Joséphine Rostkowska — Wikipédia

Joséphine Rostkowska
Portrait de Joséphine Rostkowska (Grand Écho du Nord. - 2.12.1895). Collection Bibliothèque municipale de Lille.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 112 ans)
NordVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière du Centre d'Aniche (d) (-), cimetière du Sud d'Aniche (d) (depuis le )Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Józefa RostkowskaVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Activité
Conjoint
Daniel Rostkowski (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinctions
Au nombre des héroïnes de l’insurrection de 1830-1831 honorées par cette pierre du souvenir érigée à Varsovie figure Joséphine Rostkowska.
Vue de la sépulture dans le cimetière du sud.

Joséphine Rostkowska est née à Varsovie le , décédée à Aniche dans le département du Nord le à l'âge de 112 ans d'après l'acte de décès conservé dans les archives municipales. Aide-chirurgien dans l’armée polonaise en 1831 et dans la division des Cosaques du Sultan en 1855, elle avait le grade de lieutenant.

Le sarcophage contenant ses restes mortels ainsi que ceux de son mari Daniel Rostkowski se trouve au pied de l’obélisque (monuments aux morts de 1870, du côté opposé à la tombe de Kopierre), face à l'entrée principale du cimetière du Sud[1].

Histoire et tradition[modifier | modifier le code]

En fait, on ne dispose encore que de peu d'informations sur ses origines. Était-elle la fille naturelle de Stanisłas Sołtyk (pl) et donc la demi-sœur du général Roman Sołtyk, qui faisait partie de l'état-major de Napoléon, décédé à Saint-Germain-en-Laye où il s'était retiré ? De toute évidence, elle était d'origine illustre, ayant pour protectrice la princesse Izabella Działyńska, née Czartoryska. Du reste, son mari, Daniel Rostkowski avait été pendant un temps le secrétaire et le bibliothécaire du prince Adam Jerzy Czartoryski à l'Hôtel Lambert à Paris.

En janvier 1831, elle était entrée dans l'armée polonaise en qualité d'aide-chirurgien sous un nom masculin Józef Kluczycki avec la « complicité » du médecin-chef. Durant la guerre polono-russe, elle s'est dévouée sur douze champs de bataille et a été blessée à deux reprises. Son courage lui valut d'être décorée de la Croix d'argent de l'ordre militaire de Virtuti Militari[2]. Elle a ainsi été l'une des deux seules femmes (sur 1963 combattants) à avoir reçu cette distinction.

C'est aussi sous une identité masculine « Joseph Mazurkiewicz » qu'elle a déposé le une demande de passeport à l'ambassade de France à Vienne. Elle avait le grade de lieutenant et allait du reste percevoir pendant un temps une pension d'officier[3].

Arrivée en France, elle a épousé en secondes noces le capitaine Daniel Rostkowski. Après avoir séjourné à Avignon, puis à Montpellier où elle a soigné son mari à l’hôpital, ensuite à Guéret où celui-ci a travaillé dans les Ponts et Chaussées et à Tulle, et enfin à Paris en 1848. Le versement de sa pension d’officier qu’elle percevait de l’État français lui a été suspendu du fait qu’elle était épouse d’émigré et n’était donc plus considérée comme combattant ayant pris part à la guerre polono-russe. Cette pension lui a été restituée à la suite de l’intervention du prince Adam Jerzy Czartoryski auprès du ministre de l’Intérieur. En 1855, elle s’est encore engagée comme aide-chirurgien dans l’armée en Crimée. Elle a servi auprès de l’état-major dans la division des Cosaques du Sultan.

Décorée de l’ordre du Médjidié, elle est rentrée en France où elle a rejoint son mari à Paris. Invitée avec lui par Roch Rysiński, un compatriote qui était directeur d’une sucrerie dans le Nord à Aniche, ils ont quitté Paris en 1860 pour s'installer à cet endroit. Elle devait y vivre les 35 dernières années de sa vie. Son mari est décédé quelques années plus tôt le .

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Après la mort de son mari, Daniel Rostkowski, capitaine au 10e régiment de ligne polonais, Joséphine Rostkowska a fait l’acquisition d’une concession au cimetière du Centre où elle avait fait ériger une stèle en pierre de Soignies. Pour la célébration du 100e anniversaire de sa mort en 1996, les restes mortels de ces deux émigrés ont été transférés au cimetière du Sud et la stèle posée au pied de l’obélisque. L’ensemble artistique de l’armée polonaise lui a rendu les honneurs en présence de l’attaché militaire près l’ambassade de Pologne en France et de J. Drożdż, consul général de Pologne à Lille, puis ministre à la Représentation de la République de Pologne auprès de l’Union européenne à Bruxelles.
  2. .L. Zembrzuski, Le Livre d'Or du Service de Santé Polonais. On y trouve (p. 40) la mention en français : « KLUCZYCKA (vel Rostkowska) JOSÉPHINE (femme) - chirurgien major de 1-re cl. au 10-e d'infanterie. Blessée à la jambe droite. Décorée de la Croix d'argent Virtuti Militari. ».
  3. Lettre du ministère des Affaires étrangères (Direction des archives et de la documentation) à Henri Musielak en date du 13 septembre 1996 : Liste des passeports délivrés par l'ambassade de France à Vienne aux officiers polonais se rendant par Bâle, Besançon et Lyon à Avignon, en France.

Sources[modifier | modifier le code]

  • Henri Musielak, Polonica w Archiwum Północnej Francji w Lille. [Fonds polonais aux Archives départementales du Nord à Lille]. Archeion. t. LXII. Varsovie 1975.
  • La doyenne des centenaires à Aniche. Le Valenciennois [Valenciennes]. 3.12.1895.
  • Mort de la centenaire d'Aniche. L'Écho Douaisien [Douai]. 22.07.1896.
  • Morte à 112 ans. La Croix. 22.07.1896.
  • L'Anichoise d'adoption était-elle fille d'un chambellan du Roi de Pologne. La Voix du Nord [Lille]. 23.10.1987.
  • L’ensemble artistique de l'armée polonaise à Aniche [100e anniversaire de la mort de J. Rostkowska]. Nord-Éclair/Nord-Matin [Douai]. 24-25.03.1996.
  • La Pologne à Aniche aussi… Nord-Éclair/Nord-Matin [Douai]. 30.03.1996.
  • Adam Dobek, Une femme extraordinaire. Caméra. Aniche 1997. Portrait de Joséphine Rostkowska.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • 1896 - Benôit Malon, Georges François Renard, Gustave Rouanet, Eugène Fournière, La Revue socialiste, vol. 24, Librairie de la Revue Socialiste,, (lire en ligne)
  • 1904 - Gustave Léon Schlumberger, Vieux soldats de Napoléon : Vignettes de MM. Henri Chardin et Gusman, Plon-Nourrit et cie, , 14 p. (lire en ligne)
  • 1975 - (pl) Zakład Naukowo-Badawczy Archiwistyki (Poland), Poland. Archiwa Państwowe, Archeion, vol. 62 à 64, Naczelna Dyrekcja Archiwów Państwowych, Zakład Naukowo-Badawczy Archiwistyki, (lire en ligne)
  • 2001 - Jean-Pierre Bois, Le Mythe de Mathusalem, Fayard, , 352 p. (ISBN 978-2-213-64872-9, lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]