Justin Godart — Wikipédia

Justin Godart
Illustration.
Justin Godart en 1917.
Fonctions
Maire de Lyon

(8 mois et 15 jours)
Prédécesseur Pierre Bertrand
Successeur Édouard Herriot
Sénateur français

(14 ans, 1 mois et 24 jours)
Réélection 9 janvier 1927
14 janvier 1936
Circonscription Rhône
Ministre de la Santé publique

(6 mois et 15 jours)
Gouvernement Herriot III
Prédécesseur Camille Blaisot
Successeur Charles Daniélou
Député français

(20 ans et 15 jours)
Réélection 20 mai 1906
8 mai 1910
10 mai 1914
30 novembre 1919
25 mai 1924
Circonscription Rhône
Législature IXe, Xe, XIe, XIIe et XIIIe
Ministre du Travail, de l'Hygiène, de l'Assistance et de la Prévoyance sociale

(10 mois et 3 jours)
Gouvernement Herriot I
Prédécesseur Paul Jourdain
Successeur Antoine Durafour
Sous-secrétaire d'État au Service de santé militaire[Note 1]

(2 ans, 7 mois et 4 jours)
Gouvernement Viviani II
Briand V et VI
Ribot V
Painlevé I
Clemenceau II
Prédécesseur Poste créé
Successeur Antoine Durafour
Biographie
Nom de naissance François Pierre Marie Justin Godart
Date de naissance
Lieu de naissance Lyon (Rhône) (France)
Date de décès (à 85 ans)
Lieu de décès Paris (France)
Sépulture Cimetière parisien de Bagneux
Nationalité française
Parti politique Parti radical
Profession Avocat
Résidence Rhône

Signature de Justin Godart

Justin Godart, né le à Lyon et mort le à Paris, est un avocat et homme politique français, député et sénateur du Rhône sous l'étiquette radicale-socialiste, plusieurs fois secrétaire d'État et ministre de la Santé et enfin maire de Lyon.

Il fonde en 1918 la Ligue contre le cancer, dont il assure la présidence jusqu'à sa mort.

Biographie[modifier | modifier le code]

Études[modifier | modifier le code]

Né dans le quartier des Brotteaux, issu d'un milieu modeste, il étudie au lycée Ampère à Lyon. Il obtient un doctorat en droit en 1899 en soutenant une thèse sur L’ouvrier en soie, puis devient avocat.

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

Militant au Parti radical-socialiste, il commence sa carrière politique en 1904 en même temps qu'Édouard Herriot, lorsqu'il est élu adjoint au maire de Lyon dans la municipalité menée par Jean-Victor Augagneur[1].

Député de Lyon (1906-1926), puis sénateur du Rhône (1926-1940), il se consacre aux questions sociales : à la santé, à l'hygiène et aux « diminués physiques ». Il devient notamment président de la Commission internationale d'enquête dans les Balkans (Serbie, Bulgarie, Grèce, Turquie, Albanie), organisée par la Fondation Carnegie pour la paix internationale en 1913[1].

En son hommage, les municipalités albanaises de Tirana, Durrës, Shkodër et Vlora ont baptisé une de leurs rues en son nom.

En 1914, il occupe la vice-présidence de la Chambre des députés. Sous-secrétaire d'État de la Guerre durant le premier conflit mondial, il est responsable du Service de santé militaire de 1915 à 1918 et le réorganise, tout en menant, pour la première fois en France, une politique inédite de santé publique[2]. En , il demande à Gustave Roussy de créer un centre neurologique (ce qui sera fait au fort de Salins), afin de remettre sur pied et de renvoyer le plus rapidement possible les traumatisés de guerre (« pithiatiques », « plicaturés » et paralysés) au front[3]. Le , à la fin de la guerre, il fonde la Ligue franco-anglo-américaine contre le cancer. Membre de la direction de la Ligue des droits de l'homme, il fonde aussi, en 1934, la Ligue internationale contre le cancer. En 1929, il participe à la création de l'hôpital Foch à Suresnes[4].

Il est à l'initiative de la création, en 1923, de la mission archéologique française en Albanie. Cette mission, dirigée par l'archéologue Léon Rey, mènera une campagne de fouille de premier ordre à Apollonia d'Illyrie, une ancienne cité grecque[5].

Il prend part aux débats sur la définition d'une législation internationale dans le domaine sanitaire et s'investit à ce titre dans l'Organisation internationale du travail et le Bureau international du travail. Il est ministre du Travail et de l'Hygiène en 1924-1925 et ministre de la Santé en 1932. Le , il fonde l’Office national d’hygiène sociale, organisme public financé initialement par la fondation Rockefeller et destiné à lutter contre la tuberculose[6].

