Jafar Panahi — Wikipédia

Jafar Panahi
Jafar Panahi en 2007.
Biographie
Naissance
(63 ans)
Drapeau de l'Iran Mianeh, Iran
Nom dans la langue maternelle
جعفر پناهیVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Allégeance
Domicile
Formation
University of Islamic Republic of Iran Broadcasting (en)
Université de TéhéranVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Enfant
Panah Panahi (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Arme
Lieu de détention
Distinctions
Liste détaillée
Caméra d'or ()
Léopard d'or ()
Lion d'or ()
Un certain regard ()
Ours d'argent ()
Carrosse d'or ()
Prix Sakharov ()
Ours d'argent du meilleur scénario ()
Ours d'or ()
Preis für die Freiheit und Zukunft der Medien (d) ()
Prix du scénario du Festival de Cannes ()
Docteur honoris causa de l'université de Strasbourg (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Films notables

Jafar Panahi (en persan : جعفر پناهي), en translittération française : Djafar Panahi, né le à Téhéran, est un réalisateur iranien parmi les plus influents du mouvement de la Nouvelle Vague iranienne[1].

Il a notamment obtenu le Lion d'or à Venise en 2000 pour Le Cercle, l'Ours d'or à Berlin en 2015 pour Taxi Téhéran et le Prix du scénario à Cannes en 2018 pour Trois Visages.

Condamné en 2010 par la justice iranienne à 6 ans de prison ferme pour propagande contre le régime, il est placé en liberté conditionnelle jusqu'à son arrestation au parquet de Téhéran le 11 juillet 2022 à l'âge de 62 ans. Le 3 février 2023, il est libéré après une grève de la faim et de la soif.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils d'un peintre en bâtiment[2], Jafar Panahi grandit dans les quartiers déshérités de Téhéran.

Après avoir étudié la réalisation de films à l'université de cinéma et de télévision à Téhéran, Panahi fait plusieurs films pour la télévision iranienne et devient l'assistant réalisateur d'Abbas Kiarostami sur Au travers des oliviers. Son premier long métrage de cinéma, Le Ballon blanc, est récompensé par la Caméra d'or au festival de Cannes 1995.

En 2001, il fait partie du jury du 36e festival international du film de Karlovy Vary.

Ses deux films à charge sur les inégalités et l'absence de liberté dans la société iranienne — Le Cercle (Dayereh, Lion d'or à Venise en 2000) et Sang et Or (Talāye sorkh, prix du jury Un certain regard en 2003) — ont été interdits par le gouvernement de la République islamique d'Iran à cause de leurs sujets. Ainsi, Le Cercle traite de la condition des femmes en Iran et, en particulier, de la prostitution, et Sang et Or raconte l'histoire d'un vétéran de la guerre avec l'Irak confronté à l'injustice sociale.

En 2003, il fait partie du jury du 44e festival de Thessalonique.

Le régime interdit également la sortie en salles de Hors jeu (Offside) — Ours d'argent à Berlin en 2006 — qui dénonce la place réservée aux femmes dans son pays. Le film traite de la fronde des Iraniennes, fans de football, assistant clandestinement aux matches, en contournant l'interdiction qui leur est faite, depuis la révolution islamique de 1979, d'entrer dans les stades lors des matchs opposant des équipes masculines. Cependant, le film connaît le succès en Iran grâce aux copies DVD diffusées, en partie clandestinement, dans tout le pays.

Alors que les œuvres de Panahi sont systématiquement primées dans les grands festivals internationaux, elles sont aujourd'hui interdites dans son propre pays, même si elles sont distribuées sous forme de DVD, vendus au marché noir. Il inspire toute une nouvelle génération de cinéastes iraniens. Tournant ses films en secret, il invente la technique de la double équipe de tournage. La première est un leurre qui prend en cas de danger la place de la deuxième (la vraie) qui tourne en secret.

En juin 2009, il participe dans la rue à de nombreuses manifestations à la suite de la victoire controversée de Mahmoud Ahmadinejad aux élections présidentielles. Fin juillet, il est arrêté quelques jours pour avoir assisté à une cérémonie organisée à la mémoire d'une jeune manifestante tuée, Neda Agha-Soltan. Libéré, il arbore au festival de Montréal une écharpe verte, couleur de l'opposition, alors qu'il est président du jury.

En , le pouvoir islamique lui interdit de se rendre à la Berlinale 2010 alors qu'il en est l'invité d'honneur.

Arrêté le avec sa femme, sa fille et 15 autres personnes (ces dernières relâchées quarante-huit heures après), il est retenu dans la prison d'Evin par les autorités iraniennes pendant le festival de Cannes 2010 alors qu'il y est invité à faire partie du jury officiel[3]. Le , lors du festival, une journaliste iranienne révèle que le cinéaste a entamé une grève de la faim pour protester contre les mauvais traitements qu'il subit en prison[4]. Il est libéré sous caution le [5].

Lors de la Mostra de Venise 2010, son film L'Accordéon est sélectionné. Mais il ne pourra venir le défendre[6].

En décembre 2010, il est condamné à six ans de prison et il lui est interdit de réaliser des films ou de quitter le pays pendant vingt ans. « Jafar Panahi a été condamné à six ans de prison pour participation à des rassemblements et pour propagande contre le régime », explique son avocate Farideh Gheirat dont les propos sont relayés par l'agence de presse Isna[7],[8],[2].

En , il est tout de même membre du jury à titre honorifique, à la Berlinale 2011[9].

En octobre 2011, la condamnation est confirmée en appel[10].

Malgré cette interdiction de travailler, Panahi coréalise avec Mojtaba Mirtahmasb Ceci n'est pas un film[11] qui décrit sa situation. Tourné avec une caméra numérique et parfois avec un iPhone, Panahi décrit la situation d'un cinéaste qui n'a pas le droit de faire du cinéma. Ce film arrive au festival de Cannes 2011 et y est présenté hors compétition. Depuis, il fait le tour des festivals de cinéma internationaux.

En 2012, avec Nasrin Sotoudeh, il remporte le prix Sakharov, remis par le Parlement européen[12]. Sous le coup de l'interdiction de quitter le pays, Panahi se fait représenter par sa fille Parmiz Panahi, qui vient recevoir le prix aux côtés de Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix 2003, qui représente Nasrin Sotoudeh.

Panahi coréalise avec Kambuzia Partovi dans le plus grand secret Pardé. Sélectionné à la Berlinale 2013 le film reçoit l'Ours d'argent du meilleur scénario.

Le cinéaste se voit ensuite décerner l'Ours d'or pour Taxi Téhéran[13] au festival de Berlin 2015, film également tourné clandestinement avec une petite caméra[14]. Panahi s'y met en scène comme chauffeur de taxi accueillant dans son véhicule des personnalités ou des anonymes de Téhéran dont il dépeint le quotidien, repoussant la frontière entre fiction et documentaire [14],[15]. Sa jeune nièce est venue à Berlin accepter la récompense en son nom[16].

En , le Centre Pompidou présente une intégrale de ses films et une exposition de ses photos. À cette occasion paraît le livre Jafar Panahi : images/nuages de Clément Chéroux et Jean-Michel Frodon[17].

En 2018, son film Trois visages[18], en compétition officielle au festival de Cannes reçoit, ex-æquo avec Alice Rohrwacher, le prix du scénario.

Jafar Panahi est à nouveau arrêté le 11 juillet 2022 et emmené au centre de détention d’Evin pour y purger une peine de 6 ans de prison. Son arrestation fait suite à une demande d'informations sur l'arrestation de Mohammad Rasoulof et Mostafa al-Ahmad après la publication d'une tribune critiquant l'attitude des forces de l'ordre lors d'une manifestation[19],[2]. Le Festival de Cannes demande la libération immédiate des cinéastes Mohammad Rasoulof, Mostafa Aleahmad et Jafar Panahi et condamne la vague de répression en cours en Iran contre ses artistes[20].

Le 15 octobre 2022, la Cour suprême a annulé la condamnation et a ordonné un nouveau procès[21]

Le 1er février 2023, Jafar Panahi entame une grève de la faim pour protester contre les conditions de sa détention dans la prison d'Evin[21]. Il est libéré sous caution le 3 février 2023[22],[23].

Fin avril 2023, il a pu quitter l'Iran pour la première fois depuis près de 14 ans pour un séjour en France où vit sa fille, après délivrance d'un passeport par son pays[24].

Prises de position[modifier | modifier le code]

À suite de l'obtention de l'Ours d'or du meilleur film au festival de Berlin 2015 pour Taxi Téhéran, Jafar Panahi déclare à un média iranien : « Je suis vraiment heureux pour le cinéma iranien et pour moi, mais ce prix n’a pas de valeur tant que mes compatriotes ne peuvent pas voir mes films », rapporte l’Agence de presse de la République islamique (IRNA).

