Joseph Lakanal — Wikipédia

Joseph Lakanal
Lakanal dans son habit d’académicien par Achille Lemot.
Fonctions
Membre du Conseil des Cinq-Cents
Ariège
Député de la Convention nationale
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Lakanal (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
Joseph Lacanal (nom de naissance)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
signature de Joseph Lakanal
Signature de Lakanal dans une lettre adressée de Bergerac à Sieyès, le 15 messidor an II.

Joseph Lakanal est un homme politique français, ex-prêtre catholique doctrinaire, né le à Serres-sur-Arget, et mort le à Paris. Il a joué un rôle important dans l'établissement de la première École normale en France et du Muséum national d'histoire naturelle[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Buste de Lakanal par David d'Angers (1839).
Statue à Foix par Émile Picault (1882).

Né à Serres, dans l'actuelle Ariège, son nom était à l'origine Lacanal, qui fut modifié en Lakanal pour se distinguer de ses frères royalistes. Il fut professeur de rhétorique puis de philosophie chez les Pères de la doctrine chrétienne dans diverses villes de France[2] avant de se rallier à la Révolution.

En septembre 1792, Lakanal, alors vicaire de l'évêque de Pamiers, est élu député du département de l'Ariège, le sixième sur sept, à la Convention nationale[3]. Il entre au Comité d'instruction publique à partir de février 1793[4].

Il siège sur les bancs de la Montagne. Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort, rejetant l'appel au peuple et le sursis[5]. Il s'abstient de voter lors de la mise en accusation de Marat[6]. Il s'oppose au rétablissement de la Commission des Douze[7].

C'est également sur son rapport que, le 1793, la Convention rendit le décret relatif à la propriété des auteurs d'écrits en tous genres, des compositeurs de musique, des peintres et dessinateurs ; c'est lui qui fit accorder à Claude Chappe, l'inventeur du télégraphe, le titre d'ingénieur appointé comme lieutenant du Génie, et qui fit construire la première ligne télégraphique[8].

Il est représentant en mission en Dordogne, où il arrive à Bergerac le . Il y reste jusqu'au 9 thermidor an II ()[9]. Il ordonne la destruction du château de la famille de Caumont à La Force.

Sur sa proposition, le , la Convention décide la fondation de 24 000 écoles primaires. La même année, sur le rapport de Lakanal et Garat, de la commission d'Instruction publique, elle ouvre l’École normale de l’an III et les Écoles de l'an III scientifiques. Par son décret, l'école n'est plus obligatoire[10].

Franc-maçon, il fit partie de la Société des idéologues[11] et en 1795, il fit voter l'organisation des écoles normales et d'un projet d'instruction publique où il développe les idées chères aux idéologues sur l'enseignement : « L'analyse seule est capable de recréer l'entendement, et la diffusion de sa méthode détruira l'inégalité des lumières. ».

Élu député à deux reprises par le département de Seine-et-Oise en 1798, il refusa cet honneur. L'année suivante, il fut envoyé à Mayence en qualité de commissaire pour organiser les nouveaux départements réunis à la France[12].

Il fit en 1794 à la Convention un rapport sur l'établissement d'une École publique des langues orientales vivantes[13]. Celle-ci fut créée en 1795.

On lui doit aussi la conservation du jardin des Plantes, qu'il fit réorganiser sous le nom de Muséum national d'histoire naturelle[14].

Réélu au Conseil des Cinq-Cents cette fois pour le Finistère, Lakanal présenta le règlement de fondation d'un institut national, qui deviendra bientôt l'Institut de France, et proposa la liste des membres qui devaient en former le noyau complété par des élections. Ce corps savant contenait trois classes : la première s'occupait des sciences physiques et mathématiques, la seconde des sciences morales et politiques, la troisième de la littérature et des beaux-arts. Lakanal fut élu membre de la deuxième classe dont il devint secrétaire.

Sous l'Empire, il accepta la chaire de langues anciennes à l'École centrale de la rue Saint-Antoine, et fut plus tard attaché au lycée Bonaparte comme économe[15].

En 1809, il devint inspecteur des Poids et Mesures[16]. Il prépara une édition des œuvres de Rousseau et rédigea un traité d'économie politique[17].

À la Restauration, il partit pour les États-Unis, où il fut accueilli par le président des États-Unis James Madison. Le Congrès des États-Unis lui a octroyé une concession de 2 km2 dans la Société coloniale de la vigne et de l'olivier d’Alabama.

Il devint alors planteur en Alabama, où, en 1817, plusieurs centaines de réfugiés de Saint-Domingue, menés par deux ex-généraux de Napoléon Bonaparte, fondèrent la Vine and Olive Colony, et obtinrent 370 kilomètres carrés du gouvernement américain. Très vite, ces colons, dont faisait partie également l'éditeur de presse Jean-Simon Chaudron, abandonnèrent le vin et les olives pour devenir des pionniers de l'histoire de la culture du coton.

Lakanal devint lui-même président de l’université de Louisiane à La Nouvelle-Orléans, qu’il réorganisa, avec le soutien des loges maçonniques locales[18].

Après la révolution de Juillet, il attendit trois ans pour regagner Paris, puis siégea de nouveau à l'Académie des sciences morales et politiques, à la demande de François Guizot[19].

Mort au 10 rue de Birague, près de la place des Vosges, il a laissé sa jeune épouse et leur enfant démunis et pauvres, malgré sa longue carrière.

Lakanal est enterré au cimetière du Père-Lachaise[20]. Sa tombe, située dans la 11e division, est une concession gratuite, par arrêté préfectoral en date du .

