Joan Mitchell — Wikipédia

Joan Mitchell
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Formation
Smith College (à partir de )
École de l'Institut d'art de Chicago (undergraduate degree (en) et maîtrise (en)) (à partir de )
Université Columbia
Francis W. Parker School (en)
Université de New YorkVoir et modifier les données sur Wikidata
Lieux de travail
Mouvement
Père
James Herbert Mitchell (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Marion Strobel (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Barney Rosset (en) (de à )
Jean Paul RiopelleVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinction
Premio Lissone (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Archives conservées par
Fondation Joan Mitchell (d)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web

Joan Mitchell, née le à Chicago et morte le à Paris, est une artiste peintre et graveuse américaine faisant partie du mouvement de l'expressionnisme abstrait américain, même si elle a vécu en France une grande partie de sa carrière.

Elle développe une œuvre à la fois abstraite et expressionniste très puissante. Ses œuvres sont exposées dans les plus grands musées d'art moderne à travers le monde.

Joan Mitchell est une des rares femmes peintres de son époque à être acclamée par la critique et le public.

Biographie[modifier | modifier le code]

Joan Mitchell est née le à Chicago[2] dans une famille fortunée. Elle est la plus jeune des deux filles de James Herbert Michell, dermatologue, et de Marion Strobel poétesse[3],[4]. Elle est une athlète de compétition et se distingue particulièrement en équitation, plongée et patinage artistique[5]. Elle montre également des talents d'écriture, un de ses poèmes, écrit à l'âge de dix ans est publié dans la revue Poetry[6].

Elle se tourne très vite vers les arts. En 1942, elle s'inscrit au Smith College, qu'elle quitte en 1944 pour l'Art Institute of Chicago. Elle suit alors les cours de l’artiste allemand Robert Von Neumann et de Louis Ritman, peintre russe ayant séjourné à Giverny[7]. Elle y reçoit son diplôme (Bachelor of Arts degree) en 1947 puis un autre diplôme (Master of Fine Arts) en 1950[8]. Elle s'inscrit également à l'école de Hans Hofmann à New York.

Grâce à une bourse de voyage, elle étudie à Paris et en Provence en 1948-1949[9]. Elle voyage également en en Espagne et en Italie. Elle épouse l'éditeur américain Barney Rosset (en) en 1949 au Lavandou, ils divorcent en 1952[10].

De retour aux États-Unis dans les années 1959, Joan Mitchell fréquente les lieux de l’avant-garde artistique américaine comme l’Artist’s Club, où les seules autres femmes admises sont Elaine de Kooning, Lee Krasner et Helen Frankenthaler[7]. Elle se fait vite connaître au sein de l’École de New York, ou Eighth Street Club, un groupe composé des grands peintres expressionnistes abstraits de cette époque (Jackson Pollock, Franz Kline, Willem de Kooning, etc.). Il s’agit d’un groupe autant artistique qu’intellectuel qui se retrouve dans les galeries d’art de la huitième rue – comme l’équivalent des cafés parisiens. Son nom est également associé au mouvement de l’expressionnisme abstrait américain et elle connaît ses premiers succès. En 1951, elle participe au Ninth Street Show (en) puis est invitée au Whitney Museum et à la New Gallery[11],[12],[13].

Joan Mitchell revendique l'inspiration de Vincent van Gogh, mais ses œuvres font aussi une large référence à Paul Cézanne, Henri Matisse et Claude Monet[14],[13].

En 1955, Joan Mitchell s'installe en France pour rejoindre son compagnon le peintre québécois Jean-Paul Riopelle, avec lequel elle a une relation longue, riche et tumultueuse, où chacun inspire l'art de l'autre. Ils habitent d'abord Paris, dans le 15e arrondissement, avant de déménager à Vétheuil, un village du bord de la Seine près de Mantes-la-Jolie, dans une maison proche de celle de Claude Monet à Giverny. Ils conservent des ateliers séparés, mais se rejoignent et dînent ensemble tous les soirs.

