Jean (grand-duc de Luxembourg) — Wikipédia

Jean
Illustration.
Le grand-duc Jean de Luxembourg en 1967.
Titre
Grand-duc de Luxembourg

(35 ans, 10 mois et 25 jours)
Couronnement
(prestation de serment)
Premier ministre Jacques Santer
Jean-Claude Juncker
Président du gouvernement Pierre Werner
Gaston Thorn
Pierre Werner
Jacques Santer
Prédécesseur Charlotte
Successeur Henri
Grand-duc héritier de Luxembourg

(43 ans, 10 mois et 7 jours)
Monarque Charlotte
Prédécesseur Hilda
Successeur Henri
Biographie
Dynastie Maison de Nassau
(branche de Bourbon-Parme)
Nom de naissance Jean Benoît Guillaume Robert Antoine Louis Marie Adolphe Marc d'Aviano de Nassau
Date de naissance
Lieu de naissance Colmar-Berg (Luxembourg)
Date de décès (à 98 ans)
Lieu de décès Luxembourg (Luxembourg)
Sépulture Crypte de la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg
Père Félix de Bourbon-Parme
Mère Charlotte
Conjoint Joséphine-Charlotte de Belgique
Enfants Marie-Astrid de Luxembourg
Henri
Jean de Luxembourg
Margaretha de Luxembourg
Guillaume de Luxembourg
Diplômé de Université Laval
Résidence Château de Fischbach, Fischbach

Signature de Jean

Jean (grand-duc de Luxembourg)
Monarques de Luxembourg

Jean, né le au château de Colmar-Berg et mort le à Luxembourg, fut le huitième grand-duc de Luxembourg de 1964 à 2000.

Le grand-duc Jean était le neveu du dernier empereur d'Autriche et roi de Hongrie, Charles Ier, ainsi que le cousin du tsar Boris III de Bulgarie, de la reine Anne de Roumanie et du prétendant carliste au trône d’Espagne Charles-Hugues de Bourbon-Parme. Il était en outre l'oncle par marriage de l'actuel roi des Belges, Philippe.

Premières années[modifier | modifier le code]

Naissance et famille[modifier | modifier le code]

Les parents de Jean en 1919.

Fils aîné de la grande-duchesse Charlotte et du prince Félix de Bourbon-Parme, le futur grand-duc voit le jour le au château de Colmar-Berg dans le centre du Luxembourg. Il est né deux ans seulement après l'accession de sa mère en 1919, après que sa sœur aînée, la grande-duchesse Marie-Adélaïde, ait dû abdiquer, accusée d'être pro-allemande pendant la Première Guerre mondiale[1]. Aîné de la grande-duchesse régnante, il est l'héritier du trône dès sa naissance. Le jeune prince, de son nom de baptême Jean Benoît Guillaume Robert Antoine Louis Marie Adolphe Marc d'Aviano, a pour parrain le pape Benoît XV, dont il tire son deuxième nom[2].

Enfance et jeunesse[modifier | modifier le code]

L'enfant grandit aux côtés de son frère et quatre sœurs, pour la plupart du temps à la résidence de ses parents au château de Colmar-Berg[2]. Il fréquente l'école primaire au Luxembourg, où il poursuit aussi le cycle initial de l'enseignement secondaire. De 1934 à 1938, il termine son enseignement secondaire à l'Ampleforth College, un internat catholique dans le Yorkshire au Royaume-Uni[2]. Le , jour de ses 18 ans, le prince Jean atteint sa majorité et reçoit officiellement le titre de grand-duc héritier de Luxembourg[3].

Seconde Guerre mondiale et après-guerre[modifier | modifier le code]

Des troupes allemandes franchissent la frontière luxembourgeoise le .

Quelques mois plus tard éclate la Seconde Guerre mondiale. Même si le pays se déclare neutre et non armé, les Luxembourgeois savent par expérience que la neutralité de leur pays ne les protégera pas nécessairement. Le , le Luxembourg est envahi par l'armée allemande. La nuit précédente, prévenue de l'invasion imminente, la famille grand-ducale s'est enfuie avec le gouvernement du Luxembourg, et le prince Jean suit sa mère qui évacue le pays sous la protection de l'armée française[4]. Son exil, qui débuta à Paris, le mènera via le Portugal en l'Amérique du Nord, où il étudia à l'Université Laval de Quebec[5]. En 1942, le grand-duc héritier part avec son père pour le Royaume-Uni, où il rejoint l'armée britannique comme volontaire dans les Irish Guards, dont il fut fait lieutenant en 1943, puis capitaine en 1944.

À cette date, sa tante maternelle, Antonia de Luxembourg, épouse du prince royal Rupprecht de Bavière, et sa famille sont internés dans un camp de concentration nazi. À l'instar de ses voisins, les départements français de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, le Luxembourg a été annexé par le Troisième Reich en 1942.

Le prince Jean et son père, le prince Felix à la libération de la ville de Luxembourg en 1944.

Cinq jours après le Jour J, le , le prince Jean débarque en Normandie, près de Bayeux et prend part à la bataille de Caen puis à la libération de Bruxelles. Le , il prend part à la libération de sa capitale Luxembourg.

De 1951 à 1961, le grand-duc héritier Jean est membre du Conseil d'État, ce qui lui permet d'être associé à la vie politique du pays.

Il est par ailleurs considéré par les légitimistes français comme trente-septième[Quand ?] dans l’ordre de succession au trône de France du fait de l’appartenance de son père le prince Félix, a la maison capétienne de Bourbon.

Mariage et descendance[modifier | modifier le code]

Médaille frappée à l'occasion du mariage du grand-duc héritier avec la princesse Joséphine-Charlotte de Belgique en 1953.

En octobre 1952, le Grand-Duc héréditaire se fiance officiellement avec la princesse Joséphine-Charlotte de Belgique, fille du roi Léopold III des Belges et de sa première épouse la reine Astrid, née Astrid de Suède. Les noces sont célébrées le en la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg[2].

Les nouveaux mariés s'installent au château de Betzdorf à Betzdorf dans l'est du Grand-Duché, où naissent leurs cinq enfants[2], bénéficiant du traitement d'altesse royale :

Grand-Duc de Luxembourg[modifier | modifier le code]

Accession au trône[modifier | modifier le code]

Le Grand-duc prêtant le serment constitutionnel devant la Chambre des députés, le .

Nommé lieutenant-représentant le , Jean de Luxembourg succède à sa mère qui abdique le et devient le nouveau grand-duc de Luxembourg. Le même jour, le nouveau chef de l'État prête le serment constitutionnel devant la Chambre des députés de Luxembourg[2]. Durant son règne, il ne commettra aucun faux pas et restera neutre au-dessus des partis politiques.

Règne[modifier | modifier le code]

Comme beaucoup de ses compatriotes, le grand-duc est un Européen convaincu. Il a reçu en leur nom en 1986 à Aix-la-Chapelle le prix international Charlemagne qui récompense chaque année une personnalité ou un pays pour sa contribution à la construction européenne.

Le grand-duc Jean est docteur honoris causa de l'université de Strasbourg (depuis 1957) et de l'université de Miami (depuis 1979). Il est aussi le président d'honneur du Comité olympique et sportif Luxembourgeois et de l'Union des mouvements de la Résistance luxembourgeoise. Le grand-duc Jean a été membre du Comité international olympique de 1946 à 1998. La reine Élisabeth II l'a nommé en 1984 colonel du régiment des Irish Guards, dans lequel il avait servi durant la Seconde Guerre mondiale.

Le grand-duc perd son père, le prince Félix de Bourbon-Parme en 1970 puis sa mère l'ex-grande-duchesse Charlotte de Luxembourg en 1985.

Lors des festivités organisées en 1989 pour les 25 ans de règne du grand-duc Jean, le Premier ministre Luxembourgeois Jacques Santer annonce la création d'un futur musée d'art moderne grand-duc Jean (appelé aussi Mudam). Il sera construit sur le plateau du Kirchberg à Luxembourg-Ville et inauguré dix-sept ans plus tard en par la famille grand-ducale.

Voyages à l'étranger[modifier | modifier le code]

Dans le domaine social, le grand-duc Jean a initié l'introduction du The Duke of Edinburgh's International Award au Luxembourg et est à l'origine de la création en 1993 de la Fondation du Mérite Jeunesse, qui met en œuvre ce programme au grand-duché et est placé sous le Haut Patronage du grand-duc Jean.

Au cours de leurs 36 ans de règne, le couple grand-ducal a effectué une trentaine de voyages d'État à l'étranger : Brésil en 1965, Pays-Bas et Belgique en 1967, Yougoslavie en 1971, Royaume-Uni en 1972, Tunisie et URSS en 1975, Roumanie en 1976, Sénégal, Allemagne (RFA) et Autriche en 1977, France en 1978, Chine en 1979, Italie en 1980, Irlande en 1982, Espagne en 1983, Portugal et États-Unis en 1984, Islande en 1986, Grèce et Israël en 1987, Danemark en 1988, Norvège et Hongrie en 1990, Suède en 1991, Pays-Bas en 1992, Pologne et Finlande en 1993, Tchéquie en 1994, Mexique en 1996, Belgique et Japon en 1999.

