Jean-François Barailon — Wikipédia

Jean-François Barailon
Fonctions
Député de la Creuse

(3 ans, 1 mois et 20 jours)
Gouvernement Convention nationale
Député au Conseil des Cinq-Cents

(4 ans, 2 mois et 13 jours)
Député du Corps législatif

(6 ans, 6 mois et 5 jours)
Président du Corps législatif

(15 jours)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Viersat (Creuse)
Date de décès (à 72 ans)
Lieu de décès Chambon-sur-Voueize (Creuse)
Nationalité Drapeau de la France Française
Parti politique Modérés
Bonapartiste
Père Joseph Barailon
Mère Catherine Jouhandeaux
Conjoint Magdeleine de Vaureix
Profession Médecin
Juge de paix
Procureur

Jean-François Barailon
députés de la Creuse

Jean-François Barailon ou Baraillon, né le à Viersat (Creuse), mort le à Chambon-sur-Voueize, est un médecin et homme politique français.

L'homme politique[modifier | modifier le code]

En septembre 1792, alors qu'il est médecin et juge de paix à Chambon-sur-Voueize, Barailon est élu député du département de la Creuse, le sixième sur sept, à la Convention nationale[1].

Barailon siège sur les bancs de la Plaine. En octobre 1792, il dénonce le ministre de la Guerre, Pache[2]. Lors du procès de Louis XVI, il se récuse sur la question de la culpabilité du roi, ne se présente pas lors de l'appel nominal sur l'appel au peuple, se prononce pour la détention et vote en faveur du sursis[3]. Bien qu'absent lors de la mise en accusation de Jean-Paul Marat[4], celui-ci le dénonce dans son journal comme membre de la « faction des hommes d’État »[5]. Il est également absent lors du scrutin sur le rétablissement de la Commission des Douze[6]. Concernant la guerre de Vendée, Barailon propose « une amnistie générale, sous la condition de mettre bas les armes »[7].

Après le 9-Thermidor, il se signale comme l'un des plus ardents adversaires des terroristes, plaide en faveur des prêtres incarcérés et propose une fête patriotique pour célébrer l'exécution de Louis XVI. En germinal an III, il fait son entrée dans le comité d'instruction publique, présentant plusieurs rapports. Lors de l'insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IV, il intervient comme médecin pour panser les défenseurs de la Convention blessés.

Le 21 vendémiaire an IV, il est élu député de la Creuse au conseil des Cinq-Cents par 148 voix sur 218 votants. Absent lors du coup d'État du 18 fructidor an V, il l'approuve avec transport et encourage le Directoire à poursuivre tous les agents contre-révolutionnaires. Le 7 nivôse an VII, il accuse l'abbé Grégoire de fanatiser la France par ses nombreuses correspondances comme évêque constitutionnel.

Le 24 germinal an VII, il est élu député de la Creuse au Conseil des Anciens, où ses opinions deviennent plus modérées et où il rejoint les partisans du coup d'État du 18 brumaire. Le 4 nivôse an VIII, il entre au Corps législatif, dont il devient président du 7 au .

Sortant de cette assemblée en 1806, il est nommé substitut du procureur impérial à Chambon, puis procureur impérial au même tribunal. Lors des Cent-Jours, nommé président du collège électoral de la Creuse, il vient complimenter l'Empereur pour ses projets d'Acte additionnel. C'est le dernier acte politique de Barailon, qui meurt moins d'un an après.

