Jigme Dorji Wangchuck — Wikipédia

Jigme Dorji Wangchuck
འབྲུག་རྒྱལ་པོ་ འཇིགས་མེད་རྡོ་རྗེ་དབང་ཕྱུག་མཆོག་
Illustration.
Titre
Roi du Bhoutan

(19 ans, 8 mois et 24 jours)
Prédécesseur Jigme Wangchuck
Successeur Jigme Singye Wangchuck
Biographie
Dynastie Wangchuck
Nom de naissance Jigme Dorji Wangchuck
Date de naissance
Lieu de naissance Tongsa (Bhoutan)
Date de décès (à 43 ans)
Lieu de décès Nairobi (Kenya)
Père Jigme Wangchuck
Mère Ashi Phuntsho Choden
Conjoint Ashi Kesang Choden Dorji
Enfants Ashi Sonam Choden
Ashi Dechen Wangmo
Jigme Singye
Ashi Pema Lhaden
Ashi Kesang Wangmo
Héritier Jigme Singye Wangchuck
Religion Bouddhisme vajrayāna
Résidence Palais de Dechencholing

Jigme Dorji Wangchuck
Monarques du Bhoutan

Jigme Dorji Wangchuck ( à Tongsa (Bhoutan) - à Nairobi (Kenya)) est le troisième roi du Bhoutan, qui régna à partir du jusqu'à sa mort d'une crise cardiaque. Il est considéré comme le père du Bhoutan moderne.

Succédant à son père, Jigme Wangchuck[1], il abolit le servage et l'esclavage et opère une réforme agraire[2]. Il rompt l'isolement de son pays[3], y introduit la modernité et lui fait faire les premiers pas vers la démocratisation[4].

Biographie[modifier | modifier le code]

Scolarisé en Inde et en Angleterre, Jigme Dorji Wangchuck parle couramment l'anglais, l'hindi et le tibétain[5].

Il prend pour épouse Ashi Kesang Choden Dorji, une cousine de Tashi Namgyal, roi (chogyal) du Sikkim, laquelle a fait ses études en Europe[6].

Succédant à son père Jigme Wangchuck mort en 1952, il met en place, avec le soutien de son épouse, des réformes internes[7].

Jigme Dorji Wangchuk (au centre), en 1954

En 1953, il crée l'Assemblée nationale ou Tshogdu, la première assemblée parlementaire unicamérale du pays[5]. Bien que le souverain puisse gouverner par décrets et opposer son véto aux résolutions prises par l'assemblée, l'instauration de celle-ci constitue un premier pas important vers l'établissement d'une monarchie constitutionnelle[8].

En 1956, il abolit le servage et l'esclavage, décrète l'interdiction de toutes les appellations péjoratives associées aux serfs[9], réorganise la propriété terrienne[10] en distribuant les terres des grands propriétaires et des institutions monastiques[11].

Pour améliorer les relations du Bhoutan avec l'Inde, il invite le Premier ministre Nehru et sa fille Indira Gandhi en 1958. Après la prise de contrôle du Tibet par les Chinois en 1959, il comprend que pour préserver l'indépendance de son pays, ce dernier doit devenir membre de la communauté internationale[12].

Jigme Dorji Wangchuck accueille les réfugiés tibétains et, avec l'aide du gouvernement indien, fournit le nécessaire pour fonder des communautés agricoles[13].

En 1959, l'Assemblée nationale, sous la conduite du roi, instaure un code civil et un code pénal, réunis sous le nom de Thrimzhung Chhenmo (« Code suprême »)[14].

Il instaure une haute cour de justice, réorganisant le système judiciaire[5],[15].

Tout en introduisant la modernité au Bhoutan, il met l'accent sur la préservation des traditions et de la culture bhoutanaise[5].

Il encourage certaines innovations pour aider la paysannerie et introduit les véhicules à roue (auparavant le transport des récoltes et des personnes se faisait à dos d'homme)[16].

En 1961, le Bhoutan émerge d'un isolement qu'il s'était imposé et commence un processus de développement planifié. Le premier plan quinquennal de développement économique entre en application avec l'aide de l'Inde pour le financement et la construction du barrage hydroélectrique de Chukha dans l'ouest du Bhoutan[5].

Le pays s'attelle à la construction de routes reliant les plaines de l'Inde au Bhoutan central. Une route praticable par tous les temps est achevée en 1962 entre Thimphou et Phuntsholing, ville marquant l'entrée du pays par voie terrestre à la frontière sud-ouest avec l'Inde[17].

