Houillères de Sincey — Wikipédia

Carte des départements français.
Localisation du gisement sur la carte des bassins houillers français.

Les houillères de Sincey sont des mines d'anthracite exploitées entre 1835 et 1908 à Sincey-lès-Rouvray et dans des communes voisines de l'Ouest de la Côte-d'Or.

Le gisement est découvert par le comte Champion de Nansouty en 1835. Après avoir connu la concurrence de la baronne de Candras les puits des deux rivaux ferment avant 1842 et seuls les affleurements restent exploités. Après 1860 l'activité est relancée par Eugène Soyez fondateur de la Compagnie des mines de l'Escarpelle dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Le puits Soyez de Sincey (qui porte son nom) est creusé à partir de 1862 et fonctionnera de façon industrielle entre 1876 et 1908. La production maximale du bassin minier est de 12 000 tonnes annuelles et la production totale du gisement s'élève à 225 000 tonnes.

Au début du XXIe siècle subsistent quelques ruines dans la végétation et des corons.

Situation[modifier | modifier le code]

Carte des concessions houillères en Bourgogne :
1. Sincey-lès-Rouvray ;
2. Polroy ;
3. Chambois ;
4. Concessions du bassin d'Épinac ;
5. Aubigny-la-Ronce ;
6. Decize ;
7. Verneuil ;
8. Le Creusot (bassin de Blanzy) ;
9. Autres concessions du bassin de Blanzy dont Montchanin et Longpendu ;
10. La Dheune ;
11. Vellerot ;
12. Forges ;
13. Les Petits Châteaux ;
14. Pully ;
15. Grandchamp ;
16. St-Laurent en Brionnais ;
17. Les Moquets ;
18. La Chapelle-sous-Dun ;
19. Montreuillon, Montigny en Morvan et Blismes;
20. Menessaire ;
21. Reclesmes ;
22. Uxeau et Toulon-sur-Arroux.
  • Concessions
  • Indices de houille
  • Limites de concessions
  • Limites départementales
Étendue du bassin houiller dans le département de la Côte-d'Or.

La concession accordée le comprend les communes de Sincey-lès-Rouvray, Sainte-Magnance, Vieux-Château, Montberthault, Montigny-Saint-Barthélemy, Thoste, Courcelles-Frémoy et Courcelles-lès-Semur. Le gisement d'étant dans l'ouest du département de la Côte-d'Or et déborde dans l'Yonne, en région Bourgogne-Franche-Comté[1].

Géologie[modifier | modifier le code]

L'anthracite extrait ne produit presque pas de cendres mais elle est difficilement inflammable et n'est pas cokéfiable car insuffisamment gras. Six couches particulièrement inclinées sont exploitées[2],[3]. Ce charbon s'est montré inefficace pour chauffer la prison de Semur-en-Auxois ou pour faire fondre le minerai de fer dans les hauts-fourneaux de Toutry. Il est en revanche utilisé dans les villages des environs de Sincey-lès-Rouvray et dans les fours à chaux de la vallées de l'Armançon[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

Au début du XIXe siècle, des mines de fer sont exploitées en Côte-d'Or, le minerai est utilisé dans des forges locales, mais les maîtres de forge locaux préfèrent le charbon de bois à la houille pour fondre le fer, ce qui explique qu'il n y a pas de recherche de gisement de charbon de terre avant les années 1830 ; si ce n'est quelque fouilles dans les environs de Sombernon pendant la Révolution française[5].

Sous l'impulsion du comte Champion de Nansouty, des affleurements de charbon sont découverts à Sincey-lès-Rouvray en 1835, ce qui permet de lancer une demande de concession. De nouvelles prospections sont lancées par le compte qui s'associe avec un élève-ingénieur externe de l'École des mines de Paris, un ouvrier anglais et un mineur allemand. Plusieurs mineurs des houillères de Saône-et-Loire sont recrutés pour mener les travaux[5].