Fin de règne et abdication[modifier | modifier le code]

Le grand-duc Jean lors du mariage de son petit-fils Louis en 2006.

Après un règne prospère de 36 ans, le grand-duc Jean abdique le en faveur de son fils aîné, qui devient le grand-duc Henri. Avec son épouse la grande-duchesse Joséphine-Charlotte (décédée en ), il quitte le château de Colmar-Berg pour s'installer au château de Fischbach. Le couple grand-ducal a 21 petits-enfants.

L'après-pouvoir[modifier | modifier le code]

En , lors d'une cérémonie au centre militaire de Diekirch et en présence de la famille grand-ducale et des autorités du pays, le grand-duc Henri décerne à son père la médaille militaire, la plus haute décoration militaire luxembourgeoise, pour sa participation à la Seconde Guerre mondiale.

En 2004, son oncle paternel par alliance, l'empereur Charles Ier d'Autriche, époux de la princesse Zita de Parme, décédé prématurément en 1922, est béatifié par le pape Jean-Paul II.

Dernières années[modifier | modifier le code]

Le , le grand-duc Jean devient arrière-grand-père pour la première fois lors de la naissance à Genève de Gabriel de Nassau, fils du prince Louis de Luxembourg (19 ans) et de sa compagne Tessy Anthony (20 ans), qui se marient en septembre suivant.

Jusqu'à la fin de sa vie, le grand-duc Jean continue de soutenir la Fondation du Mérite Jeunesse, dont il est à l'origine et à qui il accorde son Haut Patronage. Une de ses dernières apparitions publiques en est pour une activité de cette fondation qui est présidée par son fils le prince Guillaume.

Mort et inhumation[modifier | modifier le code]

Il meurt le [6], âgé de 98 ans, des suites d'une infection pulmonaire. Il est inhumé dans la crypte de la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg le .

Décorations[modifier | modifier le code]

Titulature[modifier | modifier le code]

  •  : Son Altesse Royale le prince Jean de Luxembourg, prince de Nassau, prince de Bourbon-Parme (naissance) ;
  •  : Son Altesse Royale le grand-duc héritier de Luxembourg, duc héritier de Nassau et prince de Bourbon-Parme ;
  •  : Son Altesse Royale le grand-duc de Luxembourg, duc de Nassau, prince de Bourbon-Parme ;
  • -  : Son Altesse Royale le grand-duc Jean de Luxembourg, prince de Nassau, prince de Bourbon-Parme.

La titulature complète du grand-duc de Luxembourg est : grand-duc de Luxembourg, duc de Nassau, prince de Bourbon-Parme, comte palatin du Rhin, de Sayn, de Königstein, de Katzenelnbogen et Diez, vicomte de Hammerstein, seigneur de Mahlberg, de Wiesbaden, d'Idstein, de Merenberg, de Limburg et Eppstein, chevalier de Namur.

Armoiries[modifier | modifier le code]

Ci-dessous l'évolution des armoiries du grand-duc Jean avant de devenir souverain de Luxembourg (1939-1964).

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Hugh Montgomery-Massingberd (ed.), Burke's Royal Families of the World, vol. 1, Londres, Burke's Peerage, (ISBN 0-220-66222-3), p. 387–388
  2. a b c d e et f « S.A.R. le Grand-Duc Jean », sur monarchie.lu, Cour grand-ducale (consulté le )
  3. Anne Fourney, « Cour grand-ducale: Le grand-duc Jean fête ses 96 ans », Luxemburger Wort,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. (pt) Margarida de Magalhães Ramalho, « A fuga para a liberdade da família grã-ducal » [« The flight to freedom of the grand ducal family »], Contacto,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Philippe Bernier Arcand, « Les Bourbon-Parme dans les institutions d’enseignement du Québec », Histoire Québec, vol. 28, no 1,‎ , p. 24-28 (lire en ligne)
  6. Message de Son Altesse Royale le Grand-Duc, 23 avril 2019.
  7. Les armoiries du Prince Jean prises lors de son mariage avec la princesse Joséphine-Charlotte de Belgique (1953), le lion (Nassau) est contourné par courtoisie héraldique.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]