En 1962, le Bhoutan adhère au plan de Colombo, ce qui lui donne accès à une aide des pays membres d'Asie du Sud-Est[5].

Il crée l'Armée royale du Bhoutan en 1963, et une force de police en 1965[18].

Une opposition au changement s'étant fait jour, le premier ministre Jigme Palden Dorji, membre de la puissante famille Dorji (en)[19] et partisan du changement, est assassiné le , à Phuentsholing[5] dans des circonstances troubles au centre desquelles se trouve la maîtresse du roi, Yangki Lhamo[20].

En 1965, le roi établit un Conseil consultatif royal (Lodoi Tsokde)[21].

En 1966, il renforce les pouvoirs de l'Assemblée nationale de façon qu'elle puisse le destituer ainsi que ses successeurs avec une majorité des deux tiers[22]. Afin d'accroître l'efficacité des services gouvernementaux, il fait de Thimphou la capitale unique, et non plus saisonnière, du pays[23].

En 1968, il crée le premier conseil des ministres (Lhengye Zhungtshog)[24]. La même année voit la création d'une monnaie nationale, le ngultrum, et l'ouverture de la Banque nationale[25].

En 1969, le Bhoutan crée un service postal et rejoint l'Union postale universelle[5].

En 1971, après avoir joui du statut d'observateur trois ans durant[26], le pays devient membre des Nations unies par la résolution 292. La même année, l'Inde et le Bhoutan mettent en place des relations diplomatiques officielles et échangent des ambassadeurs[5].

Ayant connu sa première attaque cardiaque à l'âge de vingt ans, Jigme Dorji Wangchuck fait de fréquents voyages à l'étranger pour raisons médicales[27]. Il meurt le à Nairobi au Kenya, alors qu'il se rend en Suisse pour y recevoir un traitement médical[28].

Pendant son règne, on construit 1 770 km de routes, le nombre d'écoles est porté à 102 et le nombre d'hôpitaux à 6.[réf. nécessaire] Le dzongkha devient la langue officielle du pays. Un musée national est édifié à Paro. Thimphou voit la construction d'une bibliothèque nationale, d'un centre des archives nationales, d'un stade national, ainsi que de bâtiments destinés à abriter l'assemblée nationale, la haute cour de justice (Thrimkhang Gongma) et autres institutions gouvernementales[29].

Il a eu 4 filles et un fils avec son épouse Ashi Kesang Choden Dorji ainsi que deux autres fils et une fille d'une concubine, Yangki (née en 1940), femme de Chiru Lamo, un domestique royal, et fille de Kanaibhu, d'origine tibétaine)[30]. Son fils, Jigme Singye Wangchuck, lui succède à sa mort.

Le Chörten commémoratif de Thimphou élevé à la mémoire de Jigme Dorji Wangchuck par sa mère Puntsho Choden (en) en 1974 est l'un des lieux de dévotion préférés des habitants de Thimphou[31].

Patronage[modifier | modifier le code]

