Jacques Antoine Rabaut-Pommier — Wikipédia

Jacques Antoine Rabaut-Pommier
Jacques Antoine Rabaut-Pommier (Source : BPF, Cote : PR 22).
Fonctions
Pasteur
Temple protestant de l'Oratoire du Louvre
-
Sous-préfet du Vigan
-
Charles Imbert de Saint-Paul (d)
Membre du Conseil des Anciens
Député français
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Rabaut Pomier (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Père
Fratrie
Vue de la sépulture.

Jacques Antoine Rabaut, dit Rabaut-Pomier, né à Nîmes le , mort le 17 mars 1820 dans l'ancien 1er arrondissement de Paris[1], est un pasteur protestant et un homme politique français.

Il est pasteur à Marseille puis à Montpellier jusqu’en 1792. De 1792 à 1801, il s’engage dans la vie politique ; il est membre de la Convention et député au Conseil des Anciens. En 1803, il renoue avec sa vocation pastorale et devient l’un des trois premiers pasteurs de l’Église réformée de Paris. En 1816, il est condamné à l’exil pour régicide par la Restauration ; il bénéficia finalement d’une amnistie. Passionné de médecine, il milite en faveur de la vaccination.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils de Paul Rabaut, pasteur cévenol, et de Madeleine Gaidan, il est le frère de Rabaut Saint-Étienne, d'abord pasteur, puis homme politique durant la période révolutionnaire, et de Rabaut-Dupuis, qui a lui aussi un engagement politique et qui est secrétaire du Consistoire réformé de la Seine.

Rabaut-Pomier a passé toute son enfance dans l’atmosphère d’insécurité et d’angoisse qui entourait les familles de pasteurs du Désert. Envoyé comme son frère Rabaut Saint-Étienne en Suisse pour étudier la théologie au Séminaire de Lausanne, il est ensuite pasteur à Marseille en 1770 puis à Montpellier de 1770 à 1778. Appelé à Bordeaux, il n'obtient pas l'autorisation de sortie du synode du Bas Languedoc et reste à Montpellier, jusqu'à son élection en 1792 comme député du Gard à la Convention nationale[2].

Le , il épouse Élisabeth Cabrol (sœur de Pierre de Cabrol de Mouté). De cette union naissent deux fils, Paul-Émile et Paul-Pierre.

Dans le cadre de la lutte contre la variole, il défendit dès 1780 la supériorité de la vaccination sur la variolisation. Ayant été témoin du succès de l'inoculation variolique, ainsi que de quelques insuccès, il proposa vers 1784 de remplacer l'inoculation du produit variolique par celui de la « picote » et s'en ouvrit auprès de James Ireland, notable de Bristol qui lui présenta M. Pugh, médecin anglais. Ce dernier promit d'en parler à son collègue et ami Edward Jenner, qui proposa, quant à lui, d'utiliser le « cow pox »[3]. Après la découverte de la vaccine en 1798, il écrit à Ireland qui lui répondit le pour confirmer la vérité de ses entretiens avec Pugh.

Mandat à la Convention[modifier | modifier le code]

La monarchie prend fin à l'issue de la journée du 10 août 1792 : les bataillons de fédérés bretons et marseillais et les insurgés des faubourgs de Paris prennent le palais des Tuileries. Louis XVI est destitué et incarcéré à la tour du Temple avec sa famille.

En septembre 1792, Rabaut-Pomier est élu député du département du Gard, le septième sur huit, à la Convention nationale[4] où il siège sur les bancs de la Gironde comme son frère aîné, Rabaut-Saint-Étienne.

Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort et se prononce en faveur de l'appel au peuple et du sursis à l'exécution : « Je crois que Louis a mérité la mort, mais [...] je crois que son exécution doit être renvoyée après la tenue des assemblées primaires »[5]. En avril 1793, il vote en faveur de la mise en accusation de Jean-Paul Marat[6]. En mai de la même année, il est cependant absent lors du scrutin sur le rétablissement de la Commission des Douze[7].

Son frère aîné est décrété d'arrestation et maintenu à son domicile parisien à l'issue de la journée du 2 juin mais, s'étant soustrait à la garde des gendarmes, il est déclaré le 28 juillet traître à la patrie. Rabaut-Saint-Étienne est décrété d'arrestation le 3 octobre par Amar au nom du Comité de Sûreté générale, pour avoir, ainsi que soixante-douze autres parlementaires, signé une protestation contre les journées du 31 mai et du 2 juin[8]. Tous deux sont arrêtés le 15 frimaire an II (5 décembre 1793) dans la section du Faubourg-Poissonnière, et Rabaut-Saint-Étienne exécuté le jour-même[9].

Rabaut-Pomier est libéré et réintégré à la Convention par le décret du 18 frimaire an III (18 décembre 1794)[10]. Il siège au Comité de Salut public entre floréal[11] et fructidor an III[12] (entre mai et septembre 1795). Il rend hommage à son frère Rabaut Saint-Étienne en vendémiaire (octobre) et fait décréter l'impression de ses travaux[13].

