Jean-Michel Desjeunes — Wikipédia

Jean-Michel Desjeunes
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jean Michel Maurice Philippe Desjeunes
Nationalité
Activité

Jean-Michel Desjeunes (Paris, - Paris, [1]) est un écrivain, journaliste et présentateur de télévision et de radio français, des années 1960 et des années 1970, qui a notamment présenté le journal télévisé de la deuxième chaîne de télévision de 1972 à 1974, à l'époque de l'ORTF.

Biographie[modifier | modifier le code]

Parcours[modifier | modifier le code]

Jean-Michel Desjeunes est né en 1943. Fils d'un imprimeur et d'une fonctionnaire à la Communauté européenne[2], il a été élève du Centre de formation des journalistes[3] où son talent et sa rigueur sont remarqués[2] et font qu'il devient vite un espoir du journalisme[2],[3]. Il fait ses débuts sur la radio RTL, qu'il quitte, en 1968, pour créer à Radio-Monte-Carlo, en compagnie de son camarade de promotion Pierre Lescure, futur PDG de Canal +, un "nouveau type de journaliste-animateur", dans "Radio-Caroline". Tous deux deux resteront de très proches amis pendant plus de dix ans. Il travaille aussi en équipe avec Philippe Bouvard, selon qui "Desjeunes méritait bien son nom"[4]. Accédant « très tôt au vedettariat sonore » selon Bouvard[4], et "plein d'entrain, il semblait respirer la joie de vivre"[4].

Il est ensuite recruté par la première chaîne de télévision en 1972, comme présentateur à Télé-midi puis officie à 24 heures sur la Une, l'unité d'information de la première chaîne de l'ORTF à partir du . Il participe avec Danièle Gilbert à une expérience de télévision de la mi-journée mixant actualités et variétés[5] et interview des vedettes. Dans sa vie privée, il aime le théâtre er joue "La Fantaisie pour un gentilhomme" de Joaquin Rodrigo[6]. Il semble alors toujours "promis à un superbe avenir", selon Danièle Gilbert[5].

Jean Lefèvre, directeur de l'information sur la seconde chaîne de l'ORTF, le remarque et le recrute comme présentateur du journal de 20 heures, de 1972 à 1974. Lors de l'éclatement de l'ORTF, il est recruté par Europe 1. La radio lui confie l'animation de plusieurs émissions, parmi lesquelles "Tout peut arriver", où devant un parterre de jeunes il recoit et interview des stars, parmi lesquels Roger Waters, de Pink Floyd, alors en pleine ascension [7], [8]. L'émission est aussi ponctuée d'un "journal du rock"[8], présenté par Pierre Lescure et d'une interview quotidienne d'un politique, réalisée par Anne Sinclair[8].

En 1975, Bertrand Boulin, un éducateur spécialisé qui avait fondé en novembre 1969 un "comité anti-drogue" avec son père le ministre Robert Boulin, venant au secours des jeunes drogués[9], sur le mode du centre Olivetan du docteur Claude Olievenstein, publie Au secours des enfants perdus[10], un livre qui a "recueilli la parole d’enfants que la rue a rejetés dans les caniveaux de la société"[9]. Après sa publication, Jean-Michel Desjeunes l'invite dans « Tout peut arriver »[9] puis lui propose d’intervenir régulièrement dans l’émission, trois fois par semaine, par une chronique intitulée « Le carré interdit », réclamant que les enfants aient enfin des droits[9].

Boulin a alors l'idée d'élaborer une "charte des enfants"s[9], pour établir leurs droits et en septembre 1976, une émission hebdomadaire est consacrée à cette charte, prenant son noms[9], avec un point quotidien à 17h30: les enfants téléphonent pour faire valoir leurs droitss[9]. Elle est coanimée par Jean-Michel Desjeunes, Philippe Alfonsi et Bertrand Boulin. L'émission devient un livre publié en janvier 1977, avec leurs trois signatures[9]. L’éditeur précise cependant, dans le plan du livre, que la troisième partie du livre est « une réflexion des auteurs et en particulier de Bertrand Boulin »[9]. France Inter copie le succès de l'émission, en créant une semblable[11]. Mais deux mois après la sortie du livre seulement, en mars 1977, le livre fait l'objet de critiques: Pierre Weber, député giscardien de Meurthe-et -Moselle, demande son interdiction et le premier ministre Raymond Barre lui répond le 26 mars que ses "inquiétudes" sont "compréhensibles"[12]. Les mois suivants, les critiques continuent, venant du monde associatif, qui dénoncent "une publicité importante, et sans aucune restriction" pour l'émission dans les médias. Le quotidien Le Monde est également très critique[13],[14],[15]mais permet à Bertrand Boulin, d'y répondre. Il ne mentionne plus alors l'émission mais seulement son livre[16]. Europe1 a ensuite déplacé l’émission en soirée, puis définitivement décidé la fin du programme[9]. Entretemps, en septembre 1977, Bertrand Boulin fonde l’association « SOS Enfants » dont il devient président[9] et dans les locaux de laquelle se rend fréquemment un de ses nouveaux amis proches, Gabriel Matzneff, comme ce dernier le raconte dans « Un galop d’enfer » (1977-78)[9].