Jugements[modifier | modifier le code]

« Député à la Convention nationale, Lakanal s'est uni à toutes les pensées de cette assemblée. Au milieu de ces crises orageuses, il songea aux intérêts des Lettres et des Sciences. Il s'efforça, bien souvent en vain, d'arracher à la mort ces hommes dont le savoir et les talents illustraient leur pays et ne le désarmaient pas. Il lutta obstinément contre une barbarie systématique qui menaçait nos arts, nos monuments nationaux, nos grands établissements d'éducation[21]. »

— Charles de Rémusat

Nommés d'après Joseph Lakanal[modifier | modifier le code]

  • Une vingtaine d'établissements scolaires en France[22] dont le lycée Lakanal de Sceaux, proche du parc de Sceaux, et le Collège Lakanal à Aubagne.
  • Plusieurs voies publiques dans différentes villes françaises (Aubagne, Foix, Grenoble, Montluçon, Montpellier, Périgueux, Sceaux, Tours, Villeurbanne…) dont les rues Lakanal à Paris et à Toulouse.
  • Piscine Lakanal (aujourd'hui appelée la piscine Bertran-de-Born) à Périgueux.
  • Un timbre à son effigie a été émis en France en 1962[23].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Gabriel Vauthier, « LETTRES INÉDITES DE LAKANAL », Annales révolutionnaires, vol. 5, no 1,‎ , p. 71–78 (ISSN 1150-0441, lire en ligne, consulté le )
  2. Il a obtenu la chaire de la classe de 1re du collège de Périgueux, en 1784. Voir Ch. Lambert, « Le collège de Périgueux des origines à 1792 », Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, vol. 54,‎ , p. 226 (lire en ligne, consulté le ).
  3. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 34.
  4. M. J. Guillaume, Procès-verbaux du Comité d'instruction publique de la Convention nationale tome 1, p. IX.
  5. Jacques-François Froullé, « Liste comparative des cinq appels nominaux. Faits dans les séances des 15, 16, 17, 18 et 19 janvier 1793, sur le procès et le jugement de Louis XVI [...] », sur Gallica - B.N.F.
  6. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 49.
  7. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 536.
  8. Télégraphie aérienne, électrique et sous-marine câble transatlantique, galvanoplastie, dorure et argenture électro-chimiques, aérostats, éthérisation, t. 2, Paris, , 703 p. (lire en ligne), p. 34.
  9. Eugène Welvert, « La légende de Lakanal. Lakanal en mission en Dordogne », Revue d'histoire de l'Église de France, 1923, volume 9, no 43, p. 185-205, [lire en ligne].
  10. « Chronologie,. L'enseignement du premier degré. Politiques publiques - repères - vie-publique.fr », sur www.vie-publique.fr, (consulté le )
  11. Georges Renauld, Antoine Destutt de Tracy, Homme de Liberté, Paris, Detrad, 2000, p. 121, note 1.
  12. Nouvelle Biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, Firmin Didot Frères, 1861.
  13. (en) Bulletin of the history of medicine, t. 17, (lire en ligne), p. 307.
  14. Paul-Antoine Cap, Le Muséum d’histoire naturelle, Paris, (lire en ligne), p. 93.
  15. Claude-Alain Saby, 1815 : Les Naufragés de l’Empire, Paris, 358 p., 21 cm (ISBN 978-2-9526488-0-6, OCLC 993096491, lire en ligne), p. 123.
  16. Liberté de penser, t. 3, Paris, Bureau de la Revue, (lire en ligne), p. 510.
  17. Annuaire de l’économie politique et de la statistique, t. 3, Paris, Guillaumin et Cie, (lire en ligne), p. 523.
  18. Marc de Jode, Monique Cara et Jean- Marc Cara, Dictionnaire universel de la franc-maçonnerie, Paris, Larousse, .
  19. Laurent Theis (dir.), Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps de François Guizot, Paris, Fayard, , 553 p. (ISBN 978-2-213-63653-5, lire en ligne), p. 157.
  20. Domenico Gabrielli, Dictionnaire historique du cimetière du Père-Lachaise : XVIIIe et XIXe siècles, Paris, éd. de l'Amateur, , 334 p. (ISBN 2-85917-346-3, OCLC 49647223, BNF 38808177)
  21. Claude-Alain Saby, 1815 : Les Naufragés de l’Empire aux Amériques, Chassieu, Claude-Alain Saby, 358 p. (ISBN 978-1-326-89826-7, lire en ligne), p. 133.
  22. Luc Bronner et Maxime Vaudano, « Plus de présidents que de rois au fronton des écoles françaises », lemonde.fr, 18 avril 2015.
  23. Catalogue Yvert & Tellier des Timbres de France.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources primaires[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Joseph Lakanal », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition].
  • Marcus [Toussaint Nigoul] (préf. Pascal Duprat), Lakanal, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, , 160 p., in-8° (ISBN 978-2-7504-0301-0, OCLC 469602600, lire en ligne).
  • Édouard Guillon, Lakanal et l'instruction publique sous la Convention, Nîmes, C. Lacour, 2003, 155 p. (ISBN 2-7504-0318-9).
  • Marcel Boussioux, Joseph Lakanal (1762-1845) : un combat pour la République et pour l’école, Toulouse, CRDP Midi-Pyrénées, , 257 p., 25 cm (ISBN 978-2-86565-358-4, OCLC 469631715, lire en ligne).
  • Louis Claeys, Deux siècles de vie politique dans le Département de l'Ariège 1789-1989, Pamiers, 1994.
  • Eugène Welvert, « La légende de Lakanal : Lakanal en mission en Dordogne », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 9, no 43,‎ , p. 185-205 (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :