Ioupout II — Wikipédia

Ioupout II
Image illustrative de l’article Ioupout II
Relief représentant le pharaon Ioupout II

Musée de Brooklyn, New York

Période Troisième Période intermédiaire
Dynastie XXIIe dynastie
Fonction roi de Léontopolis
Prédécesseur Sheshonq V (continue de régner à Bubastis-Tanis)
Dates de fonction vers 735 à 715 AEC[1]
Successeur Sheshonq VI (hypothèse)
Bakenranef (XXIVe dynastie)
Famille
Père Roudamon ?[2]
Conjoint Tent-kat... ?[3]

Ioupout II (ou Auput II) est un souverain de la fin de la XXIIe dynastie : il est roi de Léontopolis, dans le delta du Nil, d'environ 735 à 715 AEC[1].

Généalogie[modifier | modifier le code]

Kitchen fait de Roudamon le père de Ioupout II[2] tandis que Dodson et Hilton font de Tent-kat... son épouse[3].

Nom de Nesout-bity[modifier | modifier le code]

L'égyptologue britannique Kenneth A. Kitchen affirme que la stèle datée de l'an 21 de Mendès, qui représente le grand chef de , Smendès (V), fils de Hornakht (II) et dirigeant de Mendès, porte le nom d'Ioupout mais n'a pas de nom de Nesout-bity, ou prænomen[4]. Cependant, la provenance égyptienne de la stèle peut être associée à plusieurs monuments au nom du roi « Ousermaâtrê Sétepenamon (ou Sétepenrê), Ioupout Sa-Bastet », ce qui signifie que le nom de trône d'Ioupout II était Ousermaâtrê-Sétepenamon, en plus de porter l'épithète Sa-Bastet comme beaucoup de rois de la XXIIe dynastie[4],[5].

Règne[modifier | modifier le code]

Étendue du territoire[modifier | modifier le code]

Ioupout II règne sur la ville de Léontopolis ainsi que celle de Tell el-Yahoudieh au nord d'Héliopolis. Son comput de règne est également utilisé à Mendès par le Chef de Mâ local Smendès (V), comme l'atteste une stèle datée de l'an 21 de son règne publiée en 1982[6],[7],[8]. Un bracelet à son nom a été retrouvé au bras d'une momie d'un membre de l'élite enterré à Bouto[6].

Ioupout II a pour voisins divers rois et chefs de Basse et Moyenne-Égypte : les rois Nimlot III d'Hermopolis, Peftjaouaouibastet d'Héracléopolis et Sheshonq V puis Pétoubastis II et enfin Osorkon IV de Bubastis-Tanis et les chefs Tefnakht de Saïs, Bakennefy puis son fils Padiaset d'Athribis, Shéshonq puis son fils Pmouï de Bousiris, Smendès (V) puis Djedamoniouefânkh de Mendès et son fils le général Ânkhhor à Hermopolis Parva, Akanash de Sebennytos et Patjenfy de Per-Sopdou ainsi que quelques chefs moins importants[9]. La région thébaine est dirigée directement par les Koushites et leur roi Piânkhy[10].

Début de règne[modifier | modifier le code]

Ioupout II commence à régner vers 735 AEC en concurrence du roi Sheshonq V de Bubastis-Tanis qui semble contrôler le territoire avant cela[11].

La campagne de Piânkhy[modifier | modifier le code]

Partie droite du cintre de la stèle des victoires de Piânkhy, Ioupout est le roi du milieu parmi les trois rois en prosternation.

Ioupout II est entré dans une coalition menée par Tefnakht dont l'objectif principal semble être la lutte contre l'expansion koushite[12]. Cette coalition s'attaque en premier lieu au domaine de Peftjaouaouibastet, allié de Piânkhy, en prenant diverses villes au nord de Héracléopolis puis à la ville elle-même, qu'elle n'arrive pas à prendre, malgré le retournement de Nimlot III, ex-allié de Piânkhy. Ce dernier lance alors son armée vers Héracléopolis et Memphis, où se trouve une partie importante de l'armée coalisée. Là, Piânkhy vainc la coalition. Peu de temps après, accompagné d'autres rois et chefs de la coalition, Ioupout II se soumet une première fois à Piânkhy dans la ville d'Héliopolis[13]. Piânkhy accepte leur soumission, mais Ioupout et la plupart des dirigeants ne sont pas autorisés à pénétrer dans l'enceinte royale parce qu'ils ne sont pas circoncis et ont mangé du poisson, deux abominations aux yeux des Koushites[14],[15][16]. Après une intervention dans le Delta, Ioupout II rencontre à nouveau Piânkhy à Athribis où il fait acte de soumission une seconde fois. Ces éléments sont relatés dans la stèle des victoires de Piânkhy datée de l'an 21 de ce roi (soit 723 AEC)[12]. Comme l'indique la stèle, si les rois et chefs se soumettent, ils sont toutefois autorisés à conserver leur domaine respectif, ce qui sera source d'ennuis pour les successeurs de Piânkhy[17].

