Jean Senebier — Wikipédia

Jean Senebier
Jean Senebier
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Jean Senebier (ou Sénebier[1]) ([2], Genève, Genève) est un naturaliste et météorologue genevois, auteur de nombreux travaux sur la physiologie végétale, notamment sur l'influence de la lumière sur les végétaux, phénomène aujourd'hui connu sous le nom de photosynthèse.

Biographie et principaux travaux[modifier | modifier le code]

Le père de Jean Senebier s'appelait Jean Antoine Senebier ; il était commerçant et, d'après l'acte de baptême, "Citoyen". Sa mère s'appelait Marie Tessier. Il épousa en 1769 Jacqueline de Morsier.

Après avoir fréquenté l'auditoire de philosophie de l'Académie de Genève, il fit des études de théologie (1761-64) et fut ordonné en 1765. Il fut pasteur de Chancy de 1770 à 1773 et bibliothécaire de Genève de 1773 à 1795 et de 1799 à 1809.

Très influencé par l’œuvre de Charles Bonnet, il participe dès 1769 à un concours de l'académie de Haarlem sur l'art d'observer et décroche un premier accessit. Quelques années plus tard, il publia le résultat de ses réflexions méthodologiques sous le titre L'Art d'observer (1775).

Ses premiers articles scientifiques, en l'occurrence quatre mémoires sur le phlogistique et la nature de la lumière, sont publiés dans les Observations sur la physique des années 1776-79. Dès cette époque, Senebier s'intéresse à l'hygromètre, à l'eudiomètre et aux conferves, trois sujets qui préfigurent ses travaux ultérieurs sur la météorologie, la chimie et la physiologie végétale. Paradoxalement pour un théoricien de la méthode expérimentale, l'approche de la végétation développée par Senebier fut d'abord physicienne, c'est-à-dire théorique. Sans doute n'avait-il pas encore réalisé le potentiel de l'analyse chimique, science à laquelle son maître Charles Bonnet ne croyait guère et qu'il apprit auprès de Pierre-François Tingry, un élève de Rouelle. De l'étude de la lumière et de son rôle dans le processus de végétation, Senebier va ainsi passer à l'étude des échanges gazeux entre les plantes et l'atmosphère. Cruciale dans cette évolution thématique et méthodologique fut l'invention de l'eudiomètre ainsi que la parution en 1779 des Experiments upon vegetables d'Ingenhousz. Dans les années suivantes, Senebier s’efforça donc de développer une science expérimentale de la nutrition des plantes basée sur la chimie. Ce fut l'origine des Mémoires physico-chimiques sur l'influence de la lumière solaire pour modifier les êtres des trois règnes de la Nature, et surtout ceux du règne végétal (1782, trois volumes) et des Recherches sur l'influence de la lumière solaire pour métamorphoser l'air fixe en air pur par la végétation (1783). Ces ouvrages, d'une lecture difficile en raison des nombreux tâtonnements expérimentaux et conceptuels de leur auteur, contribuèrent néanmoins à une meilleure connaissance du rôle des échanges gazeux dans la croissance des plantes et du rôle de la lumière solaire dans un phénomène connu aujourd'hui sous l'appellation de photosynthèse. C'est d'une manière tout aussi tâtonnante que Senebier abandonne peu à « peu l'idée du phlogistique comme agent essentiel de l'économie végétale au profit du gaz carbonique et de "l'air inflammable" » (hydrogène), auquel il consacre un autre traité intitulé Recherches analytiques sur la nature de l'air inflammable (1784).

Parallèlement à ces recherches, Senebier entame en 1777 la traduction en français de l’œuvre du naturaliste italien Lazzaro Spallanzani, qu'il devait poursuivre jusqu'en 1807 avec la publication des Rapports de l'air atmosphérique avec les êtres organisés, rédigés à partir des carnets de laboratoire du savant italien.

Senebier peut être considéré comme le fondateur d'une discipline nouvelle, la physiologie végétale, qu'il définit en 1791 dans le volume « Forêts et Bois » de l'Encyclopédie méthodique comme la science des échanges de substances entre les plantes et leur environnement, qui inclut l'analyse de la composition des substances végétales. Cette science expérimentale, qui s'oppose à l'histoire naturelle descriptive, est basée sur la chimie. Malheureusement pour Senebier, sa lente conversion à la chimie nouvelle, entamée vers 1787, ne fut complète qu'en 1796, ce qui rend plus difficile la lecture de ses œuvres antérieures à cette date.

De 1782 à 1789, Senebier fut recruté par l'Académie de Mannheim pour effectuer à Genève des relevés systématiques du baromètre, du thermomètre, de l'hygromètre et de la boussole de déclinaison. Sa participation à ce projet fut peut-être motivée par la croyance, qu'il partageait avec d'autres savants de l'époque, en l'influence météorologique des cycles lunaire et solaire, croyance que les relevés effectués ne tardèrent d'ailleurs pas à infirmer.

