Ieu Koeus — Wikipédia

Ieu Koeus
អៀវ កឹស
Illustration.
Fonctions
Premier ministre du Cambodge

(9 jours)
Monarque Norodom Sihanouk
Prédécesseur Yem Sambaur
Successeur Yem Sambaur
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance District de Sangkae (Indochine française)
Date de décès
Lieu de décès Phnom Penh (Indochine française)
Nationalité Cambodgienne
Parti politique Parti démocrate cambodgien
Enfants 1

Ieu Koeus
Premiers ministres du Cambodge

Ieu Koeus (né en 1905 et mort le à Phnom Penh) est un homme politique cambodgien, premier ministre du Cambodge pendant neuf jours du 20 au .

Biographie[modifier | modifier le code]

Le drapeau du Cambodge est constitué d'une bande rouge horizontale entourée de deux bandes bleues, l'une en haut et l'autre en bas, chacune d'un quart de la hauteur totale. Au centre se dessine en blanc une représentation du temple d'Angkor Vat comprenant trois tours.
Le drapeau actuel du Cambodge a été dessiné sous la direction d'Ieu Koeus en 1947[1].

Intellectuel reconnu de Battambang, Ieu Koeus sera avec notamment Sim Var et le Prince Sisowath Youtevong un des principaux fondateurs, en avril 1946, du parti démocrate, qui allait dominer la vie politique cambodgienne entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et l'indépendance de 1953[2].

Après les élections de 1947 au cours desquelles il obtient près de 85 % des voix dans sa circonscription de Phnom Penh[3], il est nommé président de l'assemblée nationale[4].

Quelques mois après sa nomination, il s'opposera au gouvernement à la suite d’un trafic de coton dans lequel plusieurs députés démocrates étaient impliqués, dont Sam Nhean, alors vice-président de l’assemblée et qui dut démissionner du parti. Le premier ministre Chean Vam demanda les pleins pouvoirs et la possibilité de lever l’immunité des parlementaires pour mener à bien l’enquête, mais Ieu Koeus refusait d’accéder à la demande, craignant de créer un précédent qui pourrait affaiblir le parlement qu'il présidait. Un vote eut lieu et la requête gouvernementale fut rejetée par 23 votes contre 21 provoquant peu après la chute du cabinet Chean Vam[5].

Dans la nuit du , un agresseur lança une grenade dans l’entrée du siège du parti démocrate, blessant grièvement Ieu Koeus qui se trouvait à l’intérieur du bâtiment. Il fut transporté par cyclo-pousse à l’hôpital mais succomba à ses blessures peu après. Un voisin témoin de l’attaque couru après l’assaillant, le rattrapant et le conduisit au poste de police. Le prisonnier était un illettré qui affirma être membre du Parti libéral avant de se rétracter. Craignant les représailles, le Prince Norodom Norindeth (en), dirigeant des libéraux, s’enfuit en France avant qu’une enquête ne soit menée. Cette fuite ne fut pas contrariée et aurait même été facilitée par le pouvoir colonial et la police cambodgienne dirigée par un certain Lon Nol[6].

Près de 50 000 personnes suivirent le cortège funéraire, arborant des banderoles affirmant que « Koeus a donné sa vie pour le parti », ce qui n’était pas du goût du roi Norodom Sihanouk et de ses séides, qui trouvaient le slogan captieux ou stupide, voire les deux. Les Français accusaient les rebelles indépendantistes khmers issarak qui auraient voulu tuer Ieu Koeus avant que l’Assemblée ne soit reconduite. D’autres sources incriminaient tantôt les Français, Sihanouk voire Yem Sambaur, le nouveau premier ministre. Il est aussi possible que plusieurs d’entre eux aient eu vent de la tentative d’attentat mais n’avaient rien fait pour l’empêcher[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Elizabeth Becker, When the War Was Over : Cambodia and the Khmer Rouge Revolution, PublicAffairs, coll. « History / Asian Studies », , 632 p. (ISBN 978-1-891620-00-3, présentation en ligne), p. 145
  2. (en) David Porter Chandler, The Tragedy of Cambodian History : Politics, War, and Revolution Since 1945, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 9780300057522, présentation en ligne), p. 30
  3. Philippe Preschez, Essai sur la démocratie au Cambodge, vol. 4, Centre de recherches internationales, coll. « Recherches, Fondation nationale des sciences politiques », , 134 p., p. 34-35
  4. Souvenirs doux et amers, Hachette, , 413 p. (ISBN 978-2-01-007656-5), p. 140
  5. (en) David Porter Chandler, The Tragedy of Cambodian History : Politics, War, and Revolution Since 1945, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 9780300057522, présentation en ligne), p. 39
  6. Ben Kiernan, How Pol Pot came to power : colonialism, nationalism, and communism in Cambodia, 1930-1975, Yale University Press, , 430 p. (ISBN 978-0-300-10262-8, présentation en ligne), p. 72
  7. (en) David Porter Chandler, The Tragedy of Cambodian History : Politics, War, and Revolution Since 1945, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 9780300057522, présentation en ligne), p. 44