Juan Hormaechea — Wikipédia

Juan Hormaechea
Illustration.
Fonctions
Président de la Députation régionale de Cantabrie

(4 ans et 11 jours)
Gouvernement Hormaechea II
Législature IIIe
Coalition PPC (1991-93)
UPCA (1993-95)
Prédécesseur Jaime Blanco
Successeur José Joaquín Martínez Sieso

(3 ans, 4 mois et 13 jours)
Gouvernement Hormaechea I
Législature IIe
Coalition AP/PP
Prédécesseur Ángel Díaz de Entresotos
Successeur Jaime Blanco
Maire de Santander

(10 ans et 9 jours)
Coalition UCD (1979-83)
CP (1983-87)
Prédécesseur Alfonso Fuente Alonso
Successeur Manuel Huerta
Biographie
Nom de naissance Juan Hormaechea Cazón
Date de naissance
Lieu de naissance Santander (Espagne)
Date de décès (à 81 ans)
Lieu de décès Santander (Espagne)
Parti politique UCD (1979-83)
Indépendant (1983-91)
UPCA (1991)
PP (1991-93)
UPCA (1993-2003)
Diplômé de Université d'Oviedo
Profession Juriste

Juan Hormaechea
Présidents de Cantabrie

Juan Hormaechea Cazón (/ˈxwan oɾmaeˈʧea kaˈθõn/) est un homme politique espagnol de centre droit, né le à Santander et mort le dans la même ville. Il est président de la Députation régionale de Cantabrie entre 1987 et 1990, puis de 1991 à 1995.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation et débuts en politique[modifier | modifier le code]

Dans sa jeunesse, il étudie le droit à l'université d'Oviedo et travaille à Banco Santander. Il est nommé au conseil municipal de Santander en 1973, sur le quota des chefs de famille (le « tiers familial »). Il devient premier adjoint en 1976.

Maire de Santander[modifier | modifier le code]

Le , à la suite des premières élections parlementaires démocratiques depuis 1936, Juan Hormaechea est nommé maire de Santander.

Pour les élections municipales du , il postule en tant que tête de la liste du parti centriste de l'Union du centre démocratique (UCD). Bien qu'il soit en tête avec 33,8 % des voix, il remporte seulement 10 sièges sur les 27 à pourvoir. Il est investi le dans un climat de confusion, puisqu'il n'obtient que 9 voix contre 10 au socialiste Jesús Cabezón, le PRC et les indépendants ayant voté pour leurs propres têtes de liste, ce qui garantit tout de même son investiture puisqu'il est chef de file de la liste arrivée en tête au vote populaire[1].

À la dissolution de l'UCD en 1982, il ne rejoint aucune formation politique. Dans le cadre des élections municipales du , il mène la liste de la coalition Alliance populaire-Parti démocrate populaire-Union libérale (AP-PDP-UL), qui totalise 57,4 % des voix. Le , il est désigné pour un second mandat par 17 voix, contre 10 au socialiste Santiago Pérez Obregón, la séance se terminant par un incident à la suite de son refus d'accorder la parole au porte-parole du groupe socialiste, qui l'a alors qualifié de « anti-démocrate » et « dictateur admirateur de dictateurs »[2].

Président de la Députation régionale[modifier | modifier le code]

Dans la perspective des élections autonomiques du , le président de l'AP Manuel Fraga décide au début de l'année 1986 qu'il sera le chef de file de la formation conservatrice, bien qu'il n'en soit pas membre[3].

Il remporte alors 42,2 % des voix et 19 députés sur 39 à l'Assemblée régionale. Le , Juan Hormaechea est investi président de la Députation régionale par 19 voix pour, 18 voix contre et 2 abstentions[4]. Il ne forme son conseil de gouvernement de sept membres, dont trois indépendants, que trois semaines plus tard[5].

Le , le président de l'Assemblée régionale Eduardo Obregón prononce à son encontre une suspension de dix jours de ses droits de parlementaire pour avoir insulté un député du CDS en séance plénière. Bien qu'il soit autorisé à assister aux séances pendant cette période, il juge que cette décision ressemble à une « vieille dictature où l'on peut priver un citoyen de ses droits politiques »[6]. Cette sanction est annulée le par le Tribunal constitutionnel[7].

Censure[modifier | modifier le code]

Au début du mois de , après qu'il a proféré publiquement des insultes à l'encontre de Fraga, José María Aznar et Isabel Tocino, il perd le soutien du nouveau Parti populaire (PP, successeur de l'AP), qui décide de présenter à son encontre une motion de censure[8]. Cependant, lors d'une réunion du groupe parlementaire, 10 des 17 députés lui apportent leur soutien d'une manière ou d'une autre, y compris ses anciens conseillers de gouvernement qui avaient pourtant quitté leurs fonctions pour permettre sa réprobation, trois quittant même le groupe PP[9].

En pleine tempête politique, il annonce le avec neuf autres députés issus du groupe PP la fondation d'un nouveau parti, l'Union pour le progrès de la Cantabrie (UPCA)[10].

