Impasto (poterie) — Wikipédia

Vase du musée Guarnacci de Volterra.
Urne biconique à Tarquinia.

L'impasto est un terme d'origine italienne qui désigne à l'origine un mode de poterie des Étrusques, utilisant une argile grossière contenant des particules de mica ou de pierre. Il était en usage depuis la fin de l'âge du fer[1] de la protohistoire italienne[2].

Par analogie, en peinture à l'huile ou en acrylique, le terme impasto désigne un empâtement.

Histoire[modifier | modifier le code]

L'impasto apparaît dès la civilisation villanovienne des Xe et VIIe siècles av. J.-C.. Du fait de la rusticité de l'argile employée, les poteries à impasto sont montées sans tour, technique qui n'apparaîtra qu'avec l'intensification des échanges avec les colonies grecques (les Eubéens de Grande Grèce)[3],[4] du sud de l'Etrurie, vers le VIIIe – VIIe siècle av. J.-C.[5],[6].

Le gros de la production de céramique d'impasto est fait de vaisselle de service, de cuisine et de cave, tels que les pithoi qui servaient à conserver des denrées alimentaires. Des éléments d'aménagement ménager, comme les grands supports pour soutenir les urnes ou les brasiers pour réchauffer les lieux, sont aussi en céramique d'impasto[7].

La technique qui suivra (VIIe – Ve siècle av. J.-C.) sera celle du bucchero, dont le but est d'imiter à moindre coût les récipients de métal noirci[5],[8].

Technique[modifier | modifier le code]

L'impasto est une céramique fabriquée avec un amalgame d'argile mal purifié et de fragments microscopiques de minéraux, les inclusions, dont la concentration est plus ou moins élevée[7]. La céramique présente une surface lustrée, d'une couleur qui peut varier du rouge au brun (ou au noir suivant la cuisson). Les décorations, incisées ou en relief, sont grandement géométriques (quelquefois elles sont complétées de figures stylisées d'animaux ou d'humains)[9],[10],[11],[12].

Le travail, qui se faisait initialement à la main, fut ensuite exécuté au tour pendant la période prise en considération : ceci permettait de faire des objets aux parois plus minces et d'assurer une cuisson plus homogène. Les principaux types de céramiques d'impasto retrouvées dans la région étrusque et dans le Latium, sont représentées par l'impasto brun, l'impasto brun mince et l'impasto rouge ; la surface était lissée et polie avant d'être embellie par différentes techniques décoratives comprenant la gravure, l'excision, l'estampillage et la peinture ; dans certains cas, la technique de la décoration plastique était utilisée, représentée par de petites figures ou têtes d'animaux posées en haut des anses, des rebords ou servant de poignées pour les couvercles[7].

Exemplaires dans les musées[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Guido A. Mansuelli's, The Art of Etruria and Early Rome (1964), p. 236.
  2. Définition du musée du Louvre : « Terme indiquant l'exécution sans roue et à la main des vases en argile non épurée pendant la protohistoire italienne. »
  3. Christiane Delplace, « Frère (Dominique). Corpus Vasorum Antiquorum. », Revue belge de philologie et d'histoire, vol. tome 78, no fascicule 1,‎ 2000 (antiquite - oudheid), page 278 (lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) David Ridgway, The first western Greeks, CUP Archive, , 180 p. (lire en ligne), page 30.
  5. a et b Jean Gran-Aymerich et Friedhelm Prayon, « Les fouilles franco-allemandes sur le site étrusque de la Castellina del Marangone, près Civitavecchia, Italie : Les campagnes de et . », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 140e année,‎ , pages 1106 à 1120 (DOI 10.3406/crai.1996.15665, lire en ligne, consulté le ).
  6. Luciana Borello et Olga Colazingari, « Palatino, tempio della Magna Mater, saggio GJ. », dans Luciana Borello, Olga Colazinri et al., I materiali residui nello scavo archeologico : Testi preliminari e Atti della tavola rotonda organizzata dall'École française de Rome e dalla Sezione romana «Nino Lamboglia» dell'Istituto internazionale di studi liguri, in collaborazione con la Soprintendenza archeologica di Roma e la Escuela espanola de historia y arqueologia (Roma, 16 marzo 1996), vol. 249, Rome, École française de Rome, coll. « Publications de l'École française de Rome », (lire en ligne), pages 75-87
  7. a b et c Commune di Roma, Les musées capitolins, guide, pp. 103-105.
  8. Francis Salet et Georges Duby, « Livres offerts (compte rendu) », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 126e année, no 2,‎ , page 410 (lire en ligne, consulté le )
  9. Frank Van Wonterghem, « Barbara Gori & Tiziana Pierini, Gravisca. La ceramica comune. I. Ceramica comune di impasto. II. Ceramica di argilla figulina : 2001 Fabio Colivicchi, Gravisca. I materiali minori, 2004. », L'antiquité classique, vol. Tome 77,‎ , p. 821-822 (lire en ligne, consulté le ).
  10. José M. J. Gran Aymerich, « À propos des vases à tenons perforés et du thème des personnages assis. », Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité, vol. tome 88, no 8,‎ , pages 401 à 406 ; page 411, 415 et 427 à 430 (DOI 10.3406/mefr.1976.1072, lire en ligne, consulté le ).
  11. (it) Giovannangelo Camporeale, « Eroi e signori nelle prime scene narrative etrusche. », Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité, vol. tome 103, no 1,‎ , pages 59 à 66 (DOI 10.3406/mefr.1991.1701, lire en ligne, consulté le ).
  12. Geneviève Lagardère, « San Giovenale;Vol. II, Fasc. 2. Excavations in Area Β, 1957-1960 by Eric Berggren and Kristina Berggren with appendices by Hans Kelbaek and Claudio Sorrentino, 1981. (Skrifter Utgivna av Svenska Institutet i Rom, 4° XXVI : II, 2. Acta Instituti Romani Regni Sueciae, Series in 4°, XXVI : II : 2.) ;San Giovenale;Vol. II. Fasc. 4. The Semi-Subterranean Building in Area Β. Part I by Björn Olinder. Part. II Ingrid Pohl. With an Appendix by Claudio Sorrentino, 1981.(Skrifter Utgivna av Svenska Institutet i Rom, 4°, XXVI ; II, 4. Acta Instituti Romani Regni Sueciae, Series in 4°, XXVI : II, 4.). », Revue des Études Anciennes, vol. Tome 84, nos 1 à 4,‎ , page 640 (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Muriel Geroli, « Ceramica di impasto - The Impasto Pottery » in Quaderni di acme (ISSN 0393-3288), 2002, N° 52, p. 427-435.
  • Laura Ambrosini (dir.) et Vincent Jolivet (dir.), Les potiers d'Etrurie et leur monde : Contacts, échanges, transferts, Armand Colin, , 504 p. (lire en ligne).
  • Commune di Roma, Les musées capitolins, guide, Milan, Mondadori Electa S.p.A., , 221 p. (ISBN 978-88-370-6260-6).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]