Jacques Sédat — Wikipédia

Jacques Sédat
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Jacques Sédat, né en 1950, est un psychanalyste français, membre de la société psychanalytique Espace analytique. Il s'inscrit au départ dans la mouvance du « retour à Freud » préconisé par Jacques Lacan dans l'histoire de la psychanalyse en France.

Dans le mouvement psychanalytique français, dont il connaît bien les multiples aspects, il œuvre pour la défense de la psychanalyse et de la profession de psychanalyste. Il est aujourd'hui le secrétaire du « Groupe de contact » qui réunit la majorité des associations de psychanalystes existant en France.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jacques Sédat fait des études de philosophie et de psychologie à la faculté des lettres de Paris et à l'université Paris-Diderot. Sa formation psychanalytique se déroule à l’École freudienne de Paris (EFP) et au Quatrième Groupe. Il fait une analyse avec François Perrier et devient psychanalyste en activité clinique privée en 1972[1].

En 1980,au moment de la dissolution de l'École freudienne de Paris, il participe, avec plusieurs psychanalystes, notamment Serge Viderman, François Roustang et Conrad Stein, à la fondation du « Collège de psychanalystes »[2].

« À ce jour, nous sommes incapables d’évaluer réellement ce que le « retour à Freud » prôné par Jacques Lacan a apporté », écrit J. Sédat en 1981[3].

Il rejoint ensuite le Centre de formation et de recherches psychanalytiques (CFRP), fondé en 1982 par Maud Mannoni, Octave Mannoni et Patrick Guyomard[4]. C'est par l'intermédiaire de Jacques Sédat, membre de son Conseil d'administration, que le CFRP est alors relié au Collège des psychanalystes[5]. Après la dissolution du CFRP, Sédat rejoint Espace Analytique fondé en 1994 par Maud Mannoni.

Il participe à la fondation par Alain de Mijolla de l’Association internationale d'histoire de la psychanalyse (AIHP)[6], devenue en 2011 l'Association internationale Interactions de la psychanalyse (A2IP), association dont il est le vice-président jusqu'en 2016.

Recherches et activités[modifier | modifier le code]

Lecteur de Freud[modifier | modifier le code]

Freud

Jacques Sédat est connu pour être un lecteur assidu du texte freudien : « Il a écrit sur Freud et nombreux sont ses articles sur les écrits et les concepts freudiens », estime Jean-Pierre Lehmann dans sa présentation de l'ouvrage de J. Sédat Comprendre Freud (2007, 2008)[7]. Sur Freud paru en 2000, Yves Baumstimler situe la lecture de Freud par Jacques Sédat de la manière suivante : « Sédat introduit à une lecture de Freud à partir de Lacan ; on peut dire qu’il s’agit d’un retour à Freud à partir du travail de Lacan »[8]. Il relève aussi que la démarche de Jacques Sédat « a le grand avantage de mettre l’accent sur la question des origines »[8]. Si, ajoute-t-il, « l’interprétation de Roudinesco, parue dans le Monde du 3 novembre 2000, selon laquelle le Freud de Jacques Sédat serait « janséniste, à l’image de son auteur » est légitime, c’est, sans doute, dans le sens où le jansénisme défend des positions opposées aux dogmatismes »[8].

Position dans le mouvement psychanalytique français[modifier | modifier le code]

Dans l' Histoire de la psychanalyse en France, Élisabeth Roudinesco brosse un portrait de Jacques Sédat, comme représentant « une composante bien “française” de la psychanalyse disparue depuis la mort de Pichon », spécialement dans la période de fonctionnement du Collège de psychanalystes. Jacques Sédat, écrit-elle, a « une bonne connaissance de tous les aspects du mouvement psychanalytique et n'est hostile à aucun d'eux. Aussi deviendra-t-il progressivement membre de nombreux groupes issus de la crise de la SPP et de la dissolution de l'EFP, donnant plutôt sa préférence à un antimillérisme actif »[2]. Roudinesco note que « fasciné par le corporatisme et l'esprit “intergroupe” des années 1970-1980 », il « met en œuvre un programme de défense de la profession, face aux contraintes fiscales imposées par l'État »[2].