Fin de règne[modifier | modifier le code]

Le règne d'Ioupout II semble se terminer avec la prise de contrôle de son territoire par Bakenranef de la XXIVe dynastie, c'est-à-dire avant la campagne de Chabataka, voit aux environs de 715 AEC[11].

Monuments[modifier | modifier le code]

La stèle mendésienne d'Ioupout II est datée de sa 21e année. D'autres monuments ou objets de son règne comprennent une « statue-base d'Ousimarê Sétepenamon, Ioupout Méryamon Sa-Bastet de Tell el-Yahoudieh, une plaque vitrée, maintenant au Brooklyn Museum, et une porte-charnière en bronze de Tell Moqdam (Léontopolis) portant les titres identiques du roi, avec [une] mention de la reine, Tent-kat..., et quelques épithètes obscures »[18],[19].

La plaque archaïsante de Ioupout II[modifier | modifier le code]

La plaque du Brooklyn Museum est particulière, car elle représente Ioupout II dans un style qui diffère beaucoup des standards de la Troisième Période intermédiaire : au lieu d'avoir une silhouette élancée et allongée, Ioupout est plus petit et plus musclé, une proportion qui n'est pas sans rappeler l'art de l'Ancien Empire[20],[21]. Pour cette raison, la plaque a été considérée comme la preuve que les tendances archaïsantes, qui étaient censées provenir de la Nubie et s'être répandues en Égypte pendant la XXVe dynastie, sont en fait plus anciennes, et originaires du delta du Nil, avec des artistes koushites (et plus tard saïtes) adoptant une tendance déjà existante[22],[23],[24].

Titulature[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Payraudeau 2020, p. 150-151.
  2. a et b Kitchen 1996.
  3. a et b Dodson et Hilton 2004.
  4. a et b Kitchen 1996, p. 542.
  5. Payraudeau 2020, p. 556.
  6. a et b Payraudeau 2020, p. 150.
  7. von Beckerath 1997, p. 96.
  8. J. Chappaz, Genève 30 (1982), p. 71-81.
  9. Payraudeau 2020, p. 164 et 179-180.
  10. Payraudeau 2020, p. 176.
  11. a et b Payraudeau 2020, p. 151-152.
  12. a et b Payraudeau 2020, p. 177.
  13. Payraudeau 2020, p. 177-179.
  14. Kitchen 1996, p. 325–326.
  15. Wilkinson 2011, p. 397.
  16. Payraudeau 2020, p. 179-180.
  17. Payraudeau 2020, p. 180.
  18. Kitchen 1996, p. 124-125.
  19. Kitchen déclare, à la page 542, que dans la première édition de 1972, de son livre TIPE, il avait choisi d'attribuer ces objets et la stèle à Ioupout Ier, comme étant potentiellement le dirigeant le plus important des deux Ioupout, à travers son association avec le fondateur de la dynastie, (Petoubastis Ier). Cependant, des études ultérieures ont montré que la solution opposée est préférable, à savoir que [les] monuments avec le prenomen Usimare appartiennent probablement à Ioupout II, et pas à Ioupout Ier. En 1975, il penche vers cette hypothèse (CdE 52(1977), 42-44, et cf. avant-propos à Bierbrier, LNKE, 1975, p. X.)
  20. Robins 1994, p. 256–257.
  21. Robins 1997, p. 210-212.
  22. Redford 1986, p. 328–329.
  23. Leahy 1992, p. 238–240.
  24. Payraudeau 2020, p. 151.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Brian Muhs, Partisan royal epithets in the late Third Intermediate Period and the dynastic affiliations of Pedubast I and Iuput II, JEA 84 (1998), 220-223.
  • (en) Kenneth Anderson Kitchen, The Third Intermediate Period in Egypt (1100–650 BC), Warminster, Aris & Phillips Limited, , 608 p. (ISBN 978-0856682988)
  • Frédéric Payraudeau, L'Égypte et la Vallée du Nil : Les époques tardives, t. 3, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio », , 624 p. (ISBN 978-2130591368)
  • (en) Toby Wilkinson, The Rise and Fall of Ancient Egypt, New York, Random House, , 560 p. (ISBN 978-0747599494)
  • Gay Robins, Proportion and style in ancient Egyptian art, Austin, University of Texas Press, , 296 p. (ISBN 978-0292770645)
  • (en) Gay Robins, The Art of Ancient Egypt, Londres, British Museum Press, , 271 p. (ISBN 0-7141-0988-6)
  • (en) Donald B. Redford, Pharaonic king-lists, annals and day-books : a contribution to the study of the Egyptian sense of history, Mississauga, Benben Publications, , 342 p. (ISBN 0-920168-07-8)
  • (en) Anthony Leahy, « Royal Iconography and Dynastic Change, 750-525 BC: The Blue and Cap Crowns », The Journal of Egyptian Archaeology, vol. 78,‎ , p. 238–240
  • (en) Aidan Mark Dodson et Dyan Hilton, The Complete Royal Families of Ancient Egypt, Londres, Thames & Hudson, , 320 p. (ISBN 978-0500051283)
  • (de) Jürgen von Beckerath, Chronologie des pharaonischen Ägyptens, Mayence, Münchner Ägyptologische Studien, , 244 p. (ISBN 978-3805323109)