L'archéologue et l'historien[modifier | modifier le code]

Outre ses innombrables rapports à la Convention, au Conseil des Cinq-Cents et au Corps législatif (pas moins de 67 notices dans le catalogue de la Bibliothèque nationale de France), Barailon a publié une compilation de ses recherches historiques et archéologiques sous un titre compliqué : Recherches sur les peuples « Cambiovicenses » de la carte Théodosienne, dite de Peutinger ; sur l'ancienne ville romaine de Néris (...) sur les ruines de plusieurs autres villes romaines de l'ancien Berry ; sur les monumens celtiques des cantons d'Huriel et de Montluçon (...) sur les ruines et les monumens de la ville celtique Toull (...) sur les premiers ouvrages de tuilerie et de briqueterie, pendant le séjour des Romains dans les Gaules (...), Paris, Dentu, 1806, 442 p. [8]

Ce gros volume témoigne d'une imagination pour le moins fertile. Par exemple, à propos des entassements granitiques du mont Barlot, dans la commune de Toulx-Sainte-Croix, qui, selon Barailon, auraient été sculptés par les druides du peuple gaulois des « Cambiovicences »[9] afin d'y célébrer leurs cultes « mystérieux et sanglants ». Les affabulations de Barailon à propos de Toulx-Sainte-Croix ont connu une singulière fortune, car George Sand s'en est fait l'écho dans son roman Jeanne (1844). Dès 1841, pourtant, à l'issue d'une visite qu'il avait effectuée dans le Limousin et la Creuse, Prosper Mérimée, alors inspecteur général des monuments historiques, avait montré le peu de sérieux des affirmations de Barailon[10]. Il faudra attendre deux décennies pour que le président de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, Pierre de Cessac, démontre que ces curieuses roches granitiques (connues sous le nom de « Pierres Jaumâtres ») ne devaient rien aux druides, mais étaient le résultat de l'érosion naturelle, et qu'il fasse justice de la plupart des affirmations de Barailon sur les « Cambiovicences ».

C'est aussi son imagination, tout à la fois débridée et méticuleuse, qui l'entraîne, dans un rapport de 1795 à la Convention Nationale [11], à décrire des projets de dizaines de costumes et uniformes tant pour les membres des futurs Conseil des Anciens et Conseil des Cinq-Cents que pour nombre de catégories de fonctionnaires publics. Dans la droite ligne d'une inspiration gréco-romaine déjà exploitée par David et bien dans l'air du temps, Barailon vante les mérites des robes, tuniques, agrafes et autres accessoires devant permettre d'asseoir la légitimité et l'autorité des Pouvoirs Publics. Le sujet sera encore en discussion en 1798[12].

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 40.
  2. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 54, séance du 10 octobre 1792, p. 735.
  3. Jacques-François Froullé, « Liste comparative des cinq appels nominaux. Faits dans les séances des 15, 16, 17, 18 et 19 janvier 1793, sur le procès et le jugement de Louis XVI [...] » Accès libre, sur Gallica - B.N.F., (consulté le )
  4. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 72.
  5. Michel Pertué, « La liste des Girondins de Jean-Paul Marat », Annales historiques de la Révolution française n°245, 1981, p. 382.
  6. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 537.
  7. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 64, séance du 11 mai 1793, p. 548.
  8. Consultable sur archive.org.
  9. Peuple bien évidemment imaginaire, dont Barailon situait la capitale à Chambon-sur-Voueize, son bourg natal (dont le nom dérive du celte cambo, signifiant « la courbe » d'une rivière, d'où les « Cambiovicences ».)
  10. Mérimée se montra cruel envers Barailon, qu'il qualifiait d'« homère (sic) de la Creuse, ou plutôt son hérodote (sic), car il ne s'est point élevé au-dessus de la prose ».
  11. J.-F. Barailon, Projet sur le costume particulier à donner à chacun des deux conseils législatifs et à tous les fonctionnaires publics de la République française, présenté à la Convention Nationale, Paris, Imprimerie Nationale, 13 fructidor an III [30 août 1795], 31 p.
  12. Conseil des Cinq-Cents, « Rapport et projet de résolution, présentés par J.-F. Barailon, sur le costume du Corps législatif et de tous les fonctionnaires. Au nom d'une commission spéciale composée des représentants Boissy D'Anglas, Jourdan, Mayeuvre et Barailon », Le Moniteur Universel, Séance du 12 nivôse an 5, n° 105, 15 nivôse an 5 [4 janvier 1798], p. 412.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens extérieurs[modifier | modifier le code]