Le Groupe de contact[modifier | modifier le code]

Il a été créé à l'initiative de Jacques Sédat, son secrétaire, à l'époque du « projet de loi Accoyer » sur la réglementation des psychothérapies[9]. Pour Sédat, le travail des associations représentées au Groupe de contact, les échanges fréquents et les rencontres régulières ont permis d’aboutir à « un résultat peut-être historique : définir la psychanalyse comme discipline spécifique, ayant une place autonome et indépendante de la psychiatrie et de la psychologie »[10]. Depuis les années 2000, le groupe réunit ainsi « la majorité des associations de psychanalystes existant en France »[11],[9]. Selon le « Communiqué » du 2 décembre 2021, le Groupe de contact « a pour vocation d’exprimer l’apport de la psychanalyse lorsque des politiques, des règlementations et des mesures administratives menacent son existence »[11],[9]. S'y trouve affirmée la nécessité de sa présence « dans les champs de la recherche scientifique, dans les pratiques médico-sociales et dans l'espace culturel »[11],[9].

Responsabilités éditoriales[modifier | modifier le code]

Rédacteur en chef adjoint de la revue Figures de la psychanalyse (rattachée à l'Espace analytique), il collabore à plusieurs revues psychanalytiques et généralistes, et il est membre du comité de rédaction de la revue Esprit [1]. Il a dirigé la collection « Psychanalyse » dans la « Bibliothèque des introuvables » chez Tchou. Il est l'éditeur scientifique de la nouvelle édition de Chaussée d'Antin de François Perrier chez Albin Michel.

Publications[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • La première analyse d'hystérique. Elisabeth von R., Paris, le Temps du non, 1998.
  • Freud, Paris, Armand Colin, 2000.
  • Comprendre Freud, Paris, Armand Colin, coll. « Cursus », 2007 (ISBN 978-2-2003-5535-7).

Direction et édition scientifique d'ouvrages[modifier | modifier le code]

  • (éd. scientifique) François Perrier, La Chaussée d'Antin, Édition nouvelle révisée et augmentée par Jacques Sédat, Paris, Albin Michel, 1994 (ISBN 2-226-07491-0)
  • (dir.) Retour à Lacan ?, Paris, Fayard (programme ReLIRE), « L'analyse au singulier », 1981, 290 pages. (ISBN 9782213009575). DOI : 10.3917/fayar.sedat.1981.01, [lire en ligne]

Préfaces[modifier | modifier le code]

  • Préface à Jean-Martin Charcot, Leçons du mardi à la Salpêtrière, édité par Emmery Blin, Jean-Baptiste Charcot, Henri Colin, C. Tchou pour la Bibliothèque des introuvables, 2003, (ISBN 978-2-84575-069-2)
  • Préface à Theodor Reik, Écouter avec la troisième oreille : l'expérience intérieure d'un psychanalyste (Listening with the Third Ear. The Inner Experience of a Psychoanalyst, 1948),Paris, Bibliothèque des Introuvables, (ISBN 2-84575-053-6)
  • Préface à Marc-François Lacan, Dieu n'est pas un assureur. Œuvre 1 - Anthropologie et psychanalyse, Paris, Albin Michel, 2010, (ISBN 978-2-226-20742-5), Présentation sur le site de l'éditeur [lire en ligne]
  • Préface à Walter Muschg (trad. Jacques Schotte), Freud écrivain, Paris, Hermann, coll. « Psychanalyse », (présentation en ligne)
  • Préface à Moustapha Safouan, Jean Clavel, Michèle Montrelay, Chemins traversiers, Éditions des crépuscules, 2014, présentation par Daniel Duigou : « Les disciples de Lacan, héritiers d’un non-savoir » sur le site de la-Croix.com, [lire en ligne]
  • Préface à Alain Didier-Weill, René Bailly, Marcel Czermak, Chemins traversiers II, Éditions des crépuscules, 2015, (ISBN 978-2-918394-30-3) Présentation de J. Sédat, [lire en ligne]

