Jean-Louis Étienne — Wikipédia

Jean-Louis Étienne
Jean-Louis Étienne en 2008.
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Jean-Louis Étienne, né le à Vielmur-sur-Agout dans le Tarn[1], est un médecin et explorateur français[1]. Il est connu pour ses multiples expéditions en Arctique – il a été le premier homme à atteindre le pôle Nord en solitaire en 1986 – et en Antarctique, notamment la Transantarctica réalisée en 1989-1990.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jean-Louis Étienne est le fils d'un tailleur d'habits. À treize ans il déménage à Castres où sa mère a ouvert un petit commerce de confection[2]. Il a dans sa jeunesse évolué en tant que demi de mêlée au Castres Olympique[3].

Après sa scolarité à l'école communale de Vielmur-sur-Agout, comme il n'a pas de notes suffisantes pour intégrer la sixième, ses parents l'envoient au collège technique de Mazamet. Il y obtient un CAP de tourneur-fraiseur. Le travail manuel lui redonne le goût des études, si bien que ses professeurs le poussent vers un baccalauréat technique, obtenu au lycée Jean-Jaurès de Castres[4]. Il s'inscrit alors à la faculté de médecine de l'université de Toulouse. Dès la deuxième année il s'intéresse à la chirurgie et l'occasion lui est donnée de pratiquer en tant qu'aide opératoire. Il réussit le concours de l'internat puis exerce à l'hôpital de Castres en chirurgie[5]. Souhaitant se rapprocher de la montagne, qui l'attire depuis son enfance, il s'inscrit en radiologie à l'université scientifique et médicale de Grenoble[6], où il soutiendra sa thèse en 1975[7]. Il est aussi titulaire d'un diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) de diététique et génie alimentaire[1] et d'un diplôme de biologie et de médecine du sport[1]. Jean-Louis Étienne est également médecin breveté de la marine marchande[8].

Jean-Louis Étienne s'intéresse rapidement à l'aspect médical de la physiologie humaine dans des conditions extrêmes. En tant que médecin il participe à de nombreuses expéditions dans l'Himalaya (Broad Peak et face nord de l'Everest), au Groenland et en Patagonie[1], notamment dans la cordillère des Andes. Il est coéquipier à bord de Pen Duick VI d'Éric Tabarly lors de sa course autour du monde 1977-1978[1].

Il est candidat spationaute en 1983-1984-1985 pour le groupe CNES-2 et fait partie des présélectionnés.

En 2007-2008, Jean-Louis Étienne est directeur général de l'Institut océanographique de Paris et du Musée océanographique de Monaco[1].

Pendant l'été 2015, il anime l'émission On refait la planète, en semaine de 19 h 15 à 20 h sur RTL[9].

Liste des expéditions[modifier | modifier le code]

L'explorateur Jean-Louis Étienne sur le stand Ocean & Climate.
  • Le , il est le premier homme à atteindre le pôle Nord en solitaire, en tirant son traîneau pendant 63 jours avec des ravitaillements. À cette époque le GPS et le téléphone par satellite n'existent pas, il se dirige grâce au soleil et sa position est suivie par le Centre national d'études spatiales au moyen d'une balise Argos qui confirme son arrivée sur l'axe de rotation de la terre, 89° 993 N.
  • En 1989-1990, il est co-leader avec l'Américain Will Steger de l'expédition internationale Transantarctica, la plus longue traversée de l'Antarctique en traîneau à chiens. Y prennent également part un Russe, un Chinois, un Japonais et un Anglais. Partis de l'extrémité de la péninsule Antarctique le , ils atteignent la base russe Mirny via le pôle Sud, soit 6 300 km en sept mois d'expédition.
  • 1991-1996 : à bord de la goélette Antarctica (rebaptisée Tara en 2003), il mène des expéditions scientifiques en Antarctique — au volcan Erebus —, puis un hivernage au Spitzberg pour préparer la dérive à travers l'océan Arctique.
  • Avril 2002 -  : mission Banquise à bord du Polar Observer en dérive pendant trois mois au pôle Nord, pour étudier le réchauffement climatique.
  • Janvier-avril 2005 : expédition Clipperton sur l'île de Clipperton dans l'océan Pacifique, pour établir un inventaire de la biodiversité de l'atoll français au large des côtes du Mexique, et par là même affirmer la souveraineté française sur l'île.
  • Avril 2007 - mars 2008 : Total Pole Airship, projet de mission scientifique ayant pour objectif de mesurer l'épaisseur de la banquise de l'océan Arctique en dirigeable, via le pôle Nord géographique, dans le cadre de l'Année polaire internationale. Le , le dirigeable, en préparation dans le Var, rompt ses amarres à la suite de fortes rafales de vent et subit des dommages irréparables, ce qui contraint Jean-Louis Étienne à annoncer l'annulation de la mission[10].
  • Avril 2010 : première traversée de l'océan Arctique en ballon rozière. Le décollage a lieu le du Spitzberg. Jean-Louis Étienne se pose en Sibérie orientale après un vol en solitaire de 5 j 2 h 15 min, sur une distance de 3 160 km.

