Juan Eusebio Nieremberg — Wikipédia

Juan Eusebio Nieremberg
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 62 ans)
MadridVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités
Autres informations
Ordre religieux
Compagnie de Jésus (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Historia natvrae, maxime peregrinae (libris XVI). 1635.
Vidas ejemplares y venerables memorias de algunos claros varones de la Compañía de Jesús (tomo cuarto). 1647.

Juan Eusebio Nieremberg y Otin, traditionnellement appelé en français Jean-Eusèbe de Nieremberg, né le à Madrid (Espagne) et y décédé le , était un prêtre jésuite espagnol, et naturaliste de renom.

Biographie[modifier | modifier le code]

Juan Eusebio Nieremberg naît à Madrid le . Il est fils de Gottfried Nieremberg (originellement, « Niernberger ») et de Regina Ottin. Sa famille est originaire du Tyrol. Il entre dans la Compagnie de Jésus en 1614. Il est d’abord envoyé par ses supérieurs à Alcarria (dans la Nouvelle-Castille). Là, il découvre l’étude des animaux et des végétaux. Il est rappelé à Madrid où il enseigne l’histoire naturelle au séminaire. Il est atteint de paralysie en 1642.

Écrivain mystique[modifier | modifier le code]

Son œuvre mystique est très estimée des dévots de son temps. Il fait paraître 51 ouvrages. Parmi ceux-ci, il faut en citer deux de 1630: De la afición y amor de Jesus et De la afición y amor de María, qui sont traduits en arabe, en français, en néerlandais, en allemand, en italien et en latin.

Ces œuvres, ainsi que Prodigios del amor divino (1641), sont aujourd’hui tombées dans l'oubli, mais sa version, datée de 1656, de l’Imitation, ainsi que son traité sur l’éloquence sacrée, De la hermosura de Dios y su amabilidad (1649), sont souvent cités dans les ouvrages religieux espagnols.

Il a publié en 1634 un traité sur les vertus thérapeutiques de la musique intitulé Oculta filosofía réédité récemment.

Marcelino Menéndez y Pelayo voyait en lui « un des cinq ou six meilleurs auteurs de prose du 17e siècle » ; son nom figure parmi les « autorités de la langue » établies par l'Académie royale espagnole.

Philosophe[modifier | modifier le code]

L'œuvre philosophique de Nieremberg est extrêmement éclectique, dans la mesure où il mêle la scolastique avec de l'alexandrisme, averroïsme, cabalisme, racines platoniciennes et stoïciennes. Il y a une part de néo-stoïcisme, avec l'idée d'une "sympathie de toutes les choses", via les logoi spermatikoi qui lient toute la matière. Il se rattache pour cela à Girolamo Fracastoro, qui avait aussi traité de la sympathie et de l'antipathie des choses (vieux principe d'Empédocle), ainsi que l'influence de la magie qui avait fasciné plusieurs auteurs de la Renaissance (Paracelse, Fracastoro, Cardan, Van Helmont), professant une croyance dans les forces occultes de la matière, idée que toute nature est vivante, y compris les astres. On retrouvera la spéculation jusque dans les monades de Leibniz, dotées de "forces actives", et c'est certainement l'une des inspirations qui avaient conduit Juan Caramuel à nier les formes substantielles.

Naturaliste[modifier | modifier le code]

Il fait paraître une compilation sur l’histoire naturelle des Amériques et de l’Asie : In quibus rarissima Naturae arcana, etiam astronomica.... Georges Cuvier (1769-1832) le commente en ces termes :

« On y remarque beaucoup de superstition et peu de critique ; l’auteur y entre dans des discussions métaphysiques, qui tiennent aux idées du moyen âge, dominantes encore à cette époque, surtout dans les collèges des jésuites. Néanmoins il y a des observations intéressantes sur les animaux et sur des plantes nouvelles. Ainsi, on y voit le sarigue, animal qui porte ses petits dans une poche ; le viscache, grand rongeur de la taille du lièvre, et qui est pourvu d'une queue longue comme celle d'un chat ; on y retrouve le coendou, espèce de porc-épic à queue prenante. […] Nieremberg n'a pas seulement pris les figures des auteurs manuscrits, il a encore emprunté celles de Clusius ; mais je soupçonne que la plupart de ses figures sont tirées des manuscrits d'Hernandez. »

— Histoire des sciences naturelles, t. II, Fortin, Masson et Cie, 1841.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Hugues Didier, "La vie et la pensée de Juan Eusebio Nieremberg (1595-1658)". Thèse de Lettres : Université Paris IV, 1974 (reproduction Lille : Atelier national de reproduction des thèses, 1982). 2 vol., 839 p.
  • Hugues Didier, art. "Nieremberg", Dictionnaire de Spiritualité ascétique et mystique, vol. 11, p. 328-335.
  • (es) Juan Eusebio Nieremberg, Oculta filosofía, préface de Ramón Andrés, Acantilado.
    Il s'agit d'un traité sur les vertus thérapeutiques de la musique.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Ouvrage de Nieremberg numérisé - SCD de l'Université de Strasbourg