Joseph Tuvora — Wikipédia

Joseph Tuvora
Biographie
Naissance
Décès

Joseph Tuvora (1820-1872) est un journaliste, haut fonctionnaire et chef d'entreprise autrichien du XIXe siècle. Ancien révolutionnaire viennois de 1848, il a servi ensuite l'empire d'Autriche.

Biographie[modifier | modifier le code]

De multiples collaborations[modifier | modifier le code]

Joseph Tuvora a commencé sa carrière de journaliste en écrivant pour le Theater Zeitung, un journal spécialisé dans la scène théâtrale, fondé par Adolf Bäuerle. Après des difficultés avec la censure autrichienne, il devient correspondant à Vienne des journaux allemands libéraux[1]. Il écrit aussi pour le Freimuthige, édité par Moritz Mahler[2], puis a écrit aussi pour le journal autrichien La Constitution, édité par Léopold Hafner, qui a combattu l'unité panslaviste comme un "ennemi juré de la liberté"[2]. Il est aussi fondateur de son propre journal, le Libre Penseur[3].

La Révolution de 1848[modifier | modifier le code]

La Révolution autrichienne de 1848, au cours de laquelle une assemblée constituante élue au suffrage universel abolit les droits féodaux, voit la tentative d'un certain nombre de journalistes radicaux de faire proclamer la République dans les banlieues de Vienne. Le , après les émeutes du , l'empereur quitte la capitale pour Innsbruck, et le , "deux chefs extrémistes", Leopold Hafner, directeur du journal La Constitution, et Joseph Tuvora tinrent une grande réunion parmi les ouvriers, à Mariahilfe, au cours de laquelle ils annoncèrent l'instauration d'une république[3]. Finalement, après des combats qui font plus de 2000 morts parmi les insurgés, l'armée reprend Vienne le 31 octobre et rétablit un nouvel empereur, François-Joseph Ier d'Autriche.

Ralliement au pouvoir autrichien[modifier | modifier le code]

Après l'échec de la Révolution autrichienne de 1848, il change de camp et rallie le pouvoir autrichien[2]. En , il devient un partisan des Hasbourg et du général croate et homme d'État autrichien Josip Jelačić. Le , il a fondé à Vienne La "Correspondance autrichienne", une agence de presse privée, qui est la première version du Telegraphen Korrespondantz Bureau. En échange d'une subvention de 340 florins par an, Tuvora a mis cette agence de presse au service du ministre de la justice puis de l'intérieur Alexander von Bach, qui souhaite organiser la diffusion rapide des nouvelles et messages du gouvernement. Bach en fait ainsi un outil de la communication de l'Empire autrichien et créé au même moment le Système de Bach, c'est-à-dire la reprise en main centralisatrice, dans la lignée de la politique de Joseph II.

La "Correspondance autrichienne" doit alors servir de porte-parole du gouvernement, qui met en place cette politique surtout après la reprise en main de l'Italie par Joseph Radetzky en 1850. Elle fait cependant preuve d'une certaine décentralisation, ses bureaux étant confiés aux autorités de chaque région de l'empire. La mort de Felix Schwarzenberg, chef du gouvernement autrichien le fait d'Alexander von Bach le personnage le plus important de l’État. Il exerce une censure rigoureuse, veut faire la réfutation des "mensonges" de la presse, au risque de réduire le pays au mutisme[4]. Ses fonctionnaires administrent la Hongrie, découpée en cinq arrondissements, tandis que la Transylvanie et la Croatie sont séparées du corps du royaume.

Les liens avec Warrens et Havas[modifier | modifier le code]

Alexander von Bach a envoyé Tuvora fréquemment à l'étranger pour être en mesure d'explorer les différents scénarios de politique étrangère. Joseph Tuvora, à cette occasion, a fait appel à Eduard Warrens (1820-1872)[5], ex-consul américain à Trieste, devenu rédacteur en chef du "Journal du Lloyd autrichien".

Tuvora voulait aménager le fonctionnement de et élargir son audience, d'après le modèle de l'Agence Havas française. Dans ce but, il s'est rendu en 1858 à Paris[5], pour rencontrer les dirigeants d'Havas. Mais l'élargissement de l'audience de son agence n'a pas pu être entrepris, car elle a été confronté dès l'année suivante à une grave difficulté. Le , la "Correspondance autrichienne" est victime d'un canular boursier, transmis par le télégraphe jusqu'en Angleterre et en Belgique, sur l'issue de la Bataille de Magenta dans le nord de l'Italie. Elle a annoncé à tort la victoire autrichienne[6], en précisant qu'un renfort de 50 000 hommes avait rejeté les français sur l'autre rive du Tessin, alors que la bataille se termine une victoire décisive pour les forces franco-sardes.

Le , le Conseil des ministres autrichien a décidé de créer sa propre agence de nouvelles pour l'Autriche et la Hongrie[5]. Il a pour cela de nationalisé la "Correspondance autrichienne", qui a été appelé "Bureau de la correspondance télégraphique", afin de garder un contrôle plus strict sur les communications télégraphiques et les correspondants. Les nouvelles de la "Correspondance autrichienne" apparaissaient en la dernière fois.

Indemnisé par l'État autrichien lors de la nationalisation, Joseph Tuvora reçoit une rente annuelle de 1200 florins à la condition d'observer une bonne conduite politique personnelle. Il a écrit ensuite aussi des articles de spéculation financière, puis finit sa vie dans le luxe[1]. En 1866, au moment de la Bataille de Sadowa, il écrit de correspondances de Vienne pour la presse française, où il témoigne de l'attachement de Viennois à l'Union allemande[7].

Les autres agenciers autrichiens, allemands et italiens[modifier | modifier le code]

En , Pollak publia la Correspondance parlementaire, qui coûtait 15 florins par mois. A Pesth, Scharf érigea, en 1861, un bureau de nouvelles, qui aura en 1863 un représentant à Londres. Vers la même époque, Édouard Huhn était à la tête d'un établissement semblable à Francfort-sur-le-Main. Turin eut une correspondance analogue, selon les recherches et récits d'Heinrich Wuttke.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b "The Viennese Revolution of 1848", par R. John Rath
  2. a b et c "La vie quotidienne à Vienne à l'époque de Mozart et de Schubert", par Marcel Brion - Hachette -1960, page 329
  3. a et b "Les révolutions allemandes de 1848, d'après un manuscrit et des notes de E. Tonnelat", par Jacques Droz, aux Presses universitaires de France, 1957
  4. Paul Pasteur, Histoire de l'Autriche : De l'empire multinational à la nation autrichienne (18e-20e s.), Armand Colin, , 304 p. (ISBN 978-2-200-27558-7, présentation en ligne)
  5. a b et c "Es war ein echtes Abenteuer" – "Die Gründung und Entwicklung der Chronikredaktion in der größten österreichischen Nachrichtenagentur APA in den 1980er Jahren Verfasserin", par Barbara Lorencz
  6. Recueil des collections du Journal des chemins de fer, Volume 18, année 1859, page 521 [1]
  7. Le Journal de Toulouse du 24 juillet 1866 [2]