Après une visite du préfet en 1838, l'administration des Mines fourni un appareil de sondage plus performant à la compagnie de recherche. Les projets miniers sont toutefois contestés par des propriétaires forestiers qui craignent une concurrence pour le bois et le charbon de bois issus de leur forêt. En signe de protestation, la baronne de Candras creuse son propre puits à proximité des travaux du comte Champion de Nansouty qui dispose quant à lui de deux puits reliés par une galerie principale. Finalement, les deux protagonistes se retrouvent à court de ressources et les derniers travaux cessent en 1842[2]. Les affleurements alimentent encore l'usine de Velars-sur-Ouche et les fours à chaux au cours des années 1850[4].

Après 1860, l'activité est relancée par Eugène Soyez, fondateur de la Compagnie des mines de l'Escarpelle dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Le puits Soyez de Sincey (qui porte le nom du nouveau concessionnaire) est creusé à partir de 1862 et fonctionnera de façon industrielle ente 1876 à 1908[6],[7]. La production maximale est de 12 000 tonnes annuelles avec 120 ouvriers en 1875[3] et la production totale du gisement s'élève à 225 000 tonnes[8].

Puits[modifier | modifier le code]

Liste des puits ayant été en activité[3],[8],[9]
Fonçage Nom Profondeur Activité Fonction
1835 puits no 1 63 m ~1836 – 1840 extraction
1835 puits no 2 / du bois 62 m ~1836 – 1840 extraction
1838 puits de Mme de Candras 60 m 1838 – 1842 extraction
? puits de Thoste 20 m ? – 1840 recherche
? puits du bois de Ruffey 35/40 m ? – 1840 extraction
? puits Sainte-Barbe ?m ? – ? extraction
? puits de la Côte ?m ? – ? extraction
? puits du Charmois ?m ? – ? extraction
? puits Sainte-Magnance ?m ? – ? extraction
1862 puits Soyez de Sincey 210 m 1873 – 1908 extraction
1873 puits de Villiers-Nonains[10] >30 m ? – ? recherche

Transport[modifier | modifier le code]

Le charbon est transporté vers la ville de Montbard par le canal de Bourgogne puis par voie ferrée dès 1881[6], la gare de Sincey-lès-Rouvray étant sur la ligne de Cravant - Bazarnes à Dracy-Saint-Loup.

Après-mine[modifier | modifier le code]

Après la fermeture du puits Soyez de Sincey, les bâtiments, les machines et le matériel sont laissés tels-quels dans l'éventualité d'une reprise de l'activité. Sous l'Occupation, l'outillage est transféré à la mine des Télots, mais les bâtiments et le puits sont laissés intacts[11].

Au début des années 1980, les puits du Charmois et Sainte-Barbe sont remblayés et les matériaux de leurs terrils sont recyclés dans une cimenterie. Les installations du puits Soyez de Sincey sont démolies et le puits remblayé en 1997. Au début du XXIe siècle subsistent quelques ruines dans la végétation et une quarantaine de logements « coron »[12],[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ingénieur des mines, Annales des mines, vol. 6, Dunod, (lire en ligne), p. 323.
  2. a et b Jean-Philippe Passaqui 2001, p. 391.
  3. a b et c « Mine de charbon de Sincey-lès-Rouvray », sur patrimoinedumorvan.org.
  4. a et b Jean-Philippe Passaqui 2001, p. 392.
  5. a et b Jean-Philippe Passaqui 2001, p. 390.
  6. a b et c « Sincey-lès-Rouvray », sur patrimoinedumorvan.org.
  7. C. Raymond 1982.
  8. a et b Ingénieur des mines 1852, p. 152-155.
  9. Jean-Philippe Passaqui 2001, p. 392-396.
  10. Antoinette Lorrenzini, « Puits de charbon », sur Patrimoine du Morvan.
  11. Jean-Philippe Passaqui 2001, p. 394.
  12. Jean-Philippe Passaqui 2001, p. 395.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Ingénieur des mines, Annales des mines: ou recueil de mémoires sur l'exploitation des mines et sur les sciences et les arts qui s'y rapportent, vol. 1, Carilian-Goeury et Dalmont, (lire en ligne), p. 127-167. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [PDF] C. Raymond, Synthèse géologique sur les ressources charbonnières de la Bourgogne, BRGM, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [PDF] Jean-Philippe Passaqui, Mines et minières de Côte-d'Or au XIXe siècle, (lire en ligne), p. 390-396. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article