De 1795 à sa mort[modifier | modifier le code]

Sous le Directoire, il fut élu le 21 vendémiaire an IV (), par 143 voix sur 225 inscrits, député du Gard au Conseil des Anciens et en devint le secrétaire le 1er messidor an IV . Il se lia alors avec Portalis, mais ne fut pas condamné avec ce dernier après le 18 fructidor. Il quitta le corps législatif en l'an VI (). Il soutient le coup d'État du 18 brumaire.

Sous le Consulat, il occupe quelques postes comme employé à la comptabilité intermédiaire, puis sous-préfet du Vigan (), fonction dont il se démet en 1801.

En 1803, il renoue avec sa vocation pastorale : il devient l’un des trois premiers pasteurs de l’Église réformée de Paris avec Paul-Henri Marron, président du Consistoire réformé de la Seine, et Jean-Frédéric Mestrezat.

Les trois pasteurs de Paris ont été associés dans la conduite des premières années de l’Église réformée de Paris désormais officielle. Ils ont activement collaboré à la tête du Consistoire. Leurs signatures communes figurent dans des lettres pastorales, dans leur réponse aux propositions d'union[14] avec l’Église catholique, ils ont préparé ensemble la représentation des protestants de France à la fête du couronnement…

L’autorité politique elle-même a associé les trois pasteurs Marron, Rabaut-Pomier et Mestrezat  : en 1804, le Premier Consul les a distingués tous les trois en leur attribuant, en même temps, le , la Légion d'honneur[15]. Ils recevront la décoration des mains du Premier Consul[16]. Ils ont été invités à assister ensemble au sacre de Napoléon Ier.

En 1816, il dut quitter sa fonction ecclésiastique : à la Restauration, il fut condamné en application de la loi du 12 janvier 1816 contre les régicides, car il avait signé l'Acte additionnel pendant les Cent-Jours, il quitta Paris le avec un passeport pour la Prusse. Toutefois, son vote n'ayant pas compté dans la condamnation à mort de Louis XVI, Louis XVIII lui accorda une amnistie partielle le , et il rentra de Clèves à Paris le suivant.

À son retour en France, il ne fut pas réintégré dans son ministère pastoral — le consistoire n’avait pas osé intervenir en sa faveur — il fut remplacé par Henri François Juillerat[17].

Il mourut moins de deux ans plus tard. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (39e division[18])[19],[20].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives de Paris, état-civil, registre des décès, V3E/D1249.
  2. Eugène Arnaud, « La jeunesse des trois fils de Paul Rabaut », Bulletin historique et littéraire, vol. 28, no 12,‎ , p. 529-538 (lire en ligne, consulté le ).
  3. André Eyquem, Joseph Alouf, Luc Montagnier (dir.)Traité de microbiologie clinique, Padoue, Piccin, 2005, VII-68 pages, p. 21 (ISBN 88-299-1773-7).
  4. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 42.
  5. Jacques-François Froullé, « Liste comparative des cinq appels nominaux. Faits dans les séances des 15, 16, 17, 18 et 19 janvier 1793, sur le procès et le jugement de Louis XVI [...] » Accès libre, sur www.gallica.bnf.fr, (consulté le )
  6. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 57.
  7. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 538.
  8. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 75, séance du 3 octobre 1793, p. 521.
  9. Antoine Christophe Merlin de Thionville, Louis Maribon de Montaut et André Amar, « Discussion engagée sur l'annonce fait par Amar de l'arrestation de Rabaut-Saint-Etienne et de Rabaut-Pomier, en annexe de la séance du 15 frimaire an II (5 décembre 1793) », Archives Parlementaires de la Révolution Française, vol. 80, no 1,‎ , p. 710–711 (lire en ligne, consulté le )
  10. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 103, séance du 18 frimaire an III (8 décembre 1794), p. 213.
  11. Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public tome 22, Convention nationale, séance du 15 floréal an III (4 mai 1795), p. 666-667.
  12. Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 27, Convention nationale, séance du 15 fructidor an III (, p. 68.
  13. Gazette nationale ou le Moniteur universel no 21 du 21 vendémiaire an IV (13 octobre 1795), Convention nationale, séance du 16 vendémiaire (8 octobre), p. 2-3.
  14. Monseigneur Le Coz archevêque de Besançon, Les pasteurs Marron, Rabaut-Pomier et Mestrezat, Proposition de réunion entre les catholiques romains et les protestants faite en l’an XIII, Bibliothèque du Protestantisme Français (75007, Paris), Cote 0 2313 1
  15. Base Léonore de la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur, notice manuscrite du dossier de Jacques Antoine Rabaut-Pomier, Cote LH/2252/40
  16. Almanach des protestants de l’Empire français pour l’an de grâce 1809, Notice sur l’église actuelle de Paris, Bibliothèque du pProtestantisme français (75007, Paris), pages 260, Cote L.22864 I.
  17. Philippe Braunstein, L'Oratoire du Louvre et les protestants parisiens, Labor et Fides, 2001 (p.104-105)
  18. Amis et passionnés du Père Lachaise (APPL), Fiches individuelles des personnages, Jacques Antoine Rabaut-Pommier
  19. Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0), p. 661.
  20. « Jacques-Antoine Rabaut-Pommier », sur Oratoire du Louvre, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bilbiographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]