Hygiène sous la Rome antique — Wikipédia

Sortie du bain de Valère Maxime. Le cuvier en bois cerclé a des parois doublées avec une toile pour éviter les échardes, et est recouvert d'un dais.

Les Romains attachaient la plus grande importance à la qualité de l'eau qu'ils buvaient et dans laquelle ils se baignaient régulièrement. Ceci les a amenés à construire des aqueducs, des thermes associés à des sources thermales, des égouts et des latrines. Les latrines étaient des institutions honorables : des témoignages racontent que des négociants les fréquentaient pour conclure des affaires.

Les médecins romains avaient une grande maîtrise de l'hygiène : bien que ne connaissant pas l'existence des bactéries, ils savaient qu'ils devaient faire bouillir leurs instruments de chirurgie et qu'il ne fallait pas mélanger eaux usées et eaux propres.

Otium[modifier | modifier le code]

L'une des acceptions du terme otium était une période de calme, le temps du rétablissement intellectuel et corporel, une suite assez compliquée de nettoyage, bain et massage dans les bains publics. L’otium était accompagné ou suivi de lectures, de concerts ou de plaisir avec de jolies esclaves. Une fois propre, un repas abondant pouvait être dégusté dans le triclinium avec des clients et des amis suivant l'adage mens sana in corpore sano (un esprit sain dans un corps sain). Les discussions pouvaient se poursuivre dans les latrinae, grandes toilettes collectives.

Latrines[modifier | modifier le code]

Toilettes antiques à Ostie.

À Rome, les latrines avaient beaucoup de magnificence, les murs étaient souvent en marbre et ornés de mosaïque ou de peintures. La classe moyenne y allait de façon décontractée et y parlait des nouvelles du jour ou de leurs affaires. Les bains et les latrines étaient pour cette raison associés. On en trouve également dans les maisons de corporations.

Rome ne forme ici aucune exception. Autour de la Méditerranée, de nombreuses villes avaient des grandes latrines richement ornées dans lesquelles jusqu'à 80 personnes pouvaient trouver place. À Rome, on les lavait de façon permanente avec le trop-plein des sources thermales, des aqueducs et des puits. Les égouts passaient sous les sièges de toilettes en marbre ou en bois et évacuaient les matières fécales dans de grands canaux collecteurs qui se jetaient dans le Tibre. Au milieu de la pièce, un autre caniveau récoltait les éclaboussures ou l'urine.

Les villas romaines avaient des connexions directes aux égouts, mais les maisons modestes (insulae) disposaient seulement de grands baquets posés sous l'escalier. À Bulla Regia, dans une ville de Tunisie, on a trouvé lors de fouilles archéologiques dans une villa des toilettes avec des sièges doubles et des lavabos. À Alba Fucens en Italie au moyen de Via dei Pilastri (it) de telles latrines ont survécu jusqu'à nous.

L'historien Henry Thédenat identifia un bâtiment, existant encore, avec trois niches à la Domus Augustana sur le mont Palatin comme latrines impériales. Deux sièges de porphyre du palais de Constantin sont exposés au Louvre.

Latrines militaires[modifier | modifier le code]

Il y avait des latrines dans les camps militaires les plus reculés de l'empire. Les médecins militaires connaissaient le rapport entre l'hygiène et les maladies, les généraux savaient que la prévention d'épidémie influait sur la capacité de l'armée. Pour la prévention, les bains et les latrines étaient inclus dans le valetudinarium. Les latrines du castellum de Vercovicium sur le mur d'Hadrien sont bien représentatives. Toutes les eaux résiduelles du camp étaient utilisées pour évacuer les matières fécales ; si elles étaient insuffisantes, on utilisait l'eau de citernes. Ces eaux usées étaient évacuées à l'extérieur du camp par un fossé qui aboutissait à une fosse.

Historique des latrines[modifier | modifier le code]

On ne sait pas exactement quand apparurent les latrines. Vraisemblablement, on a construit les premières à la fin de la République. On a identifié ce qui pourrait être des latrines au théâtre de Pompée au Largo Argentina. La plupart des latrines connues ont été construites entre le Ier et le IVe siècle. Rome au IVe siècle dénombrait 144 latrinae et 253 necessariae, chiffres qui regroupent aussi les urinoirs. De constantes améliorations ont été apportées aux latrines militaires entre le IIe et le IVe siècle. La construction de latrines n'était financée que par des fonds privés, les Romains n'investissant seulement dans l'hygiène que s'il y avait un avantage appréciable.

Les latrines romaines n'ont été égalées qu'à partir du XVIe siècle, en Angleterre. Les systèmes de rétention d'odeurs n'ont été réinventés qu'à partir de 1775. Les réseaux d'égouts n'ont été comparables qu'à partir de 1842 avec la construction des égouts de Londres.

Hygiène dans la religion romaine[modifier | modifier le code]

La déesse Salus était la déesse de la santé et de la propreté, fille d'Esculape, dieu de la médecine et sœur de Panacée, qui symbolise la médecine curative. Les Romains avaient dédié un autel à la déesse Cloacine à l'entrée de l'égout principal de Rome, le Cloaca Maxima.


Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pascale Ballet et Nadine Dieudonné-Glad (dir.) (sommaire en ligne), La Ville et ses déchets dans le monde romain. Rebuts et recyclage, vol. 10, Montagnac, Monique Mergoil, (lire en ligne).
  • A. Bouet (supplément 59, CNRS, Paris), « Les latrines dans les provinces gauloises, germaniques et alpines », Gallia,‎ (lire en ligne).
  • A. Bouet, « Scènes de latrines dans le roman historique, le cinéma et la bande dessinée », Anabases, no 14,‎ , p. 221-230 (lire en ligne).
  • G. C. M. Jansen, « Systems for the Disposal of Waste and Excreta in Roman Cities. The Situation in Pompeii, Herculanum and Ostia », dans I. Dupré, X. Raventos et J. A. Remola Vallverdu (dir.), Sordes urbis : la eliminación de residuos en la ciudad romana, Actas de la Reunión de Roma (15-16 novembre 1996), Rome, "L'Erma" di Bretschneider, 2000, p. 37-49.
  • G. C. M. Jansen (éd.), « Studying Roman hygiene: the battle between the “optimists” and the “pessimists” », Cura Aquarum in Sicilia, Proceedings of the Tenth International Congress on the History of Water Management and Hydraulic Engineering in the Mediterranean Region (Syracuse, 16-22 mai 1998), coll. « Babesch », supplément, 6, Leiden, Stichting Bulletin Antieke Beschaving, 2000, p. 275-279.
  • A. O. Koloski-Ostrow, « Finding Social Meaning in the Public Latrines of Pompeii », N. De Haan et G. C. M. Jansen (dir.), Cura Aquarum in Campania, Proceedings of the Ninth International Congress on the History of Water Management and Hydraulic Engineering in the Mediterranean Region (Pompéi, 1-8 octobre 1994), coll. « Babesch », supplément, 4, Leiden, Stichting Bulletin Antieke Beschaving, 1996, p. 79-86.
  • (de) R. Neudecker, Die Pracht der Latrine - Zum Wandel öffentlicher Bedürfnisanstalten in der kaiserzeitlichen Stadt, Munich, Dr. Friedrich Pfeil, .