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Juan de Prado
Biographie
Naissance
Entre et Voir et modifier les données sur Wikidata
LoperaVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Nom dans la langue maternelle
Daniel de PradoVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Juan García de PradoVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités

Juan de Prado est né en 1612 en Espagne et mort à Anvers (actuelle Belgique) en 1659. C'est un philosophe rationaliste marrane, considéré comme l’un des mentors de Baruch Spinoza.

Biographie[modifier | modifier le code]

Juan de Prado naît en Espagne vers 1612 de parents conversos, crypto-Juifs, socialement marginalisés et sous la surveillance permanente de l'Inquisition. Il étudie la théologie à l'université d'Alcalá de Henares en Espagne, en compagnie de son ami et futur contradicteur, Balthazar (Isaac) Orobio de Castro, et la médecine à celle de Tolède où il obtient son diplôme en 1638. C'est là qu'il se fait connaître comme crypto-juif militant pour ramener les marranes à leur religion originelle malgré l'oppression inquisitoriale, et se reconvertit clandestinement au judaïsme. Il reste toutefois en Espagne, exerçant la médecine à Andujar en Andalousie, avant d'être dénoncé à l'Inquisition.

Fuyant vers Amsterdam, dans les années 1650, via Rome et Hambourg où habite sa mère en 1656 - et où il prend le prénom juif de Daniel -, il s'installe dans la communauté juive amstellodamoise, composée de marranes portugais et espagnols. Il intègre la congrégation Talmud Torah et reprend son activité de médecin[1]. Avide lecteur de Maïmonide et Crescas, il fréquente les cours de Rabbi Saül Levi Morteira sur la loi juive. Là, il fait la connaissance de Spinoza. Selon M. Rovere, il a moins influencé Spinoza par le contenu de ses idées que par le style provocant avec lesquelles il les diffusait[2],[3].

Avec Uriel da Costa avant lui, il ne tarde pas à exprimer des opinions hétérodoxes, s'attaquant au caractère révélé de la Loi juive (écrite ou orale), à la supériorité du judaïsme sur les autres confessions[4] à la nature de Dieu et à l'immortalité de l'âme[5].

En 1656, menacé de sanction, il lit à la synagogue un insincère repentir, l'été où Spinoza est frappé par un véhément ḥerem (décision d'exclusion religieuse), pour des raisons analogues. Persistant dans ses opinions, il s'expose néanmoins au même sort que son ami l'année suivante. Toutefois, contrairement à Spinoza qui, lui, n'avait rien tenté pour se prémunir de l'exclusion et se préparait déjà à vivre au ban de la communauté juive, Juan de Prado refuse la sentence, demande aux responsables de la communauté de Hambourg d'intervenir (en vain) en sa faveur et tente de continuer à vivre dans la communauté. Celle-ci refusant de lever la sanction, il part finalement vivre à Anvers en 1659 où il meurt accidentellement à 47 ans alors qu'il allait se remarier.

Ses idées sont principalement connues par la réfutation qu'en fait Balthazar (Isaac) Orobio de Castro qui fait de Prado un déiste[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Il figure sur la liste des médecins juifs d'Amsterdam de 1655. Cité par I. S. Revah, 1958, op. cit. p. 191.[1]
  2. Maxime Rovere, Le Clan Spinoza : Amsterdam, 1677, Paris, Flammarion, , 560 p. (ISBN 978-2-08-133072-6), p. 155-156, 162-166, etc.
  3. « Le Clan Spinoza - Les hommes du clan », sur leclanspinoza.com, (consulté le ).
  4. Steven Nadler, Spinoza, Bayard, 2003, p. 173
  5. I.S Revah, Spinoza et Juan de Prado, Paris, Mouton & Co, 1959, p. 60-68
  6. I. S. Revah, art. "Spinoza et les hérétiques", op. cit., p. 208

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gebhardt C., Juan de Prado in Chronicon Spinozanum3, 1923, p. 219-291
  • Kaplan Y., From Christianity to Judaism : the story of Isaac Orobio de Castro, Oxford, Oxford University Press, 1989
  • Steven Nadler, Spinoza, Paris, Bayard, 2003, p. 172-178
  • Revah, I.S., Spinoza et Juan de Prado, Paris, Mouton & Co, 1959.
  • Revah, I. S., art. "Spinoza et les hérétiques de la communauté judéo-portugaise d'Amsterdam", Revue de l'histoire des religions, tome 154 n° 2, 1958
  • Muchnik Natalia, Une vie marrane: Les pérégrinations de Juan de Prado dans l'Europe du XVIIe siècle, Paris, Honoré Champion, 2005.
  • Maxime Rovere, Le Clan Spinoza, Paris, Flammarion, 2017 (ISBN 9782081330726).