Projet 2023 : expédition Polar POD[modifier | modifier le code]

Polar Pod de profil.

Il s'agit d'un projet d'exploration de l'océan Austral, l'immense étendue d'eau encore méconnue qui entoure le continent Antarctique, considérée comme le principal puits de carbone de la planète[11],[12]. Cette campagne se fera à bord du Polar POD, une plateforme océanographique conçue pour dériver dans le courant circumpolaire antarctique. D'après les simulations de Météo France et Mercator Ocean, cette circumnavigation devrait durer trois ans. Le Polar POD devant être propulsé par le courant et alimenté en énergie renouvelable, il s'agit de la première campagne océanographique « zéro émission » (hors construction et émissions de la goélette Persévérance, qui effectuera le ravitaillement de la plateforme tous les deux mois[13]).

Au cours de la longue période écoulée entre l'annonce du projet et sa réalisation, Polar Pod est passée de simple plate-forme habitée à « station océanique internationale », le tout coordonné par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en partenariat avec le Centre national d'études spatiales (Cnes) et l'Ifremer, également maître d'œuvre de la construction. Le programme de recherche bénéficie désormais de l'engagement de 43 institutions et universités de 12 pays, tandis que les données et observations seront accessibles à l'ensemble de la communauté scientifique internationale.

« Ce sera une contribution française au programme de l'Unesco, la Décennie de l'océan, assure l'explorateur[14]. »

Prix et distinctions[modifier | modifier le code]

Jean-Louis Étienne a été élevé au rang de :

Il reçoit la médaille d'or de la Société de géographie[1] et est membre de l'Académie des technologies[1]. Il est aussi lauréat du prix Henry-Deutsch-de-la-Meurthe de l'Académie des sports en 1990, récompensant « un fait sportif ayant entraîné un progrès matériel, scientifique ou moral pour l’humanité », et lauréat, en 1986, du prix André-de-Saint-Sauveur, également décerné par l'Académie des sports, pour « exploit sportif exceptionnel et de caractère original ».

Hommages[modifier | modifier le code]