Traductions de textes de Freud[modifier | modifier le code]

  • L'intérêt de la psychanalyse (S. Freud, Das Interesse an der Psychoanalyse, 1913)[note 1],[12], dans L'Énergumène, 10-11, Paris, 1976, p. 111-137[13].
  • « Grande est la Diane des Éphésiens » (Freud, « Gross ist die Diana der Epheser », 1911), dans : Jacques Sédat éd., Retour à Lacan ?, Paris, Fayard (programme ReLIRE), « L'analyse au singulier », 1981, DOI : 10.3917/fayar.sedat.1981.01.0019, p. 19-22, [lire en ligne].
  • (avec Jean Laplanche) Sur la prise de possession du feu (S. Freud, Zur Gewinnung des Feuers, 1931)[note 2],[14], dans S. Freud, Résultats, idées, problèmes, II, Paris, PUF, 1985, p. 191-196[15].

Contributions d'ouvrages[modifier | modifier le code]

  • « Ricœur, Freud et la démarche psychanalytique », in Christian Delacroix, François Dosse, Patrick Garcia (dir.), Paul Ricœur et les sciences humaines, Paris, La Découverte, 2007.
  • « Sur l'origine du transfert », in Claude Schauder (éd.), Françoise Dolto et le transfert, Érès, 2008 (ISBN 978-2749205397).
  • « Le temps à retrouver », in René Frydman & Muriel Flis-Trèves (dir.) L'irrésistible course du temps, Paris, PUF, 2011 (ISBN 978-2-13-058647-0).
  • « Freud et la traduction », dans : Gisèle Chaboudez et Claire Gillie (dir.), Actualités de la psychanalyse, Toulouse, Érès, « Psychanalyse », 2014, p. 434-441. DOI : 10.3917/eres.gilli.2014.01.0434. [lire en ligne]
  • « Ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou » , dans : Gisèle Chaboudez éd., Actualités de la psychanalyse. Toulouse, Érès, « Psychanalyse », 2014, p. 145-150. DOI : 10.3917/eres.gilli.2014.01.0145. [lire en ligne]
  • Dans : Laurie Laufer (dir.), Lettres à Lacan, Vincennes, Thierry Marchaisse, coll. « Lettres à... », (ISBN 978-2-36280-214-0), présentation sur le site de l'éditeur, consulté le 18 août 2021, [lire en ligne].
  • « Le “grand âge” de Freud » (Chapitre 5), dans Le vieillissement saisi par le soin. Psychanalyse et vieillissement sous la dir. de Céline Racin, Catherine Caleca et Philippe Gutton, Éditions in press, 2021, p. 103-109 (ISBN 978-2-84835-721-8). Présentation et extrait de l'ouvrage sur le site de l'éditeur [1]

Articles dans le Dictionnaire international de la psychanalyse[modifier | modifier le code]