En 1926, il crée l'association France-Palestine qui deviendra l'association France-Israël après la création de l'État d'Israël[7]. En 1928, il est un des 25 membres fondateurs de l'Académie des gastronomes[8].

En 1933, il fonde l'association « Agriculture et Artisanat » pour donner un métier aux jeunes juifs réfugiés en partance pour la Palestine.

La loi du dite Godart intègre le service dans l'addition au restaurant (le décret d'application est pris le ).

Seconde Guerre mondiale et après la Libération[modifier | modifier le code]

Devant la montée du nazisme, il défend la communauté juive, s'occupe de l'Œuvre de secours aux enfants, de l'accueil des immigrés, et plaide sans relâche pour la défense de leurs droits. En 1940, il fait partie des 80 parlementaires qui votent contre la remise des pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Grand résistant, il est à la tête du Comité du Front national clandestin pour la libération de la zone Sud, abrite des Juifs, et cache dans le jardin de sa maison de Pommiers (Rhône) l'argent servant aux actions de sauvetage des Juifs[9]. Il diffuse aussi un journal clandestin, Le Patriote Beaujolais[10].

Il est proche du rabbin David Feuerwerker, grand-Rabbin de Lyon, à la Libération.

Maire de Lyon (gouvernement provisoire) de la Libération jusqu'au retour d'Édouard Herriot (1944-1945), il est président de l'Entraide française (1945-1947), membre en 1947, au titre de résistant, de la Commission parlementaire chargée d'enquêter sur les évènements survenus en France de 1933 à 1945[11], président de la Conférence internationale du travail (San Francisco, 1948) et s'occupe à nouveau des migrants. Il préside notamment le Comité d'aide et de défense des immigrés et diverses autres œuvres sociales :

Sous sa présidence, l'association « comité français pour la défense des immigrés » a publié en février 1951 aux éditions sociales Pages de gloire des 23[13]. C'est la première réelle publication rappelant l'action des combattants des FTP-MOI, résistants de la région parisienne, de l'Affiche rouge, ou « Groupe Boczov-Rayman-Manouchian », livre illustré sur les FTP-MOI, avec l'association des anciens FTP, avec une post-face de Charles Tillon et dont il écrit la préface.

Justin Godart s'est enfin impliqué pour la cause des Albanais, des Bulgares, des Arméniens, des Indochinois puis des Vietnamiens : il crée pour eux l'association « France-Vietnam » en 1946 pour aider Hô Chi Minh dans sa lutte pour l'indépendance.

Il meurt en son domicile, 9 quai Voltaire dans le 7e arrondissement de Paris le 13 décembre 1956[14].

Fonctions ministérielles[modifier | modifier le code]

Affiches électrorales en 1932.

Prix et hommages[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Décorations françaises[modifier | modifier le code]

Décorations étrangères[modifier | modifier le code]

Distinctions universitaires[modifier | modifier le code]

Toponymies[modifier | modifier le code]

Lyon et « lyonnaiseries »[modifier | modifier le code]

Justin Godart est un défenseur et un constructeur de l’identité lyonnaise. Son amour de Lyon s’exprime par son goût pour les « lyonnaiseries » historiques et ethnographiques. Il laisse en tant qu'historien lyonnais une bibliographie importante.

Le , sous le pseudonyme de Catherin Bugnard, il crée l'Académie des Pierres Plantées, afin de défendre les traditions lyonnaises et le parler lyonnais. C'est également sous ce nom qu'il publie La Plaisante Sagesse lyonnaise, célèbre recueil de maximes et réflexions morales lyonnaises. Grand collectionneur de marionnettes, il fut également le président fondateur de l'association Les amis de Guignol, devenue par la suite Amis de Lyon et Guignol.

Il préside la Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres du Beaujolais en 1936 et contribue à sa renaissance après-guerre sous le nom d'Académie de Villefranche et du Beaujolais.