Outre Spallanzani, les principaux correspondants étrangers de Senebier étaient des physiciens, des chimistes et des météorologues tels que Marsilio Landriani, Jan Hendrik van Swinden, Alessandro Volta, Jean-Claude de Lamétherie, Antonio Vassalli Eandi, Carlo Luigi Morozzo et Martin van Marum.

Vie religieuse[modifier | modifier le code]

Senebier était aussi pasteur protestant (il fut le premier pasteur de Chancy[3]) et il a laissé des publications religieuses.

Perspective historique[modifier | modifier le code]

Ce sont Marcello Malpighi et Stephen Hales qui prouvèrent qu'une partie importante de l'énergie que les plantes tirent de leur environnement provient de l'atmosphère, mais aucun progrès n'avait été accompli depuis leur travaux. Il faudra attendre que Charles Bonnet observe que des feuilles plongées dans de l'eau émettent des bulles de gaz. Joseph Priestley finit par identifier ce gaz comme de l'oxygène. Jan Ingenhousz prouve ensuite la disparition simultanée de l'acide carbonique. C'est Jean Senebier qui prouve le premier clairement que cette activité est limitée aux parties vertes des plantes et seulement quand celles-ci sont exposées au soleil. Il donne pour la première fois une vue complète du processus de nutrition végétale en termes strictement chimiques. Senebier a été aidé dans ses recherches par François Huber.

Publications[modifier | modifier le code]

Comme auteur (sélection)[modifier | modifier le code]

Comme traducteur[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [collectif], "Jean Senebier", Archives des Sciences, no 63 (1-2), 2010 (numéro spécial).
  • Jean-Daniel Candaux, «Dans la crypte du Panthéon genevois: Jean Senebier statufié par lui-même», in Des archives à la mémoire: mélanges d'histoire politique, religieuse et sociale offerts à Louis Binz, Genève, SHAG, 1995, pp. 427-451.
  • L. Derainne, Qu'il naisse l'observateur. Penser l'observation (1750-1850), Genève, Droz, 2022, p. 35-58.
  • Carole Huta, « Jean Senebier (1742-1809) : Un dialogue entre l'ombre et la lumière. L'art d'observer à la fin du XVIIIe siècle/Jean Senebier (1742-1809) : A dialogue between darkness and light. The art of observing at the end of the eighteenth century », dans Revue d'histoire des sciences, 1998, vol. 51, no 1, p. 93–106.
  • Carole Huta, « Bonnet-Senebier. Histoire d’une relation », dans Charles Bonnet, Savant et philosophe (1720-1793). Actes du colloque international de Genève (25-27 novembre 1993), Marino Buscaglia, René Sigrist, Jacques Trembley, Jean Wüest (dir.), éditions Passé Présent, Mémoires de la Société de Physique et d’Histoire Naturelle de Genève, vol. 47, 1994, p. 211-224.
  • Dorian B. Kottler, Jean Senebier and the emergence of plant physiology, 1775-1802. From natural history to chemical science, [Baltimore] 1973; , UMI Dissertation Services, [1992].
  • Jacques Marx, « L'art d'observer au XVIIIe siècle : Jean Senebier et Charles Bonnet », dans Janus, 1974 ; 61(1,2,3), p. 201–20.
  • René Sigrist (éd.), [2]Correspondance de Marc-Auguste Pictet (Sciences et techniques), t. I: Les correspondants genevois, Genève, Slatkine, 1996, p. 678-752.
  • Nathalie Vuillemin, « De deux regards sur la nature. Le savant face à l'artiste dans les "Arts d'observer" de Benjamin Carrard et Jean Senebier », dans Écrire la nature au XVIIIe siècle. Autour de l'abbé Pluche, Françoise Gevrey, Julie Boch, Jean-Louis Haquette (dir.) Paris, Presses Universitaires Paris-Sorbonne, 2006, p. 189-204.

Annexes[modifier | modifier le code]

Éponymie[modifier | modifier le code]

  • Une rue de Genève[4] porte son nom.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Rue Jean-Sénebier, "Noms géographiques du Canton de Genève", sur le site de la République et Canton de Genève.
  2. Archives d’Etat de Genève, Registre de la paroisse protestante du Temple Neuf ou de la Fusterie: 1) Baptêmes du 4 mai 1740 au 6 janvier 1765. 2) Mariages du 25 juillet 1740 au 8 décembre 1764, [1], Image 22, dernière entrée.
  3. G Legée, « [Physiology in the work of Jean Senebier (1742-1809)] - PubMed », Gesnerus, vol. 49 Pt 3-4,‎ , p. 307–322 (ISSN 0016-9161, PMID 1814778, lire en ligne, consulté le ).
  4. « Rue jean-sénebier - Genève, Suisse », sur tupalo.com (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Seneb. est l’abréviation botanique standard de Jean Senebier.

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