La collaboration entre les deux artistes est riche, et on voit les étapes de leur relation dans l'œuvre de Joan Mitchell. Par exemple, La Vie en rose, peint en 1979, soit deux ans après leur rupture, est souvent décrit comme étant une représentation de la fin abrupte de leur relation[15].

Joan Mitchell a son premier accrochage personnel à Paris en 1960, à la galerie Neufville. À cette époque, des événements douloureux comme le décès de son père en 1963 et de sa mère en 1966, influencent sa peinture qui devient plus sombre[16];

Dans les années 1970, elle commence à réaliser des œuvres plus monumentales qui prennent la forme de diptyques ou triptyques[12].

En 1972, elle est incluse dans Some Living American Women Artists, un collage féministe de Mary Beth Edelson[17].

Joan Mitchell est la première femme à avoir une exposition personnelle au Musée d'art moderne de la ville de Paris en 1982[6]. C'est aussi la première grande rétrospective consacrée à l’artiste américaine dans une institution française[12].

En plus de la peinture, elle travaille le pastel et la gravure. Ses premières estampes (une série de sérigraphies) illustrent The Poems (1960), recueil de poésie de son ami John Ashbery[16].

Atteinte d'un cancer de la mâchoire, sa santé se dégrade et sa peinture devient plus sombre, reflétant sa tristesse et son angoisse[12].

Elle meurt dans le 5e arrondissement de Paris le [2],[18].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Les œuvres de Joan Mitchell sont souvent de grandes dimensions, sous la forme de diptyques.

Elle dit de ses tableaux qu'ils doivent « transmettre le sentiment d'un tournesol fanant » (« to convey the feeling of the dying sunflower »).

Quoique ses œuvres soient abstraites, et ce, dès 1951, elle se décrit comme une peintre « visuelle », à la recherche de la sensation. La peinture qu’elle met au point dans cette période, large, lumineuse, énergique, s’appuie sur l’exemple de la nature, dans laquelle la couleur joue un rôle essentiel. « Je peins des paysages remémorés que j’emporte avec moi, ainsi que le souvenir des sentiments qu’ils m’ont inspirés, qui sont bien sûr transformés… », dira-t-elle.

Si son processus créatif est lent, œuvre de J. Mitchell se reconnaît à sa graphie hâtive, à la ligne expressive, à la composition éparse et fourmillante, au chromatisme acide, au vide méditatif, au renversement du motif. Pierre Schneider parle aussi de « navette perpétuelle entre l’intériorité et l’extériorité ».

Quant à sa démarche picturale, elle la décrit avec franchise : « Je suis émue par les couleurs mises ensemble sur une surface plane […], pas excitée par une idée. »[7]

Une fondation en sa mémoire est créée aux États-Unis. Elle attribue des bourses à de jeunes artistes[19].

Elle est représentée à Paris par la galerie de Jean Fournier, passeur de la peinture américaine des années 1950 à 1980 en France.

En outre, elle fait partie des artistes dont des chefs-d'œuvre enrichissent la collection permanente[20] de la Fondation Louis Vuitton à Paris, comme entre autres le célèbre diptyque Two Sunflowers[21].

Expositions[modifier | modifier le code]

Exposition Monet/Mitchell

Documentaire[modifier | modifier le code]

  • Stéphane Ghez, Joan Mitchell. Une femme dans l'abstraction, Arte, 2022.