Ascendance[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) WANGCHUCK DYNASTY. 100 Years of Enlightened Monarchy in Bhutan. Lham Dorji.
  2. (en) Ramakant, Ramesh Chandra Misra, Bhutan: society and polity, volume 34 de South Asia studies series, Indus Publishing, 1996, 327 p., p. 169 : « During his reign land reforms were introduced, slavery and serfdom were abolished. »
  3. Michel Praneuf, Bhoutan: le dragon sur le toit, Collection « Vivre là-bas », L'Harmattan, 1991, (ISBN 2738408087 et 9782738408082), 127 p., p. 127.
  4. (en) King Jigme Dorji Wangchuk, site Bhutan Majestic Travel : « He ended his country’s isolation, introduced modernity, and took the first steps toward democratization. »
  5. a b c d e f g h et i (en) Lindsay David Brown, Bradley Mayhew, Stan Armington, Richard W. Whitecross, Bhutan 3.
  6. (en) Bhutan Foreign Policy and Government Guide, Global Investment and Business Center, Inc. Staff, International Business Publications, USA, 2000, 350 pages, (ISBN 0739737198 et 9780739737194) p. 62 : « Earlier he had married the European-educated cousin of the chogyal (king) of Sikkim and with her support made continual efforts to modernize his nation throughout his twenty-year reign. »
  7. Bhutan Foreign Policy and Government Guide, op. cit., p. 62.
  8. Bhutan Foreign Policy and Government Guide, op. cit., p. 62 : « Although the Druk Gyalpo could issue royal decrees and exercise veto power over resolutions passed by the National Assembly, its establishment was a major move towards a constitutional monarchy. »
  9. Bhutan Travel Guide, Lonely Planet, 2011 : « The age-old system of serfdom is abolished by King Jigme Dorji Wangchuck, who also decrees that all derogatory terms associated with serfs be abolished. »
  10. Bhutan Foreign Policy and Government Guide, op. cit., p. 62 : « Land reform was accompanied by the abolition of slavery and serfdom. »
  11. Françoise Pommaret, Bhoutan, Éditions Olizane, 2010, 312 pages, p. 74 : « [il] distribua les terres des grands propriétaires et des institutions monastiques. »
  12. (en) Lindsay David Brown, Bradley Mayhew, Stan Armington, Richard W Whitecross, Bhutan 3, p. 40.
  13. Tenzin Gyatso, Au loin la liberté, 1990, p. 271
  14. (en) Graeme R. Newman, Crime and Punishment around the World, ABC-CLIO, 2010, 1 000 pages, p. 38 : « The National Assembly, under the guidance of King Jigme Dorji Wangchuck, enacted the first comprehensive codified law code in 1959. The law code, known as the Thrimzhung Chhenmo, or the Supeme law, codified the civil and criminal laws of Bhutan, [...] considered to be the foundation for Bhutan's legal system. »
  15. Bhutan Foreign Policy and Government Guide, op. cit., p. 62 : « Land reform was accompanied by [...] the separation of the judiciary from the executive branch of the government. »
  16. (en) King Jigme Dorji Wangchuk, site Bhutan Majestic Travel : « He encouraged certain modern inventions to assist the local peasantry and introduced wheeled vehicles, where previously the transportation of crops and people was done manually. »
  17. Bhutan Foreign Policy and Government Guide, op. cit., p. 62 : « the modernization program also included the construction of roads linking the Indian plains with central Bhutan. An all-weather road was completed in 1962 between Thimphu and Phuntsholing, then overland gateway town on the southwest border with India. »
  18. (en) Graeme R. Newman, Crime and Punishment around the World, p. 40.
  19. Dominique Auzias et al., Népal-Bhoutan, Petit Futé, 2009, 306 p., p. 174.
  20. (en) Srikant Dutt, Viewpoints on the Third World, 1988, p. 84 : « The King's mistress, Yangki, was central to the turmoil which led to the assassination of Jigme Dorji, the exile of Dorji's brother and sister, and an attempt on the life of the King. The full details of the events of 1964 have still not clearly emerged. »
  21. (en) Political Chronology of Central, South and East Asia, Europa Publications, Routledge, 2012, 320 pages, p. 25 : « 1965 : King Jigme established a Royal Advisory Council (Lodoi Tsokde). »
  22. King Jigme Dorji Wangchuk, op. cit. :« At the same time, he empowered the National Assembly to remove him and his successors with a two-thirds majority. »
  23. Bhutan Foreign Policy and Government Guide, op. cit., p. 63 : « In 1966, to increase the efficiency of government administration, Jigme Dorji Wangchuck made Thimphu the year-round capital. »
  24. (en) Political Chronology of Central, South and East Asia, Europa Publications, Routledge, 2012, 320 pages, p. 25 : « 1968 : The King formed Bhutan's first Council of Ministers (Lhengye Zhungtshog). »
  25. Michel Praneuf, op. cit., p. 127.
  26. Bhutan Foreign Policy and Government Guide, op. cit., p. 63 : « In 1971 after holding observer status for three years, Bhutan was admitted to the UN. »
  27. King Jigme Dorji Wangchuk, op. cit. « King Jigme Dorji Wangchuck suffered his first heart attack at the age of twenty, and made frequent visits overseas for medical treatment. »
  28. (en) Awadhesh Coomar Sinha, Himalayan Kingdom Bhutan: Tradition, Transition, and Transformation.
  29. Bhutan Foreign Policy and Government Guide, op. cit., p. 62 : « Dzongkha was made the national language during Jigme Dorji's reign. Additionally, development projects included establishing such institutions as a national museum in Paro and a national library, national archives, and national stadium, as well as buildings to house the National Assembly, the High Court (Thrimkhang Gongma), and other government entities in Thimphu. »
  30. (en) Christopher Buyers, The Wangchuk Dynasty.
  31. Dominique Auzias et al., Népal-Bhoutan, Petit Fûté, 2012, 286 p., p. 205.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]