Deux motions de censure sont finalement déposées à son encontre, la première par une coalition entre le PP, le PRC, le CDS et deux indépendants[11], la seconde par le seul PSOE[12]. Le , la motion socialiste est adopté par 26 voix pour, 12 voix contre et 1 abstention, les signataires de la première motion ayant finalement voté en faveur de la seconde, assurant l'investiture du socialiste Jaime Blanco[13]. Hormaechea est formellement relevé de ses fonctions le [14].

De nouveau président de la Députation[modifier | modifier le code]

Au cours des élections du , l'UPCA recueille 33,5 % des suffrages exprimés et 15 députés sur 39, contre 16 au Parti socialiste et seulement 6 au Parti populaire. Le , à trois jours de l'ouverture de la législature et après avoir rencontré Rodolfo Martín Villa, il fait connaître la dissolution de l'UPCA et son adhésion au PP, avec l'ensemble de ses parlementaires, permettant aux conservateurs de disposer de la majorité absolue à l'Assemblée régionale ; si Aznar se réjouit de cette annonce, Tocino exprime sa surprise[15]. Juan Hormaechea est de nouveau investi président de la Députation régionale le par 21 voix pour et 18 voix contre[16].

Poursuivi par la justice pour malversation de fonds publics et prévarication pour des actes relevant de son premier mandat, il se soumet le à un vote de confiance, qu'il remporte de nouveau par 21 voix pour et 18 voix contre[17].

La chambre civile et pénale du tribunal supérieur de justice confirme le sa mise en examen ainsi que celles de neuf actuels ou anciens conseillers de gouvernement pour des faits « d'attributions de contrats publics hors de toute prescription légale ou réglementaire, d'utilisation privée de fonds publics et de recours infondés aux normes de protection du patrimoine historique, artistique et culturel »[18]. Le , la chambre pénale du tribunal supérieur de justice décide de tenir un procès dans ce que la presse appelle désormais « l'affaire Hormaechea »[19].

Pour forcer sa démission de la présidence, six conseillers de gouvernement annoncent quitter leurs fonctions le , soutenus en cela par le président du PP José María Aznar[20]. Il en remplace trois et remodèle la structure administrative gouvernementale le , après avoir passé un accord politique avec le groupe parlementaire du Parti populaire[21].

Il annonce publiquement le qu'il réactive l'UPCA et qu'il compte se présenter aux élections sénatoriales anticipées du 6 juin 1993[22]. Pour cette dissidence, il se trouve automatiquement exclu du Parti populaire[23]. Le , trois hauts responsables du conseil de gouvernement et huit collaborateurs présidentiels, tous issus du PP, remettent leur démission à la demande du responsable du parti en Cantabrie José Luis Vallines, officialisant la rupture entre les conservateurs et le chef du gouvernement autonomique[24]. Il est pourtant soutenu par eux lors du vote d'une motion de censure des socialistes et régionalistes le , repoussée par 21 voix contre et 18 voix pour[25]. Une deuxième motion, à nouveau déposée par le PSOE et le PRC, n'est pas adoptée le , comptant avec 18 voix pour, 17 contre et 4 abstentions, la majorité requise étant de 20 votes favorables[26].

Démission et intérim[modifier | modifier le code]

Il est condamné le à six ans de prison et un total de quatorze années de privation des droits civiques pour malversation et prévarication par le tribunal supérieur de justice[27]. Dès le lendemain, le Parti socialiste de Cantabrie-PSOE (PSC-PSOE) et le Parti populaire de Cantabrie (PPC) déposent chacun une motion de censure, bloquant de fait la destitution de Hormaechea, qui cumule alors six motions de censure à son encontre depuis 1987, ce qui constitue un record[28]. Il finit par remettre sa démission le , conservant son mandat parlementaire et affirmant sa volonté de postuler aux élections autonomiques et municipales à Santander du [29]. Aucun successeur ne parvient à s'imposer à l'investiture parlementaire, aussi reste-t-il en fonction[30].

Condamnations en chaîne et fin de vie politique[modifier | modifier le code]

Il est investi le par l'UPCA chef de file aux élections autonomiques et tête de liste aux élections municipales de Santander, son recours devant le Tribunal suprême ayant un effet suspensif sur la condamnation du tribunal supérieur de justice[31]. Le , le Tribunal suprême vient confirmer une autre condamnation, pour « injures » envers un élu local, à un mois et un jour d'emprisonnement[32]. En conséquence, la Junte électorale centrale (JEC) décide le qu'il ne peut être candidat puisque sa peine entraîne automatiquement une privation des droits de suffrage passif[33].

Le Tribunal suprême confirme le sa condamnation dans « l'affaire Hormaechea »[34]. En , la cour provinciale de Santander le condamne à huit années supplémentaires de privation des droits pour « prévarication », puisqu'en 1994 il avait utilisé sa fonction pour déclarer un terrain « bien culturel », donc inconstructible, afin de porter préjudice à un adversaire politique[35]. Le Tribunal suprême en annonce la confirmation en [36].