Théâtre[modifier | modifier le code]

Elle occupe une place importante dans la pièce de Robert Lepage, Le Projet Riopelle (2023).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://www.joanmitchellfoundation.org/joan-mitchell/archives-research »
  2. a et b « le fichier INSEE des personnes décédées », sur deces.matchid.io (consulté le ).
  3. Manuel Jover, « L’abstraction solaire de Joan Mitchell à la Fondation Louis Vuitton », Connaissance des arts,‎ (lire en ligne)
  4. « Joan Mitchell - Peintre | Biographie et Oeuvres d'Art », sur Barnie's Art Invest (consulté le ).
  5. (en-US) « Sensing Joan Mitchell », sur Two Coats of Paint, (consulté le ).
  6. a et b (en) « Life and Work of Joan Mitchell, New York School Painter and Colorist », sur ThoughtCo (consulté le ).
  7. a b et c « Joan Mitchell », sur AWARE Women artists / Femmes artistes (consulté le )
  8. (en) « Joan Mitchell | American painter | Britannica », sur britannica.com (consulté le ).
  9. « Joan Mitchell: A Painter Under the Influences : The American, a sampler of whose work is at the Newport Harbor, was affected by the light and the terrain of northern France », Los Angeles Times,‎ (lire en ligne)
  10. (en) « James Campbell », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  11. Bonnie Rosenberg, « An Inside Look at the AbEx-ers », sur newyorkartworld.com, .
  12. a b c et d Guillaume Morel, « Joan Mitchell, la rage de peindre », Connaissance des Arts,‎ (lire en ligne)
  13. a et b « Joan Mitchell, peintre de la vitalité furieuse », France Culture,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. Guy Boyer, « Exposition Mitchell-Monet à Paris : un incroyable rassemblement de chefs-d’œuvre », Connaissance des arts,‎ (lire en ligne)
  15. (en) « Mitchell and Riopelle », sur creatureandcreator.ca.
  16. a b et c « Joan Mitchell | MoMA », sur The Museum of Modern Art (consulté le ).
  17. (en) « Notice de l'œuvre Some Living American Women Artists », sur Center for the Study of Political Graphics (consulté le ).
  18. Joan Mitchell, la peinture des deux mondes, éditions Skira p. 226.
  19. (en) Fondation Joan Mitchell.
  20. Fondation Louis Vuitton, « Artistes de la collection permanente de la Fondation Louis Vuitton », sur fondationlouisvuitton.fr (consulté le ).
  21. Fondation Louis Vuitton, « Two Sunflowers », sur fondationlouisvuitton.fr (consulté le ).
  22. a et b (en) Jane Livingston, The Paintings of Joan Mitchell : [exhibition, Whitney Museum of American Art, New York, June 20-September 29, 2002 ; Birmingham Museum of Art, Alabama, June 27-August 31, 2003 ; Modern Art Museum of Fort Worth, Texas, september 21, 2003-January 7, 2004 ; The Phillips Collection, Washington, February 14-May 16, 2004], California, University of California Press, , 237 p. (ISBN 0-520-23568-1), p.21.
  23. (en) Irving Sandler, « Mitchell paints a picture », ARTnews,‎ , p. 44–47, 67–70.
  24. (en) Peter Schjeldahl, « Joan Mitchell:To Obscurity and Back », New York Times,‎ .
  25. a et b « Joan Mitchell, de Chicago à Vétheuil », sur Le Journal Des Arts (consulté le ).
  26. (en) « The Paintings of Joan Mitchell », sur whitney.org (consulté le ).
  27. Kamila Benayada, « Joan Mitchell, Peintures », Transatlantica. Revue d’études américaines. American Studies Journal, no 2,‎ (ISSN 1765-2766, lire en ligne, consulté le )
  28. « Joan Mitchell, la peinture telle qu’en elle-même », sur L'Humanité, (consulté le ).
  29. « Mitchell/Riopelle Un couple dans la démesure », sur Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) (consulté le ).
  30. (en) « Mitchell/ Riopelle: Nothing in Moderation », sur Art Gallery of Ontario (consulté le ).
  31. « Joan Mitchell et Jean-Paul Riopelle, un couple d'artistes à Landerneau », sur Franceinfo, (consulté le ).
  32. (en-US) « SFMOMA Presents World Premiere of Joan Mitchell in September 2021 », sur SFMOMA (consulté le ).
  33. Jean-Marie Wynants, « Monet et Mitchell à la Fondation Louis Vuitton: l’éblouissement », Le Soir,‎ (lire en ligne Accès limité)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]