Un collège du quartier de Bonnecombe à Mazamet (Tarn) et le groupe scolaire de Coupvray (Seine-et-Marne) portent son nom.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Médecine et sports de montagne, éd. Favre, 1983
  • Le marcheur du Pôle, éd. Robert Laffont, 1986
  • Transantarctica, éd. Robert Laffont, 1990
  • Pôle Sud, éd. L'Esprit du Temps, 1991
  • Les Pôles, éd. Flammarion, 1992
  • Antarctica, éd. Gallimard, 1992
  • J.-L. Étienne, Pierre Avérous et Stéphane Compoint (Photographe), Expédition Erebus, éd. Arthaud, , 192 p. (ISBN 978-2-7003-1051-1)
  • Le Pôle intérieur, éd. Hoëbeke, 1999
  • La complainte de l'ours, éd. Jean-Claude Lattès, 2001
  • Mission banquise, coéd. Seuil / 7e Continent, 2002
  • Médecine des randonnées extrêmes : des pôles aux plus hauts sommets, Éditions du Seuil / Septième Continent, , 144 p. (ISBN 978-2-0206-7918-3)
  • Clipperton, l'atoll du bout du monde, Éditions du Seuil / Septième Continent, 2005
  • Jean-Louis Étienne, 30 ans d'expéditions, Éditions du Chêne, , 400 p. (ISBN 978-2-8123-0086-8)
  • La traversée du pôle Nord en ballon, Éditions du Chêne, 2010
  • Nouvelles Histoires naturelles, éditions Jean-Claude Lattès, 2011
  • Persévérer : on ne repousse pas ses limites, on les découvre, Points/Poche, , 216 p. (ISBN 978-2-7578-6042-7)
  • Inventer sa vie, Le Passeur Éditeur, 2016
  • Dans mes pas, éditions Paulsen, 2017
  • La France des solutions : ces citoyens qui bâtissent l'avenir, avec Gilles Vanderpooten, éditions Arthaud, 2017 au profit de l'ONG Reporters d'espoirs (2017)
  • L'Enfant qui marche (livre jeunesse), avec Florence Thinard, illustr. Marc N'Guessan, éditions Plume de Carotte, 2018
  • Osez l'autonomie !, éditions Rustica, 2019
  • Aux arbres, citoyens : pour renouer avec l'écosystème Terre, éditions Paulsen, 2019
  • Le pôle intérieur, J'ai lu/Poche, , 352 p. (ISBN 978-2-2903-7096-4)

Films[modifier | modifier le code]

  • Erebus, le volcan des glaces, de Pierre-Antoine Hiroz, coprod. Gedeon Programmes / France 3 (1994)
  • Spitzberg. Nuit blanche sur la banquise, de Marc Jampolsky, coprod. Gedeon Programmes / France 3 (1997)
  • Le Monde d'Étienne, d'Olivier Julien, coprod. Gedeon Programmes / La Cinquième (2002)
  • Le Pôle intérieur, d'Emilio Maillé, coprod. Gedeon Programmes, France 3 (2003)
  • Les Mystères de Clipperton, de Luc Marescot, coprod. Gedeon Programmes / Canal+ (2005)[18]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i et j « Jean-Louis Étienne : biographie », sur jeanlouisetienne.com (consulté le )
  2. Jean-louis Étienne, Dans mes pas, éditions Paulsen, , p. 5.
  3. page 5 et, de ses propres dires, émission Si tu écoutes, j'annule tout sur France Inter, le 17 mars 2015.
  4. Nathalie Helal, « Les 20 ans de Jean-Louis Étienne : comment il est devenu explorateur », sur letudiant.fr, .
  5. « Jean-Louis Etienne : « J’adore ma vie mais j’ai deux regrets : la chirurgie et le rugby » », sur Remede.org (consulté le )
  6. @NatGeoFrance, « Jean-Louis Étienne, explorateur de génie », sur National Geographic, (consulté le )
  7. Jean-Louis Étienne, Étude radiologique de la rotation occipito-rachidienne en incidence axiale, thèse de médecine, université Grenoble 1, 1975.
  8. Biographie Who's Who - mise à jour le 16 mars 2009
  9. « RTL mise sur Christophe Beaugrand, Bruno Guillon et Stéphane Bern cet été », www.ozap.com, 2015
  10. Destruction du dirigeable Total Pole Airship
  11. Puits de carbone : où sont-ils et comment fonctionnent-ils ?.
  12. Cyril Hofstein, « Polar pod, le nouveau défi de Jean-Louis Étienne » Accès payant, sur Le Figaro (consulté le )
  13. Author, « Expédition Polar POD autour de l'Antarctique sur les 3 océans », sur www.polarpod.fr (consulté le )
  14. La Décennie de l’océan passe à l'action.
  15. « Décret du 31 décembre 2020 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier dans l'ordre national du Mérite - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  16. « Décret du 27 mars 2016 portant promotion dans l'ordre de la Légion d'honneur », sur le site de Légifrance, (consulté le ).
  17. Décret du 31 décembre 2020 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier dans l'ordre national du Mérite.
  18. Les Mystères de Clipperton. En partant de l’idée formidable de faire l’inventaire naturaliste d’un lieu totalement sauvage et isolé, Jean-Louis Etienne se situe, avec cette grande expédition pluridisciplinaire, dans la lignée des explorateurs du XIXe siècle.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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