L'émission de radio est décalée à une heure plus tardive puis supprimée, et Jean-Michel Desjeunes devient de son côté l'animateur d'une autre émission sur Europe1 : Il était une fois, les stars, le samedi après-midi.

Cinéma[modifier | modifier le code]

Jean-Michel Desjeunes a incarné au cinéma son propre rôle de présentateur-vedette du journal télévisé dans L'Événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la Lune, une comédie italo-française réalisée par Jacques Demy et sortie en 1973, qui raconte l'histoire de Marco, un directeur d'auto-école, vivant heureux avec Irène, propriétaire d' un salon de coiffure et apprend qu'il est enceint de quatre mois, apportant une célébrité immédiate au salon de coiffure de son épouse[17], et une spéculation sur le fait qu'il ait consommé des poulets aux hormones. L'événement fait la une des journaux et dans l’intermède le plus féministe du film, les clientes du salon de coiffure estiment que « si les hommes se mettent à avoir des enfants, la pilule sera en vente partout », à une époque où elle est encore peu répandue[17].

Famille[modifier | modifier le code]

Marié, il était père de deux enfants.

Décès[modifier | modifier le code]

Il s'est donné la mort à l'âge de 35 ans[3], le 2 février 1979 en se jetant par la terrasse[18] de l'appartement qu'il occupait sous les toits[4],[2], près de l'avenue Foch, dans le XVIIème arrondissement de Paris>, une "fin tragique" qui "reste en mémoire"[19]. Le cœur de son ami Pierre Lescure est « amputé » et la station tout entière sous le choc, sans comprendre[2]. Selon Pierre Lescure, il avait dû affronter avant des difficultés de santé et de famille, et avait tenté de résister à l'apparition de l'alcool par des périodes et cure de sevrage[2]. Au cours du mois précédent, Bertrand Boulin, avec qui il animait une émission de radio en 1977 avait été confronté à des tracasseries multiples, notamment la fouille du local de son association, sur fond de forte médiatisation de l'affaire Jacques Dugué, à laquelle ni Boulin ni Jean-Michel Desjeunes ne sont mélés, mais qui verra Gabriel Matzneff, un ami proche du premier, témoigner en faveur de Jacques Dugué à son procès[20].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. a b c d e et f "Si ton père avait pu voir ça !" par Christian Morin en 2011 aux éditions de L'Archipel [1]
  3. a b et c "Article le 3 février 1979 dans Le Monde [2]
  4. a b c et d "Le petit monde de Don Bouvardo" par Philippe Bouvard chez l'éditeur L'Archipel en 2022 [3]
  5. a et b "Il faut que je vous raconte..." par Danièle Gilbert, chez Talent Editions en 2018 [4]
  6. "Guy Béart. Il n'y a plus d'après" par Baptiste Vignol, aux éditions de L'Archipel en 2016 [5]
  7. "Pink Floyd Wish You Were Here", par Philippe Gonin aux Editions Le mot et le reste en 2020 [6]
  8. a b et c "Passé composé" par Anne Sinclair, aux Editions Grasset en 2021 [7]
  9. a b c d e f g h i j k et l "Bertrand Boulin au secours des « enfants perdus », par Olivier Annichi, sur Off-investigation, le 25.04.2023 [8]
  10. "Au secours des enfants perdus" par Bertrand Boulin en 1975, aux Editions du Bassin [9]
  11. "Les confessions d'un enfant du siècle", par Bertrand Le Gendre, dansLe Monde du 30 avril 1977 [10]
  12. "La "Charte des enfants" par CATHERINE ARDITTI le 16 avril 1977 dans Le Monde [11]
  13. "Dans les griffes des adultes" par Bruno Frappat le 19 septembre 1977 dans Le Monde
  14. "Le point de vue de... Le ghetto de l'adolescence, par Dominique Bénard, commissaire général des Scouts de France, dans Le Monde du 8 décembre 1977
  15. "La " Charte des enfants " ou la famille hors du temps" par Noëlle Marotte, le 15 décembre 1977 dans Le Monde [12]
  16. "La "Charte des enfants" ou la mythologie de la transparence" par Bertrand Boulin dans Le Monde le 22 décembre 1977 [13]
  17. a et b Norine Raja, « « L'Événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la Lune », l'OVNI de Jacques Demy », Vanity Fair,‎ (lire en ligne)
  18. "In the baba", par Pierre Lescure [14]
  19. "Dictionnaire amoureux de la radio", par Frank Lanoux, chez Place des éditeurs en 2023 [15]
  20. "Matzneff au secours de « l’ogre de Saint Ouen »" par Olivier Annichi dans Off-investigation le 30 mai 2023 [16]

Liens externes[modifier | modifier le code]