Publications[modifier | modifier le code]

  • Travailleurs et métiers lyonnais, Bernoux et Cumin, Lyon, 1909
  • La boucherie lyonnaise sous l'ancien régime, Nicolas, Lyon, 1900
  • La juridiction consulaire à Lyon : la conservation des privilèges royaux des foires (1436-1791), le tribunal de commerce (1791-1905), Lyon, A. Rey, 1905, VIII-429 p.
  • Travailleurs et métiers lyonnais, Cumin er Masson, Lyon, 1909
  • Laurent Mourguet et Guignol, Lyon, 1912
  • La Plaisante Sagesse lyonnaise, maximes et réflexions morales recueillies par Catherin Bugnard, 1920
  • Marcel Roux, graveur lyonnais, Audin éditeur, Lyon, 1922
  • L'Albanie en 1921, 1922
  • Le journal d'un bourgeois de Lyon en 1848, PUF, Paris, 1924
  • La tristesse lyonnaise sous l'ancien régime, Camus et Carsat, Lyon, 1927
  • La Révolution de 1830 à Lyon, PUF, Paris, 1930
  • Le Jansénisme à Lyon : Benoît Fourgon (1687-1773), Librairie Félix Alcan, 1934
  • Anthologie du Jeu de boules, éditions du Cuvier, Villefranche, 1938
  • Les Voraces à Lyon en 1848, 1948

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Sous-secrétaire d'État à la Guerre (Service de Santé militaire) du 1er juillet 1915 au 20 mars 1917, sous-secrétaire d'État à la Guerre (Service de santé) du 20 mars au 12 septembre 1917 puis sous-secrétaire d'État au Service de santé du 17 novembre 1917 au 5 février 1918.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Dict. Académiciens de Lyon, p. 604-605.
  2. Vincent Viet, La santé en guerre 1914-1918. Une politique pionnière en univers incertain, Paris, Les Presses de SciencesPo, , 660 p. (ISBN 978-2-7246-1725-2)
  3. Jean-Yves Le Naour, Les Soldats de la honte, Éditions Perrin, 2011, page 211.
  4. Florence Hubin, « À Suresnes, la grande aventure de l’hôpital Foch racontée dans un livre », sur Le Parisien, (consulté le ).
  5. Annick Fenet, « La création de la Mission archéologique française en Albanie (1922-1923), entre Armée d’Orient et modèles institutionnels », dans Pour une histoire de l’archéologie xviiie siècle - 1945 : Hommage de ses collègues et amis à Ève Gran-Aymerich, Ausonius Éditions, coll. « Scripta Receptoria », (ISBN 978-2-35613-315-1, lire en ligne), p. 419–446
  6. Jean-Bernard Wojciechowski, Hygiène mentale et hygiène sociale, Éditions L'Harmattan, , p. 47.
  7. François Bilange, « Justin Godart, une « âme de fond » », Revue d’Histoire de la Shoah, no 187,‎ (lire en ligne)
  8. « Paris-soir 30 mai 1928 », sur RetroNews (consulté le )
  9. Laurent Greilsamer, « "Grand-père ! Ouf ! Tu es enfin reconnu Juste parmi les nations !" », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Dict. Académiciens de Lyon, p. 606.
  11. Rapport de la commission publiée en 1947 par son rapporteur général Charles Serre sur Gallica
  12. « Reconnue d’utilité publique depuis 1929 », sur Fondation Foch (consulté le )
  13. Pages de gloire des 23, par le « comité français pour la défense des immigrés » (CFDI) et l'Association des anciens FTP, aux Éditions France d'Abord, préface de Justin Godard et postface de Charles Tillon, février 1951.
  14. Son acte de décès (n°1553) dans les registres de décès du 7e arrondissement de Paris pour l'année 1956.
  15. (en-US) « Home of Heroes - Medal of Honor & Military History », sur Home of Heroes (consulté le )
  16. Justin Godart sur le site Yad Vashem (en).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Sources[modifier | modifier le code]

  • Monique Ray, Catalogue de l'exposition du cinquantième anniversaire de la fondation du Musée historique de Lyon : 1921-1971 : hommage à Justin Godart (1871-1956), Lyon, Musée historique, 1971, 20 p.
  • Sur Justin Godart, voir Annette Wieviorka (dir.), Justin Godart : un homme dans son siècle (1871-1956), 2e éd. CNRS, coll. « CNRS histoire. Bibliandre 27 », Paris, 2005, XIV-273 p.
  • François Bilange, Justin Godart ou La Plaisante Sagesse Lyonnaise, Lyon, Éditions Lyonnaises d'art et d'histoire, , 157 p. (ISBN 2-84147-095-4).
  • « Justin Godart (1871-1956) », sur www.millenaire3.com.
  • Simon Epstein, Les Dreyfusards sous l'Occupation, Albin Michel, 2001.
  • Pierre Miquel, Les quatre-vingts, Fayard, 1995.
  • « Justin Godart », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition].
  • Louis David et Dominique Saint-Pierre (dir.), « Godart Justin (1871-1956) », dans Dictionnaire historique des Académiciens de Lyon : 1700-2016, Lyon, éd. ASBLA de Lyon, (ISBN 978-2-9559-4330-4, présentation en ligne), p. 604-607. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Liens externes[modifier | modifier le code]