« Les gens au pouvoir nous accusent de faire des films pour les festivals étrangers. Ils se cachent derrière des murs politiques et ne disent pas que nos films ne sont jamais autorisés à être diffusés dans les cinémas iraniens[25]. »

Filmographie[modifier | modifier le code]

Longs métrages[modifier | modifier le code]

Courts et moyens métrages[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Michel Frodon, « Qui sont les cinéastes que Téhéran emprisonne? », sur Slate.fr,
  2. a b et c Adrien Gombeaud, « Jafar Panahi, un cinéaste indestructible en Iran », sur LesEchos.fr, (consulté le ).
  3. « Jafar Panahi, l'insoumis du cinéma iranien », Le Figaro, 14 mai 2010.
  4. « Le cinéaste iranien Jafar Panahi entame une grève de la faim », Libération.fr, consulté le 20 mai 2010.
  5. « Iran : le cinéaste Jafar Panahi est sorti de prison », 20minutes.fr, 25 mai 2010.
  6. « Venise 2010 : Jafar Panahi privé de festival », premiere.fr, 2010.
  7. « Le cinéaste iranien Jafar Panahi condamné à six ans de prison », Libération.fr, consulté le 20 décembre 2010.
  8. « Mobilisation des intellectuels français pour l'Iranien Jafar Panahi », LeMonde.fr, 21 décembre 2010 (consulté le 21 décembre 2010).
  9. « Jafar Panahi invité au jury de la Berlinale », sur L06-12-201.fr, (consulté le ).
  10. « Iran : la condamnation du cinéaste Jafar Panahi confirmée en appel », liberation.fr.
  11. « Résistance à domicile », sur Projection Publique, (consulté le ).
  12. « Le Prix Sakharov du Parlement européen à deux opposants iraniens », news.va.
  13. « Taxi Téhéran : un huis clos en mouvement, ouvert à l’infini », sur Slate.fr, (consulté le ).
  14. a et b Pierre Vavasseur, « Taxi Téhéran : il a tourné sous la menace », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  15. Thierry Chèze, « Taxi Téhéran, un road movie néoréaliste », sur l'express.fr, (consulté le ).
  16. Stéphane Leblanc, « Berlinale : Taxi reçoit l'Ours d'or et la nièce de Panahi est venue chercher la récompense », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
  17. Co-édition Centre Pompidou / éditions Filigranes.
  18. « Dans les coulisses de Trois visages de Panahi, prix du scénario à Cannes », sur Slate.fr, (consulté le ).
  19. « Le cinéaste Jafar Panahi devra purger une peine de six ans de prison en Iran », sur LeMonde.fr avec AFP, (consulté le ).
  20. « Le Festival de Cannes demande la libération immédiate des cinéastes Mohammad Rasoulof, Mostafa Aleahmad et Jafar Panahi », sur festival-cannes.com, (consulté le ).
  21. a et b « Emprisonné à Téhéran, le réalisateur iranien Jafar Panahi a commencé une grève de la faim », sur LeMonde.fr avec AFP, (consulté le ).
  22. « Iran: Le cinéaste Jafar Panahi libéré sous caution après sept mois de prison », La Presse,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le )
  23. « Le réalisateur iranien Jafar Panahi a été libéré sous caution après sept mois de détention », sur LeMonde.fr avec AP, (consulté le )
  24. « Le cinéaste Jafar Panahi quitte l’Iran après 14 ans d’interdiction », sur Mediapart.fr avec Agence France Presse, (consulté le )
  25. « Vainqueur de la Berlinale 2015, Jafar Panahi dénonce ouvertement la censure iranienne », sur Premiere.fr, (consulté le ).
  26. Prix de la Société des réalisateurs de films (SRF).
  27. « Cinéma : l’Iranien Jafar Panahi remporte l’Ours d’or à Berlin », sur Le Monde, .
  28. Laura Tuillier, « Palmarès de la Mostra de Venise: Laura Poitras et Alice Diop en haut de l’aseptembdate=11 septembre 2022 », sur Libération (consulté le ).
  29. Hubert Heyrendt, « Cate Blanchett et Colin Farrell sacrés meilleurs acteur et actrice, le Lion d'or pour un documentaire... Découvrez le palmarès de la Mostra de Venise », sur La Libre Belgique, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]