Toutefois, sa condamnation de 1994 pour malversation et prévarication est cassée le par le Tribunal constitutionnel, qui considère que n'a pas été respecté son droit à être jugé par un tribunal impartial, ordonnant de ce fait qu'il soit rejugé[37]. Le , le tribunal supérieur de justice de Cantabrie confirme sa culpabilité et prononce des peines de trois ans d'emprisonnement et treize années de privation des droits civiques[38]. Le Tribunal suprême valide ce verdict le , affirmant que la grâce dont il avait bénéficié sur ses années de prison avait été annulée de fait avec la décision du Tribunal constitutionnel[39].

Mort[modifier | modifier le code]

Juan Hormaechea meurt le à 81 ans, à l'hôpital Valdecilla de Santander. Il y avait été admis quelques jours auparavant, à la suite d'un accident domestique ayant causé un traumatisme[40].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (es) « Protección policial para los regionalistas », El País, le
  2. (es) « Incidentes en la reelección de Hormaechea como alcalde de Santander », El País, le
  3. (es) « Hormaechea será el candidato de la derecha a la presidencia del Gobierno cántabro en 1987 », El País, le
  4. (es) « Elegidos los presidentes autonómicos de La Rioja, Asturias y Cantabria », El País, le
  5. (es) « Tres independientes y cuatro miembros de AP, en el nuevo Gobierno cántabro », El País, le
  6. (es) « Hormaechea compara el hecho de su suspensión como diputado, con la práctica de las viejas dictaduras », El País, le
  7. (es) « Anulada la sanción al presidente de Cantabria, que llamó chulo a un diputado », El País, le
  8. (es) « El PP designará hoy al sucesor de Hormaechea y presentará mañana la moción de censura », El País, le
  9. (es) « El presidente y el vicepresidente del PP de Cantabria apoyan a Hormaechea y critican al partido », El País, le
  10. (es) « El partido de Hormaechea », El País, le
  11. (es) « Los regionalistas firman la moción de censura contra Hormaechea », El País, le
  12. (es) « La ejecutiva del PSOE decide que Jaime Blanco encabece una moción de censura contra Hormaechea », El País, le
  13. (es) « El socialista Jaime Blanco, nuevo presidente cántabro con el apoyo del Partido Popular », El País, le
  14. (es) « Real Decreto 1585/1990, de 10 de diciembre, por el que se dispone el cese de don Juan Hormaechea Cazón como Presidente de la Diputación Regional de Cantabria. », Bulletin officiel de l'État, le
  15. (es) « Hormaechea vuelve al PP y a la presidencia de Cantabria tras disolver su partido », El País, le
  16. (es) « Hormaechea logra de nuevo asumir la presidencia de Cantabria », El País, le
  17. (es) « Hormaechea obtiene la confianza del Parlamento cántabro con los votos del PP », El País, le
  18. (es) « Confirmado el procesamiento de Hormaechea y otros nueve altos cargos por varios delitos », El País, le
  19. (es) « Los jueces deciden abrir juicio oral contra Juan Hormaechea », El País, le
  20. (es) « Aznar apoya la 'estampida' de consejeros cántabros para forzar la salida de Hormaechea », El País, le
  21. (es) « Hormaechea nombra a sólo tres nuevos consejeros para restablecer su Gobierno », El País, le
  22. (es) « Hormaechea anuncia que se presentará al margen del PP para dar votos a la derecha », El País, le
  23. (es) « Hormaechea se autoexcluye del PP al presentarse a los comicios con una lista propia », El País, le
  24. (es) « El PP rompe oficialmente con Hormaechea », El País, le
  25. (es) « Hormaechea sale airoso de la moción de censura socialista gracias a los votos del PP », El País, le
  26. (es) « Blanco fracasa en su intento de echar a Hormaechea », El País, le
  27. (es) « Hormaechea, condenado a seis años de prisión », El País, le
  28. (es) « La rivalidad entre socialistas y populares bloquea la destitución de Juan Hormaechea », El País, le
  29. (es) « Hormaechea dimite y queda como arbitro de la situación, salvo que PSOE y PP logren un acuerdo », El País, le
  30. (es) « Hormaechea sigue sin sucesor en Cantabria », El País, le
  31. (es) « Hormaechea, candidato a alcalde de Santander y presidente cantabro », El País, le
  32. (es) «  », El País, le
  33. (es) « Hormaechea no puede ser votado por decisión de la Junta Electoral Central », El País, le
  34. (es) « El Supremo confirma la pena de seis años de cárcel para Hormaechea », El País, le
  35. (es) « Hormaechea, condenado a otros ocho años de inhabilitación por prevaricación », El País, le
  36. (es) « El Supremo confirma la pena de ocho años de inhabilitación para Hormaechea », El País, le
  37. (es) « El Constitucional declara nula la sentencia contra Hormaechea y ordena repetir el juicio », El País, le
  38. (es) « El ex presidente Hormaechea, condenado a tres años de cárcel por malversación », El País, le
  39. (es) « El Supremo confirma la pena de tres años de cárcel para Hormaechea », El País, le
  40. (es) « Fallece Juan Hormaechea, expresidente de Cantabria y exalcalde de Santander », eldiario.es, le

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]