBN 978-2-7475-9448-6, présentation en ligne)
  12. a et b Frédéric Mauro, Histoire du Brésil, Editions Chandeigne, (présentation en ligne)
  13. Tito Livio Ferreira, « O BRASIL NÃO FOI COLÓNIA – (Tito Livio Ferreira organização e notas de Loryel Rocha) Ebook – Instituto Mukharajj Brasilan – IMUB », www.imub.org,
  14. Napoléon est d'abord premier consul (de la République française). La république prend fin en 1804 lorsque Napoléon se proclame empereur.
  15. Frédéric Mauro, Histoire du Brésil, Editions Chandeigne, (présentation en ligne)
  16. Julia Juruna, « Brésil, le despotisme tropical », .
  17. Luiz Felipe de Alencastro, « La fusion brésilienne », dans L'Histoire, no 322, juillet-août 2007, p. 45
  18. a b et c Leslie Manigat, L'Amérique latine au XXe siècle : 1889-1929, Éditions du Seuil, , p. 118-125
  19. Il meurt en 1976 en Argentine, officiellement de problèmes cardiaques, mais il y a eu des rumeurs d'assassinats, jamais prouvées.
  20. Olivier Acuña, « 10 of the Most Lethal CIA Interventions in Latin America », Telesur,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. Ce qui occasionne des morts « non intentionnelles », par maladie.
  22. (en) « Amazon at risk from Bolsonaro's grim attack on the environment | Fabiano Maisonnave », sur the Guardian,
  23. a et b Données Banque mondiale
  24. Geisa Maria Rocha, « Bourse et favelas plébiscitent « Lula » », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Sources[modifier | modifier le code]

Bibliographie et documentaires[modifier | modifier le code]

  • Bartolomé Bennassar et Richard Marin, Histoire du Brésil 1500 -2000, Paris, Librairie Arthème Fayard, 2000.
  • Charlotte de Castelnau-L'Estoile, Un catholicisme colonial. Le mariage des Indiens et des esclaves au Brésil, XVIe – XVIIIe siècle, PUF, , 560 p.
  • Armelle Enders, Histoire du Brésil, éditions Chandeigne, 2018.
  • Michel Faure, Une Histoire du Brésil, Perrin, 480 p., 2016
  • Frederico José de Santa-Anna Nery, Le Brésil en 1889 avec une carte de l'empire en chromolithographie, Paris, Delagrave, , 699 p. (lire en ligne)
  • Édouard Riou, Deux années au Brésil, Paris, Hachette, , 680 p. (lire en ligne)
  • Just-Jean-Etienne Roy, L’empire du Brésil : souvenirs de voyage, Tours, Alfred Mame et Fils, , 187 p. (lire en ligne)
  • Brésil, l'éveil d'un géant, 90 min, film documentaire de Pascal Vasselin (2014)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

avant 1500[modifier | modifier le code]

1500-1800[modifier | modifier le code]

1800[modifier | modifier le code]

1900[modifier | modifier le code]

2000[modifier | modifier le code]