Articles de revues[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. D'après le Dictionnaire international de la psychanalyse, L'intérêt de la psychanalyse (Das Interesse an der Psychoanalyse), publié dans la revue italienne Scientia en 1913, est « le premier texte de Freud traduit en langue française par un certain M.W. Horn ». Le texte y est « présenté simultanément en allemand, dans le corps de la revue, et en français dans un fascicule joint qui contient d'autres traductions » : Alain de Mijolla relève que « pour des raisons inconnues, encore que la Première Guerre mondiale y ait sans doute joué un grand rôle, son existence restera ignorée des psychanalystes français jusqu'en 1976 ».
  2. En 1976, Jacques Sédat et Jean Laplanche avaient « adopté pour la traduction française » de Gewinnung (formé en allemand sur le verbe gewinnen, « gagner, se gagner, acquérir »), le terme de « conquête du feu », mais Laplanche note dans ses Problématiques III. La sublimation (séance du 14 décembre 1976) que cette option ne le satisfait « qu'à moitié » ; il explique pourquoi dans les pages qui suivent.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Page auteur sur le site des PUF, consultée en ligne le 24.09.15
  2. a b et c É. Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en France. 2. 1925-1985, annexes, p. 613].
  3. Jacques Sédat, « Introduction - Retour à Lacan », dans : Jacques Sédat (éd.), Retour à Lacan ?, Paris, Fayard (programme ReLIRE), « L'analyse au singulier », 1981, p. 7-18. DOI : 10.3917/fayar.sedat.1981.01.0007, [lire en ligne]
  4. É. Roudinesco, p. 693: sur le CFRP comme « la deuxième composante du lacanisme des années quatre-vingt », en face de « l'ECF et en rivalité absolue avec elle ».
  5. É. Roudinesco, p. 695.
  6. « De l’histoire personnelle à l’histoire de la psychanalyse : une trajectoire », Entretien avec Alain de Mijolla, Annick Ohayon, dans Nouvelle revue de psychosociologie, 2015/2 no 20, p. 247-262, « Devenirs de la psychanalyse ».
  7. Jean-Pierre Lehmann, recension de l'ouvrage de Jacques Sédat, Comprendre Freud », Che vuoi ? 2007/2, no  28, p. 153-162.
  8. a b et c Yves Baumstimler, « Jacques Sédat : Freud », Figures de la psychanalyse, 2001/1, (no 4), p. 223-224 en ligne.
  9. a b c et d « Communiqué du Groupe de Contact - Le 2 décembre 2021 - », sur www.quatrième-groupe.org (consulté le ).
  10. Jacques Sédat, « Le statut et les réglementations de la psychanalyse en France », Topique, 2007/4 (n° 101), p. 11-26. DOI : 10.3917/top.101.0011. [lire en ligne]
  11. a b et c « Communiqué du Groupe de Contact - Le 2 décembre 2021 - », sur www.spp.asso.fr (consulté le ).
  12. Alain de Mijolla, « intérêt de la psychanalyse (L'-) », dans Alain de Mijolla (dir.), Dictionnaire international de la psychanalyse, Hachette Littératures, (ISBN 2-0127-9145-X), p. 869.
  13. Alain Rauzy, « Notice » pour L'intérêt que présente la psychanalyse, OCF.P vol.  XII : 1913-1914, Paris, PUF, 2005 (ISBN 2 13 052517 2), p. 96-97.
  14. Jean Laplanche, Problématiques III. La sublimation, Paris, PUF, 1980 (1e éd.), 1983, p. 158 (ISBN 213036991X).
  15. Alain Rauzy, « Notice » pour Sur la prise de possession du feu, OCF.P vol.  XIX : 1931-1936, Paris, PUF, 1995 (ISBN 2 13 047055 6), p. 29.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Yves Baumstimler, « Jacques Sédat : « Freud » », dans Figures de la psychanalyse, vol. no4, no. 1, 2001,p. 223-224 [lire en ligne]. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean Laplanche, Problématiques III. La sublimation, Paris, PUF, 1980 (1e éd.), 1983, (ISBN 213036991X). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean-Pierre Lehmann, « Jacques Sédat, Comprendre Freud. Paris, Armand Colin, Collection Cursus Psychanalyse, 2007 », Che vuoi, 2007/2 (N° 28), p. 153-162. DOI : 10.3917/chev.028.0153. [lire en ligne] Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Maria-Clara Lucchesi-Palli, « Jacques Sédat : Comprendre Freud [*] », Figures de la psychanalyse, 2007/2 (n° 16), p. 301-303. DOI : 10.3917/fp.016.0301. [lire en ligne]
  • Alain de Mijolla, « intérêt de la psychanalyse (L'-) », dans Alain de Mijolla (dir.), Dictionnaire international de la psychanalyse, Hachette Littératures, (ISBN 2-0127-9145-X), p. 869-871. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Sabine Parmentier, « Jacques Sédat, Comprendre Freud. Armand Colin, coll. « Cursus » Psychanalyse, 2007, 204 pages » in « Notes de lecture », Cliniques méditerranéennes, 2008/1 (n° 77), p. 265-289. DOI : 10.3917/cm.077.0265. [lire en ligne]
  • Élisabeth Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en France. 2 — 1925-1985, Paris, Fayard, 1994, p. 613, 693-695. Document utilisé pour la rédaction de l’article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]